Pérégrinations 2.
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Re: Pérégrinations 2.
Une force de la nature.
"Tatonga, pourquoi l’homme et la femme sont-ils conçus l’un pour l’autre ?
-Tu n’es donc pas au courant, Tictoc. Il y a très longtemps, une grande conférence avait réuni des hommes et des femmes pas encore faits les uns pour les autres. Après concertation et d’interminables débats, ils sont parvenus à un accord et chacun est retourné ensuite dans son atelier pour se modeler comme il a été convenu.
-Arrête de te moquer, Tatonga.
-Il y a eu au tout début une cellule, Tictoc, un seul être, donc. La cellule s’était coupée en deux parties mâle et femelle adaptées psychiquement et physiquement l’une à l’autre pour se reproduire et perpétuer la vie.
-Mais qui a voulu que cette cellule se coupe en deux, un dieu ?
-Tictoc, tu n’as pas le droit, rationnellement parlant, de faire intervenir un inconnu, d’invoquer un agent occulte pour répondre à tes questions. La cellule s’était divisée en deux toute seule.
-Mais pourquoi se diviserait-elle, Tatonga ? Tu as dit pour perpétuer la vie, mais qu’est-ce que ça peut lui faire à la cellule que la vie se perpétue ou non ?
-Attends, là tu as raison, Tictoc. En vérité, avant la cellule, il y a eu d’abord la vie, la vie non incarnée, et cette vie s’est faite cellule, car la vie est vie, Tictoc, sa vocation est d’être vie, vivre est sa raison d’être.
-D’accord, Tatonga, je comprends ce que tu veux dire. Mais comment se fait-il qu’elle soit aussi omnipotente, omnisciente, intelligente que le dieu des monothéistes, car pour réussir à faire deux êtres fonctionnels et compatibles comme l’homme et la femme, il faut être sacrément calé.
-La vie n’est pas intelligente, Tictoc, la vie est tout simplement une force comme il y en a tant d’autres dans la nature. C’est une force de vie. Comme force, et comme toutes les forces, elle s’exerce dans le sens qui est le sien, et son sens à elle, c’est d’être vie, c'est de vivre. Pour d’autres forces, c’est d’attirer ou de repousser, etc. Si tu comptes parmi tes connaissances un physicien, demande-lui de te citer toutes les forces qu’il y a dans la nature.
-Ça n’explique toujours pas une si grande intelligence.
-Je te répète encore, Tictoc, que ce n’est pas une intelligence, c’est une force qui s’exerce. Imagine un cours d’eau en crue. C’est une force comme la vie. Il va surmonter tous les obstacles qui se dresseront sur son chemin, les renverser, les contourner, les éviter, passer à droite, passer à gauche, passer dessous, passer dessus, etc. Dirais-tu qu’il est intelligent ? La force vie fait de même, elle déploie mille astuces pour parvenir à son but.
-Et moi dans tout ça, Tatonga ?
-Il est clair, Tictoc, que tu n’es qu’un moyen dont se sert la vie pour se déployer. La vie est vie, elle n’a d’autre préoccupation que d’être vie. Elle ne se préoccupe que d’elle-même et ne se soucie de rien d’autre. Toi, tu lui sers à vivre, elle ne pense pas à toi, elle ne pense qu’à elle-même, qu’à vivre elle-même. Elle est comme le cours d’eau, elle ne cherche qu’à avancer. Toi, tu lui sers de langue pour goûter à la… vie, mais, personnellement, individuellement, tu n’es pas nécessaire et elle ne sait même pas que tu existes.
-Tatonga, la vie, est-ce que je peux l’appeler dieu ?
-Oui, mais ça ne sert à rien de lui donner un deuxième nom que tu auras ensuite de la peine à justifier."
"Tatonga, pourquoi l’homme et la femme sont-ils conçus l’un pour l’autre ?
-Tu n’es donc pas au courant, Tictoc. Il y a très longtemps, une grande conférence avait réuni des hommes et des femmes pas encore faits les uns pour les autres. Après concertation et d’interminables débats, ils sont parvenus à un accord et chacun est retourné ensuite dans son atelier pour se modeler comme il a été convenu.
-Arrête de te moquer, Tatonga.
-Il y a eu au tout début une cellule, Tictoc, un seul être, donc. La cellule s’était coupée en deux parties mâle et femelle adaptées psychiquement et physiquement l’une à l’autre pour se reproduire et perpétuer la vie.
-Mais qui a voulu que cette cellule se coupe en deux, un dieu ?
-Tictoc, tu n’as pas le droit, rationnellement parlant, de faire intervenir un inconnu, d’invoquer un agent occulte pour répondre à tes questions. La cellule s’était divisée en deux toute seule.
-Mais pourquoi se diviserait-elle, Tatonga ? Tu as dit pour perpétuer la vie, mais qu’est-ce que ça peut lui faire à la cellule que la vie se perpétue ou non ?
-Attends, là tu as raison, Tictoc. En vérité, avant la cellule, il y a eu d’abord la vie, la vie non incarnée, et cette vie s’est faite cellule, car la vie est vie, Tictoc, sa vocation est d’être vie, vivre est sa raison d’être.
-D’accord, Tatonga, je comprends ce que tu veux dire. Mais comment se fait-il qu’elle soit aussi omnipotente, omnisciente, intelligente que le dieu des monothéistes, car pour réussir à faire deux êtres fonctionnels et compatibles comme l’homme et la femme, il faut être sacrément calé.
-La vie n’est pas intelligente, Tictoc, la vie est tout simplement une force comme il y en a tant d’autres dans la nature. C’est une force de vie. Comme force, et comme toutes les forces, elle s’exerce dans le sens qui est le sien, et son sens à elle, c’est d’être vie, c'est de vivre. Pour d’autres forces, c’est d’attirer ou de repousser, etc. Si tu comptes parmi tes connaissances un physicien, demande-lui de te citer toutes les forces qu’il y a dans la nature.
-Ça n’explique toujours pas une si grande intelligence.
