Pérégrinations 3.
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Re: Pérégrinations 3.
Pourquoi il y a un monde.
« Tatonga, sais-tu pourquoi il y a un monde ?
-Oui, Tictoc, je le sais.
-Ça, c’est bien, Tatonga, on va enfin savoir pourquoi.
-En vérité, ta question est fausse, Tictoc. La question pourquoi suppose qu’il y a un besoin, une nécessité, une obligation, une situation préalable en attente d’être comblée ou un but non encore réalisé à atteindre, enfin quelque chose de cet ordre. Or, il n’y avait rien de tout cela, il n’y avait même pas d’état antérieur. Personne et nul n’avait eu un quelconque besoin, et il n’y avait aucune situation préalable en déficit de quoi que ce soit.
-Alors pourquoi il y a un monde ?
-C’est une fausse question, Tictoc. Des milliers de penseurs de toutes les contrées du monde, des siècles et des siècles avant les religions, et des millénaires après, beaucoup plus malins que toi, se sont abimé les dents sur cette fausse question.
-Et alors ?
-Ils sont tous morts.
-Et toi, tu sais ?
-Il y a le monde tout simplement parce c’est ce qui est normal, Tictoc. Le monde c’est ce qui est normal, tu peux dire naturel, si tu veux. Suppose que tu rentres chez toi, vas-tu t’étonner de trouver ta maison à l’endroit où tu l’as laissée, vas-tu te poser la question pourquoi ? Eh bien, c’est la même chose pour le monde, Tictoc.
-D’accord, mais qu’est-ce qui est normal, qu’est-ce que le normal ?
-Le normal, Tictoc, il ne faut pas le chercher ailleurs, c’est ce qui existe ou est susceptible d’exister et vice versa.
-Et l’anormal ?
-Est anormal, ce qui n’existe pas, Tictoc, ce qui ne peut avoir d’existence, ni réelle, ni potentielle. Mais de quoi parlons-nous donc ? Ce qui n’existe pas et ne peut pas existe, Il ne faut même pas en parler… puisqu’il n’existe pas et ne peut exister. Le néant ou un tout autre monde, par exemple, ne peuvent pas exister, ils sont impossibles, ils ne peuvent donc occuper aucune place, Tictoc, et c’est pour cette raison que notre monde est infini, qu’il s’étend à tous les temps et à tous les espaces.
-Donc, ce qui existe est normal et ce qui est normal existe ou pourrait exister.
-Oui, Tictoc, c’est bien ça, et si les logiciens ne le comprennent pas et crient au serpent qui se mord la queue ou à quelque redondance, ils feraient bien de reconsidérer leurs crédos et leurs principes.
-Mais Tatonga, ce monde est organisé et il y a tant de choses extraordinaires.
-Qu’il y ait des choses extraordinaires, Tictoc, qu’il y ait un Ordre général, universel, que le monde obéisse à cet Ordre ou soit soumis à un principe, n’est en rien incompatible avec le fait d’être normal. Cela ne change rien à ce que j’ai dit, et j’ajouterai que tout ce qui existe à l’intérieur du monde, vie, pensée, lumière, etc., qu’il t’étonne ou pas, est normal et ne doit soulever aucun pourquoi, justement parce qu’il est… normal.
-Ah voilà, du moment qu’il y a ou pourrait y avoir un Ordre, moi, je dirai que cet Ordre est Dieu, Tatonga.
-Encore une fois, Tictoc, tu peux appeler Dieu tout ce que tu veux, ça ne pose aucun problème et ça n’a même aucun intérêt. Il y aurait problème seulement si tu attribues à cet Ordre des sentiments humains, si tu le dépeins comme un bouc ou comme un homme, bon, méchant, moraliste ou moralisateur, justicier, etc. — car seul l’homme est source de morale et de lois, de permis et d’interdits — ou si tu l’appelles papa ou maman, ce qu’il n’est évidemment pas, pas plus que le moteur de ton auto. »
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
Les Egyptiens avaient bien raison, le Dieu qui fait vivre et mourir, c’est bien le soleil. Avec les températures qu’il fait, il n’y a plus aucun doute maintenant et nul besoin d’être savant pour le savoir : c’est bientôt la fin. En attendant, on va sacrifier à la tradition d’observer une pause en été. D6p7 ou un autre voudra peut-être faire passer entretemps quelques prêches optimistes sur le séjour des âmes dans des jardins luxuriants. A très bientôt.
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
Bon congé Tatonga, c'est bien voir du pays, comme on dit.
Reviens nous tout bronzé
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Invité- Invité
Re: Pérégrinations 3.
Bonjour tout le monde.
Encore plus fatigué qu'avant, le repos ça fatigue aussi
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
D’autres vies.
« Tatonga, je voudrais renaitre pour vivre une autre vie, d’autres vies, encore et encore…
-C’est ton affaire, Tictoc, de vouloir ce que tu veux, mais sais-tu au moins ce qu’a été ta vie dans ce monde ?
-Bien sûr que je le sais.
-Non, Tictoc, tu ne le sais pas. Tu oublies que tu es une créature vivante parmi les créatures vivantes qui existent depuis des millénaires et des millénaires. Tu oublies qu’au tout début et pendant des millénaires et des millénaires, tu n’étais qu’une toute petite boule palpitante de vie, sans oreilles, sans yeux, sans cordes vocales pour crier et sans pattes pour bouger.
-Ah bon ?
-Eh oui, Tictoc. Tu te trouvais au fond des mers ou nu sur terre dans l’obscurité totale. À tout moment, quelque chose pouvait s’approcher de toi dans le noir, te flairer, te frôler, se frotter à toi, te piquer, te croquer, sans que tu saches si c’est un scorpion, un boa ou un monstre qui allait éclater ton crâne entre ses dents. C’est vrai qu’il n’y avait pas toujours eu des dents et des boas, mais c’est tout comme, Tictoc. C’était terrifiant, horrifiant, et tu ne pouvais même pas crier, même pas fuir, et ça a duré très, très longtemps, des millénaires et des millénaires.
-Je n’ai pas pensé à ça, Tatonga…
-Oui, je sais, Tictoc, tu pensais renaitre dans un appartement tout confort, avec des yeux pour voir et des lampes pour t’éclairer la nuit. Tu sais, Tictoc, la vie qui se nourrit de vie, la chair qui se délecte de chair et des créatures qui se dévorent pour survivre, cela n’a rien de rassurant, c’est une horreur, Tictoc, l’horreur des horreurs, une horreur sans nom. N’oublie pas, Tictoc, que tout est œuvre de la nature, que la nature n’est rien d’autre qu’une bête, rien, rien qu’une bête, que c’est donc un monstre et qu’il ne peut y avoir monstre plus monstrueux que la nature.
-Et Dieu ?
-Quel Dieu, Tictoc ? Les seuls dieux que nous connaissions sont ceux que se représentent les religions. En connais-tu un autre, en as-tu vu d’autres ? »
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
Factice.
« Tatonga, d’où me vient cette impression de rêver le monde ?
-Je ne sais pas d’où te vient cette impression, Tictoc, mais le monde, la vie, ce n’est pas un rêve.
-Ce n’est pas un rêve ?
-Si tout est rêve, alors le rêveur l’est aussi, Tictoc. Tu vois, ça ne marche pas ; on n’a jamais vu un rêve faire un rêve. As-tu déjà vu un rêve faisant un rêve ?
-Si ce n’est pas un rêve, tout est donc réel, Tatonga.
-Ce mot réel est très séduisant, Tictoc, mais il ne veut rien dire. Réel par rapport à quoi, à tes rêves ? Que tes rêves ne soient que des rêves ne révèle pas ce qu’est le réel, Tictoc. Ce mot réel me semble même être la plus fabuleuse fiction que je connaisse.
-Ni réel, ni rêvé, alors on va dire quoi, Tatonga, que tout se transforme ?
-Dire que tout se transforme est peut-être utile pour la chimie et le chimiste qui analyse et synthétise. Ce n’est pas faux, mais ce n’est pas juste non plus, en ce sens que ça reste superficiel, cela n’explique rien en profondeur.
-Ce n’est pas rêvé, ce n’est pas réel, ce n’est pas faux, ce n’est pas juste, c’est quoi alors ?
-Tous ces mots, Tictoc, disent ce qu’ils disent, mais en vérité ils ne disent rien, ils ne servent à rien, ils sont inutiles. Rien que des mots, des mots, des mots, la vérité est ailleurs, Tictoc.
-Et elle est où la vérité ?
-Tictoc, trouves-tu normal qu’une rose à peine éclose se fane, se dessèche et devienne poussière ? Trouves-tu normal que toutes ces belles plantes, toutes ces belles femmes… enfin bref, tu as compris ce que je veux dire.
-Oui, Tatonga, j’ai bien compris ce que tu veux dire, mais je ne vois pas où est la vérité que tu voulais me montrer.
-C’est simple, c’est très simple, Tictoc. Si tout part en poussière, en ruine, en fumée, c’est que c’est du toc.
-Le bon Dieu a donc créé du toc ?
-Le bon Dieu tout puissant dont on nous parle doit pouvoir créer du vrai, Tictoc, une rose qui reste toujours rose et des hommes et des femmes qui ne dépérissent pas. Or, il n’existe aucun vrai, aucun spécimen vrai n’a jamais été créé, même les pierres et les métaux se désintègrent. Alors, tu vois, un Dieu qui ne crée que de la camelote…
-Ce n’est pas vrai, Tatonga, il y a bien des bestioles qui régénèrent leurs membres amputés et même des méduses qui vieillissent, rajeunissent, vieillissent et ainsi de suite, mais qui ne meurent jamais.
-Ça, je ne le savais pas Tictoc. Mais des méduses, tu sais, c’est si peu de chose. Est-ce vraiment important, est-ce que ça compte une méduse, et pourquoi seulement les méduses ? Non, Tictoc, ce n’est pas une méduse qui va nous empêcher de voir la camelote.
-Le Dieu tout puissant capable de tout créer n’existerait donc pas ?
-C’est le dieu que s’imaginent les religions, Tictoc. Notre propos n’est pas de confirmer ou d’infirmer ce qu’imaginent les uns et les autres. Nous observons le monde. Ce qu’on peut dire, c’est que tout est du toc et l’hypothèse d’un Dieu supposé infiniment puissant est une mauvaise hypothèse, c’est une piste qui ne permet pas de comprendre. Pour comprendre, il faudra trouver autre chose, une autre approche. »
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
Impensable.
« Tatonga, est-il vrai que la vie est apparue tardivement ?
-C’est ce qu’on dit, Tictoc. L’univers depuis presque quatorze milliards d’années et la vie depuis presque quatre. Mais la science, tu sais ce que c’est…
-Comment ça je sais ce que c’est, tu remets en cause la science ?
-Non, mais la science, il lui faut certaines choses pour se prononcer, elle doit constater avant de parler. Pour la science, par exemple, il y a un univers fait de galaxies, qui a eu un commencement, qui est peut-être multiple et qui s’élargit, s’expanse…
-Et tu n’es pas d’accord ?
-Si, mais un univers qui s’élargit, excuse-moi, c’est absurde. Pour moi, il y a bien sûr cet univers-là de la science, mais il n’est qu’une partie du vrai Univers, du grand Univers qui, lui, n’a pas eu de commencement et qui, occupant tout, ne peut s’élargir, n’a pas où s’étendre. Si la science n’en parle pas, c’est parce qu’elle n’a pas d’indices, mais ça tombe sous le sens.
-Je vois…
-Alors la vie, où et quand a-t-elle vraiment commencé, a-t-elle-même commencé un jour, va savoir. La science a attendu de remarquer quelque chose avant d’annoncer une date. Mais comme la science ne sait même pas ce qu’est la vie…
-Tatonga, on va quand même supposer qu’elle est apparue tardivement à un moment donné, sais-tu comment ?
-Pour la science, les éléments nécessaires se trouvaient sur terre ou sont tombés d’un astéroïde sur terre, ils se seraient combinés, et voilà, ça a donné la vie.
-Comme dans un laboratoire, quoi.
-Oui, Tictoc, la science pense laboratoire, mais là, en comparant avec un laboratoire, la science élude la question, donc déconne. Dans un laboratoire, l’homme de science manipule des éléments tout prêts, disponibles, qu’il prélève dans la nature, il analyse et synthétise pour obtenir ce qu’il veut produire, il ne fait que jouer en quelque sorte. Mais la nature, Tictoc, où veux-tu qu’elle trouve les éléments dont elle a besoin pour fabriquer la vie ?
-Elle les trouve en elle-même, Tatonga.
-Ce n’est pas une réponse, Tictoc. Tu as toujours cette manie de déplacer les questions pour faire croire que tu réponds. Je repose la question autrement : comment se fait-il qu’ils soient en elle, ils viennent d’où ?
-Je ne sais pas, Tatonga.
-Je vais te le dire, ils viennent de rien.
-Ils viennent de rien ?
-Eh oui, Tictoc, ils viennent de rien comme tout le reste. C’est pour cette raison que la science à beau creuser la matière sans arriver à trouver le fond, elle ne trouvera jamais le fond et ne trouvera jamais quelque chose tapi au fond. Et quand la science s’élève dans les cieux pour dire qu’au-delà du mur de Planck, il y a quelque chose, elle me fait rire aussi.
-Les hommes de science te font rire ?
-Oui, Tictoc, et les philosophes aussi. Ils parlent de l’infiniment grand et de l’infiniment petit, alors qu’il n’y a ni grand, ni petit, il y a rien.
-Tout viendrait donc de rien, c’est quand même incroyable, Tatonga…
-Réfléchis bien, Tictoc, ce qui serait incroyable, c’est qu’il y ait un objet à l’origine du monde. Ça, oui, ce serait incroyable. Ça y est, ça y est, mesdames, mesdemoiselles, messieurs, on a trouvé l’origine du monde, c’est un pois-chiche ! Tu imagines ça, Tictoc ? Allons, allons ! Tout vient de rien, Tictoc. Au fond, il n’y a rien, il n’y a même pas de fond, et c’est pour cela, Tictoc, que je te disais l’autre jour que tout est du toc. Rien ne peut donner que du toc. Le réel, bien vrai et bien solide, comme le conçoit le commun des mortels, est une chimère. Tout vient de rien, tout est rien et retourne à rien.
-Je n’en crois rien.
-Pourtant, tu ne protestes pas quand on te dit que l’Univers n’a pas eu de commencement, alors que c’est la même chose. Oui, Tictoc, venir de rien ou ne venir de rien ou être éternel, revient au même, c’est la même chose. Eh oui, Tictoc, notre tour va passer et bientôt nous ne serons plus là, mais, heureux ou malheureux, nous aurons vécu l’expérience la plus inimaginable, la plus impensable, la plus fantastique qui soit : un monde incroyable venu de rien. »
« Tatonga, est-il vrai que la vie est apparue tardivement ?
-C’est ce qu’on dit, Tictoc. L’univers depuis presque quatorze milliards d’années et la vie depuis presque quatre. Mais la science, tu sais ce que c’est…
-Comment ça je sais ce que c’est, tu remets en cause la science ?
-Non, mais la science, il lui faut certaines choses pour se prononcer, elle doit constater avant de parler. Pour la science, par exemple, il y a un univers fait de galaxies, qui a eu un commencement, qui est peut-être multiple et qui s’élargit, s’expanse…
-Et tu n’es pas d’accord ?
-Si, mais un univers qui s’élargit, excuse-moi, c’est absurde. Pour moi, il y a bien sûr cet univers-là de la science, mais il n’est qu’une partie du vrai Univers, du grand Univers qui, lui, n’a pas eu de commencement et qui, occupant tout, ne peut s’élargir, n’a pas où s’étendre. Si la science n’en parle pas, c’est parce qu’elle n’a pas d’indices, mais ça tombe sous le sens.
