Re: Pérégrinations 2.

[Tatonga]

Demain... L'humanité mécréante.

[Tatonga]

L’humanité mécréante.

"Tatonga, les tribus, les nations, ne cessent depuis toujours de s’entretuer, de se détruire, sais-tu pourquoi ?
-parce que ce sont les peuples qui veulent ça.
-Ce n’est pas les chefs qui sont belliqueux ?
-Non, Tictoc, les chefs, même despotes, n’oseraient jamais si les peuples n’étaient pas consentants.

-Mais que peuvent faire les peuples pour retenir un dictateur va-t-en-guerre.
-Il n’est même pas nécessaire de le retenir, de se soulever, de résister ou de se révolter. Quand le peuple réprouve quelque chose, le chef, dictateur ou pas, le sais, le sent ; la pression psychologique, la pression de l’opinion publique, même silencieuse, est telle qu’aucun despote n’oserait s’en affranchir. Ce sont les peuples qui aiment la violence, Tictoc. Je ne me souviens plus quel sociologue avait dit que les peuples ne supportaient pas une trop longue période de paix et finissaient par appeler au pouvoir celui qui les mènerait à la guerre.

-Et pourquoi les peuples aiment-ils les tueries et les destructions.
-Parce qu’ils sont mécréants, Tictoc.
-Mécréants avec tous ces temples élevés à la gloire de Dieu ?
-Cela ne veut rien dire, Tictoc, ils ne craignent pas vraiment Dieu.

-Dieu doit être craint ?
-Je vois que tu as été contaminé par le langage des imbéciles qui, à défaut d’intelligence, font des voltiges verbales sur certains forums pour paraitre érudits. Ne pas craindre Dieu, c’est ne pas craindre de transgresser les hautes valeurs et les grandes règles de l’étique et de la bonne conduite humaine. Qui devraient appartenir aussi bien à l’homme qu’à Dieu, pas forcément celles inscrites dans Ses Livres. Tu sais, Tictoc, si l’homme craignait vraiment Dieu, s’il était vraiment convaincu, il n’y aurait jamais de violence.

-J’ai compris Tatonga, ces règles et ces valeurs sont inscrites dans la conscience de l’homme, indépendamment des Livres. Mais tous ces temples, ces lieux de culte, Tatonga, ces prières… ?
-C’est souvent superficiel, Tictoc, c’est rituel, formel ; la conviction n’est pas profonde et ces hautes valeurs n’ont pas vraiment empreint et transformé les êtres. Si l’humanité n’était pas mécréante, il n’y aurait jamais ces carnages, c’est impossible. Les gens s’indignent pour un blasphème, mais vibrent de plaisir en regardant se commettre des génocides."

[gaston21]

Il me semblait pourtant que beaucoup de guerres et de massacres ont eu pour origine la croyance en Dieu! Relis la vie de mon saint patron, St-Bernard! Et celle de Simon de Montfort! La foi en Dieu a conduit à des génocides!

[Tatonga]

Et pourtant toi, Gaston, tu ne tuerais pas un moineau. Et c'est parce que tu as la foi, mais tu ne le sais pas.
C'est bien la foi qui t'en empêche, réfléchis bien.

[Tatonga]

Demain..... : Le Cauchemar.

Ne le lisez surtout pas, il va vous fiche la déprime (Tictoc).

[gaston21]

Et pourtant toi, Gaston, tu ne tuerais pas un moineau. Et c'est parce que tu as la foi, mais tu ne le sais pas.
C'est bien la foi qui t'en empêche, réfléchis bien.

Non, absolument pas. J'aime les animaux, tout simplement. Je me reproche depuis mon adolescence d'avoir tiré à la carabine sur un merle qui ne demandait qu'à vivre. Je n'étais qu'un jeune c...! C'est le seul "meurtre" que j'ai commis et je m'en repens toujours! Je ne comprends pas cette envie morbide de la chasse. Et j'incline à penser que les animaux sentent instinctivement si on les aime ou pas.