-Je te répète encore, Tictoc, que ce n’est pas une intelligence, c’est une force qui s’exerce. Imagine un cours d’eau en crue. C’est une force comme la vie. Il va surmonter tous les obstacles qui se dresseront sur son chemin, les renverser, les contourner, les éviter, passer à droite, passer à gauche, passer dessous, passer dessus, etc. Dirais-tu qu’il est intelligent ? La force vie fait de même, elle déploie mille astuces pour parvenir à son but.
-Et moi dans tout ça, Tatonga ?
-Il est clair, Tictoc, que tu n’es qu’un moyen dont se sert la vie pour se déployer. La vie est vie, elle n’a d’autre préoccupation que d’être vie. Elle ne se préoccupe que d’elle-même et ne se soucie de rien d’autre. Toi, tu lui sers à vivre, elle ne pense pas à toi, elle ne pense qu’à elle-même, qu’à vivre elle-même. Elle est comme le cours d’eau, elle ne cherche qu’à avancer. Toi, tu lui sers de langue pour goûter à la… vie, mais, personnellement, individuellement, tu n’es pas nécessaire et elle ne sait même pas que tu existes.
-Tatonga, la vie, est-ce que je peux l’appeler dieu ?
-Oui, mais ça ne sert à rien de lui donner un deuxième nom que tu auras ensuite de la peine à justifier."
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 2.
Le chaos.
"Tatonga, comment vois-tu le monde ?
-Si tu veux voir le monde tel qu’il est, Tictoc, il faut oublier tout ce que disent les savants, les philosophes, les religieux. Ces gens-là écrivent des romans, Tictoc, construisent des fictions. Le monde est beaucoup plus simple, Tictoc, que ce qu’ils racontent, et il faut le regarder simplement, naturellement, comme si on ne t’en avait jamais rien dit.
-Facile à dire, et tu le vois comment, toi, le monde ?
-Le monde est fait d’une seule chose, Tictoc, qui se décline en plusieurs objets de formes et de natures différentes ; ou est fait peut-être de plusieurs objets différents. Peu importe, Tictoc, il ne faut pas te casser la tête sur cette question, le résultat est le même : il y a d’innombrables choses, c’est un amas d’objets.
-Et qu’est-ce qu’elles font là, ces choses ?
-Ce qu’elles font ? Comme tu le vois, elles sont là, elles se contentent d’être là, en errance, abandonnées à elles-mêmes, elles tournent, elles courent…
-Elles sont organisées, non ?
-Voilà la mauvaise question, la question fatale, qu’il ne faut jamais poser, que même un animal n’aurait jamais commis la bêtise de se poser. Dès qu’elle est posée, scientifiques, philosophes et religieux se mettent à délirer. Les uns affirment par exemple que si la Terre était d’un poil plus éloignée ou plus proche du soleil, jamais tes carottes n’y auraient poussé, les autres en profitent pour soutenir qu’une telle précision ne peut être due au hasard, et c’est parti. L’imagination s’ébranle et c’est dans ses fantasmes que tout le monde voit le monde et non tel qu’il est.
-Et il est comment tel qu’il est ?
-Les choses sont là tout simplement, Tictoc, dans une situation et une position parce qu’elles ne peuvent pas ne pas en avoir, situation et position qui durent un temps plus ou moins long avant de changer. Les choses s’influencent, s’impactent, s’entrechoquent, se pulvérisent, se rapprochent, s’éloignent, se dégradent, se reconstituent, pourrissent aussi. Et tes carottes ne sont que la conséquence de ces situations, positions et influences ; personne n’a rien calculé, personne n’a voulu obtenir quoi que ce soit, et rien et personne n’a cherché à réaliser une précision. Il y a toujours une précision, Tictoc, chacun des objets que tu possèdes se trouve toujours à une distance précise des autres, il ne peut pas en être autrement, il n’y a que ton esprit qui peut s’en étonner.
-Ce n’est pourtant pas un chaos qu’on voit, Tatonga.
-Mais si, c’est justement le chaos, tu as bien trouvé le mot qu’il faut, le chaos permanent, ce qu’un Ancien, qualifié de grand sage, avait appelé pudiquement l’impermanence permanente. Chaos permanent, Tictoc ; quand on a sa tête bien plantée sur ses épaules, on voit, on comprend tout de suite qu’il ne peut pas en être autrement, on comprend qu’il ne peut y avoir aucun ordre. Si parfois il peut te sembler qu’il y a un certain ordre, une certaine stabilité, cela est dû au rapport des temps : tu n’existes que le temps d’un clin d’œil, tu passes trop vite, alors que les changements, les transformations mettent plus de temps à se produire, se produisent si tu veux au ralenti.
-Mais d’où viennent toutes ces choses, Tatonga ?
-Elle ne viennent de nulle part, Tictoc, puisqu’il n’y a aucun ailleurs d’où elles pourraient venir, et elles n’ont jamais commencé. Cette histoire de Big-bang, Tictoc, est un conte de fée d’inspiration fortement religieuse. Ça ne pouvait pas être un début, tout au plus une transformation qui succède à d'autres.
-Moi qui croyais qu’il y avait un ordre ! et notre planète, Tatonga que va-t-elle devenir ?
-Elle deviendra autre chose que ce qu’elle est aujourd’hui. Ça a déjà commencé, et rien ni personne ne pourra stopper la transformation. Ne crois surtout pas qu’il suffirait de réaliser la neutralité carbone, de tout façon impossible à réaliser, pour sauver la planète.
-Aucun ordre donc, j’ai vraiment beaucoup de peine à le croire quand je vois que j’ai des yeux, que…
-Détrompe-toi, Tictoc. Personne ne s’est soucié de te donner des yeux pour te permettre de voir. Cela n’est que le résultat des multiples influences des innombrables choses qui se croisent dans l’univers depuis la nuit des temps et dont personne ne connait la nature profonde, simple conséquence donc, tout comme la couleur et la forme de tes carottes en est aussi le résultat. Des influences, des interactions, très nombreuses, très complexes, inextricables, qui te font croire qu’il y a un ordre et un organisateur. Dis-toi bien, Tictoc, que ces yeux et ces oreilles que tu as, et même ta pensée, ne sont pas vraiment grand-chose. Dis-toi bien qu’il y a des millions d’autres organes et facultés, infiniment plus sophistiqués et plus "utiles", que tu aurais pu théoriquement avoir et que tu n’as pas et que tu ne peux même pas imaginer parce que tu ne les as jamais eus justement, jamais connus."