-Je vois…
-Alors la vie, où et quand a-t-elle vraiment commencé, a-t-elle-même commencé un jour, va savoir. La science a attendu de remarquer quelque chose avant d’annoncer une date. Mais comme la science ne sait même pas ce qu’est la vie…
-Tatonga, on va quand même supposer qu’elle est apparue tardivement à un moment donné, sais-tu comment ?
-Pour la science, les éléments nécessaires se trouvaient sur terre ou sont tombés d’un astéroïde sur terre, ils se seraient combinés, et voilà, ça a donné la vie.
-Comme dans un laboratoire, quoi.
-Oui, Tictoc, la science pense laboratoire, mais là, en comparant avec un laboratoire, la science élude la question, donc déconne. Dans un laboratoire, l’homme de science manipule des éléments tout prêts, disponibles, qu’il prélève dans la nature, il analyse et synthétise pour obtenir ce qu’il veut produire, il ne fait que jouer en quelque sorte. Mais la nature, Tictoc, où veux-tu qu’elle trouve les éléments dont elle a besoin pour fabriquer la vie ?
-Elle les trouve en elle-même, Tatonga.
-Ce n’est pas une réponse, Tictoc. Tu as toujours cette manie de déplacer les questions pour faire croire que tu réponds. Je repose la question autrement : comment se fait-il qu’ils soient en elle, ils viennent d’où ?
-Je ne sais pas, Tatonga.
-Je vais te le dire, ils viennent de rien.
-Ils viennent de rien ?
-Eh oui, Tictoc, ils viennent de rien comme tout le reste. C’est pour cette raison que la science à beau creuser la matière sans arriver à trouver le fond, elle ne trouvera jamais le fond et ne trouvera jamais quelque chose tapi au fond. Et quand la science s’élève dans les cieux pour dire qu’au-delà du mur de Planck, il y a quelque chose, elle me fait rire aussi.
-Les hommes de science te font rire ?
-Oui, Tictoc, et les philosophes aussi. Ils parlent de l’infiniment grand et de l’infiniment petit, alors qu’il n’y a ni grand, ni petit, il y a rien.
-Tout viendrait donc de rien, c’est quand même incroyable, Tatonga…
-Réfléchis bien, Tictoc, ce qui serait incroyable, c’est qu’il y ait un objet à l’origine du monde. Ça, oui, ce serait incroyable. Ça y est, ça y est, mesdames, mesdemoiselles, messieurs, on a trouvé l’origine du monde, c’est un pois-chiche ! Tu imagines ça, Tictoc ? Allons, allons ! Tout vient de rien, Tictoc. Au fond, il n’y a rien, il n’y a même pas de fond, et c’est pour cela, Tictoc, que je te disais l’autre jour que tout est du toc. Rien ne peut donner que du toc. Le réel, bien vrai et bien solide, comme le conçoit le commun des mortels, est une chimère. Tout vient de rien, tout est rien et retourne à rien.
-Je n’en crois rien.
-Pourtant, tu ne protestes pas quand on te dit que l’Univers n’a pas eu de commencement, alors que c’est la même chose. Oui, Tictoc, venir de rien ou ne venir de rien ou être éternel, revient au même, c’est la même chose. Eh oui, Tictoc, notre tour va passer et bientôt nous ne serons plus là, mais, heureux ou malheureux, nous aurons vécu l’expérience la plus inimaginable, la plus impensable, la plus fantastique qui soit : un monde incroyable venu de rien. »
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
Tout est dans l’émergence.
« Tatonga, que penses-tu des religions, les nôtres, les mono ?
-Je n’en pense rien, Tictoc, pourquoi veux-tu que j’en pense quoi que ce soit ? Je ne sais d’ailleurs même pas pourquoi l’homme a besoin d’avoir une religion, mais c’est peut-être à mon violon qu’il manque une corde.
-Crois-tu que les livres soient parole de Dieu ?
-Ce n’est pas possible, Tictoc, tu comprendras tout à l’heure pourquoi. Et puis quelle importance du moment que c’est l’homme qui lit comme ça lui convient. Tiens, un exemple : les Iraniens, autrefois appelés Perses ou Persans, que tu connais bien, viennent de baptiser leur dernier engin spatial du nom de Omar Khayyam, un savant certes, mais poète aussi qui chantait le vin, couleur de rubis, disait-il, et des hymnes à la femme, autant dire pour ces conservateurs les amours défendues. Etonnant, n’est-ce pas ? En Arabie des Al Saoud, que tu connais tout aussi bien pour leur fondamentalisme, les femmes peuvent désormais se baigner en bikini. Ha ha ha, si ce n’est pas un pied de nez, une nique, aux imbéciles de par le monde qui les ont suivis dans les méandres de leurs obscurités et continuent de s’y enfoncer ! Et je te fais grâce de toutes les volte-face de l’Eglise chrétienne au cours des siècles.
-Tu veux dire quoi ?
-Je te l’ai dit, c’est l’homme qui lit et interprète comme bon lui semble, alors que ça vienne de Dieu ou non, c’est la même chose.
-Tatonga, crois-tu que le Dieu des monothéistes existe ?
-Mais bien sûr qu’il existe, Tictoc. N’est-il pas tout… tout puissant, tout savant, etc., à qui rien ne manque ? Or être tout, c’est être et être aussi le contraire, donc il existe forcément. Etant tout et son contraire, il existe même partout, mais tout s’annule aussi en lui et il est donc rien.
-Tatonga, ces jeux de mots et ces raisonnements cousus de fil blanc, ça ne fait pas très sérieux, tu viens de dire qu’il existe et maintenant tu dis qu’il est rien.
-Bien sûr qu’il existe, tu n’as donc pas compris qu’il est ce rien dont je te parlais l’autre jour, il existe comme existe rien, en tant que rien. Pour que tout en émane, absolument tout, il doit être rien, car s’il était un pois chiche, par exemple, il ne donnerait que des pois chiches, si tu vois ce que je veux dire. Les hommes savent inconsciemment, ont compris sans comprendre, que ce qu’il y a, c’est rien, et c’est pour cette raison qu’ils disent qu’il ne faut pas le dessiner ou le décrire. C’est ce rien dont tout a émergé qu’ils nomment Dieu.
-Alors s’en est fait des morts, Tatonga.
-Tu as été endoctriné par les religions mono. Pourquoi veux-tu que le sort des morts dépende de ce rien. Rien n’a rien à voir. Tout a émergé de rien, et c’est tout, rien n’est pas concerné, ce n’est d’ailleurs même pas un être ou un état. Rien n’est rien, tout est dans ce qui en a émergé, tout se passe dans ce qui en a émergé.
-Et que deviennent les morts ?
-Personne ne sait, Tictoc, personne, personne ne peut savoir, tout est étanche, opaque, nul ne peut savoir ou voir ce qu’il y a après.
-Un mur nous sépare ?
-Si tu entends par mur une cloison, non, Tictoc, pas besoin d’une cloison. Il suffit qu’ils soient hors de portée de tes sens. Cet autre monde appelé l’Au-delà n’est pas un ailleurs, il est tout simplement inaccessible à tes sens et à ta réflexion, aucun sens, aucun raisonnement ne peut le pénétrer. Ceux qui y sont pourraient déjeuner et diner avec toi et dormir dans ton lit sans que tu t’en rendes compte. Hors de portée de tes sens et de ta pensée, tu comprends ce que cela veut dire ou je te dessine deux parallèles ? »
« Tatonga, que penses-tu des religions, les nôtres, les mono ?
-Je n’en pense rien, Tictoc, pourquoi veux-tu que j’en pense quoi que ce soit ? Je ne sais d’ailleurs même pas pourquoi l’homme a besoin d’avoir une religion, mais c’est peut-être à mon violon qu’il manque une corde.
-Crois-tu que les livres soient parole de Dieu ?
-Ce n’est pas possible, Tictoc, tu comprendras tout à l’heure pourquoi. Et puis quelle importance du moment que c’est l’homme qui lit comme ça lui convient. Tiens, un exemple : les Iraniens, autrefois appelés Perses ou Persans, que tu connais bien, viennent de baptiser leur dernier engin spatial du nom de Omar Khayyam, un savant certes, mais poète aussi qui chantait le vin, couleur de rubis, disait-il, et des hymnes à la femme, autant dire pour ces conservateurs les amours défendues. Etonnant, n’est-ce pas ? En Arabie des Al Saoud, que tu connais tout aussi bien pour leur fondamentalisme, les femmes peuvent désormais se baigner en bikini. Ha ha ha, si ce n’est pas un pied de nez, une nique, aux imbéciles de par le monde qui les ont suivis dans les méandres de leurs obscurités et continuent de s’y enfoncer ! Et je te fais grâce de toutes les volte-face de l’Eglise chrétienne au cours des siècles.
-Tu veux dire quoi ?
-Je te l’ai dit, c’est l’homme qui lit et interprète comme bon lui semble, alors que ça vienne de Dieu ou non, c’est la même chose.
-Tatonga, crois-tu que le Dieu des monothéistes existe ?
-Mais bien sûr qu’il existe, Tictoc. N’est-il pas tout… tout puissant, tout savant, etc., à qui rien ne manque ? Or être tout, c’est être et être aussi le contraire, donc il existe forcément. Etant tout et son contraire, il existe même partout, mais tout s’annule aussi en lui et il est donc rien.
-Tatonga, ces jeux de mots et ces raisonnements cousus de fil blanc, ça ne fait pas très sérieux, tu viens de dire qu’il existe et maintenant tu dis qu’il est rien.
-Bien sûr qu’il existe, tu n’as donc pas compris qu’il est ce rien dont je te parlais l’autre jour, il existe comme existe rien, en tant que rien. Pour que tout en émane, absolument tout, il doit être rien, car s’il était un pois chiche, par exemple, il ne donnerait que des pois chiches, si tu vois ce que je veux dire. Les hommes savent inconsciemment, ont compris sans comprendre, que ce qu’il y a, c’est rien, et c’est pour cette raison qu’ils disent qu’il ne faut pas le dessiner ou le décrire. C’est ce rien dont tout a émergé qu’ils nomment Dieu.
-Alors s’en est fait des morts, Tatonga.
-Tu as été endoctriné par les religions mono. Pourquoi veux-tu que le sort des morts dépende de ce rien. Rien n’a rien à voir. Tout a émergé de rien, et c’est tout, rien n’est pas concerné, ce n’est d’ailleurs même pas un être ou un état. Rien n’est rien, tout est dans ce qui en a émergé, tout se passe dans ce qui en a émergé.
-Et que deviennent les morts ?
-Personne ne sait, Tictoc, personne, personne ne peut savoir, tout est étanche, opaque, nul ne peut savoir ou voir ce qu’il y a après.
-Un mur nous sépare ?
-Si tu entends par mur une cloison, non, Tictoc, pas besoin d’une cloison. Il suffit qu’ils soient hors de portée de tes sens. Cet autre monde appelé l’Au-delà n’est pas un ailleurs, il est tout simplement inaccessible à tes sens et à ta réflexion, aucun sens, aucun raisonnement ne peut le pénétrer. Ceux qui y sont pourraient déjeuner et diner avec toi et dormir dans ton lit sans que tu t’en rendes compte. Hors de portée de tes sens et de ta pensée, tu comprends ce que cela veut dire ou je te dessine deux parallèles ? »
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
Le centre du cercle.
« Tatonga, est-ce que l’âme existe ?
-Sans aucun doute, Tictoc, c’est même l’une des rares choses que je peux affirmer avec certitude.
-Comment ça ?
-C’est simple, il est impossible que tu sois sans être. Personne ne peut nier que pour être, il faut avoir un noyau, comme tout cercle doit avoir un centre, que ce centre soit visible ou non. C’est ça une âme, Tictoc, c’est le centre du cercle d’où tout rayonne. Ton corps, tes sentiments, tes émotions, ta raison, ta pensée, proviennent de ce noyau, c’est ce noyau qui en est la cause. Sans ton âme, tu ne peux rien être, je devrais dire que tu n’es que ton âme, essentiellement ton âme, que tout le reste n’en est qu’émergences. Tout ce que tu sais de toi-même, ton corps, ta pensée, tes sentiments, etc., n’en est que le périmètre, la circonférence, la périphérie.
-Tatonga, faut-il comprendre que je suis deux, le centre et la périphérie ?
-Oui, Tictoc, et c’est bien la preuve que tu as une âme. Ne t’arrive-t-il pas d’ailleurs d’être en conflit avec toi-même, avec ton âme ? La périphérie engage un bras de fer avec le centre. Parfois c’est la première qui l’emporte, parfois c’est le second, et c’est ça qui déroute les philosophes, qui tantôt disent que tu es libre, tantôt que tu es déterminé.
-D’accord Tatonga, tu m’as convaincu, mais là, tu ne dis pas grand-chose. Ce que moi, je veux savoir, c’est s’il y a cette âme dont parlent les religions, c’est-à-dire immatérielle et immortelle.
-Là, tu m’en demandes trop, Tictoc. Immatérielle, c’est tout à fait certain, elle est et doit être de nature immatérielle, elle ne peut pas être un vulgaire organe de même nature que le corps périphérique qu’elle génère. Mais il n’y a aucun moyen de confirmer ou d’infirmer son immortalité, on peut juste spéculer.
-Spécule un peu pour voir, Tatonga.
-D’un côté, si la périphérie disparait, ne doit-on pas dire que c’est parce que le noyau qui la génère a disparu ? Mais rien n’est sûr, ce n’est que spéculations.
-Il y a un autre côté ?
-De l’autre, n’est-il pas vrai que de très nombreuses personnes, capables de profondes méditations, ont bien compris l’immortalité de leur âme ?
-Ça ne prouve rien, Tatonga.
-Attends que je t’explique mieux. Le centre émet des rayons, mais le même rayon peut être plus intense chez moi que chez toi, ce qui expliquerait que ma périphérie le perçoive mieux que la tienne. Pour bien capter ce rayon, tu dois plonger en toi-même pour te rapprocher du centre où il est plus intense. C’est ça méditer, Tictoc, se rapprocher de son âme. Schématiquement, c’est ça, Tictoc. Evidemment, les rayons sont très nombreux, de longueur et d’intensité différentes d’un individu à l’autre.
-J’ai bien compris, Tatonga. Le noyau communique avec la périphérie, c’est l’âme qui parle en quelque sorte à la périphérie. Pour mieux l’entendre, il faut plonger en soi, se rapprocher un peu du noyau par la méditation. En se rapprochant de son âme, le méditant comprend qu’elle est immortelle.
-C’est bien cela, Tictoc, et c’est beaucoup plus vraisemblable que le Dieu qui parle de l’extérieur, d’en haut et de loin aux hommes. Mais c’est peut-être elle qui est Dieu, à part elle je ne vois pas qui pourrait bien l’être. »
« Tatonga, est-ce que l’âme existe ?
-Sans aucun doute, Tictoc, c’est même l’une des rares choses que je peux affirmer avec certitude.
-Comment ça ?
-C’est simple, il est impossible que tu sois sans être. Personne ne peut nier que pour être, il faut avoir un noyau, comme tout cercle doit avoir un centre, que ce centre soit visible ou non. C’est ça une âme, Tictoc, c’est le centre du cercle d’où tout rayonne. Ton corps, tes sentiments, tes émotions, ta raison, ta pensée, proviennent de ce noyau, c’est ce noyau qui en est la cause. Sans ton âme, tu ne peux rien être, je devrais dire que tu n’es que ton âme, essentiellement ton âme, que tout le reste n’en est qu’émergences. Tout ce que tu sais de toi-même, ton corps, ta pensée, tes sentiments, etc., n’en est que le périmètre, la circonférence, la périphérie.
-Tatonga, faut-il comprendre que je suis deux, le centre et la périphérie ?
-Oui, Tictoc, et c’est bien la preuve que tu as une âme. Ne t’arrive-t-il pas d’ailleurs d’être en conflit avec toi-même, avec ton âme ? La périphérie engage un bras de fer avec le centre. Parfois c’est la première qui l’emporte, parfois c’est le second, et c’est ça qui déroute les philosophes, qui tantôt disent que tu es libre, tantôt que tu es déterminé.