[Tatonga]

Le Cauchemar.

"Tatonga, que penses-tu de la vie ?
-La vie, Tictoc, c’est très simple, c’est un cauchemar, un grand Cauchemar avec un C majuscule. Malheur à ceux qui naissent, Tictoc.

-Quand même !
-Il ne faut pas te payer de mots et d’illusions, Tictoc. Regarde autour de toi, regarde ce qu’il y a dans toutes les parties du monde. Partout, sur tous les continents, des êtres souffrent, de la faim, des maladies, des guerres, du froid, de la peur, de l’angoisse, des calamités naturelles. Regarde ces mendiants, ces handicapés, ces fous, qui errent dans les rues, et toutes ces bêtes broyées par d’autres bêtes, subissant d’affreux supplices. Depuis l’éternité, les êtres trainent leurs corps comme un lourd fardeau sans savoir quoi en faire, où se réfugier. L’apparition de la vie sous la forme animale et humaine a été une erreur, une horreur, Tictoc. Il ne s’agit pas de savoir d’où vient l’erreur, mais de constater, et c’est une catastrophe, une immense tragédie.

-Beaucoup de gens sont quand même heureux de vivre.
-Oui, Tictoc, mais cela ne change rien à l’état des choses, au fond du problème. Tu te trouves dans un monde aveugle, indifférent, insensible, qui ignore jusqu’à ton existence. Tu peux éprouver de la joie et en tirer du plaisir. Et tu peux endurer et subir les pires atrocités. Tu es abandonné à toi-même dans un monde hostile, tu peux être heureux, mais tu es constamment exposé au danger. Il suffit d’un incident, d’un accident, d’un séisme, d’une maladie incurable, qu’un bandit passe, pour te précipiter dans le malheur et détruire tes châteaux. Tu es comme enfermé dans une cellule avec un fou, il peut te donner un bonbon et, pendant que tu es tout occupé à le sucer, te couper le nez ou une oreille, ou t’égorger avec une lame.

-Et Dieu, Tatonga ?
-Les hommes sont comme enfermés avec un fou dans une cellule, Tictoc. Dieu, c’est les cris de douleur et de terreur, les appels au secours, qu’ils lancent à l’inconnu, mais la cellule est insonorisée. C’est comme toi quand, pris de peur panique, tu cries "Maman ! ! !". C’est bien ça la triste réalité, Tictoc, une histoire de fou sans queue ni tête. C’est quand la fin arrive que tu es sauvé, que tu peux, comme le disent souvent les hommes, échapper enfin à ce cauchemar et reposer en paix."

[gaston21]

Tatonga, seule une tendre et jolie femme pourrait te sauver de ton cauchemar! Regarde autour de toi! Et dépêche-toi! 45 ans...C'est la matin au réveil que tu vas constater que tu vieillis!
Le forum, lui aussi, prend un sérieux "coup de vieux"!

[Tatonga]

Tatonga, seule une tendre et jolie femme pourrait te sauver de ton cauchemar! Regarde autour de toi! Et dépêche-toi! 45 ans...C'est la matin au réveil que tu vas constater que tu vieillis!
Le forum, lui aussi, prend un sérieux "coup de vieux"!

Salut grand Gaston,
Avec tout le chiendent qui envahit les forums, c'est mieux ainsi, Gaston ; le monde est déjà trop moche comme ça.
Je crois que le monde a échappé aux mains du bon Dieu, un faux geste et il lui a glissé entre les doigts. Un grand fiasco.

[Brahim]

Rien n'a échappé au bon Dieu.
Le monde, ou plus exactement l'humanité, traverse une grosse crise d'adolescence. Elle n'est pas encore suffisamment mature. Lorsqu'elle le sera ... dans quelques décennies ou quelques siècles, les choses iront autrement et l'humanité, dans toutes ses composantes, connaitra probablement un âge d'or.