"Tatonga, comment vois-tu le monde ?
-Si tu veux voir le monde tel qu’il est, Tictoc, il faut oublier tout ce que disent les savants, les philosophes, les religieux. Ces gens-là écrivent des romans, Tictoc, construisent des fictions. Le monde est beaucoup plus simple, Tictoc, que ce qu’ils racontent, et il faut le regarder simplement, naturellement, comme si on ne t’en avait jamais rien dit.
-Facile à dire, et tu le vois comment, toi, le monde ?
-Le monde est fait d’une seule chose, Tictoc, qui se décline en plusieurs objets de formes et de natures différentes ; ou est fait peut-être de plusieurs objets différents. Peu importe, Tictoc, il ne faut pas te casser la tête sur cette question, le résultat est le même : il y a d’innombrables choses, c’est un amas d’objets.
-Et qu’est-ce qu’elles font là, ces choses ?
-Ce qu’elles font ? Comme tu le vois, elles sont là, elles se contentent d’être là, en errance, abandonnées à elles-mêmes, elles tournent, elles courent…
-Elles sont organisées, non ?
-Voilà la mauvaise question, la question fatale, qu’il ne faut jamais poser, que même un animal n’aurait jamais commis la bêtise de se poser. Dès qu’elle est posée, scientifiques, philosophes et religieux se mettent à délirer. Les uns affirment par exemple que si la Terre était d’un poil plus éloignée ou plus proche du soleil, jamais tes carottes n’y auraient poussé, les autres en profitent pour soutenir qu’une telle précision ne peut être due au hasard, et c’est parti. L’imagination s’ébranle et c’est dans ses fantasmes que tout le monde voit le monde et non tel qu’il est.
-Et il est comment tel qu’il est ?
-Les choses sont là tout simplement, Tictoc, dans une situation et une position parce qu’elles ne peuvent pas ne pas en avoir, situation et position qui durent un temps plus ou moins long avant de changer. Les choses s’influencent, s’impactent, s’entrechoquent, se pulvérisent, se rapprochent, s’éloignent, se dégradent, se reconstituent, pourrissent aussi. Et tes carottes ne sont que la conséquence de ces situations, positions et influences ; personne n’a rien calculé, personne n’a voulu obtenir quoi que ce soit, et rien et personne n’a cherché à réaliser une précision. Il y a toujours une précision, Tictoc, chacun des objets que tu possèdes se trouve toujours à une distance précise des autres, il ne peut pas en être autrement, il n’y a que ton esprit qui peut s’en étonner.
-Ce n’est pourtant pas un chaos qu’on voit, Tatonga.
-Mais si, c’est justement le chaos, tu as bien trouvé le mot qu’il faut, le chaos permanent, ce qu’un Ancien, qualifié de grand sage, avait appelé pudiquement l’impermanence permanente. Chaos permanent, Tictoc ; quand on a sa tête bien plantée sur ses épaules, on voit, on comprend tout de suite qu’il ne peut pas en être autrement, on comprend qu’il ne peut y avoir aucun ordre. Si parfois il peut te sembler qu’il y a un certain ordre, une certaine stabilité, cela est dû au rapport des temps : tu n’existes que le temps d’un clin d’œil, tu passes trop vite, alors que les changements, les transformations mettent plus de temps à se produire, se produisent si tu veux au ralenti.
-Mais d’où viennent toutes ces choses, Tatonga ?
-Elle ne viennent de nulle part, Tictoc, puisqu’il n’y a aucun ailleurs d’où elles pourraient venir, et elles n’ont jamais commencé. Cette histoire de Big-bang, Tictoc, est un conte de fée d’inspiration fortement religieuse. Ça ne pouvait pas être un début, tout au plus une transformation qui succède à d'autres.
-Moi qui croyais qu’il y avait un ordre ! et notre planète, Tatonga que va-t-elle devenir ?
-Elle deviendra autre chose que ce qu’elle est aujourd’hui. Ça a déjà commencé, et rien ni personne ne pourra stopper la transformation. Ne crois surtout pas qu’il suffirait de réaliser la neutralité carbone, de tout façon impossible à réaliser, pour sauver la planète.
-Aucun ordre donc, j’ai vraiment beaucoup de peine à le croire quand je vois que j’ai des yeux, que…
-Détrompe-toi, Tictoc. Personne ne s’est soucié de te donner des yeux pour te permettre de voir. Cela n’est que le résultat des multiples influences des innombrables choses qui se croisent dans l’univers depuis la nuit des temps et dont personne ne connait la nature profonde, simple conséquence donc, tout comme la couleur et la forme de tes carottes en est aussi le résultat. Des influences, des interactions, très nombreuses, très complexes, inextricables, qui te font croire qu’il y a un ordre et un organisateur. Dis-toi bien, Tictoc, que ces yeux et ces oreilles que tu as, et même ta pensée, ne sont pas vraiment grand-chose. Dis-toi bien qu’il y a des millions d’autres organes et facultés, infiniment plus sophistiqués et plus "utiles", que tu aurais pu théoriquement avoir et que tu n’as pas et que tu ne peux même pas imaginer parce que tu ne les as jamais eus justement, jamais connus."
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 2.
L’homme programmé.
"Tatonga, est-il vrai que l’homme est programmé pour croire en dieu ?
-Je crois que oui.
-Il aurait comme un gène de la foi, une sorte de puce dans le cerveau, c’est ça ?
-Tictoc, il n’est pas seulement programmé pour avoir la foi, il est programmé pour beaucoup de choses, pour produire de l’adrénaline, des anticorps, etc.
-Ce n’est pas la même chose, Tatonga ; s’il est programmé pour avoir la foi, c’est qu’il est relié à dieu par un cordon…
-Mais non, Tictoc, c’est simplement la nature qui veut le protéger, comme elle le protège en lui faisant secréter des anticorps.
-Le protéger de quoi ?