-D’accord Tatonga, tu m’as convaincu, mais là, tu ne dis pas grand-chose. Ce que moi, je veux savoir, c’est s’il y a cette âme dont parlent les religions, c’est-à-dire immatérielle et immortelle.
-Là, tu m’en demandes trop, Tictoc. Immatérielle, c’est tout à fait certain, elle est et doit être de nature immatérielle, elle ne peut pas être un vulgaire organe de même nature que le corps périphérique qu’elle génère. Mais il n’y a aucun moyen de confirmer ou d’infirmer son immortalité, on peut juste spéculer.
-Spécule un peu pour voir, Tatonga.
-D’un côté, si la périphérie disparait, ne doit-on pas dire que c’est parce que le noyau qui la génère a disparu ? Mais rien n’est sûr, ce n’est que spéculations.
-Il y a un autre côté ?
-De l’autre, n’est-il pas vrai que de très nombreuses personnes, capables de profondes méditations, ont bien compris l’immortalité de leur âme ?
-Ça ne prouve rien, Tatonga.
-Attends que je t’explique mieux. Le centre émet des rayons, mais le même rayon peut être plus intense chez moi que chez toi, ce qui expliquerait que ma périphérie le perçoive mieux que la tienne. Pour bien capter ce rayon, tu dois plonger en toi-même pour te rapprocher du centre où il est plus intense. C’est ça méditer, Tictoc, se rapprocher de son âme. Schématiquement, c’est ça, Tictoc. Evidemment, les rayons sont très nombreux, de longueur et d’intensité différentes d’un individu à l’autre.
-J’ai bien compris, Tatonga. Le noyau communique avec la périphérie, c’est l’âme qui parle en quelque sorte à la périphérie. Pour mieux l’entendre, il faut plonger en soi, se rapprocher un peu du noyau par la méditation. En se rapprochant de son âme, le méditant comprend qu’elle est immortelle.
-C’est bien cela, Tictoc, et c’est beaucoup plus vraisemblable que le Dieu qui parle de l’extérieur, d’en haut et de loin aux hommes. Mais c’est peut-être elle qui est Dieu, à part elle je ne vois pas qui pourrait bien l’être. »
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
Non pensable.
« Tatonga, de toutes les cosmogonies connues, laquelle te semble crédible ?
-Aucune, Tictoc, aucune. Notre fréquentation du monde a banalisé le monde à nos yeux, mais ce qui est, l’Univers, le monde, la vie, est en vérité impossible à concevoir, à penser, à imaginer, aucun des mots, aucun des adjectifs connus, ne suffit, ne convient pour le décrire ou le qualifier. Ils sont bien faibles et bien pauvres nos « mystère, mystérieux, miracle, miraculeux », etc.
-Tu crois ?
-Oui, Tictoc, ce monde est tellement, tellement— comment dire ? — incroyable qu’il ne devrait tout simplement pas exister, qu’on ne devrait pas croire qu’il existe. Ce n’est pas sans raison, que certains se demandent s’il ne s’agit pas d’un rêve. Quand l’homme avait pris conscience pour la première fois de l’existence du monde, il aurait dû cesser de penser et de parler, il aurait dû se figer dans le silence et l’étonnement, ne plus faire un geste, ne plus dire mot.
-Il n’y a vraiment aucun mot pour parler de ce monde ?
-Peut-être un seul, Tictoc, tu peux dire impensable, je veux dire non pensable. Voilà, tu peux dire non pensable, tu peux le dire parce que non pensable dit justement qu’on ne peut rien en dire, que le monde échappe à tout entendement.
-Donc aucune cosmogonie n’est crédible ?
-Bavardage, Tictoc, tout cela n’est que bavardage, et les métaphysiciens aussi ne font que bavarder, pour ne pas dire baver comme des escargots. Un vrai métaphysicien, Tictoc, devrait dès sa naissance rester bouche bée ou bouche cousue et les yeux écarquillés jusqu’à la fin de son temps, jusqu’à ce que mort s’ensuive. Un bon et vrai philosophe devrait savoir que chaque mot prononcé est une erreur.
-Bon, alors je vais changer la question et te demander de dire laquelle est moins crédible.
-Je t’ai dit qu’aucune n’est crédible, mais s’il faut dire laquelle est la moins crédible, je dirais que les moins crédibles ce sont celles qui supposent un Dieu à l’extérieur du monde. Inutile de me demander pourquoi, je te réponds tout de suite : supposer un Dieu à l’extérieur du monde, c’est tout simplement se détourner du monde, tourner le dos au monde, se désintéresser du monde, pour porter son attention sur autre chose, sur quelque chose qui n’a rien à voir avec le monde. C’est être hors sujet, si tu veux. Je ne sais pas si tu as compris, Tictoc. Je dis que si quelque chose doit porter le nom de Dieu, il doit se trouver, il faut le trouver dans le monde et non à l’extérieur.
-Il se trouverait donc dans le monde, et ce serait quoi ?
-Ce serait l’élément principal, essentiel, comme l’est ton âme que nous avions comparée au centre du cercle. Oui, Tictoc, le monde aussi a une âme en son sein sans laquelle il ne serait pas, il ne peut pas se passer d’une âme. Il y a nécessairement un centre, Tictoc, d’où tout rayonne pour former le monde, et ce centre seul peut être dit Dieu.
-Tatonga, j’ai bien compris, mais il y a quelque chose qui me gêne, je n’arrive pas à penser le non pensable, c’est quoi le non pensable, ça veut dire quoi ?
-Cela veut dire, Tictoc, qu’on ne peut pas peser les couleurs avec une balance, ni mesurer la température avec un mètre à ruban, cela veut dire que le monde et ta pensée sont deux choses totalement étrangères l’une à l’autre. Cela veut dire que Dieu ne t’a pas doté de raison comme le croient certains, que sur ce plan, tu n’es pas mieux loti qu’une tortue et que la seule question qui reste posée est de savoir si ce n’est pas la tortue qui est mieux pourvu que toi, ce qui n’est pas du tout à écarter, Tictoc. »
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
Tu te quittes.
« Tatonga, la vie est-elle un rêve ?
-Non, Tictoc, la vie n’a rien à voir avec le rêve. Si tu perds la vie, tout disparait, Tictoc, toi, le monde, ton passé, ce que tu as vécu, ceux que tu as connus, tout s’efface comme s’il n’avait jamais existé. Tu te quittes, tandis que dans le rêve, c’est le rêve que tu quittes.
-Mais pourquoi tout s’efface ?
-Parce que c’est toi qui es le témoin de tout ce que tu as connu, c’est toi qui le vis, c’est par toi que ton vécu existe. Il est toi et tu es lui. Tout est par le témoin ; le témoin disparait, tout disparait avec lui, son monde et son passé.
-Mais c’est ça un rêve ; quand je cesse de rêver, tout ce que j’ai rêvé disparait.
-Ce n’est pas du tout la même chose, Tictoc. Un rêve, tu y entres et tu en sors. La vie, tu n’y entres pas, car tu ne viens de nulle part et tu ne vas nulle part. Tout commence et finit avec toi, y compris toi-même. A la fin de ta vie, tu ne cesses pas de vivre comme tu cesses de rêver, tu disparais, tu te dissous, tu t’évapores corps et âme comme ces E.T. que tu vois à la télé, tu t’anéantis, tu quittes tout et tu te quittes. C’est pour cette raison que tu t’accroches à la vie, mais pas à tes rêves.
-J’ai compris, Tatonga, je ne viens pas du néant et je ne retourne pas au néant, je disparais complètement. Le néant n’est pas un lieu de séjour ou d’escale, un point de départ ou d’arrivée.
-Oui, Tictoc. Comme le Dieu des monothéistes, tu ne viens de nulle part. Ensuite, tu t’évapores par toi-même sans aller nulle part. Tu viens de rien et tu redeviens rien. Tout commence avec toi et tout finit avec toi. Tu es le commencement de toi-même et tu es la fin de toi-même. Le commencement c’est toi, c’est ton commencement. Et la fin c’est toi, c’est ta fin. Tu te quittes et te te quitte, tu quittes tout et tout te quitte. Tu quittes toi et toi te quitte… à jamais. »
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
Bonjour,
Pour le moment, je n'ai plus d'inspiration pour écrire, mais je pense en avoir assez pour participer aux discussions s'il y en a.
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
La vache.
« Tatonga, c’est quoi la réalité ?
-Tictoc, sais-tu ce qu’il se passerait si tu mettais des lunettes vertes à ta vache ?
-Des lunettes vertes à ma vache, ha, ha, ha, non, j’ai pas essayé… il se passerait quoi ?
-C’est simple, Tictoc, elle verrait de l’herbe partout.
- Ha, ha, ha, ça, c’est marrant, et alors ?
-Figure-toi, Tictoc, que nous portons tous des lunettes, des lentilles, et pas seulement aux yeux, mais aussi aux oreilles, aux doigts, à la langue, au nez…
-Et alors ?
-Alors comment savoir ce qu’est la réalité, Tictoc, comment savoir ce qu’il y a derrière ce que tu vois, comment savoir par exemple si ce que tu vois n’est pas un hologramme ou si ta femme, enfin celle que tu auras ou qui t’aura, n’est pas un brouillard ?
-Un hologramme, c’est quoi ça ?
-C’est comme ces effigies tridimensionnelles que tu vois sur tes billets de banque quand tu les inclines un peu.
-Ah bon ?
-Oui, et comment savoir si ce que tu vois n’est pas un simple dessin animé. Comment fait-on un dessin animé, Tictoc ?
-Ça alors, si je me doutais…
-Et tout ça, c’est rien, Tictoc, en vérité c’est pire que ça.
-Pire ?
-Oui, Tictoc, dis-toi bien que si les lunettes voient vert, elles ne parlent pas, c’est pas elles qui disent à la vache que ce qu’elle voit c’est de l’herbe, c’est son cerveau qui le lui dit.
-Ce qui veut dire ?
-Ce qui veut dire qu’il n’y a pas que ses lunettes qui se foutent de la gueule de la vache, mais son cerveau aussi. Avec ça, avec de telles lentilles et un tel cerveau, va savoir, Tictoc, qui tu es, dans quelle merde tu te trouves, d’où tu viens, où tu vas, ce qu’est le monde, ce qu’est la mort, ce qu’est la vie, à quoi tu ressembles et à quoi ressemble la femme que tu vas épouser ou qui va t’épouser.
-Comme tu y vas, Tatonga !
-Et c’est la pure vérité, Tictoc, c’est même pire, tu ne peux même pas savoir si tu es fou ou sain d’esprit et s’il y a une différence. »
« Tatonga, c’est quoi la réalité ?
-Tictoc, sais-tu ce qu’il se passerait si tu mettais des lunettes vertes à ta vache ?
-Des lunettes vertes à ma vache, ha, ha, ha, non, j’ai pas essayé… il se passerait quoi ?
-C’est simple, Tictoc, elle verrait de l’herbe partout.
- Ha, ha, ha, ça, c’est marrant, et alors ?
-Figure-toi, Tictoc, que nous portons tous des lunettes, des lentilles, et pas seulement aux yeux, mais aussi aux oreilles, aux doigts, à la langue, au nez…
-Et alors ?
-Alors comment savoir ce qu’est la réalité, Tictoc, comment savoir ce qu’il y a derrière ce que tu vois, comment savoir par exemple si ce que tu vois n’est pas un hologramme ou si ta femme, enfin celle que tu auras ou qui t’aura, n’est pas un brouillard ?
-Un hologramme, c’est quoi ça ?
-C’est comme ces effigies tridimensionnelles que tu vois sur tes billets de banque quand tu les inclines un peu.
-Ah bon ?
-Oui, et comment savoir si ce que tu vois n’est pas un simple dessin animé. Comment fait-on un dessin animé, Tictoc ?
-Ça alors, si je me doutais…
-Et tout ça, c’est rien, Tictoc, en vérité c’est pire que ça.
-Pire ?
-Oui, Tictoc, dis-toi bien que si les lunettes voient vert, elles ne parlent pas, c’est pas elles qui disent à la vache que ce qu’elle voit c’est de l’herbe, c’est son cerveau qui le lui dit.
-Ce qui veut dire ?
-Ce qui veut dire qu’il n’y a pas que ses lunettes qui se foutent de la gueule de la vache, mais son cerveau aussi. Avec ça, avec de telles lentilles et un tel cerveau, va savoir, Tictoc, qui tu es, dans quelle merde tu te trouves, d’où tu viens, où tu vas, ce qu’est le monde, ce qu’est la mort, ce qu’est la vie, à quoi tu ressembles et à quoi ressemble la femme que tu vas épouser ou qui va t’épouser.
-Comme tu y vas, Tatonga !
-Et c’est la pure vérité, Tictoc, c’est même pire, tu ne peux même pas savoir si tu es fou ou sain d’esprit et s’il y a une différence. »
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
Les lois.
« Tatonga, qui a créé les lois qui régissent l’univers ?
-Personne n’a créé de lois, Tictoc. Il n’y pas de lois du tout, l’idée même de loi est absurde, Tictoc. L’univers n’est soumis à aucune loi et n’obéit à personne. Parler de lois qui régiraient je ne sais quoi est totalement stupide, l’idée même de loi est une vue de l’esprit, une chimère, autant que les sirènes, les fées et les fantômes.
-Mais alors il y a quoi ?
-Il y a un univers qui, de nature et par nature, est animé, est dynamique. De cette animation, de ce dynamisme, il résulte des faits qui provoquent d’autres faits qui, à leur tour, provoquent d’autres faits, ce qui fait dire qu’il y a des causes et des effets, les causes elles-mêmes n’étant bien entendu que des effets.
-Il y a aussi des lois, Tatonga, tout le monde le sait.
-Non, il n’y a pas de lois, Tictoc, il n’y en a d’aucune sorte, nulle part, ni dans ni au-dessus de l’univers. C’est quand un fait, parmi les nombreux faits, dure plus longtemps que les autres, qu’il prend l’appellation de loi. C’est toi qui l’appelles loi, alors que ce n’est qu’un fait comme les autres qui a été provoqué et qui en provoque d’autres. C’est toi qui vois des lois, c’est toi qui vois de la stabilité, c’est toi qui vois des régularités.
-Il n’y a donc pas de lois directrices ?
-Non, il n’y en a pas, il n’y a que des faits qui provoquent d’autres faits, et personne n’aurait jamais pu dire, personne n’aurait jamais pu prévoir ce qu’il en a résulté au cours des millénaires écoulés, et personne ne sait, y compris l’univers, ce qu’il en résultera à l’avenir.
-Et les lois alors qu’étudie la science ?
-La science étudie des évènements transitoires, provisoires, des faits éphémères, mais des vérités et des lois éternelles, il n’y en a pas, ça n’existe pas.
-Et pourtant l’univers se tient, Tatonga…
-Non, il ne se tient pas, il se tient un moment avant de basculer pour se tenir autrement, et ainsi de suite.
-Et moi, je suis quoi dans tout ça ?
-Toi, tu es un fait provoqué par d’autres faits et tu provoques d’autres faits, un maillon de la chaine. Tu es effet causé et cause d’effets pendant que l’univers t’ignore et se fiche pas mal de ce que tu es, de ce que tu deviens, de ce que tu fais et feras. Tu n’intéresses personne, Tictoc, tu peux brûler ton village, découper ton voisin en petits dés, secourir les pauvres, devenir moine ou épouser ta vache, l’univers s’en fout et personne ne t’en tiendra rigueur ni ne t’en félicitera. »
« Tatonga, qui a créé les lois qui régissent l’univers ?
-Personne n’a créé de lois, Tictoc. Il n’y pas de lois du tout, l’idée même de loi est absurde, Tictoc. L’univers n’est soumis à aucune loi et n’obéit à personne. Parler de lois qui régiraient je ne sais quoi est totalement stupide, l’idée même de loi est une vue de l’esprit, une chimère, autant que les sirènes, les fées et les fantômes.