[Tatonga]

Il va peut-être falloir attendre plus longtemps, que surviennent d'autres bouleversements, que viennent d'autres créatures. C'est possible. Si l'humain a succédé à l'animal, pourquoi cela devrait-il s'arrêter ? Nous, on aura juste poussé à la roue pour aider le chariot à avancer

[gaston21]

Des drames, il y en a, oui, et d'horribles. mais il faut regarder aussi le côté positif de la vie. La première chose que j'entends quand je me réveille, ce sont les chants des oiseaux qui me semblent plus fournis qu'auparavant (covid?); ils me font oublier les coutumières mauvaises nouvelles qui font le succès des agences d'information.

[Tatonga]

La nature.

"Tatonga, c’est quoi la nature ?
-Pour comprendre, Tictoc, il faut d’abord oublier tout ce que racontent les gourous, les poètes et les scientifiques ; ils ont un langage tellement mystérieux qu’ils te font croire que tout est mystérieux.

-Et ce n’est pas mystérieux ?
-Non, pas du tout. Il n’y a pas de plus naturellement naturel que la nature, Tictoc. C’est une grande décharge où tu peux trouver n’importe quoi, des bouts de bois, de ferraille, de chiffons, de cuir et d’autres choses que tu ne connais pas, mais tout à fait anodines.

-Ah bon ?
-Oui, Tictoc, et comme dans toute décharge, ça chauffe, ça refroidit, ça moisit, ça bleuit, ça brille, ça pourrit, ça fume, ça verdit, ça s’évapore, ça noircit, ça pullule de bestioles, etc. Il n’y a rien de plus banal, Tictoc. Tout, tout est banal ; il n’y a jamais eu que du banal. L’insolite, le magique, le mystérieux, l’extraordinaire, ça n’existe que dans la tête des gourous, des poètes et des scientifiques. Ces derniers fouillent la matière et te disent regarde comme c’est complexe, et toi, tu te dis que c’est là un miracle. Or il n’y a aucun miracle, car il n’existe aucun objet qui ne soit complexe, tout objet est complexe, c’est la normalité. L’idée d’un objet simple, non complexe, était juste un préjugé que tu avais, et il n’y a donc rien de magique dans ce qu’ils découvrent, tout est simplement naturel.
-Et nous, nous sommes ces bestioles ?

-Parmi d’autres, oui, Tictoc. Moisissures, pourriture, champignons, etc., et ça a donné toi. Demain, ça refroidira trop ou ça chauffera trop, et il y aura d’autres bestioles ou plus de bestioles du tout. La nature passera à autre chose et tu seras oublié. Même pas oublié puisque personne ne t’aura vu.

-Et mon intelligence, ma conscience, mon âme…
-Rien que de grands mots, Tictoc. Ce n’est que phosphorescence et effervescence de matière à l’intérieur de ta boite crânienne, comme ça bouillonnait dans la tête du Neandertal et du dinosaure  et bien sûr de Cléopâtre, de César, d’Aristote, d’Ibn Sina, de Ghazali. Que veux-tu que ce soit d’autre, mon pauvre Tictoc ?
-Et Dieu ?
-Dieu c’est le manager invisible qui met en place les moyens, les coordonne et assure la cohésion de l’ensemble."

[Tatonga]

Demain : L’être du non-être.

Demain, le grand chef indien apporte une réponse à Leibniz et fait d’étonnantes révélations (Tictoc).

[Tatonga]

L’être du non-être.

"Tatonga, le monde a-t-il été créé ?
-Une chose est sûre, Tictoc, croire qu’un mastodonte, spirituel, cérébral ou de toute autre nature a créé le monde relève de contes pour enfants ; croire qu’il n’y avait rien et qu’il y a eu à un moment donné le monde est à écarter absolument.

-Mais alors pourquoi n’y a-t-il pas "rien" ?
-Je crois que la réponse la plus connue, après celle du Dieu créateur, est que le "rien" étant "rien", il ne peut pas être.