-La nature, Tictoc, "sait" beaucoup de choses. Elle sait que l’homme ne pourrait pas supporter le monde, que la présence du monde serait insupportable à l’homme, qu’elle doit donc l’en distraire, détourner son regard, l’enivrer. C’est pour cette raison qu’elle l’a programmé pour la foi, une sorte d’opium, afin que jamais il ne se trouve seul face au monde, un face à face qui lui serait fatal.
-C’est dangereux de se trouver face au monde ?
-Oui, Tictoc. Sais-tu pourquoi l’homme s’ennuie parfois, Tictoc.
-Il s’ennuie, il s’ennuie, c’est normal qu’il s’ennuie quand il est là, oisif, à ne rien faire.
-Ça veut dire quoi normal, Tictoc ? Non, ce n’est pas normal. Quand il est là à ne rien faire, il se trouve justement seul face au monde et il peut en mourir d’angoisse, d’ennui, Tictoc, ça peut le mener au suicide. La foi est un dérivatif salutaire, et ce n’est pas le seul ; il y a aussi les arts, l’écriture, la lecture, l’amour, la violence et la guerre aussi, Tictoc, le rêve, la musique, tout ce qui permet de s’évader. Tout cela n’est pas normal, Tictoc : il ne te parait normal que parce que tu es programmé pour ça.
-Ce monde n’est donc pas fait pour l’homme, Tatonga ?
-Non, certainement pas. C’est un monde hostile, destructeur, inhospitalier, inapproprié, stressant et déstabilisant pour les êtres doués de conscience. Le nature le sait, elle sait aussi, surtout, que l’homme ne supporterait pas de se trouver dans un monde dénué de sens et elle a prévu des expédients, de analgésiques, des anesthésiques et des amusements, pour lui faire traverser l’épreuve."
"Tatonga, est-il vrai que l’homme est programmé pour croire en dieu ?
-Je crois que oui.
-Il aurait comme un gène de la foi, une sorte de puce dans le cerveau, c’est ça ?
-Tictoc, il n’est pas seulement programmé pour avoir la foi, il est programmé pour beaucoup de choses, pour produire de l’adrénaline, des anticorps, etc.
-Ce n’est pas la même chose, Tatonga ; s’il est programmé pour avoir la foi, c’est qu’il est relié à dieu par un cordon…
-Mais non, Tictoc, c’est simplement la nature qui veut le protéger, comme elle le protège en lui faisant secréter des anticorps.
-Le protéger de quoi ?
-La nature, Tictoc, "sait" beaucoup de choses. Elle sait que l’homme ne pourrait pas supporter le monde, que la présence du monde serait insupportable à l’homme, qu’elle doit donc l’en distraire, détourner son regard, l’enivrer. C’est pour cette raison qu’elle l’a programmé pour la foi, une sorte d’opium, afin que jamais il ne se trouve seul face au monde, un face à face qui lui serait fatal.
-C’est dangereux de se trouver face au monde ?
-Oui, Tictoc. Sais-tu pourquoi l’homme s’ennuie parfois, Tictoc.
-Il s’ennuie, il s’ennuie, c’est normal qu’il s’ennuie quand il est là, oisif, à ne rien faire.
-Ça veut dire quoi normal, Tictoc ? Non, ce n’est pas normal. Quand il est là à ne rien faire, il se trouve justement seul face au monde et il peut en mourir d’angoisse, d’ennui, Tictoc, ça peut le mener au suicide. La foi est un dérivatif salutaire, et ce n’est pas le seul ; il y a aussi les arts, l’écriture, la lecture, l’amour, la violence et la guerre aussi, Tictoc, le rêve, la musique, tout ce qui permet de s’évader. Tout cela n’est pas normal, Tictoc : il ne te parait normal que parce que tu es programmé pour ça.
-Ce monde n’est donc pas fait pour l’homme, Tatonga ?
-Non, certainement pas. C’est un monde hostile, destructeur, inhospitalier, inapproprié, stressant et déstabilisant pour les êtres doués de conscience. Le nature le sait, elle sait aussi, surtout, que l’homme ne supporterait pas de se trouver dans un monde dénué de sens et elle a prévu des expédients, de analgésiques, des anesthésiques et des amusements, pour lui faire traverser l’épreuve."
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 2.
Utile.
"Tatonga, ça veut dire quoi utile ?
-Aucune chose n’est utile, Tictoc. Une chose est utile quand elle sert à une autre chose, quand elle est utile à une autre chose. Sans cette autre chose, aucune chose n’est utile.
-Est-ce que le mouton est utile, Tatonga ?
-Oui, Tictoc, il est utile à l’homme. Utile pour sa viande, sa peau, sa laine, il est tout entier sacrifice.
-Et l’herbe, Tatonga, elle est utile au mouton ?
-Non, Tictoc, puisque le mouton lui-même sert à l’homme, dernier utilisateur, consommateur final au bout de la chaine. Tout est fait pour l’homme, tout est au service de l’homme, Tictoc.
-Et l’homme est utile à quoi ?
-A rien, Tictoc. L’homme est la seule chose qui ne sert à rien, qui n’est utile à rien, c’est-à-dire inutile.
-Il sert quand même à Dieu.
-Non, Tictoc. C’est Dieu qui est au service de l’homme. Même les Ecritures le disent : c’est l’homme qui a besoin de Dieu. C’est Dieu qui est utile à l’homme et non l’homme à Dieu. Je te l’ai dit, Tictoc, tout est au service de l’homme, y compris Dieu, mais tout cela prouve quand même quelque chose.
-Ça prouve quoi, Tatonga ?
-Que la bêtise de l’homme est bien infinie, et en ce sens on peut dire que c’est à ça qu’il sert, qu’il est utile au règne de la bêtise. La bêtise n’a jamais existé avant l’homme, Tictoc ; elle est née juste après lui et ne l’a jamais quitté."
"Tatonga, ça veut dire quoi utile ?
-Aucune chose n’est utile, Tictoc. Une chose est utile quand elle sert à une autre chose, quand elle est utile à une autre chose. Sans cette autre chose, aucune chose n’est utile.
-Est-ce que le mouton est utile, Tatonga ?
-Oui, Tictoc, il est utile à l’homme. Utile pour sa viande, sa peau, sa laine, il est tout entier sacrifice.