-Mais alors il y a quoi ?
-Il y a un univers qui, de nature et par nature, est animé, est dynamique. De cette animation, de ce dynamisme, il résulte des faits qui provoquent d’autres faits qui, à leur tour, provoquent d’autres faits, ce qui fait dire qu’il y a des causes et des effets, les causes elles-mêmes n’étant bien entendu que des effets.
-Il y a aussi des lois, Tatonga, tout le monde le sait.
-Non, il n’y a pas de lois, Tictoc, il n’y en a d’aucune sorte, nulle part, ni dans ni au-dessus de l’univers. C’est quand un fait, parmi les nombreux faits, dure plus longtemps que les autres, qu’il prend l’appellation de loi. C’est toi qui l’appelles loi, alors que ce n’est qu’un fait comme les autres qui a été provoqué et qui en provoque d’autres. C’est toi qui vois des lois, c’est toi qui vois de la stabilité, c’est toi qui vois des régularités.
-Il n’y a donc pas de lois directrices ?
-Non, il n’y en a pas, il n’y a que des faits qui provoquent d’autres faits, et personne n’aurait jamais pu dire, personne n’aurait jamais pu prévoir ce qu’il en a résulté au cours des millénaires écoulés, et personne ne sait, y compris l’univers, ce qu’il en résultera à l’avenir.
-Et les lois alors qu’étudie la science ?
-La science étudie des évènements transitoires, provisoires, des faits éphémères, mais des vérités et des lois éternelles, il n’y en a pas, ça n’existe pas.
-Et pourtant l’univers se tient, Tatonga…
-Non, il ne se tient pas, il se tient un moment avant de basculer pour se tenir autrement, et ainsi de suite.
-Et moi, je suis quoi dans tout ça ?
-Toi, tu es un fait provoqué par d’autres faits et tu provoques d’autres faits, un maillon de la chaine. Tu es effet causé et cause d’effets pendant que l’univers t’ignore et se fiche pas mal de ce que tu es, de ce que tu deviens, de ce que tu fais et feras. Tu n’intéresses personne, Tictoc, tu peux brûler ton village, découper ton voisin en petits dés, secourir les pauvres, devenir moine ou épouser ta vache, l’univers s’en fout et personne ne t’en tiendra rigueur ni ne t’en félicitera. »
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
L’optimum imperfectible.
"Tatonga, on va supposer que Dieu existe.
-Suppose ce que tu veux, Tictoc.
-Il y aurait alors le paradis et ce serait merveilleux, n’est-ce pas ?
-Merveilleux, je ne sais pas, mais au mieux ce sera comme ici et maintenant.
-Comme ici et maintenant ?
-Oui, si ta vie se prolongeait ce serait au mieux comme ici et maintenant, avec toutes les emmerdes que tu sais, et le bon Dieu ne pourrait rien y faire.
-Ce ne sera pas le bonheur infini ?
-Ça, c’est tes illusions, Tictoc, cette béatitude totale est une chimère, ça n’existe pas, et si jamais ça existait, tu en serais blasé dans les minutes qui suivent, tu en aurais tellement marre que tu implorerais le bon Dieu de mettre vite un terme à ta vie. Il n’y a rien de plus mortellement ennuyeux et d’ennuyeusement mortel que le bonheur parfait.
-Mais ce n’est pas ce qu’on dit, il parait qu’au paradis…
-Bah, les gens racontent ce qu’ils veulent, ils racontent n’importe quoi, ils rêvent surtout. Sache que ce qui pouvait se faire de mieux, Tictoc, c’est ce que tu vois présentement, c’est la vie telle que tu la connais ici et maintenant, avec ses attentes, ses suspenses, ses déceptions, ses angoisses, ses peurs, ses violences, ses larmes, ses souffrances, ses guerres, ses maladies, ses famines.
-Mais pourquoi ne pourrait-il pas y avoir la vie sans tous ces malheurs.
-Parce que la vie est animation, Tictoc, et c’est ce qui la contrarie qui l’anime, c’est une lutte pour la survie et si rien ne la contrarie, elle s’étiole et s’éteint.
-Ce qu’on a ici et maintenant est donc la seule vie viable et vivable, et ne serait pas meilleure au paradis ?
-Oui, Tictoc, et même cette vie viable et vivable, c’est juste bon pour un temps, parce que si ça dure trop longtemps, tu finis par en avoir par-dessus la tête et le bon Dieu lui-même ne peut rien contre ça.
-Donc, que le bon Dieu soit ou ne soit pas, ça revient au même ?
-Tu peux le dire ou même dire qu’il est, tout dépend de ce que tu appelles dieu, mais dis-toi bien que si ce dieu ne fait rien pour améliorer l’ici et maintenant, ce n’est pas parce qu’il n’est pas assez puissant ou qu’il ne veut pas, comme le pensent certains, mais parce que l’ici et maintenant est l’optimum imperfectible. L’adage qui dit que le mieux est l’ennemi du bien s’applique aussi à Dieu.
-C'est donc comme ça ?
-Ce n'est qu'un préambule, la prochaine fois je te dirai ce que tu ne pourras jamais deviner... et tu comprendras tout."
"Tatonga, on va supposer que Dieu existe.
-Suppose ce que tu veux, Tictoc.
-Il y aurait alors le paradis et ce serait merveilleux, n’est-ce pas ?
-Merveilleux, je ne sais pas, mais au mieux ce sera comme ici et maintenant.
-Comme ici et maintenant ?
-Oui, si ta vie se prolongeait ce serait au mieux comme ici et maintenant, avec toutes les emmerdes que tu sais, et le bon Dieu ne pourrait rien y faire.
-Ce ne sera pas le bonheur infini ?
-Ça, c’est tes illusions, Tictoc, cette béatitude totale est une chimère, ça n’existe pas, et si jamais ça existait, tu en serais blasé dans les minutes qui suivent, tu en aurais tellement marre que tu implorerais le bon Dieu de mettre vite un terme à ta vie. Il n’y a rien de plus mortellement ennuyeux et d’ennuyeusement mortel que le bonheur parfait.
-Mais ce n’est pas ce qu’on dit, il parait qu’au paradis…
-Bah, les gens racontent ce qu’ils veulent, ils racontent n’importe quoi, ils rêvent surtout. Sache que ce qui pouvait se faire de mieux, Tictoc, c’est ce que tu vois présentement, c’est la vie telle que tu la connais ici et maintenant, avec ses attentes, ses suspenses, ses déceptions, ses angoisses, ses peurs, ses violences, ses larmes, ses souffrances, ses guerres, ses maladies, ses famines.
-Mais pourquoi ne pourrait-il pas y avoir la vie sans tous ces malheurs.
-Parce que la vie est animation, Tictoc, et c’est ce qui la contrarie qui l’anime, c’est une lutte pour la survie et si rien ne la contrarie, elle s’étiole et s’éteint.
-Ce qu’on a ici et maintenant est donc la seule vie viable et vivable, et ne serait pas meilleure au paradis ?
-Oui, Tictoc, et même cette vie viable et vivable, c’est juste bon pour un temps, parce que si ça dure trop longtemps, tu finis par en avoir par-dessus la tête et le bon Dieu lui-même ne peut rien contre ça.
-Donc, que le bon Dieu soit ou ne soit pas, ça revient au même ?
-Tu peux le dire ou même dire qu’il est, tout dépend de ce que tu appelles dieu, mais dis-toi bien que si ce dieu ne fait rien pour améliorer l’ici et maintenant, ce n’est pas parce qu’il n’est pas assez puissant ou qu’il ne veut pas, comme le pensent certains, mais parce que l’ici et maintenant est l’optimum imperfectible. L’adage qui dit que le mieux est l’ennemi du bien s’applique aussi à Dieu.
-C'est donc comme ça ?
-Ce n'est qu'un préambule, la prochaine fois je te dirai ce que tu ne pourras jamais deviner... et tu comprendras tout."
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Re: Pérégrinations 3.
Obsolescence.
« Tatonga, tu disais que la vie et ses aléas que nous avons sur Terre est imperfectible.
-Imperfectible et irréversible. Je vois la vie sur Terre comme un système reliant la créature vivante, la Terre et leur environnement. C’est une relation, un échange, oui, une relation qui va en se dégradant.
-Tatonga, je comprends pourquoi la relation se dégrade. Nous sommes de plus en plus nombreux, pendant que la Terre s’épuise, l’environnement se dérègle et s’empoisonne. C’est la fin du monde programmée par l’usure, le vieillissement, l’épuisement.
-Oui, Tictoc, mais il n’y a pas que cela. Même si nous devenions moins nombreux et si la Terre se régénérait, cette vie n’en serait pas moins invivable. Le système n’est pas seulement atteint d’usure, il a fait son temps, il est dépassé, il est pour ainsi dire passé de mode, comme cela arrive à tout système. Les industriels connaissent bien ce phénomène qu’ils appellent l’obsolescence qui peut toucher même des équipements neufs.
-Obsolescence ?
-Oui, Tictoc. Un système obsolescent n’est pas forcément usé, il ne présente plus aucun intérêt. Tu n’as qu’à observer les jeunes générations, elles en ont marre du monde, il les fatigue dès l’instant où elles y prennent pied, c’est un indice qui ne trompe pas, chaque génération hérite et accumule au fil du temps le ras-le-bol des générations précédentes. Ce système avec ses hommes, sa Terre et tout le tralala est fini, fini comme le vieux métier à tisser de ta grand-mère, fini pour toujours, Tictoc, il tire à sa fin, il est irréversible et ne se reproduira plus jamais nulle part.
-Et le paradis alors ?
-Tu fais partie, tu es un élément de ce système obsolète voué à disparaitre à brève échéance, disparaitras-tu avec lui ? Tu parles du paradis, si le paradis existe, ce n’est évidemment pas un lieu, mais un mieux. En technologie, l’obsolescence survient toujours quand il y a un nouveau système, un mieux, mais est-ce vrai pour le monde, y a-t-il un nouveau et meilleur système, pas seulement rénové, mais radicalement différent, qui s’appelle paradis ? C’est possible, Tictoc, car dans cet univers, dans le Tout, tout est multiple et se succède et il n’y a aucune raison qu’il n’en soit pas de même des systèmes de vie. Y seras-tu recyclé ? Fort possible, Tictoc, n’es-tu pas, de par le rôle pivot que tu tiens, la pièce essentielle dont la présence est indispensable à tout système ?
-Je tiens un rôle pivot ?
-Oui, Tictoc, tout tourne autour de toi, c’est toi qui captes la lumière et éclaires le monde, tu ne découvres pas le monde, tu le révèles, c’est toi qui, en naissant, l’animes, lui donnes forme et sens, c’est toi qui le fais naitre, toi qui lui donnes le jour, le monde n’est que par toi, que grâce à toi. »
« Tatonga, tu disais que la vie et ses aléas que nous avons sur Terre est imperfectible.
-Imperfectible et irréversible. Je vois la vie sur Terre comme un système reliant la créature vivante, la Terre et leur environnement. C’est une relation, un échange, oui, une relation qui va en se dégradant.
-Tatonga, je comprends pourquoi la relation se dégrade. Nous sommes de plus en plus nombreux, pendant que la Terre s’épuise, l’environnement se dérègle et s’empoisonne. C’est la fin du monde programmée par l’usure, le vieillissement, l’épuisement.
-Oui, Tictoc, mais il n’y a pas que cela. Même si nous devenions moins nombreux et si la Terre se régénérait, cette vie n’en serait pas moins invivable. Le système n’est pas seulement atteint d’usure, il a fait son temps, il est dépassé, il est pour ainsi dire passé de mode, comme cela arrive à tout système. Les industriels connaissent bien ce phénomène qu’ils appellent l’obsolescence qui peut toucher même des équipements neufs.
-Obsolescence ?
-Oui, Tictoc. Un système obsolescent n’est pas forcément usé, il ne présente plus aucun intérêt. Tu n’as qu’à observer les jeunes générations, elles en ont marre du monde, il les fatigue dès l’instant où elles y prennent pied, c’est un indice qui ne trompe pas, chaque génération hérite et accumule au fil du temps le ras-le-bol des générations précédentes. Ce système avec ses hommes, sa Terre et tout le tralala est fini, fini comme le vieux métier à tisser de ta grand-mère, fini pour toujours, Tictoc, il tire à sa fin, il est irréversible et ne se reproduira plus jamais nulle part.
-Et le paradis alors ?
-Tu fais partie, tu es un élément de ce système obsolète voué à disparaitre à brève échéance, disparaitras-tu avec lui ? Tu parles du paradis, si le paradis existe, ce n’est évidemment pas un lieu, mais un mieux. En technologie, l’obsolescence survient toujours quand il y a un nouveau système, un mieux, mais est-ce vrai pour le monde, y a-t-il un nouveau et meilleur système, pas seulement rénové, mais radicalement différent, qui s’appelle paradis ? C’est possible, Tictoc, car dans cet univers, dans le Tout, tout est multiple et se succède et il n’y a aucune raison qu’il n’en soit pas de même des systèmes de vie. Y seras-tu recyclé ? Fort possible, Tictoc, n’es-tu pas, de par le rôle pivot que tu tiens, la pièce essentielle dont la présence est indispensable à tout système ?
-Je tiens un rôle pivot ?
-Oui, Tictoc, tout tourne autour de toi, c’est toi qui captes la lumière et éclaires le monde, tu ne découvres pas le monde, tu le révèles, c’est toi qui, en naissant, l’animes, lui donnes forme et sens, c’est toi qui le fais naitre, toi qui lui donnes le jour, le monde n’est que par toi, que grâce à toi. »
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
Tu t’es enfin accompli.
« Tatonga, de quoi est fait le monde ?
-Personne ne peut répondre à ta question, Tictoc. Je crois qu’il est fait d’ondes, de particules, de vibrations, d’énergie, des trucs de ce genre, impalpables et informes, à croire que le bon Dieu s’est servi d’un pulvérisateur pour créer le monde, ce qui est d’ailleurs une excellente idée, simple et pratique. Pschitt, pschitt, et tout fut fait.
-C’est donc le bon Dieu qui a créé le monde ?
-Tu peux le dire, Tictoc. Du moment que tu ne sais pas qui est dieu, ce qu’il est et comment il est, tu peux dire qu’il existe et qu’il a créé, car, dans l’immense univers, il doit y avoir sans le moindre doute une chose et même plusieurs qui, de par leur importance, méritent de porter ce titre. Il se pourrait même que ce soit tout simplement toi. C’est affirmer qu’il n’existe pas qui serait absurde, car comment pourrais-tu soutenir que ce dont tu n’as aucune idée n’existe pas, ce serait le summum de la bêtise.
-Bon, bon, le monde est donc fait de trucs impalpables, informes, et puis quoi encore ?
-Et il y a toi. Quand je dis toi, il ne s’agit pas de ton nez ou de tes pieds, mais de ce qu’il y a d’essentiel en toi, de ta substantifique moelle, de ce quelque chose qui fait que toi tu es toi, de ton âme, de ton esprit, je ne sais comment l’appeler, tu peux mettre dessus le mot que tu veux.
-Moi, au milieu de ce brouillard ?
-Oui, Tictoc. Sans toi, le brouillard n’aurait été et ne serait qu’un brouillard. Imperceptible et plus subtil que le brouillard, tu t’occupes de cristalliser les choses. C’est toi qui fais apparaitre les formes, des lunes, des soleils, des étoiles, des arbres, des fleurs, des fleuves. Tu leur donnes une forme, des couleurs, des odeurs. Tu les fais tourner et tu les fais courir et tu donnes à chaque chose un nom.
-Mais toutes ces choses existaient avant moi, Tatonga.