-Oui, Tatonga, mais ce n’est là qu’un jeu de mots et une esquive ; cela n’explique pas pourquoi il y a quelque chose.
-Tu as raison, Tictoc. Je crois que la bonne réponse est de dire que le "rien" n’est pas un non-état. Le "rien", est aussi un état, une situation, une situation de "rien", à l’égal de "il y a". Tu vois qu’il est impossible d’éviter qu’il y ait une situation, un état, autrement dit un être. Un état est inévitable, et c’est une erreur de croire que le monde a pris la place du "rien". Le "rien" est tout simplement ce qui ne peut se manifester, il est le contraire indispensable de "il y a", et je crois qu’on peut dire en quelque sorte que les deux états cohabitent dans l’univers, comme la lumière et les ténèbres, comme les deux faces d’une pièce, l’un impliquant et supportant l’autre. L’être est l’expression en creux du non-être et vice versa. Le monde est bipolaire, Tictoc !

-Le monde est donc incontournable, que faut-il en déduire, Tatonga.
-Le monde a toujours été là, Tictoc, contraint et forcé, incluant l’être et le non-être, là de toute éternité sans autre alternative que d’être là, comme imposé par une loi physique implacable. Il en découle, Tictoc, que, n’ayant pas été construit à dessein, il n’est pas là pour t’héberger ou pour faire régner la justice, le bien-être, le bien, l’amour, le mal ou l’égalité. Il ignore ces choses-là, il ignore les êtres, il s’ignore. Obligé d’être, il est là parce qu’il ne pouvait pas faire autrement.

-Et moi, je deviens quoi, Tatonga ?
-Comment tu as fait pour te retrouver au milieu de cette merdaille, je ne sais pas. Il reste que croire que le monde a été fait pour toi et qu’un dieu t’attend pour un entretien en tête-à-tête est une aimable plaisanterie, Tictoc. Mais comme on ne sait pas comment est fait ce monde, et que tu sembles, je dis bien tu sembles, avoir une identité spirituelle, des réincarnations ne sont pas impossibles, note que je ne dis pas sont possibles. La présence d’un dieu n’est pas une condition pour l’immortalité des êtres, Tictoc, contrairement à ce qu’on croit, et si réincarnations il y a, tu vas en baver."

[Tatonga]

Demain :... Les conneries d'Albert.

[Tatonga]

Les conneries d’Albert.

"Tatonga, tu passes ton temps à chercher Dieu, alors que le grand Albert avait demandé qu’on le lui définisse d’abord  pour pouvoir se prononcer.
-A moins que ce ne soit là sa façon de dire  que la question est une chimère ou qu’elle n’est pas de son ressort, une telle réponse de la part d’Albert est une connerie, Tictoc, une double connerie.

-Une double connerie d’Albert ?
-Oui, Tictoc. D’abord, même si on le lui avait défini, il n’aurait pas pu trancher la question, sachant qu’elle dépasse la simple observation et échappe à toute expérimentation.

-C’est bien vrai, Tatonga, m’est avis que cet Albert parlait un peu à la légère. Et la seconde connerie ?
-La seconde est de croire qu’une définition est nécessaire. En réalité, les hommes s’en sont presque  toujours passés. Prends par exemple la notion de crime, aucun juriste ou code n’a jamais pu la définir ; cela n’a pas empêché les hommes de la comprendre, de l’utiliser et de la manier, il n’est même question que de cela dans les tribunaux.

-Tu as bien raison, Tatonga, cette seconde connerie est vraiment très grave.
-Oui, elle est très grave, Tictoc, et on peut même ajouter une troisième.
-Une troisième connerie dans une seule phrase du grand Albert ?
-Oui, Tictoc. Comparativement à beaucoup d’autres choses, y compris celles qu’il étudie lui-même dans sa physique quand il commence par suivre une simple intuition,  Dieu -- du moins celui des monothéistes, et c’est bien sur celui-là qu’Albert avait à se prononcer -- est plutôt un concept très bien défini. N’est-il pas celui qui est censé avoir créé le monde et qui surveille les hommes, surtout les femmes, avec la même attention qu’un arbitre de foot ses joueurs ?