-Et l’herbe, Tatonga, elle est utile au mouton ?
-Non, Tictoc, puisque le mouton lui-même sert à l’homme, dernier utilisateur, consommateur final au bout de la chaine. Tout est fait pour l’homme, tout est au service de l’homme, Tictoc.
-Et l’homme est utile à quoi ?
-A rien, Tictoc. L’homme est la seule chose qui ne sert à rien, qui n’est utile à rien, c’est-à-dire inutile.
-Il sert quand même à Dieu.
-Non, Tictoc. C’est Dieu qui est au service de l’homme. Même les Ecritures le disent : c’est l’homme qui a besoin de Dieu. C’est Dieu qui est utile à l’homme et non l’homme à Dieu. Je te l’ai dit, Tictoc, tout est au service de l’homme, y compris Dieu, mais tout cela prouve quand même quelque chose.
-Ça prouve quoi, Tatonga ?
-Que la bêtise de l’homme est bien infinie, et en ce sens on peut dire que c’est à ça qu’il sert, qu’il est utile au règne de la bêtise. La bêtise n’a jamais existé avant l’homme, Tictoc ; elle est née juste après lui et ne l’a jamais quitté."
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 2.
Tatonga a écrit:
L’homme est la seule chose qui ne sert à rien, qui n’est utile à rien, c’est-à-dire inutile.
Je ne pense pas ; l'Homme existe justement parce qu'il est utile.
L'Homme n'est pas au bout de la chaine, mais un maillon intermédiaire de celle-ci.
Les minéraux sont utiles à l'herbe,
L'herbe est utile au mouton,
Le mouton est utile à l'Homme,
Par voie de conséquences, l'Homme ne peut-être qu'utile à ... "X".
La question n'est pas de savoir si l'Homme est utile ou pas (il l'est forcément), mais à qui (à quoi) est-il utile ?
En revenant à nos moutons, on peut constater que ceux-ci côtoient les Hommes durant toute leur vie, mais ne se doutent pas un seul instant que ces humains vont les manger.
Il n'est pas improbable que les humains soient un peu dans la même situation que les moutons,
Il n'est pas exclu que des "Etres" plus puissants que nous fassent un "élevage" d'humains sur Terre, car ceux-ci leurs sont utiles.
Ne serions-nous que des "troupeaux" d'humains, élevés à leur insu par ces "Êtres" puissants afin de servir à leurs besoins ?
Brahim- Messages : 650
Date d'inscription : 11/04/2016
Age : 81
Localisation : Ile de France
Re: Pérégrinations 2.
Salut Brahim. Nous serions le troupeau d’Etres puissants. Oui, pourquoi pas. Quand ils ont trop faim, ils nous incitent à la guerre pour obtenir davantage de viandes ; quand ils ont peu d’appétit, ils calment le jeu. Sinon, comment expliquer notre présence et qu’on se massacre à qui mieux-mieux.
Tiens, je te dédie la suivante.
Tout est dans le mot.
"Tatonga, c’est quoi Dieu ?
-C’est un mot qui circule depuis des siècles et des millénaires, Tictoc.
-On peut le trouver ?
-Oui. Dans les dictionnaires. Ils le définissent.
-Ils le définissent ? Donc, on sait ce que c’est.
-Ils le définissent, Tictoc, mais ils n’en disent pas grand-chose, pas plus que s’ils disaient qu’il s’écrit D.i.e.u.
-Donc, on ne peut pas savoir ce que c’est !
-Si, tu peux savoir. De grands hommes lui ont ouvert le ventre pour scruter ses viscères, des hommes illustres, super doués, à la bave intarissable, très intelligents, tellement qu’ils sont passés à la postérité. Ils ont écrit des bibliothèques entières qui ont traversé les siècles, et ils continuent.
-Ils ont ouvert le ventre de Dieu ?
-Je te parle du mot, ils ont ouvert le ventre du mot, et ce qu’ils y ont trouvé est d’une richesse incroyable, Tictoc, ils ont fait des trésors et des trésors de découvertes, ils ont trouvé un cerveau, un cœur, une barbe, des moustaches aussi, je crois, de l’amour, un paradis, des brasiers pour te roussir les poils, voire te flamber, un chaudron pour cuire les durs à cuire.
-Tout ça dans le ventre d’un mot ?
-Oui, Tictoc, ces savants sont très forts, doués d’une imagination… surnaturelle, supranaturelle. Même les sorciers vaudous qui font des poupées pour leur planter une flèche dans le cœur et les petites filles qui jouent à faire la popote comme maman sont des nuls comparés à eux. Les mots, Tictoc, sont d’une profondeur insondable, plus profonds et plus étendus que le monde ; un seul peut devenir tout un univers.
-Tu veux dire que Dieu n’existe pas et qu’il n’y a que le…
-Encore une fois, je te parle du mot, Tictoc."
Tiens, je te dédie la suivante.
Tout est dans le mot.
"Tatonga, c’est quoi Dieu ?
-C’est un mot qui circule depuis des siècles et des millénaires, Tictoc.
-On peut le trouver ?
-Oui. Dans les dictionnaires. Ils le définissent.
-Ils le définissent ? Donc, on sait ce que c’est.
-Ils le définissent, Tictoc, mais ils n’en disent pas grand-chose, pas plus que s’ils disaient qu’il s’écrit D.i.e.u.
-Donc, on ne peut pas savoir ce que c’est !
-Si, tu peux savoir. De grands hommes lui ont ouvert le ventre pour scruter ses viscères, des hommes illustres, super doués, à la bave intarissable, très intelligents, tellement qu’ils sont passés à la postérité. Ils ont écrit des bibliothèques entières qui ont traversé les siècles, et ils continuent.
-Ils ont ouvert le ventre de Dieu ?
-Je te parle du mot, ils ont ouvert le ventre du mot, et ce qu’ils y ont trouvé est d’une richesse incroyable, Tictoc, ils ont fait des trésors et des trésors de découvertes, ils ont trouvé un cerveau, un cœur, une barbe, des moustaches aussi, je crois, de l’amour, un paradis, des brasiers pour te roussir les poils, voire te flamber, un chaudron pour cuire les durs à cuire.