-Non, rien n’a existé avant toi. Toi, c’est aussi ton père, ton grand-père, ta grand-mère, tes amis, tes voisins. Vous êtes tous un. Vous viviez cachés dans les vivants qui vous ont précédés, les dinosaures, les primates, les scorpions, qui sont tous vos frères, et existiez bien avant eux. Tu as toujours été, Tictoc, tu as de tout temps existé, bien avant de t’incarner, sans savoir qui tu étais. C’est beaucoup plus tard, après des milliards d’années, que, dressé sur tes deux pieds, tu as appris à te retourner pour voir ton passé et à te regarder toi-même pour dire moi c’est moi, et c’est alors que tu t’es enfin accompli, entièrement réalisé.
-Et Dieu ?
-Je t’ai dit de quoi et comment était fait le monde, Tictoc, et quels étaient ta place et ton rôle. Dieu n’est qu’une pancarte, c’est ta pancarte, tu peux la brandir sur ta propre tête ou la planter où tu veux, au sommet de l’Annapurna ou au sommet du Kilimandjaro, ça ne changera rien au monde. »
« Tatonga, de quoi est fait le monde ?
-Personne ne peut répondre à ta question, Tictoc. Je crois qu’il est fait d’ondes, de particules, de vibrations, d’énergie, des trucs de ce genre, impalpables et informes, à croire que le bon Dieu s’est servi d’un pulvérisateur pour créer le monde, ce qui est d’ailleurs une excellente idée, simple et pratique. Pschitt, pschitt, et tout fut fait.
-C’est donc le bon Dieu qui a créé le monde ?
-Tu peux le dire, Tictoc. Du moment que tu ne sais pas qui est dieu, ce qu’il est et comment il est, tu peux dire qu’il existe et qu’il a créé, car, dans l’immense univers, il doit y avoir sans le moindre doute une chose et même plusieurs qui, de par leur importance, méritent de porter ce titre. Il se pourrait même que ce soit tout simplement toi. C’est affirmer qu’il n’existe pas qui serait absurde, car comment pourrais-tu soutenir que ce dont tu n’as aucune idée n’existe pas, ce serait le summum de la bêtise.
-Bon, bon, le monde est donc fait de trucs impalpables, informes, et puis quoi encore ?
-Et il y a toi. Quand je dis toi, il ne s’agit pas de ton nez ou de tes pieds, mais de ce qu’il y a d’essentiel en toi, de ta substantifique moelle, de ce quelque chose qui fait que toi tu es toi, de ton âme, de ton esprit, je ne sais comment l’appeler, tu peux mettre dessus le mot que tu veux.
-Moi, au milieu de ce brouillard ?
-Oui, Tictoc. Sans toi, le brouillard n’aurait été et ne serait qu’un brouillard. Imperceptible et plus subtil que le brouillard, tu t’occupes de cristalliser les choses. C’est toi qui fais apparaitre les formes, des lunes, des soleils, des étoiles, des arbres, des fleurs, des fleuves. Tu leur donnes une forme, des couleurs, des odeurs. Tu les fais tourner et tu les fais courir et tu donnes à chaque chose un nom.
-Mais toutes ces choses existaient avant moi, Tatonga.
-Non, rien n’a existé avant toi. Toi, c’est aussi ton père, ton grand-père, ta grand-mère, tes amis, tes voisins. Vous êtes tous un. Vous viviez cachés dans les vivants qui vous ont précédés, les dinosaures, les primates, les scorpions, qui sont tous vos frères, et existiez bien avant eux. Tu as toujours été, Tictoc, tu as de tout temps existé, bien avant de t’incarner, sans savoir qui tu étais. C’est beaucoup plus tard, après des milliards d’années, que, dressé sur tes deux pieds, tu as appris à te retourner pour voir ton passé et à te regarder toi-même pour dire moi c’est moi, et c’est alors que tu t’es enfin accompli, entièrement réalisé.
-Et Dieu ?
-Je t’ai dit de quoi et comment était fait le monde, Tictoc, et quels étaient ta place et ton rôle. Dieu n’est qu’une pancarte, c’est ta pancarte, tu peux la brandir sur ta propre tête ou la planter où tu veux, au sommet de l’Annapurna ou au sommet du Kilimandjaro, ça ne changera rien au monde. »
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
La complétude.
« Tatonga, qu’y avait-il au commencement ?
-Sache d’abord, Tictoc, qu’en vérité, il n’y a ni commencement ni déroulement. C’est notre esprit qui, pour comprendre, a besoin de disposer les choses dans une dimension temps et dans une dimension espace, de les ordonner sur une surface temps et sur une surface espace, si tu veux. Ce n’est qu’ainsi que nous pouvons les comprendre et en parler, mais ce qui nous parait durer des millénaires, ne dure en réalité aucun temps… enfin, c’est ce que je crois.
-D’accord, et qu’y avait-il au commencement ?
-Au commencement du commencement, il y avait et il y a toujours une réalité immatérielle, parfaite et pure, une sorte de lumière sans photons, que tu peux appeler âme ou esprit, si tu veux.
-C’est dieu ?
-Tictoc, ne commence pas à m’énerver. Tu inventes un nom et tu me demandes de l’identifier et de le confirmer, ne crois-tu pas que c’est à toi de trouver et de dire ce qui correspond aux mots que tu inventes ?
-Pour moi, c’est cela dieu, mais bon, et après ?
-Cette réalité immatérielle, bien que parfaite et pure, est incomplète.
-Dieu incomplet, tu es fou, Tatonga…
-Je n’ai pas dit dieu, c’est toi qui t’entêtes à l’appeler dieu ; moi, je parle d’une réalité. Cette réalité est incomplète. Pour être complète, il lui faut prendre corps, être concrète, ce n’est qu’ainsi qu’elle pourrait exister pleinement, à la fois spirituelle et matérielle, sans que rien lui manque.
-Oh, là, là, et alors ?
-Alors, elle entreprend tout naturellement de se donner un corps, mais ce n’est pas chose facile. Elle lance la recherche en déversant de torrents de sperme et en faisant couler des fleuves de sang, et elle laisse les choses se faire librement ; c’est pourquoi tu vois toutes sortes de créatures, des hippopotames, des serpents, des éléphants, des papillons, des tortues, des fourmis, se former et se succéder, mais pour l’instant aucune ne donne satisfaction.
-Mais dieu est tout puissant, il ne procède pas par essais et ne lance pas de recherches, il lui suffit de vouloir pour avoir.
-Tu m’énerves, Tictoc, avec les fantômes qui hantent ton grenier ; il s’agit d’une réalité qui doit se transformer et évoluer pour atteindre la complétude.
-Evoluer, mais l’évolution a été observée et expliquée, Tatonga, et il a été clairement établi et dit qu’elle n’avait pas un dessein, mais qu’elle flânait, allait à droite, à gauche, avançait et reculait au petit bonheur la chance.
-C’est parce que tes scientifiques sont des imbéciles, Tictoc. Ils ont bien vu qu’il y avait évolution, mais là où ils ont déconné, c’est quand ils ont décidé eux-mêmes de ce que devrait être son but : des créatures à l’intelligence et au physique de plus en plus performants. Or le but n’est pas du tout celui-là. C’est comme si on disait de toi que tu vagabondes parce qu’on ne te voit pas te diriger droit vers Bamako, alors que ton intention n’est pas du tout de t’y rendre.
-Et c’est quoi le but de ta réalité immatérielle ?
-Je te l’ai dit, c’est la complétude, plus clairement une âme et un corps aussi parfaits et purs l’un que l’autre. Il s’agit pour cette réalité parfaite et pure de s’habiller d’un corps aussi parfait et pur qu’elle l’est elle-même. Et ce n’est pas facile, tout ce qui a été trouvé jusqu’à présent, c’est des corps entachés d’impuretés, des impuretés qui les dégradent, les empoisonnent et les font périr. Tu comprends maintenant pourquoi les créatures périssent ?
-Quelle histoire, mon Dieu, quelle histoire !
-Tictoc, tu es incapable de reconnaitre la vérité et de la distinguer d’une simple hypothèse ou d’une fiction. Ce que je te raconte est la seule, l’unique explication objective et cohérente, sans laquelle le monde ne serait qu’une folie, œuvre d’un fou, sans sens, sans queue ni tête, totalement absurde. Je te mets au défi de trouver une autre explication qui rende compte aussi bien de la réalité.
-Bon, bon, continue…
-Tu as compris le but, mais ce n’est pas simple, ce corps idéal n’est pas encore trouvé. J’ajoute que, souvent, quand on obtient un mieux du côté physique, c’est au détriment de l’âme, on a moins d’âme. Or le but, je le répète, est d’avoir une âme parfaite et pure dans un corps parfait et pur. On a pu croire un moment que la colombe et la gazelle, par exemple, si gracieuses, pouvaient faire l’affaire, malheureusement, du côté âme, c’est zéro.
-Et l’homme ?
-Avec l’homme, il y a eu un progrès certain, un très grand pas de fait. C’est la seule créature qui connait le sens des mots morale, éthique, spirituel, etc., mais c’est loin d’être parfait, la part d’âme y est encore embryonnaire, et du côté physique, c’est carrément catastrophique.
-Elle est quand même cruelle ta réalité parfaite avec toutes ces créatures qu’elle laisse périr et tout ce sang versé.
-Non, elle n’est cruelle envers personne, car il n’y a qu’elle et il s’agit d’un projet suprême. Toi, par exemple, tu n‘existes pas, tu n’as aucune identité, tu n’es personne, tu n’es qu’un débris, une écharde échappée de cette réalité, comment pourrait-on te faire du tort ?
-Voilà que maintenant je n’existe même pas !
-Tictoc, la réalité crée des figurines qu’elle voudrait à son image, des figurines qu’elle tire d’elle-même et tu n’es que l’une de ses poupées, tu appartiens entièrement à cette réalité, tu ne possèdes rien en propre, tu n’as rien à toi et tu n’as aucun droit, tu n’es qu’une créature créée. Pour le moment, elle les a toutes ratées. Que veux-tu que la réalité fasse de ces statuettes ratées ? Elle les abandonne à leur sort, Ticoc, elle les laisse se gérer et gérer leur situation. Les hommes l’ont bien compris d’ailleurs, ils savent qu’ils sont tous condamnés et ils se résignent à gérer leur situation pour endurer le moins de bobos possible. »
« Tatonga, qu’y avait-il au commencement ?
-Sache d’abord, Tictoc, qu’en vérité, il n’y a ni commencement ni déroulement. C’est notre esprit qui, pour comprendre, a besoin de disposer les choses dans une dimension temps et dans une dimension espace, de les ordonner sur une surface temps et sur une surface espace, si tu veux. Ce n’est qu’ainsi que nous pouvons les comprendre et en parler, mais ce qui nous parait durer des millénaires, ne dure en réalité aucun temps… enfin, c’est ce que je crois.
-D’accord, et qu’y avait-il au commencement ?
-Au commencement du commencement, il y avait et il y a toujours une réalité immatérielle, parfaite et pure, une sorte de lumière sans photons, que tu peux appeler âme ou esprit, si tu veux.
-C’est dieu ?
-Tictoc, ne commence pas à m’énerver. Tu inventes un nom et tu me demandes de l’identifier et de le confirmer, ne crois-tu pas que c’est à toi de trouver et de dire ce qui correspond aux mots que tu inventes ?
-Pour moi, c’est cela dieu, mais bon, et après ?
-Cette réalité immatérielle, bien que parfaite et pure, est incomplète.
-Dieu incomplet, tu es fou, Tatonga…
-Je n’ai pas dit dieu, c’est toi qui t’entêtes à l’appeler dieu ; moi, je parle d’une réalité. Cette réalité est incomplète. Pour être complète, il lui faut prendre corps, être concrète, ce n’est qu’ainsi qu’elle pourrait exister pleinement, à la fois spirituelle et matérielle, sans que rien lui manque.
-Oh, là, là, et alors ?
-Alors, elle entreprend tout naturellement de se donner un corps, mais ce n’est pas chose facile. Elle lance la recherche en déversant de torrents de sperme et en faisant couler des fleuves de sang, et elle laisse les choses se faire librement ; c’est pourquoi tu vois toutes sortes de créatures, des hippopotames, des serpents, des éléphants, des papillons, des tortues, des fourmis, se former et se succéder, mais pour l’instant aucune ne donne satisfaction.
-Mais dieu est tout puissant, il ne procède pas par essais et ne lance pas de recherches, il lui suffit de vouloir pour avoir.
-Tu m’énerves, Tictoc, avec les fantômes qui hantent ton grenier ; il s’agit d’une réalité qui doit se transformer et évoluer pour atteindre la complétude.
-Evoluer, mais l’évolution a été observée et expliquée, Tatonga, et il a été clairement établi et dit qu’elle n’avait pas un dessein, mais qu’elle flânait, allait à droite, à gauche, avançait et reculait au petit bonheur la chance.
-C’est parce que tes scientifiques sont des imbéciles, Tictoc. Ils ont bien vu qu’il y avait évolution, mais là où ils ont déconné, c’est quand ils ont décidé eux-mêmes de ce que devrait être son but : des créatures à l’intelligence et au physique de plus en plus performants. Or le but n’est pas du tout celui-là. C’est comme si on disait de toi que tu vagabondes parce qu’on ne te voit pas te diriger droit vers Bamako, alors que ton intention n’est pas du tout de t’y rendre.
-Et c’est quoi le but de ta réalité immatérielle ?
-Je te l’ai dit, c’est la complétude, plus clairement une âme et un corps aussi parfaits et purs l’un que l’autre. Il s’agit pour cette réalité parfaite et pure de s’habiller d’un corps aussi parfait et pur qu’elle l’est elle-même. Et ce n’est pas facile, tout ce qui a été trouvé jusqu’à présent, c’est des corps entachés d’impuretés, des impuretés qui les dégradent, les empoisonnent et les font périr. Tu comprends maintenant pourquoi les créatures périssent ?
-Quelle histoire, mon Dieu, quelle histoire !
-Tictoc, tu es incapable de reconnaitre la vérité et de la distinguer d’une simple hypothèse ou d’une fiction. Ce que je te raconte est la seule, l’unique explication objective et cohérente, sans laquelle le monde ne serait qu’une folie, œuvre d’un fou, sans sens, sans queue ni tête, totalement absurde. Je te mets au défi de trouver une autre explication qui rende compte aussi bien de la réalité.
-Bon, bon, continue…
-Tu as compris le but, mais ce n’est pas simple, ce corps idéal n’est pas encore trouvé. J’ajoute que, souvent, quand on obtient un mieux du côté physique, c’est au détriment de l’âme, on a moins d’âme. Or le but, je le répète, est d’avoir une âme parfaite et pure dans un corps parfait et pur. On a pu croire un moment que la colombe et la gazelle, par exemple, si gracieuses, pouvaient faire l’affaire, malheureusement, du côté âme, c’est zéro.
-Et l’homme ?
-Avec l’homme, il y a eu un progrès certain, un très grand pas de fait. C’est la seule créature qui connait le sens des mots morale, éthique, spirituel, etc., mais c’est loin d’être parfait, la part d’âme y est encore embryonnaire, et du côté physique, c’est carrément catastrophique.
-Elle est quand même cruelle ta réalité parfaite avec toutes ces créatures qu’elle laisse périr et tout ce sang versé.
-Non, elle n’est cruelle envers personne, car il n’y a qu’elle et il s’agit d’un projet suprême. Toi, par exemple, tu n‘existes pas, tu n’as aucune identité, tu n’es personne, tu n’es qu’un débris, une écharde échappée de cette réalité, comment pourrait-on te faire du tort ?
-Voilà que maintenant je n’existe même pas !
-Tictoc, la réalité crée des figurines qu’elle voudrait à son image, des figurines qu’elle tire d’elle-même et tu n’es que l’une de ses poupées, tu appartiens entièrement à cette réalité, tu ne possèdes rien en propre, tu n’as rien à toi et tu n’as aucun droit, tu n’es qu’une créature créée. Pour le moment, elle les a toutes ratées. Que veux-tu que la réalité fasse de ces statuettes ratées ? Elle les abandonne à leur sort, Ticoc, elle les laisse se gérer et gérer leur situation. Les hommes l’ont bien compris d’ailleurs, ils savent qu’ils sont tous condamnés et ils se résignent à gérer leur situation pour endurer le moins de bobos possible. »
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
Odysée dans l’espace-temps.