-Ha ha ha ! Bon, on va laisser tranquille Albert ; et toi, tu le définis comment, le bon Dieu ?
-Il faut d’abord t’ôter de la tête cette idée tenace qui ne quitte pas les hommes depuis des temps immémoriaux, selon laquelle Dieu serait une sorte d’organe. Dieu n’est pas, ne peut pas, ne doit pas être un organe. Il est et doit-être – comment dire ? – une fonction. Je ne sais pas si c’est le mot qui convient, mais je n’en trouve pas d’autres.

-Ce n’est toujours pas clair, Tatonga, explique-toi.
-On va faire vite, Tictoc. Je crois t’avoir déjà dit que pour être, pour exister, une chose, qu’il s’agisse de l’univers ou d’un autre objet, doit être un sens, intrinsèquement un sens, je dis bien être intrinsèquement un sens et non pas seulement avoir un sens. En langage populaire, on dit qu’aucune chose ne tombe comme ça du ciel. Une chose n’est pas une chose, mais un sens. Dieu est ce sens en la chose univers, Tictoc, c’est en insufflant du sens aux choses qu’il les crée. Pas en insufflant, c’est en en étant le sens même, et c’est ça être Dieu. Je ne veux pas faire long pour te donner des exemples, mais ce sens est visible dans les petites et grandes choses, et c’est toi qui as été choisi pour percevoir ce sens dans les choses et dans l’univers, alors même que tu ne vaux pas grand-chose aux yeux de ta propre mère. Tu n’as l’air de rien, mais tu es le révélateur de Dieu.

-Et que dirait Albert s’il t’entendait, Tatonga ?
-Tictoc, Albert avait toujours compris que l’univers était sens et il s’était toujours étonné que l’homme soit capable de comprendre l’univers, c’est-à-dire de saisir ce sens ; il ne pourrait donc que m’approuver sans la moindre réserve."

[Tatonga]

Demain… Le démocrate, l’autocrate et le théocrate.

A ne pas confondre avec le bon, la brute et le truand… à demain (Tictoc).

[Tatonga]

Le démocrate, l’autocrate et le théocrate.

"Tatonga, je suis démocrate, je me bats pour les libertés et les droits.
-C’est une bonne idée, Tictoc.
-Je vais chasser l’autocrate, descendre dans la rue crier à bas l’autocrate, vive le démocrate.
-Oui, Tictoc, crie, il finira par s’en aller, et ça me reposera de tes questions.
-A bas l’autocrate, vive le démocrate !

-Oui, Tictoc, mais va dans la rue ; ici, il ne risque pas de t’entendre, et fais attention à ne pas trébucher dans les escaliers.
-Il y a aussi mon voisin, Tatonga, qui marche derrière moi.
-Ça, c’est bien, Tictoc, à deux c’est mieux. C’est qui ton voisin ?
-C’est quelqu’un de super, Tatonga, gentil, doux et tout et tout. Il a épousé l’école et elle lui a donné beaucoup d’enfants ? Mais il y a quelque chose que je ne comprends pas, Tatonga, il crie comme moi à bas l’autocrate, puis il s’arrête là, se tait, comme si le souffle lui manquait.
-Courtois et des mains fines d’artiste, c’est ça ?

-Oui, Tatonga, mais comment le sais-tu ?
- Je sais, je sais, Tictoc, des mains fines d’artiste, il y en a eu beaucoup au cours de l’histoire, mais ne t’inquiète pas. Dans quelques jours, tu l’entendras dire la suite. Ça ne saurait  tarder, tu verras.

-D’accord, Tatonga, de toute façon, ça ne me dérange pas.
-Dis-moi, Tictoc, sais-tu qui est cette école son épouse qui lui donne beaucoup d’enfants ?
-C’est la fille de l’autocrate, Tatonga, elle adore son mari et élève ses enfants dans la même adoration de leur père, mais on s’en fout du moment qu’il crie à bas l’autocrate.
-Oui, du moment qu’il crie, on s’en fout, mais prête un peu l’oreille à ce qu’il dit, Tictoc.