-Tout ça dans le ventre d’un mot ?
-Oui, Tictoc, ces savants sont très forts, doués d’une imagination… surnaturelle, supranaturelle. Même les sorciers vaudous qui font des poupées pour leur planter une flèche dans le cœur et les petites filles qui jouent à faire la popote comme maman sont des nuls comparés à eux. Les mots, Tictoc, sont d’une profondeur insondable, plus profonds et plus étendus que le monde ; un seul peut devenir tout un univers.
-Tu veux dire que Dieu n’existe pas et qu’il n’y a que le…
-Encore une fois, je te parle du mot, Tictoc."
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 2.
Ces Etres puissants n'ont probablement pas besoin de nous manger ; les vers de terre se chargeront de cela.Tatonga a écrit: Salut Brahim. Nous serions le troupeau d’Etres puissants. Oui, pourquoi pas. Quand ils ont trop faim, ils nous incitent à la guerre pour obtenir davantage de viandes ; quand ils ont peu d’appétit, ils calment le jeu.
Je pense qu'Ils ont besoin d'autre chose.
C'est ce qui me fait penser que nous sommes probablement manipulés ... par qui ? pourquoi ? Mystère ! Par Satan diraient les religions.Tatonga a écrit:Sinon, comment expliquer notre présence et qu’on se massacre à qui mieux-mieux.
Brahim- Messages : 650
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Re: Pérégrinations 2.
Il n’y a pas de doute que nous sommes manipulés. Pas seulement manipulés, mais bien tenus en laisse sans possibilité de nous éloigner et encore moins de fuir, puisque nous sommes entièrement déterminés ou presque. Y a-t-il plus lourd boulet que la détermination ?
Pas par Satan, non, Satan n’est qu’un personnage secondaire, un farceur, un enquiquineur, un fou du roi tout au plus ; ce n’est pas lui qui prend les grandes décisions, comme mettre des chaines à l’humanité. Ces décisions-là se prennent au plus haut niveau de la pyramide.
Oui, tu as raison, ce n’est pas pour nous manger ; si c’était pour nous manger, ils auraient élevé uniquement des brebis, à la chair plus tendre et plus savoureuse.
Personnellement, j’ai toujours pensé que ces Etres supérieurs étaient en guerre avec d’autres Etres supérieurs et avaient besoin de troupes, de soldats aguerris, et c’est pour cela qu’ils nous élèvent à la dure, comme à Sparte à une certaine époque. Education spartiate : jeûne, prières, diète, faim, soif, souffrances, maladies, pour nous préparer au combat.
Pas par Satan, non, Satan n’est qu’un personnage secondaire, un farceur, un enquiquineur, un fou du roi tout au plus ; ce n’est pas lui qui prend les grandes décisions, comme mettre des chaines à l’humanité. Ces décisions-là se prennent au plus haut niveau de la pyramide.
Oui, tu as raison, ce n’est pas pour nous manger ; si c’était pour nous manger, ils auraient élevé uniquement des brebis, à la chair plus tendre et plus savoureuse.
Personnellement, j’ai toujours pensé que ces Etres supérieurs étaient en guerre avec d’autres Etres supérieurs et avaient besoin de troupes, de soldats aguerris, et c’est pour cela qu’ils nous élèvent à la dure, comme à Sparte à une certaine époque. Education spartiate : jeûne, prières, diète, faim, soif, souffrances, maladies, pour nous préparer au combat.
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 2.
Il n’y a pas de parenthèses, tout est continuité.
"Tatonga, quand je ne serai plus là, le monde continuera sans moi, c’est ça, n’est-ce pas ?
-Non, Tictoc. Ça, c’est ce que tout le monde croit, mais c’est faux. Le monde continuera, mais pas sans toi.
-Oui, bien sûr, toi, tu en sais toujours plus que les autres, tu es même le seul à savoir.
-Oui, Tictoc, je sais beaucoup de choses, je vois beaucoup de choses, et je sais même les expliquer avec des mots simples, mais il faut avoir l’esprit capable de les accueillir pour les comprendre.
-Et où trouves-tu donc ces vérités que tu clames, Tatonga ?
-Il faut descendre très profond en soi, Tictoc, et regarder aussi très loin, au-delà de l’horizon.
-Bah, disons que c’est un sentiment, n’importe qui peut avoir ce genre de sentiment, ou un autre, c’est une chose qui arrive à tout le monde. Quand on a longtemps été habitué à quelque chose, on croit fermement que ça va durer éternellement ; quand on a longtemps vécu avec des gens, on a du mal à concevoir qu’ils s’effacent de notre esprit une fois qu’on est parti.
-Tu fais erreur, Tictoc ; moi, je vois et tu sais bien que je ne suis pas le genre à te raconter des salades.
-Bon, bon, donc quand je disparaitrai, le monde ne s’arrêtera pas et je serai présent, c’est ça ?
-Oui, Tictoc, le monde, les êtres et les choses qu’il contient, ne disparaitront jamais. Tout change, bien sûr, mais au fond rien ne change, en ce sens que rien ne disparait. Attends, je vais mieux t’expliquer. Tu as conscience du monde et parce que tu as conscience du monde, tu crois qu’il y a ta conscience et en face d’elle un monde qu’elle regarde.
-Et ce n’est pas ça ?
-Non, Tictoc ; ça, c’est complètement absurde, c’est une chimère. Comme je te le disais, pour comprendre, tu dois bien ouvrir ton esprit, l’écarquiller. Il n’y a pas ta conscience d’un côté et le monde de l’autre. Tout est dans ta conscience, ta conscience est le réceptacle du monde, le contenant, et le monde entier y est. Il n’y a pas non plus une conscience en chacun de nous, bien que chacun soit conscient. La conscience est une, Tictoc, et ce que chacun a en soi n’en est pas une partie, n’en est pas une portion, elle est partout entière et indivisible. Elle est d’un seul tenon et rien ne peut l’ébrécher.
-C’est-à-dire ?