« Tatonga, pourquoi dit-on de dieu qu’il est et non qu’il existe ?
-Bonne question, Tictoc, mais parlons d’abord de toi. Toi, tu existes, sais-tu ce que cela veut dire ?
-Ce que veut dire j’existe, je ne sais pas, Tatonga, cela veut dire que j’existe, c’est tout.
- Tu ne sais pas ce que c’est, et pourtant, c’est très simple. Exister, c’est se trouver en un point déterminé du champ temps et en un point précis du champ espace. C’est se trouver à 13h 01 par exemple et à une certaine longitude, latitude, altitude. C’est ton cas, tu existes, même si on sait que tu changes de coordonnées en te déplaçant dans ces deux champs. Sans ces coordonnées, tu n’existes pas. Quand je dis tu, il s’agit évidemment de ton âme nichée dans ton corps.
-Si c’est ça, alors, oui, c’est simple, en effet.
-Oui, c’est simple. Comme disait notre ami philosophe Geveil, certaines choses sont tellement simples et évidentes qu’elles en deviennent aveuglantes et nous échappent. Tu existes signifie que tu es entré, que tu as fait ton entrée dans l’espace et dans le temps. Est-ce que tu comprends maintenant ce que veut dire mourir ?
-Oui, Tatonga, cela veut dire que je sors, que je cesse de voyager dans ces deux champs que sont le temps et l’espace.
-Bravo, Tictoc, oui, la mort n’est qu’une sortie de ces deux champs, qui ne sont, soit dit en passant, qu’un seul, appelé espace-temps, le temps étant la quatrième dimension de l’espace.
-Mais pourquoi dis-tu que ce n’est qu’une sortie, veux-tu dire que la mort n’est pas une vraie mort ?
-Avant d’entrer, Tictoc, tu n’existais pas, mais, comme dieu, tu étais. Tu étais nécessairement, sinon tu n’aurais jamais pu entrer. En sortant, tu cesses d’exister, mais tu continues d’être.
-C’est clair, Tatonga, évident et simple. Avant et après, je n’existe pas, mais je suis, je suis comme dieu. Dans l’avant et l’après, je me trouve partout, mais hors de l’espace-temps, comme dieu.
-Oui, Tictoc, et cet avant et cet après, ainsi que ce qui s’y trouve, c’est-à-dire dieu et toi quand tu y es, il ne faut rien en dire, il ne faut pas en parler, car tout ce que tu dirais serait faux.
-Pourquoi faux ?
-Parce que présentement, tu te trouves dans l’espace-temps, ton cerveau, ton logiciel, est branché à l’espace-temps, tout ce que tu pourrais penser, dire, sentir, imaginer, voir, percevoir, tout, absolument tout, y compris ton vocabulaire, est lié à l’espace-temps, te vient de l’espace-temps, tu appartiens à l’espace-temps, l’espace-temps est ton monde comme l’océan est le monde des poissons. Ce qu’il y a hors de l’espace-temps, c’est-à-dire en amont et en aval de ton existence, est un autre monde, c’est un monde sans espace et sans temps, radicalement différent de l’espace-temps. Tu ne peux rien dire de cet autre monde.
-Mais, Tatonga, cet autre monde, j’y étais avant d’exister, je devrais donc le connaitre et pouvoir en parler.
-Oui, tu y étais, mais tu n’y es plus, ton cerveau ne peut plus y accéder, il ne peut pas saisir ce qui est hors de ton espace d’existence. Dans cet autre monde, il n’y a ni épaisseurs, ni largeurs, ni longueurs, ni durées, comment pourrais-tu en parler ? Pour savoir ce qu’il y a dans cet autre monde, tu dois sortir de celui-ci, tu dois cesser d’exister. Tant que tu existes, tu ne peux pas savoir ce que tu étais avant de naitre et ce que tu seras après la mort. Il faut enfin comprendre, Tictoc, que cet autre monde, c’est dieu lui-même, c’est pourquoi nous disons que dieu est hors espace-temps. Il serait cependant plus juste de dire qu’il est la totalité de ce qui est hors espace-temps, qu’il occupe tout ce qui n’est pas espace-temps… tout en étant présent en toi dans l’espace-temps.
-Dis, Tatonga, est-ce que je ne serais pas dieu, par hasard ?
-Ah, tu as enfin compris ! Tictoc, qui peux-tu être et qui peut être dieu, si vous n’étiez pas le même ? N’as-tu pas remarqué que la question qui suis-je que tu te poses parfois te met dans le même embarras que quand tu t’interroges sur dieu, tu ne trouves rien à répondre, rien à dire, à part je suis ?
-Je suis dieu, Tatonga ?
-Mais c’est évident, Tictoc. Pour te créer, dieu te tire de lui-même, il te crée de sa substance, avec sa substance spirituelle, il ne t’importe pas de Chine. Il n’y a que lui et c’est lui qui circule, il passe de l’être à l’existence (il se fait toi en te faisant naitre) et de l’existence à l’être (il quitte ton corps physique). Quand il n’existe pas, il est. Mais quand il existe, il existe sans cesser d’être et c’est toi.
-C’est donc ça, créer ?
-La création, Tictoc, n’est rien d’autre que le passage de dieu lui-même dans l’existence, son entrée dans l’espace-temps. Il crée en existant. Dieu crée à l’intérieur de l’espace-temps, il crée en se transformant lui-même à l’intérieur de ce champ. A l’intérieur, tu peux le voir en te regardant. A l’extérieur, vous vous confondez, tu es tout lui et il est tout toi.
-Tatonga, je suis tenté de dire que dieu est comme un flux liquide qui, en traversant l’espace-temps, devient solide sans cesser d’être le flux, et qui redevient liquide après.
-Oui, l’image est assez parlante. »
« Tatonga, pourquoi dit-on de dieu qu’il est et non qu’il existe ?
-Bonne question, Tictoc, mais parlons d’abord de toi. Toi, tu existes, sais-tu ce que cela veut dire ?
-Ce que veut dire j’existe, je ne sais pas, Tatonga, cela veut dire que j’existe, c’est tout.
- Tu ne sais pas ce que c’est, et pourtant, c’est très simple. Exister, c’est se trouver en un point déterminé du champ temps et en un point précis du champ espace. C’est se trouver à 13h 01 par exemple et à une certaine longitude, latitude, altitude. C’est ton cas, tu existes, même si on sait que tu changes de coordonnées en te déplaçant dans ces deux champs. Sans ces coordonnées, tu n’existes pas. Quand je dis tu, il s’agit évidemment de ton âme nichée dans ton corps.
-Si c’est ça, alors, oui, c’est simple, en effet.
-Oui, c’est simple. Comme disait notre ami philosophe Geveil, certaines choses sont tellement simples et évidentes qu’elles en deviennent aveuglantes et nous échappent. Tu existes signifie que tu es entré, que tu as fait ton entrée dans l’espace et dans le temps. Est-ce que tu comprends maintenant ce que veut dire mourir ?
-Oui, Tatonga, cela veut dire que je sors, que je cesse de voyager dans ces deux champs que sont le temps et l’espace.
-Bravo, Tictoc, oui, la mort n’est qu’une sortie de ces deux champs, qui ne sont, soit dit en passant, qu’un seul, appelé espace-temps, le temps étant la quatrième dimension de l’espace.
-Mais pourquoi dis-tu que ce n’est qu’une sortie, veux-tu dire que la mort n’est pas une vraie mort ?
-Avant d’entrer, Tictoc, tu n’existais pas, mais, comme dieu, tu étais. Tu étais nécessairement, sinon tu n’aurais jamais pu entrer. En sortant, tu cesses d’exister, mais tu continues d’être.
-C’est clair, Tatonga, évident et simple. Avant et après, je n’existe pas, mais je suis, je suis comme dieu. Dans l’avant et l’après, je me trouve partout, mais hors de l’espace-temps, comme dieu.
-Oui, Tictoc, et cet avant et cet après, ainsi que ce qui s’y trouve, c’est-à-dire dieu et toi quand tu y es, il ne faut rien en dire, il ne faut pas en parler, car tout ce que tu dirais serait faux.
-Pourquoi faux ?
-Parce que présentement, tu te trouves dans l’espace-temps, ton cerveau, ton logiciel, est branché à l’espace-temps, tout ce que tu pourrais penser, dire, sentir, imaginer, voir, percevoir, tout, absolument tout, y compris ton vocabulaire, est lié à l’espace-temps, te vient de l’espace-temps, tu appartiens à l’espace-temps, l’espace-temps est ton monde comme l’océan est le monde des poissons. Ce qu’il y a hors de l’espace-temps, c’est-à-dire en amont et en aval de ton existence, est un autre monde, c’est un monde sans espace et sans temps, radicalement différent de l’espace-temps. Tu ne peux rien dire de cet autre monde.
-Mais, Tatonga, cet autre monde, j’y étais avant d’exister, je devrais donc le connaitre et pouvoir en parler.
-Oui, tu y étais, mais tu n’y es plus, ton cerveau ne peut plus y accéder, il ne peut pas saisir ce qui est hors de ton espace d’existence. Dans cet autre monde, il n’y a ni épaisseurs, ni largeurs, ni longueurs, ni durées, comment pourrais-tu en parler ? Pour savoir ce qu’il y a dans cet autre monde, tu dois sortir de celui-ci, tu dois cesser d’exister. Tant que tu existes, tu ne peux pas savoir ce que tu étais avant de naitre et ce que tu seras après la mort. Il faut enfin comprendre, Tictoc, que cet autre monde, c’est dieu lui-même, c’est pourquoi nous disons que dieu est hors espace-temps. Il serait cependant plus juste de dire qu’il est la totalité de ce qui est hors espace-temps, qu’il occupe tout ce qui n’est pas espace-temps… tout en étant présent en toi dans l’espace-temps.
-Dis, Tatonga, est-ce que je ne serais pas dieu, par hasard ?
-Ah, tu as enfin compris ! Tictoc, qui peux-tu être et qui peut être dieu, si vous n’étiez pas le même ? N’as-tu pas remarqué que la question qui suis-je que tu te poses parfois te met dans le même embarras que quand tu t’interroges sur dieu, tu ne trouves rien à répondre, rien à dire, à part je suis ?
-Je suis dieu, Tatonga ?
-Mais c’est évident, Tictoc. Pour te créer, dieu te tire de lui-même, il te crée de sa substance, avec sa substance spirituelle, il ne t’importe pas de Chine. Il n’y a que lui et c’est lui qui circule, il passe de l’être à l’existence (il se fait toi en te faisant naitre) et de l’existence à l’être (il quitte ton corps physique). Quand il n’existe pas, il est. Mais quand il existe, il existe sans cesser d’être et c’est toi.
-C’est donc ça, créer ?
-La création, Tictoc, n’est rien d’autre que le passage de dieu lui-même dans l’existence, son entrée dans l’espace-temps. Il crée en existant. Dieu crée à l’intérieur de l’espace-temps, il crée en se transformant lui-même à l’intérieur de ce champ. A l’intérieur, tu peux le voir en te regardant. A l’extérieur, vous vous confondez, tu es tout lui et il est tout toi.
-Tatonga, je suis tenté de dire que dieu est comme un flux liquide qui, en traversant l’espace-temps, devient solide sans cesser d’être le flux, et qui redevient liquide après.
-Oui, l’image est assez parlante. »
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
L’homme seul.
« Tatonga, qui est le maitre d’oeuvre de ce monde ?
-Que veux-tu dire ?
-Qui a modelé ce monde, est-ce la matière ?
-C’est donc ça ta question ! Tictoc, la matière peut tout être et tout faire, beaucoup de choses, même des êtres qui marchent et qui pensent, mais il y a une limite.
-Une limite, quelle limite ?
-Elle ne peut pas à la fois être matière et ne pas être matière. Quand les tenants de la matière te parlent de la matière, tu les vois souvent oublier cette limite, et la matière dans leur bouche n’a plus alors de la matière que le nom. Il y a en l’homme, Tictoc, une profondeur, une dimension, impossible à attribuer à la matière, il est difficile de trouver les mots pour te dire quoi, je crois qu’il n’y a pas de mots du tout, je dirai donc tout simplement que la matière ne peut pas, par exemple, rêver, espérer, avoir des regrets, des remords, se laisser échapper une larme ou un soupir, ou alors ce n’est plus de la matière.
-Donc, les adeptes de la matière sont, soit trop bêtes pour se rendre compte qu’ils se trompent, soit malhonnêtes.
-Ni l’un, ni l’autre, Tictoc, mais s’ils disaient que ce n’est pas la matière qui mène la danse cela signifierait ipso facto que c’est l’esprit.
-Tu veux dire que si ce n’est pas la matière, c’est automatiquement l’esprit ?
-Oui, si ce n’est pas l’un, c’est l’autre. Pour comprendre ça, il faut connaitre le sens profond de ces mots. Matière signifie que le monde n’a aucun sens ; esprit signifie que le monde en a. Tu comprends maintenant que si tu dis que le monde n’est pas dénué de sens (que ce n’est pas la matière), tu affirmes de fait qu’il a un sens (que c’est l’esprit).
-D’accord, j’ai compris, mais alors pourquoi ne disent-ils pas carrément que c’est l’esprit qui est le maitre d’orchestre ?
-Parce que l’esprit maitre d’orchestre, ce n’est pas plus évident. Il faut comprendre le sens profond de ce mot esprit, Tictoc. L’esprit est un esprit qui intervient. L’esprit, c’est le contraire de l’indifférence, sinon il serait synonyme de matière. Or, on ne voit qu’indifférence, une indifférence totale, je dirais une absence totale. On n’a jamais vu cet esprit intervenir dans le monde, à croire qu’il est plus mort… que la matière. Un esprit insensible, c’est de la matière, Tictoc, pire que la matière.
-La thèse de l’esprit, n’est donc pas plus fiable.
-Oui, elle n’est pas plus crédible que la thèse de la matière, alors chacun enfourche la thèse de son choix, selon son tempérament, et c’est pourquoi il y a deux courants qui s’opposent et s’opposeront éternellement.
-Et toi, c’est quoi ta thèse, Tatonga ?
-Je crois que les deux thèses sont fausses. La démarche, l’approche adoptée pour comprendre le monde est mauvaise, les concepts même de matière et d’esprit sont inappropriés et les questions posées ne sont pas les bonnes.
-Tatonga, dire que les thèses en présence sont fausses, ce n’est pas avoir une thèse, en as-tu une ?
-Je vois que tu as appris à parler, Tictoc. Je pense qu’il n’y a que l’homme, plus généralement la vie, une vie apparue ex nihilo, qui a de tout temps existé, d’elle-même, tout seule. Je crois qu’il n’y a que l’homme dans le monde, que l’homme est seul dans le monde, qu’il n’y a que lui, qu’il n’est le produit ni de la matière ni de l’esprit, mais l’expression optimale de la vie, qu’il est tel que tu le connais et que dès lors la question de savoir qui l’a engendré ne se pose plus.
-Ça, c’est nouveau !
-Oui, Tictoc, aucune des deux thèses ne tient la route, et cette histoire de matière et de dieu dans laquelle nous pataugeons depuis des millénaires commence sérieusement à nous emmerder. Quelle idée quand même d’aller imaginer une histoire pareille ! Quelle histoire, mon Dieu, quelle histoire ! Je suis convaincu, Tictoc, qu’il n’y a rien de tout cela, que tu es le seul à être et que le monde avec ses objets n’est qu’une construction de ton esprit. Donc, ni dieu, ni matière, et tout devient clair. Tu verras la prochaine fois, quand je t’aurai expliqué, que c’est la seule et unique thèse possible, à la fois simple et crédible. »
« Tatonga, qui est le maitre d’oeuvre de ce monde ?
-Que veux-tu dire ?
-Qui a modelé ce monde, est-ce la matière ?