-Ah voilà, ça y est, Tatonga, maintenant que l’autocrate commence à vaciller, mon voisin dit tout.
-Bah, Tictoc, il n’était pas obligé de répéter mot pour mot ce que tu dis, il a autant droit que toi de dire ce qu’il veut, l’important est que vous unissiez vos forces et soyez d’accord pour faire partir l’autocrate. Et que dit-il, Tictoc ?

-Tatonga, maintenant  il crie à bas l’autocrate, vive le théocrate !
-Ahhhhh ! Et sais-tu comment on appelle  ça, Tictoc ? Ça a un nom, ça s’appelle être pris en tenaille, tu es pris entre les deux mâchoires d’une même tenaille, Tictoc. Tu as compris maintenant pourquoi l’autocrate a marié sa fille à ton voisin ? Tu comprends maintenant qu’ils sont unis par les liens d’alliance et la même aversion pour les libertés et les droits ? Et dis-moi, Tictoc, avec tous les enfants de ton voisin dans la place, adorant leur père, comment comptais-tu installer ton démocrate une fois l’autocrate parti, tu comptais le faire passer par quelle voie ?

-Tu savais donc, Tatonga, et tu ne m’avais rien dit. Que vais-je faire maintenant ?
-Ce genre d’alliance est bien connu, Tictoc, il a existé de tout temps. Tu es sans troupe, pris par devant et par derrière. Il faut maintenant crier à bas l’autocrate, à bas le théocrate, et un jour viendra où tu auras de la troupe et des bataillons."

[Brahim]

Je vois ce que tu veux dire, Tatonga.
Oui, l'autocrate et le théocrate sont les deux mâchoires d'une même tenaille.
La question que l'on pourrait se poser est : entre l'autocrate et le théocrate, quel est le moins mauvais pour le peuple ?

[Tatonga]

Je vois ce que tu veux dire, Tatonga.
Oui, l'autocrate et le théocrate sont les deux mâchoires d'une même tenaille.
La question que l'on pourrait se poser est : entre l'autocrate et le théocrate, quel est le moins mauvais pour le peuple ?

Je ne m'attendais pas à une telle question , mais elle n'est pas sans intéret.
Si je dois choisir entre la peste et le choléra, je choisirai l'autocrate.
Le théocrate, en plus d'être un autocrate... accompli, fait pire que l'autocrate. Le théocrate s'immisce dans les moindres détails de la vie des gens et jusque dans leur intimité et leur âme, il veut les plier à tout ce qu'il est lui-même, à sa pensée, à sa conscience. Il dépouille ses sujets de leur être et de leur personnalité, ils doivent se mouvoir, vivre, agir, croire, penser comme il le veut, exactement comme s'ils n'étaient que des robots. Ils ne sont plus que des cadavres et c'est pire qu'être esclave.
J'avais déjà dit il y a longtemps à propos de l'Egypte que je préférais Sissi à Morsi l'islamiste qui lui disputait le pouvoir.
Brahim, je crains que tu ne fasses une confusion, un théocrate n'est pas un simple musulman (par exemple) qui accède au pouvoir car dans ce cas il n'y a aucune raison de l'appeler théocrate, c'est forcément et par définition un islamiste.

[Brahim]

J'ai posé cette question parce que dans mon esprit il y a plusieurs sortes et plusieurs niveaux de théocrates. Une théocratie à la turque par exemple, quoiqu'on en dise, pourrait être vivable en attendant mieux. J'ai visité ce pays récemment et j'ai constaté par moi-même qu'il y avait encore pas mal de libertés, notamment pour les femmes non voilées qui pouvaient travailler et sortir le soir sans être importunées et pour la libre consommation de l'alcool dans les restaurants et les hôtels, pour ne citer que ces deux cas facilement visibles pour un touriste.
S'il s'agit d'une théocratie selon le modèle du FIS, de Daesh, des Talibans ou de Boko haram, il est bien évident que ma question ne devrait même pas se poser.