-Quand tu partiras, tu es comme le joueur que le coach remplace ; tu cesses de jouer et tu vas rejoindre les autres sur les bancs de touche. Mais la partie continue et tu es présent grâce à la conscience ; tout se passe, tout continue dans ta conscience comme par le passé, bien que tu ne joues plus. Tu n’es plus sur le terrain, mais tu es présent et concerné. Le monde est continuité.
-Et ça, tu le vois ?
-Oui, Tictoc, et tu peux le voir aussi, mais il faut laisser la lumière entrer. La lumière doit entrer, Tictoc, pour t’éclairer. Laisse la lumière entrer et dis-toi bien que le monde n’est pas vain. Non, le monde ne peut pas être vain et la vie n’est pas une parenthèse qui s’ouvre pour se fermer définitivement. Tout est continuité. Regarde loin, Tictoc, regarde au fond de toi."
"Tatonga, quand je ne serai plus là, le monde continuera sans moi, c’est ça, n’est-ce pas ?
-Non, Tictoc. Ça, c’est ce que tout le monde croit, mais c’est faux. Le monde continuera, mais pas sans toi.
-Oui, bien sûr, toi, tu en sais toujours plus que les autres, tu es même le seul à savoir.
-Oui, Tictoc, je sais beaucoup de choses, je vois beaucoup de choses, et je sais même les expliquer avec des mots simples, mais il faut avoir l’esprit capable de les accueillir pour les comprendre.
-Et où trouves-tu donc ces vérités que tu clames, Tatonga ?
-Il faut descendre très profond en soi, Tictoc, et regarder aussi très loin, au-delà de l’horizon.
-Bah, disons que c’est un sentiment, n’importe qui peut avoir ce genre de sentiment, ou un autre, c’est une chose qui arrive à tout le monde. Quand on a longtemps été habitué à quelque chose, on croit fermement que ça va durer éternellement ; quand on a longtemps vécu avec des gens, on a du mal à concevoir qu’ils s’effacent de notre esprit une fois qu’on est parti.
-Tu fais erreur, Tictoc ; moi, je vois et tu sais bien que je ne suis pas le genre à te raconter des salades.
-Bon, bon, donc quand je disparaitrai, le monde ne s’arrêtera pas et je serai présent, c’est ça ?
-Oui, Tictoc, le monde, les êtres et les choses qu’il contient, ne disparaitront jamais. Tout change, bien sûr, mais au fond rien ne change, en ce sens que rien ne disparait. Attends, je vais mieux t’expliquer. Tu as conscience du monde et parce que tu as conscience du monde, tu crois qu’il y a ta conscience et en face d’elle un monde qu’elle regarde.
-Et ce n’est pas ça ?
-Non, Tictoc ; ça, c’est complètement absurde, c’est une chimère. Comme je te le disais, pour comprendre, tu dois bien ouvrir ton esprit, l’écarquiller. Il n’y a pas ta conscience d’un côté et le monde de l’autre. Tout est dans ta conscience, ta conscience est le réceptacle du monde, le contenant, et le monde entier y est. Il n’y a pas non plus une conscience en chacun de nous, bien que chacun soit conscient. La conscience est une, Tictoc, et ce que chacun a en soi n’en est pas une partie, n’en est pas une portion, elle est partout entière et indivisible. Elle est d’un seul tenon et rien ne peut l’ébrécher.
-C’est-à-dire ?
-Quand tu partiras, tu es comme le joueur que le coach remplace ; tu cesses de jouer et tu vas rejoindre les autres sur les bancs de touche. Mais la partie continue et tu es présent grâce à la conscience ; tout se passe, tout continue dans ta conscience comme par le passé, bien que tu ne joues plus. Tu n’es plus sur le terrain, mais tu es présent et concerné. Le monde est continuité.
-Et ça, tu le vois ?
-Oui, Tictoc, et tu peux le voir aussi, mais il faut laisser la lumière entrer. La lumière doit entrer, Tictoc, pour t’éclairer. Laisse la lumière entrer et dis-toi bien que le monde n’est pas vain. Non, le monde ne peut pas être vain et la vie n’est pas une parenthèse qui s’ouvre pour se fermer définitivement. Tout est continuité. Regarde loin, Tictoc, regarde au fond de toi."
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 2.
Hasard sans cause.
"Tatonga, tu as dit que, même parti, je serai toujours là en même temps que le monde, c’est ça n’est-ce pas ? Peux-tu expliquer pourquoi ?
-Je te l’ai dit, Tictoc, le monde ne peut pas être fait de trucs qui apparaissent et disparaissent comme ça, sans suite, comme si de rien n’était, sans plus donner de nouvelles, ça n’aurait pas de sens, ce serait décousu, incohérent. Il faut comprendre, Tictoc, que ce qui fait naitre fait naitre pour faire perdurer, sinon il n’aurait pas fait naitre. Mieux : il n’aurait pas pu faire naitre.
-Ce n’est donc que ça ! Mais des millions de gens t’ont répété des millions de fois que le monde n’avait pas de sens, qu’il était là par hasard.
-Sais-tu ce que signifie par hasard, Tictoc ? Cela veut dire qu’une cause a provoqué accidentellement un effet. Accidentellement, c’est-à-dire que la cause n’est pas faite pour produire un tel effet, ou n’a pas fait exprès. C’est comme toi quand tu renverses ton bol de lait.
-Et alors !?
-Comment peux-tu concevoir que ce qui est, que le monde, soit un simple accident, et accident de quoi ? En fait ce n’est même pas cela qu’ils disent, ils ne parlent même pas de cause. Quand ils invoquent le hasard, ils veulent dire qu’il n’y a pas de cause du tout. Ce serait un hasard… sans cause. Excuse-moi, mais un hasard sans aucune cause, ça n’existe pas, ce n’est pas ce qu’on appelle hasard, ça ne peut avoir aucun nom. A moins que ce ne soit quelque chose d’unique en son genre, d’inconnu, de surnaturel et de l’appeler Dieu.
-Oui, Tatonga, tu as raison, c’est bien cela qu’ils disent au fond ; il n’y a pas de cause du tout.