-C’est donc ça ta question ! Tictoc, la matière peut tout être et tout faire, beaucoup de choses, même des êtres qui marchent et qui pensent, mais il y a une limite.
-Une limite, quelle limite ?
-Elle ne peut pas à la fois être matière et ne pas être matière. Quand les tenants de la matière te parlent de la matière, tu les vois souvent oublier cette limite, et la matière dans leur bouche n’a plus alors de la matière que le nom. Il y a en l’homme, Tictoc, une profondeur, une dimension, impossible à attribuer à la matière, il est difficile de trouver les mots pour te dire quoi, je crois qu’il n’y a pas de mots du tout, je dirai donc tout simplement que la matière ne peut pas, par exemple, rêver, espérer, avoir des regrets, des remords, se laisser échapper une larme ou un soupir, ou alors ce n’est plus de la matière.
-Donc, les adeptes de la matière sont, soit trop bêtes pour se rendre compte qu’ils se trompent, soit malhonnêtes.
-Ni l’un, ni l’autre, Tictoc, mais s’ils disaient que ce n’est pas la matière qui mène la danse cela signifierait ipso facto que c’est l’esprit.
-Tu veux dire que si ce n’est pas la matière, c’est automatiquement l’esprit ?
-Oui, si ce n’est pas l’un, c’est l’autre. Pour comprendre ça, il faut connaitre le sens profond de ces mots. Matière signifie que le monde n’a aucun sens ; esprit signifie que le monde en a. Tu comprends maintenant que si tu dis que le monde n’est pas dénué de sens (que ce n’est pas la matière), tu affirmes de fait qu’il a un sens (que c’est l’esprit).
-D’accord, j’ai compris, mais alors pourquoi ne disent-ils pas carrément que c’est l’esprit qui est le maitre d’orchestre ?
-Parce que l’esprit maitre d’orchestre, ce n’est pas plus évident. Il faut comprendre le sens profond de ce mot esprit, Tictoc. L’esprit est un esprit qui intervient. L’esprit, c’est le contraire de l’indifférence, sinon il serait synonyme de matière. Or, on ne voit qu’indifférence, une indifférence totale, je dirais une absence totale. On n’a jamais vu cet esprit intervenir dans le monde, à croire qu’il est plus mort… que la matière. Un esprit insensible, c’est de la matière, Tictoc, pire que la matière.
-La thèse de l’esprit, n’est donc pas plus fiable.
-Oui, elle n’est pas plus crédible que la thèse de la matière, alors chacun enfourche la thèse de son choix, selon son tempérament, et c’est pourquoi il y a deux courants qui s’opposent et s’opposeront éternellement.
-Et toi, c’est quoi ta thèse, Tatonga ?
-Je crois que les deux thèses sont fausses. La démarche, l’approche adoptée pour comprendre le monde est mauvaise, les concepts même de matière et d’esprit sont inappropriés et les questions posées ne sont pas les bonnes.
-Tatonga, dire que les thèses en présence sont fausses, ce n’est pas avoir une thèse, en as-tu une ?
-Je vois que tu as appris à parler, Tictoc. Je pense qu’il n’y a que l’homme, plus généralement la vie, une vie apparue ex nihilo, qui a de tout temps existé, d’elle-même, tout seule. Je crois qu’il n’y a que l’homme dans le monde, que l’homme est seul dans le monde, qu’il n’y a que lui, qu’il n’est le produit ni de la matière ni de l’esprit, mais l’expression optimale de la vie, qu’il est tel que tu le connais et que dès lors la question de savoir qui l’a engendré ne se pose plus.
-Ça, c’est nouveau !
-Oui, Tictoc, aucune des deux thèses ne tient la route, et cette histoire de matière et de dieu dans laquelle nous pataugeons depuis des millénaires commence sérieusement à nous emmerder. Quelle idée quand même d’aller imaginer une histoire pareille ! Quelle histoire, mon Dieu, quelle histoire ! Je suis convaincu, Tictoc, qu’il n’y a rien de tout cela, que tu es le seul à être et que le monde avec ses objets n’est qu’une construction de ton esprit. Donc, ni dieu, ni matière, et tout devient clair. Tu verras la prochaine fois, quand je t’aurai expliqué, que c’est la seule et unique thèse possible, à la fois simple et crédible. »
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
La toute-puissance biotique.
« Tatonga, tu disais que le monde était une construction de notre mental, mais si le monde était une illusion, on s’en serait quand même rendu compte…
-Non, c’est impossible, Tictoc. Pour que tu te rendes compte d’une illusion, il faudrait que tu aies un repère, une référence, quelque chose de vrai sous la main pour pouvoir comparer, or ce vrai n’existe pas plus que le fictif. Tout est d’une seule pièce, uni et uniforme. Il s’ensuit que fictif et réel n’ont en vérité aucun sens, le monde n’est ni l’un ni l’autre, et construction mentale ne veut pas dire fictif.
-Et dans ce monde, il n’y a que l’homme seul ?
-Oui, tu peux fouiller l’univers, sortir de l’univers, aller en deçà et au-delà, tu ne trouveras rien. Il n’y a que la vie et son environnement.
-D’où vient cet environnement ?
-Tictoc, il y a dans la vie, comme en l’homme, une part de spirituel et une part matérielle qui vont ensemble. La vie génère son cocon, c’est-à-dire le cosmos et ton corps, elle édifie son logis. Ne trouves-tu pas que c’est plus réaliste, plus simple et plus cohérent que les mythes que tu nourris ?
-Mon mythe, Tatonga, c’est le Dieu tout puissant.
-Je le sais, Tictoc, mais Dieu est un mot, un nom que tu as affublé d’attributs, un uniforme que tu as couvert de décorations, sans savoir qui doit porter ce nom, ni à quel général faire endosser cet uniforme.
-Bon, bon, passons, c’est donc la vie qui aurait tissé le cosmos ?
-Oui, et la vie ce n’est pas un simple mot ou un uniforme, Tictoc, la vie, ça existe effectivement et ça possède des attributs et des qualités. Il n’y a rien de plus fort, de plus puissant que la vie, il lui fallait être incommensurablement puissante pour pouvoir émerger, plus puissante que toutes les forces qui s’opposent à son émergence. Certains physiciens ne disent-ils pas que tout est énergie ? Oui, il s’agit bien d’une énergie, mais d’une énergie vitale, pas celle qui se mesure en joules.
-D’accord, Tatonga, mais il se trouve que l’homme, dont tu disais qu’il était la forme achevée de la vie, est mortel, et ça, ma foi, ça fait comme une fausse note dans ta jolie thèse.
-Mortel, c’est toi qui le dis. La vie est la négation même de la mort, c’est la non-mort, ignorerais-tu le sens des mots, Tictoc ?
-Et pourtant…
-Et pourtant quoi ? Ne t’ai-je pas dit que la vie est du spirituel ancré dans le matériel ? La part matérielle peut se transformer, s’effriter, se pulvériser, sans jamais disparaitre complètement. La part spirituelle, et parce qu’elle est spirituelle et non matérielle, est inaltérable, indestructible par définition et par nature. C’est ce qui perdure quand tout change.
-Et pourtant, je meurs bien et il n’y a pas que ma partie matérielle qui s’en va.
-Non, Tictoc, tu changes de logis, tu passes d’un logis à un autre que tu auras choisi… et tissé. Et ça se comprend, Tictoc, la vie étant par excellence une dynamique, tu ne peux pas stagner tout le temps dans le même logis.
-Que j’aurai choisi, ha ha ha, alors explique-moi, Tatonga, comment, toi, tu as pu choisir la vie misérable que tu mènes ?
-Oui, c’est moi qui ai choisi. Te souviens-tu, Tictoc, du rêve que tu as fait la nuit passée ? Jamais, au grand jamais, aurais-tu vécu dix-mille ans, tu n’aurais pu imaginer ces scènes oniriques saugrenues et aberrantes. Et pourtant, elles sont de toi, c’est toi qui rêves. Ton esprit, Tictoc, est souvent traversé de pensées secrètes que tu ignores, et on peut dire que lorsque tu rêves, ton esprit fait en quelque sorte des choix de vie, mais à blanc. Oui, Tictoc, ton esprit se fait des idées à ton insu et tu ne peux jamais savoir où il est capable de te mener et ce qu’il pourrait choisir. C’est ton esprit qui choisit pour des raisons que tu ignores, mais c’est ton esprit et c’est donc toi.
-Je ne commande pas à mon esprit ?
-Toi, commander à ton esprit, mais qui es-tu pour commander à ton esprit ? Ton esprit est la vie, la vie est ce qu’il y a de suprême, et personne ne peut commander à la vie, c’est plutôt elle qui commande au cocon. »
« Tatonga, tu disais que le monde était une construction de notre mental, mais si le monde était une illusion, on s’en serait quand même rendu compte…
-Non, c’est impossible, Tictoc. Pour que tu te rendes compte d’une illusion, il faudrait que tu aies un repère, une référence, quelque chose de vrai sous la main pour pouvoir comparer, or ce vrai n’existe pas plus que le fictif. Tout est d’une seule pièce, uni et uniforme. Il s’ensuit que fictif et réel n’ont en vérité aucun sens, le monde n’est ni l’un ni l’autre, et construction mentale ne veut pas dire fictif.
-Et dans ce monde, il n’y a que l’homme seul ?
-Oui, tu peux fouiller l’univers, sortir de l’univers, aller en deçà et au-delà, tu ne trouveras rien. Il n’y a que la vie et son environnement.
-D’où vient cet environnement ?
-Tictoc, il y a dans la vie, comme en l’homme, une part de spirituel et une part matérielle qui vont ensemble. La vie génère son cocon, c’est-à-dire le cosmos et ton corps, elle édifie son logis. Ne trouves-tu pas que c’est plus réaliste, plus simple et plus cohérent que les mythes que tu nourris ?
-Mon mythe, Tatonga, c’est le Dieu tout puissant.
-Je le sais, Tictoc, mais Dieu est un mot, un nom que tu as affublé d’attributs, un uniforme que tu as couvert de décorations, sans savoir qui doit porter ce nom, ni à quel général faire endosser cet uniforme.
-Bon, bon, passons, c’est donc la vie qui aurait tissé le cosmos ?
-Oui, et la vie ce n’est pas un simple mot ou un uniforme, Tictoc, la vie, ça existe effectivement et ça possède des attributs et des qualités. Il n’y a rien de plus fort, de plus puissant que la vie, il lui fallait être incommensurablement puissante pour pouvoir émerger, plus puissante que toutes les forces qui s’opposent à son émergence. Certains physiciens ne disent-ils pas que tout est énergie ? Oui, il s’agit bien d’une énergie, mais d’une énergie vitale, pas celle qui se mesure en joules.
-D’accord, Tatonga, mais il se trouve que l’homme, dont tu disais qu’il était la forme achevée de la vie, est mortel, et ça, ma foi, ça fait comme une fausse note dans ta jolie thèse.
-Mortel, c’est toi qui le dis. La vie est la négation même de la mort, c’est la non-mort, ignorerais-tu le sens des mots, Tictoc ?
-Et pourtant…
-Et pourtant quoi ? Ne t’ai-je pas dit que la vie est du spirituel ancré dans le matériel ? La part matérielle peut se transformer, s’effriter, se pulvériser, sans jamais disparaitre complètement. La part spirituelle, et parce qu’elle est spirituelle et non matérielle, est inaltérable, indestructible par définition et par nature. C’est ce qui perdure quand tout change.
-Et pourtant, je meurs bien et il n’y a pas que ma partie matérielle qui s’en va.
-Non, Tictoc, tu changes de logis, tu passes d’un logis à un autre que tu auras choisi… et tissé. Et ça se comprend, Tictoc, la vie étant par excellence une dynamique, tu ne peux pas stagner tout le temps dans le même logis.
-Que j’aurai choisi, ha ha ha, alors explique-moi, Tatonga, comment, toi, tu as pu choisir la vie misérable que tu mènes ?
-Oui, c’est moi qui ai choisi. Te souviens-tu, Tictoc, du rêve que tu as fait la nuit passée ? Jamais, au grand jamais, aurais-tu vécu dix-mille ans, tu n’aurais pu imaginer ces scènes oniriques saugrenues et aberrantes. Et pourtant, elles sont de toi, c’est toi qui rêves. Ton esprit, Tictoc, est souvent traversé de pensées secrètes que tu ignores, et on peut dire que lorsque tu rêves, ton esprit fait en quelque sorte des choix de vie, mais à blanc. Oui, Tictoc, ton esprit se fait des idées à ton insu et tu ne peux jamais savoir où il est capable de te mener et ce qu’il pourrait choisir. C’est ton esprit qui choisit pour des raisons que tu ignores, mais c’est ton esprit et c’est donc toi.
-Je ne commande pas à mon esprit ?
-Toi, commander à ton esprit, mais qui es-tu pour commander à ton esprit ? Ton esprit est la vie, la vie est ce qu’il y a de suprême, et personne ne peut commander à la vie, c’est plutôt elle qui commande au cocon. »
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
Animal.
« Tatonga, l’homme est-il un animal ?
-Voilà bien ce que j’appellerai une question pour brasser du vent. Ça t’avancerait à quoi, Tictoc, du moment que tu sais distinguer l’homme de l’animal ?
-C’est pourtant une question qui se pose, Tatonga, et je ne suis pas le premier…
-Pour répondre à ta question, Tictoc, il faut savoir s’il y a ou non un caractère très fort, une caractéristique, une qualité, qui les différencie radicalement et pas qu’un peu.
-Et il existe ce caractère, Tatonga ?
-Oui, Tictoc. Je crois que dès son apparition, l’homme a été capable de penser, alors qu’on ne peut pas en dire autant de l’animal.
-Donc l’homme pense ?
-Quand il fait froid, par exemple, l’animal ressent le froid, alors que l’homme se dit, tiens, il fait froid, j’ai froid. L’animal ressent, l’homme prend conscience et forme une pensée. C’est la grande différence et tout est parti de là, Tictoc.
-Que veux-tu dire ?
-Non seulement l’homme pense, mais il a su très tôt, et c’est un grand prodige, traduire ses pensées en signes vocaux, en sons, en bruit perceptible par l’oreille, pour les communiquer.
-C’est un grand prodige effectivement, mais il parait que l’animal aussi communique.
-Je ne pense pas, Tictoc. Peut-être communique-t-il, mais alors de façon très rudimentaire et très limitée, peut-être peut-il transmettre deux ou trois messages, toujours les mêmes, tandis que l’homme arrive même à nuancer ses messages, à coups d’adjectifs, d’adverbes, etc.
-Il est très fort effectivement.
-Et ça ne s’arrête pas là, Tictoc. Après avoir traduit sa pensée en sons, il a traduit les sons en signes scripturaux, en signes graphiques visuels. C’est proprement incroyable, mais on n’est pas là pour faire l’inventaire de tout ce qu’il a réalisé.
-Donc l’homme pense ?
-En vérité, Tictoc, je ne le crois pas du tout. Qui es-tu, Tictoc, pour avoir des pensées, qui es-tu pour pouvoir penser ?
-Pourtant tu as dit que je pensais.
-Non, Tictoc, à proprement parler, tu ne penses pas, tu ne peux pas penser, tu n’es personne pour penser, tu fais simplement partie de la nature, mais je t’expliquerai tout cela après. »
« Tatonga, l’homme est-il un animal ?
-Voilà bien ce que j’appellerai une question pour brasser du vent. Ça t’avancerait à quoi, Tictoc, du moment que tu sais distinguer l’homme de l’animal ?
-C’est pourtant une question qui se pose, Tatonga, et je ne suis pas le premier…
-Pour répondre à ta question, Tictoc, il faut savoir s’il y a ou non un caractère très fort, une caractéristique, une qualité, qui les différencie radicalement et pas qu’un peu.
-Et il existe ce caractère, Tatonga ?
-Oui, Tictoc. Je crois que dès son apparition, l’homme a été capable de penser, alors qu’on ne peut pas en dire autant de l’animal.