[Tatonga]

Oui, je comprends.
Dans mon esprit, la théocratie, la démocratie, la monarchie, etc., sont des modèles théoriques, ce n’est pas tel ou tel pays. Après, on peut trouver de tout, des exemples qui s’y identifient, s’en rapprochent ou s’en éloignent plus ou moins.
Et comme tu le dis toi-même, on trouve plusieurs sortes ( comme monarchie absolue, monarchie constitutionnelle, monarchie parlementaire) comme on trouve des sous-classes chez les mammifères, les vertébrés, etc.

[Tatonga]

La vérité.

"Tatonga, c’est quoi la vérité ?
-Va voir ça dans le dictionnaire Tictoc et reviens ici.
-Voilà, Tatonga, Larousse dit : la vérité : adéquation entre la réalité et l’homme qui la pense.
-C’est totalement faux, Tictoc, doublement faux. Ce que Larousse définit là, ce n’est pas la vérité, mais une adéquation appelée vérité. C’est lui qui dit qu’il y a adéquation là où il n’y a qu’une vue de l’esprit et c’est lui qui qualifie de vérité cette adéquation supposée.

-Ah bon, Larousse se trompe ? Je ne comprends pas, Tatonga.
-Tu as peut-être vu qu’il y a un boucher à côté, Tictoc, va me chercher une cervelle de veau ou de boeuf et reviens vite.

-Voilà, Tatonga, voilà une cervelle de boeuf toute neuve, toute fraiche.
-Bien. Maintenant, écoute-moi. Tout ce que tu sens, ressens, crois, vois, pense ; tout ce que dit l’homme de science, tout ce que dit le philosophe, vient de ça. C’est cet objet que tu as devant toi, et lui seul, qui vous le dicte, c’est de lui et de lui seul que vous vient ce que vous pensez et croyez, et de nulle part ailleurs.

-Et alors ?
-Et alors, ce que vous appelez la vérité, c’est ce que vous raconte cette chose-là et rien, rien de plus. Je ne sais pas pour le veau que tu es, mais moi, franchement, je ne vois pas du tout comment et pourquoi ce truc-là, qui commence déjà à puer, pourrait voir, constater, découvrir, connaitre et dire la vérité. Je ne pense pas une seconde qu’il soit fiable ; pour tout te dire, il ne fait que vous raconter ce que lui-même croit, ses rêvasseries, ses mirages et ses illusions.

-Mais alors, c’est quoi la vérité, Tatonga, tu ne m’as toujours pas donné ta définition.
-Comment pourrais-je te donner une définition, Tictoc, sans consulter moi-même cette tête de bœuf  mythomane ? Si tu veux mon avis, la vérité n’existe pas, elle n’est elle-même qu’un mythe inventé par cette même cervelle.

-Aucune vérité, nulle part, d’aucune sorte, Tatonga ? Tatonga, chaque jour, tu me fiches un peu plus la trouille.
-Aucune, Tictoc, aucune. Si tu avais un peu de lucidité, tu aurais compris qu’il ne peut pas en être autrement, qu’il ne peut pas y avoir une ou des vérités à découvrir et à connaitre, que le mot vérité lui-même n’a aucun sens. Ça n'existe pas. Telle est la tragique et terrible vérité, Tictoc. Le monde n’est rien qu’un gouffre sombre, lugubre, sans parois, sans plafond et sans fond, où flottent des brouillards effilochés, fantomatiques. Rien de plus, le reste n’est que racontars de ta cervelle qui invente des mondes imaginaires."

[Tatonga]

Demain : La volonté.

La volonté, la liberté ou le libre-arbitre, le grand chef indien croit avoir trouvé la clé et la bonne approche pour résoudre le problème (Tictoc).

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