-Mais ça ne tient pas, Tictoc. Comme je viens de te le dire, quand il n’y a pas de cause, il ne peut pas y avoir de hasard et pas d’effet non plus. Or, l’effet, le monde, est bien là. Attends, je vais le dire mieux que ça. Quand tu dis qu’il n’y a pas de cause, c’est la même chose que si tu disais qu’il n’y a pas d’effet. C’est la même affirmation, Tictoc, c’est le blanc cheval blanc d’Henri IV.
-Attends, Tatonga, ils veulent peut-être dire qu’il y a une cause, mais qu’elle n’a pas d’intention.
-Tu es un âne, Tictoc. Tu es superficiel. Quand tu entends le mot cause, tu penses trivialement à une boule qui en heurte une autre. La cause a un sens beaucoup plus profond, Tictoc. Même derrière la boule qui percute une autre bille, il y a autre chose de plus profond, et ils ne sont pas rares les philosophes qui se demandent pourquoi il y a des causes. Cela les intrigue. La science ne s’aventure pas aussi loin, son domaine est limité. Pourquoi y a-t-il une cause et des causes ? C’est parce qu’il y a un sens, Tictoc.
-Donc, quand on va au fond des choses, hasard sous-entend cause. L’effet étant inséparable de la cause, il y a donc une cause, et la cause est essentiellement un sens et non un vulgaire truc matériel.
-Très bien, Tictoc. Il s’ensuit que tout est lié dans le monde, tout s’enchaine, uni et encadré par le sens. Rien ne peut surgir de l’extérieur pour s’introduire dans le système et rien ne peut en sortir. Rien n’y est présent sans y avoir une place, aucune place n’est inutile ou vacante, toutes les places y sont occupées.
-C’est-à-dire ?
-Rien ne disparait. Rien n’apparait pour disparaitre. Une chose peut s’éclipser, se soustraire à ton regard de taupe, et c’est bien ce que tu es, une taupe, mais pas disparaitre. C’est ton âme, ton esprit, qui est ton identité, qui est toi, et cette identité, cette entité, ne peut pas disparaitre, Tictoc. Elle est là nécessairement par la grâce d’une force, d'un sens, et c'est le même sens qui a fait qu’elle soit l’empêcherait de disparaitre."
"Tatonga, tu as dit que, même parti, je serai toujours là en même temps que le monde, c’est ça n’est-ce pas ? Peux-tu expliquer pourquoi ?
-Je te l’ai dit, Tictoc, le monde ne peut pas être fait de trucs qui apparaissent et disparaissent comme ça, sans suite, comme si de rien n’était, sans plus donner de nouvelles, ça n’aurait pas de sens, ce serait décousu, incohérent. Il faut comprendre, Tictoc, que ce qui fait naitre fait naitre pour faire perdurer, sinon il n’aurait pas fait naitre. Mieux : il n’aurait pas pu faire naitre.
-Ce n’est donc que ça ! Mais des millions de gens t’ont répété des millions de fois que le monde n’avait pas de sens, qu’il était là par hasard.
-Sais-tu ce que signifie par hasard, Tictoc ? Cela veut dire qu’une cause a provoqué accidentellement un effet. Accidentellement, c’est-à-dire que la cause n’est pas faite pour produire un tel effet, ou n’a pas fait exprès. C’est comme toi quand tu renverses ton bol de lait.
-Et alors !?
-Comment peux-tu concevoir que ce qui est, que le monde, soit un simple accident, et accident de quoi ? En fait ce n’est même pas cela qu’ils disent, ils ne parlent même pas de cause. Quand ils invoquent le hasard, ils veulent dire qu’il n’y a pas de cause du tout. Ce serait un hasard… sans cause. Excuse-moi, mais un hasard sans aucune cause, ça n’existe pas, ce n’est pas ce qu’on appelle hasard, ça ne peut avoir aucun nom. A moins que ce ne soit quelque chose d’unique en son genre, d’inconnu, de surnaturel et de l’appeler Dieu.
-Oui, Tatonga, tu as raison, c’est bien cela qu’ils disent au fond ; il n’y a pas de cause du tout.
-Mais ça ne tient pas, Tictoc. Comme je viens de te le dire, quand il n’y a pas de cause, il ne peut pas y avoir de hasard et pas d’effet non plus. Or, l’effet, le monde, est bien là. Attends, je vais le dire mieux que ça. Quand tu dis qu’il n’y a pas de cause, c’est la même chose que si tu disais qu’il n’y a pas d’effet. C’est la même affirmation, Tictoc, c’est le blanc cheval blanc d’Henri IV.
-Attends, Tatonga, ils veulent peut-être dire qu’il y a une cause, mais qu’elle n’a pas d’intention.
-Tu es un âne, Tictoc. Tu es superficiel. Quand tu entends le mot cause, tu penses trivialement à une boule qui en heurte une autre. La cause a un sens beaucoup plus profond, Tictoc. Même derrière la boule qui percute une autre bille, il y a autre chose de plus profond, et ils ne sont pas rares les philosophes qui se demandent pourquoi il y a des causes. Cela les intrigue. La science ne s’aventure pas aussi loin, son domaine est limité. Pourquoi y a-t-il une cause et des causes ? C’est parce qu’il y a un sens, Tictoc.
-Donc, quand on va au fond des choses, hasard sous-entend cause. L’effet étant inséparable de la cause, il y a donc une cause, et la cause est essentiellement un sens et non un vulgaire truc matériel.
-Très bien, Tictoc. Il s’ensuit que tout est lié dans le monde, tout s’enchaine, uni et encadré par le sens. Rien ne peut surgir de l’extérieur pour s’introduire dans le système et rien ne peut en sortir. Rien n’y est présent sans y avoir une place, aucune place n’est inutile ou vacante, toutes les places y sont occupées.
-C’est-à-dire ?
-Rien ne disparait. Rien n’apparait pour disparaitre. Une chose peut s’éclipser, se soustraire à ton regard de taupe, et c’est bien ce que tu es, une taupe, mais pas disparaitre. C’est ton âme, ton esprit, qui est ton identité, qui est toi, et cette identité, cette entité, ne peut pas disparaitre, Tictoc. Elle est là nécessairement par la grâce d’une force, d'un sens, et c'est le même sens qui a fait qu’elle soit l’empêcherait de disparaitre."
Tatonga- Admin
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