-Donc l’homme pense ?
-Quand il fait froid, par exemple, l’animal ressent le froid, alors que l’homme se dit, tiens, il fait froid, j’ai froid. L’animal ressent, l’homme prend conscience et forme une pensée. C’est la grande différence et tout est parti de là, Tictoc.
-Que veux-tu dire ?
-Non seulement l’homme pense, mais il a su très tôt, et c’est un grand prodige, traduire ses pensées en signes vocaux, en sons, en bruit perceptible par l’oreille, pour les communiquer.
-C’est un grand prodige effectivement, mais il parait que l’animal aussi communique.
-Je ne pense pas, Tictoc. Peut-être communique-t-il, mais alors de façon très rudimentaire et très limitée, peut-être peut-il transmettre deux ou trois messages, toujours les mêmes, tandis que l’homme arrive même à nuancer ses messages, à coups d’adjectifs, d’adverbes, etc.
-Il est très fort effectivement.
-Et ça ne s’arrête pas là, Tictoc. Après avoir traduit sa pensée en sons, il a traduit les sons en signes scripturaux, en signes graphiques visuels. C’est proprement incroyable, mais on n’est pas là pour faire l’inventaire de tout ce qu’il a réalisé.
-Donc l’homme pense ?
-En vérité, Tictoc, je ne le crois pas du tout. Qui es-tu, Tictoc, pour avoir des pensées, qui es-tu pour pouvoir penser ?
-Pourtant tu as dit que je pensais.
-Non, Tictoc, à proprement parler, tu ne penses pas, tu ne peux pas penser, tu n’es personne pour penser, tu fais simplement partie de la nature, mais je t’expliquerai tout cela après. »
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
La main et la voix.
« Donc, si j’ai bien compris, Tatonga, je ne pense pas ?
-Il faut comprendre, Tictoc, que tu n’es pas une entité indépendante, pas un dieu, tu n’es qu’une cellule du corps cosmique, tu ne peux rien avoir en propre à toi et encore moins penser par toi-même. Telle la feuille de platane, tu frémis sous le souffle de la bise. Tes instincts et tes réflexes, par exemple, ne sont pas pensés, t’es-tu demandé d’où ils te viennent ? Il en est de même, Tictoc, de ce que tu appelles tes pensées, tu ne penses pas, tu oscilles au gré du vent.
-J’oscille au gré du vent ?
-Oui, Tictoc, tu subis. Tu n’échappes pas une seconde à l’influence de la nature, elle te parle à tout instant, c’est elle qui te suggère tes pensées quand tu crois penser, décider et agir. Quand les dirigeants de ce monde décident d’entrer en guerre, crois-tu que c’est de leur propre initiative ? Non, Tictoc, c’est la nature qui les y engage à leur insu.
-La nature engage les hommes à faire la guerre comme en Ukraine, à tuer d’autres hommes ?
-Oui, Tictoc, elle le fait pour des raisons qu’elle est seule à connaitre, mais toujours pour son propre équilibre, même si nous ne voyons pas comment et pourquoi.
-Tuer d’autres hommes, ça ne devrait quand même pas se faire, ces dirigeants ne craignent-ils donc pas dieu ?
-Tout le monde craint dieu, Tictoc, mais je vois que tu connais mal le dieu des hommes. Il a toujours été conciliant, il sait lever les interdits. Il suffit de lui dire ce que tu veux faire et il finit toujours par répondre après tout, pourquoi pas… si tu vois ce que je veux dire.
-Laisse tomber dieu et dis-moi comment la nature communique avec les hommes.
-C’est ton corps tout entier qui reçoit les messages, les décode et réagit en conséquence, comme n’importe quel animal ou végétal. Mais toi, tu es plus perfectionné, infiniment plus apte à recevoir et traiter les messages. Quand tu t’es détaché de l’animal, par le hasard d’une mutation génétique selon les savants, c’est en fait la nature qui a bricolé l’animal pour obtenir un spécimen plus performant, toi, capable de traduire en pensées les messages de la nature grâce à ton cerveau, et de traduire ces pensées en sons audibles grâce à ta langue. Tu crois toujours, Tictoc, que tout cela s’est fait par hasard ?
-Et dieu, c’est quoi son rôle dans tout ça ?
-Le dieu que s’imaginent les hommes est un mythe, Tictoc, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de dieu. Cette main qui a bricolé l’animal pour en extraire l’homme et cette voix qui te parle de l’intérieur ou à travers la nature, qu’est-ce qui t’empêche de dire qu’elles sont la main et la voix d’un dieu ? En vérité, tu ne trouveras jamais plus fort, plus savant et plus puissant que ce dieu-là, mais tu ne sais et tu ne peux rien savoir d’autre de ce dieu, le vrai, l’unique, et tu ne dois rien en dire de plus si tu ne veux pas en faire un mythe. »
« Donc, si j’ai bien compris, Tatonga, je ne pense pas ?
-Il faut comprendre, Tictoc, que tu n’es pas une entité indépendante, pas un dieu, tu n’es qu’une cellule du corps cosmique, tu ne peux rien avoir en propre à toi et encore moins penser par toi-même. Telle la feuille de platane, tu frémis sous le souffle de la bise. Tes instincts et tes réflexes, par exemple, ne sont pas pensés, t’es-tu demandé d’où ils te viennent ? Il en est de même, Tictoc, de ce que tu appelles tes pensées, tu ne penses pas, tu oscilles au gré du vent.
-J’oscille au gré du vent ?
-Oui, Tictoc, tu subis. Tu n’échappes pas une seconde à l’influence de la nature, elle te parle à tout instant, c’est elle qui te suggère tes pensées quand tu crois penser, décider et agir. Quand les dirigeants de ce monde décident d’entrer en guerre, crois-tu que c’est de leur propre initiative ? Non, Tictoc, c’est la nature qui les y engage à leur insu.
-La nature engage les hommes à faire la guerre comme en Ukraine, à tuer d’autres hommes ?
-Oui, Tictoc, elle le fait pour des raisons qu’elle est seule à connaitre, mais toujours pour son propre équilibre, même si nous ne voyons pas comment et pourquoi.
-Tuer d’autres hommes, ça ne devrait quand même pas se faire, ces dirigeants ne craignent-ils donc pas dieu ?
-Tout le monde craint dieu, Tictoc, mais je vois que tu connais mal le dieu des hommes. Il a toujours été conciliant, il sait lever les interdits. Il suffit de lui dire ce que tu veux faire et il finit toujours par répondre après tout, pourquoi pas… si tu vois ce que je veux dire.
-Laisse tomber dieu et dis-moi comment la nature communique avec les hommes.
-C’est ton corps tout entier qui reçoit les messages, les décode et réagit en conséquence, comme n’importe quel animal ou végétal. Mais toi, tu es plus perfectionné, infiniment plus apte à recevoir et traiter les messages. Quand tu t’es détaché de l’animal, par le hasard d’une mutation génétique selon les savants, c’est en fait la nature qui a bricolé l’animal pour obtenir un spécimen plus performant, toi, capable de traduire en pensées les messages de la nature grâce à ton cerveau, et de traduire ces pensées en sons audibles grâce à ta langue. Tu crois toujours, Tictoc, que tout cela s’est fait par hasard ?
-Et dieu, c’est quoi son rôle dans tout ça ?
-Le dieu que s’imaginent les hommes est un mythe, Tictoc, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de dieu. Cette main qui a bricolé l’animal pour en extraire l’homme et cette voix qui te parle de l’intérieur ou à travers la nature, qu’est-ce qui t’empêche de dire qu’elles sont la main et la voix d’un dieu ? En vérité, tu ne trouveras jamais plus fort, plus savant et plus puissant que ce dieu-là, mais tu ne sais et tu ne peux rien savoir d’autre de ce dieu, le vrai, l’unique, et tu ne dois rien en dire de plus si tu ne veux pas en faire un mythe. »
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
1° avril.
« Tatonga, peux-tu me dire à quoi sert le monde ?
-Je préfère ne pas répondre, Tictoc, il vaut mieux changer de question.
-Alors dis-moi ce que veut dire créer.
-Créer, dieu crée, Tictoc, l’homme aussi.
-L’homme aussi ?
-Oui, Tictoc, tout le monde crée, quand tu imagines, quand tu rêves, tu crées, mais on dit que ce sont les artistes surtout qui créent. Ils écrivent des romans, des poèmes, des chansons, des musiques, font des films, peignent des toiles, sculptent des objets… Ils créent des tranches de vie, de la vie des hommes, de la vie tout court, du monde, pour exprimer et communiquer un sentiment, une émotion…
-Et comment arrivent-ils à créer, Tatonga ?
-Ils puisent dans le monde les matériaux dont ils ont besoin, les lignes, les courbes, la lumière, l’ombre, les couleurs, les sons, les scènes, et les organisent à leur manière pour produire des mondes imaginaires. Ce sont d’habiles plagiaires de la nature et de la vie.
-Et dieu, il crée comment ?
-Dieu crée à partir de rien, Tictoc, il n’a rien à sa disposition, aucun matériau, rien à imiter, il crée de rien, à partir de rien.
-Et il arrive à créer ?
-Oui, Tictoc, il a créé la ligne droite, la courbe, le jaune, l’orange, le triangle, le cercle, la lumière, la peur, la joie, toutes choses qu’il n’a jamais connues auparavant. Il a créé le point, il a créé le mouvement…
-Le point, ce n’est quand même pas difficile…
-Oh si, Tictoc, très difficile. Pour faire le point, il faut penser l’espace et vice versa, pas facile, pas facile du tout. Pour créer le mouvement, il faut penser le point, l’espace, le temps, c’est très compliqué, Tictoc.
-Peut-être que dieu n’a rien créé du tout, Tatonga, peut-être que tout est là tout seul.
-Même dans le cas où tout serait là tout seul, Tictoc, il y a quand même création puisque le monde est bien là, il y a autocréation de la création et ça suffit pour dire qu’il y a création. S’il y a autocréation, il y a création, et donc un dieu. Dieu est incontournable, Tictoc, il faut savoir où regarder pour le voir. Le problème n’est pas dieu, Tictoc.
-Et c’est quoi le problème alors ?
-Le problème est de savoir qui et ce qu’il est, et c’est pour cela que les hommes prient.
-Je n’ai pas bien compris pourquoi ils prient.
-Ils prient, Tictoc, ils espèrent et ils prient que dieu n’ait pas créé le monde un 1° avril. »
« Tatonga, peux-tu me dire à quoi sert le monde ?
-Je préfère ne pas répondre, Tictoc, il vaut mieux changer de question.
-Alors dis-moi ce que veut dire créer.
-Créer, dieu crée, Tictoc, l’homme aussi.
-L’homme aussi ?
-Oui, Tictoc, tout le monde crée, quand tu imagines, quand tu rêves, tu crées, mais on dit que ce sont les artistes surtout qui créent. Ils écrivent des romans, des poèmes, des chansons, des musiques, font des films, peignent des toiles, sculptent des objets… Ils créent des tranches de vie, de la vie des hommes, de la vie tout court, du monde, pour exprimer et communiquer un sentiment, une émotion…
-Et comment arrivent-ils à créer, Tatonga ?
-Ils puisent dans le monde les matériaux dont ils ont besoin, les lignes, les courbes, la lumière, l’ombre, les couleurs, les sons, les scènes, et les organisent à leur manière pour produire des mondes imaginaires. Ce sont d’habiles plagiaires de la nature et de la vie.
-Et dieu, il crée comment ?
-Dieu crée à partir de rien, Tictoc, il n’a rien à sa disposition, aucun matériau, rien à imiter, il crée de rien, à partir de rien.
-Et il arrive à créer ?
-Oui, Tictoc, il a créé la ligne droite, la courbe, le jaune, l’orange, le triangle, le cercle, la lumière, la peur, la joie, toutes choses qu’il n’a jamais connues auparavant. Il a créé le point, il a créé le mouvement…
-Le point, ce n’est quand même pas difficile…
-Oh si, Tictoc, très difficile. Pour faire le point, il faut penser l’espace et vice versa, pas facile, pas facile du tout. Pour créer le mouvement, il faut penser le point, l’espace, le temps, c’est très compliqué, Tictoc.
-Peut-être que dieu n’a rien créé du tout, Tatonga, peut-être que tout est là tout seul.
-Même dans le cas où tout serait là tout seul, Tictoc, il y a quand même création puisque le monde est bien là, il y a autocréation de la création et ça suffit pour dire qu’il y a création. S’il y a autocréation, il y a création, et donc un dieu. Dieu est incontournable, Tictoc, il faut savoir où regarder pour le voir. Le problème n’est pas dieu, Tictoc.
-Et c’est quoi le problème alors ?
-Le problème est de savoir qui et ce qu’il est, et c’est pour cela que les hommes prient.
-Je n’ai pas bien compris pourquoi ils prient.
-Ils prient, Tictoc, ils espèrent et ils prient que dieu n’ait pas créé le monde un 1° avril. »
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
Des vagues et des joyaux brisés.
« Tatonga, est-ce que dieu a créé le monde un 1° avril ?
-Je ne sais pas, Tictoc, mais depuis des siècles et des siècles, des millénaires et des millénaires, les humains arrivent vague après vague, et telles les vagues, enflent, ondoient, se bousculent, puis s’éloignent, s’estompent et s’en vont mourir au loin. Puis d’autres vagues encore, toujours des vagues, l’une après l’autre, l’une poussant l’autre, et toutes se perdent au loin, depuis des siècles et des siècles. Pourquoi viennent-ils et pourquoi partent-ils, je ne sais pas, Tictoc, je ne sais pas et c’est absurde, absurde car rien, absolument rien, et personne, personne, fût-il dieu, ne peut justifier ce défilement insensé. Je comprends, Tictoc, que dieu n’ait rien à faire d’une ordure comme toi, mais pourquoi laisse-t-il se faner les belles roses et brise-t-il les joyaux et les perles qu’il a façonnés de ses mains ?
-Peut-être que dieu ne nous a même pas vus, Tatonga.
-Je crois que c’est cela, Tictoc. Après tout, que sommes-nous dans cet univers, peut-être à peine une tache sur la coque du navire, que personne ne remarque, ou une mauvaise herbe, oui, une mauvaise herbe qui n’aurait jamais dû pousser, des intrus. C’est vrai, Tictoc, que l’homme n’a rien par quoi se distinguer, à part ses prétentions, son orgueil et sa sauvagerie originelle.
-Les hommes, des sauvages ?
-Ils sont foncièrement mauvais, Tictoc, pourris, devrais-je dire, c’est la pire espèce qui eût jamais existé. Ne te laisse pas bercer par les comptines de la civilisation, ce n’est qu’un verni. Sous ce masque de la duplicité, se cache la hideur de la bête immonde. Seraient-ils seulement deux sur Terre, Tictoc, qu’ils se haïraient, se jalouseraient, s’étriperaient. Rappelle-toi les frères Abel et Caïn.
-Les hommes se distinguent quand même par leur conscience et leur intelligence…
-Pures prétentions, Tictoc, que pèse ton intelligence pour l’univers ? A-t-il besoin de ton intelligence, crois-tu qu’il t’admire ? L’univers subjugué par la conscience et l’intelligence de Tictoc ! Pauvre Tictoc !
-Il y a un dieu suprême, Tatonga, qui…
-Un dieu suprême qui… qui… qui quoi, Tictoc ? Et pourquoi alors ces processions absurdes et ces carnages infinis ? Ta façon de voir un dieu tout en haut veillant sur sa création est très naïve, Tictoc, infantile. C’est une pure invention, un mythe suprême. S’il faut absolument trouver un dieu, Tictoc, il ne peut être que tapi en toi, comme la bestiole dans sa pelote de poils. C’est celui-là ton dieu, il habite en toi. Tes yeux sont tes yeux, mais c’est lui qui regarde par le trou de tes yeux. Quand tes yeux versent des larmes, c’est lui qui pleure. Il est toi et… partage ton sort. »
Tatonga- Admin
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