Pérégrinations 3.
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Re: Pérégrinations 3.
Le même.
"Tatonga, je veux te faire lire un texte.
-En voilà une idée, Tictoc, pourquoi veux-tu me faire lire un texte ?
-Lis-le d’abord, Tatonga, on parlera après. Le voici, il n’est pas long :
Où nous allons ? Qui le sait ? Devant moi, il y avait… qu’y avait-il ? Autre chose. Autre chose qui n’existait pas encore et que nous appelons l’avenir. Quelque chose de différent, et même de très différent – et pourtant de semblable. Autre chose, mais la même chose. Et la mort.
-C’est toi qui as écrit ça, Tictoc ?
-Non c’est d’Ormesson.
-Ah merde, j’ai failli te dire que c’était plein de fautes. Il est formidable, Tictoc, il faut être très fort pour dire toutes ces choses si profondes avec des mots si simples, et quelle poésie !
-Dis-moi, Tatonga, c’est quoi cette autre chose de différent ?
-Ou tu comprends ou tu ne comprends pas, on n’explique pas ce genre de textes, Tictoc, expliquer c’est abâtardir. Mais bon, je vais te dire la même chose, mais à ma façon, ce sera plus facile à comprendre. Imagine, Tictoc, que tu te rendes à cent mille ans d’ici, tu verras que tout est différent, tu verras que les choses que tu connaissais ont toutes disparu ou presque, tu verras des choses inconnues, même les hommes auront disparu et tu verras peut-être d’autres créatures. Le climat, les paysages, seront différents, c’est comme si tu te trouvais dans un autre monde.
-Je n’ai pas vu que d’Ormesson parlait de mille ans ou faisait de la poésie, mais passons. Et pourquoi et c’est quoi cette chose toujours la même, Tatonga ?
-Tout est là, Tictoc, et ça, c’est plus difficile à comprendre. Au-delà de tous ces changements, il y a quelque chose qui reste le même. C’est ce quelque chose qui est le monde. Il faut bien comprendre, Tictoc, que sans ce quelque chose qui est toujours le même, il n’y aurait jamais eu un monde, c’est ce quelque chose pérenne qui fait la pérennité du monde. Dirait-on qu’il y a un monde et à quoi ressemblerait-il si chaque jour il y en avait un différent ? Cette chose pérenne est comme un moule, la corde invisible du tapis ou le tubercule de la tulipe. C’est ce quelque chose immuable et silencieux qui fait que, où que tu ailles, aussi lointaine et différente que puisse être l’époque que tu visiterais, tu comprendrais, tu saurais d’instinct, que c’est toujours la même chose, que c’est toujours le même monde.
-Oui, mais c’est quoi ce truc pérenne invisible, Tatonga ?
-Comment savoir, Tictoc ? C’est peut-être le temps ou l’espace ou les deux ensemble, ou la conscience, ta conscience, la conscience de ceux qui sont conscients. Et c’est ce quelque chose qui ne change pas, cette trame éternelle sans laquelle rien n’aurait pu être, qui est dieu, Tictoc.
-C’est ça dieu ?
-Eh oui, c’est ça dieu, Tictoc. C’est lui, car sans lui, rien de ces choses qui changent au fil du temps n’aurait pu être. Pas de tapis, pas de tulipe. C’est lui, Tictoc, et il est là à regarder changer le monde, sans bouger, sans dire mot, comme un grand œil ouvert qui ne se ferme jamais, ne cille jamais. Ne t’inquiète pas, Tictoc, il ne fera jamais un geste, ne dira jamais un mot. Un grand œil ouvert, le seul, l’unique, le même, qui te fixe sans jamais te quitter, comme l’œil qui regardait Caïn. "
"Tatonga, je veux te faire lire un texte.
-En voilà une idée, Tictoc, pourquoi veux-tu me faire lire un texte ?
-Lis-le d’abord, Tatonga, on parlera après. Le voici, il n’est pas long :
Où nous allons ? Qui le sait ? Devant moi, il y avait… qu’y avait-il ? Autre chose. Autre chose qui n’existait pas encore et que nous appelons l’avenir. Quelque chose de différent, et même de très différent – et pourtant de semblable. Autre chose, mais la même chose. Et la mort.
-C’est toi qui as écrit ça, Tictoc ?
-Non c’est d’Ormesson.
-Ah merde, j’ai failli te dire que c’était plein de fautes. Il est formidable, Tictoc, il faut être très fort pour dire toutes ces choses si profondes avec des mots si simples, et quelle poésie !
-Dis-moi, Tatonga, c’est quoi cette autre chose de différent ?
-Ou tu comprends ou tu ne comprends pas, on n’explique pas ce genre de textes, Tictoc, expliquer c’est abâtardir. Mais bon, je vais te dire la même chose, mais à ma façon, ce sera plus facile à comprendre. Imagine, Tictoc, que tu te rendes à cent mille ans d’ici, tu verras que tout est différent, tu verras que les choses que tu connaissais ont toutes disparu ou presque, tu verras des choses inconnues, même les hommes auront disparu et tu verras peut-être d’autres créatures. Le climat, les paysages, seront différents, c’est comme si tu te trouvais dans un autre monde.
-Je n’ai pas vu que d’Ormesson parlait de mille ans ou faisait de la poésie, mais passons. Et pourquoi et c’est quoi cette chose toujours la même, Tatonga ?
-Tout est là, Tictoc, et ça, c’est plus difficile à comprendre. Au-delà de tous ces changements, il y a quelque chose qui reste le même. C’est ce quelque chose qui est le monde. Il faut bien comprendre, Tictoc, que sans ce quelque chose qui est toujours le même, il n’y aurait jamais eu un monde, c’est ce quelque chose pérenne qui fait la pérennité du monde. Dirait-on qu’il y a un monde et à quoi ressemblerait-il si chaque jour il y en avait un différent ? Cette chose pérenne est comme un moule, la corde invisible du tapis ou le tubercule de la tulipe. C’est ce quelque chose immuable et silencieux qui fait que, où que tu ailles, aussi lointaine et différente que puisse être l’époque que tu visiterais, tu comprendrais, tu saurais d’instinct, que c’est toujours la même chose, que c’est toujours le même monde.
-Oui, mais c’est quoi ce truc pérenne invisible, Tatonga ?
-Comment savoir, Tictoc ? C’est peut-être le temps ou l’espace ou les deux ensemble, ou la conscience, ta conscience, la conscience de ceux qui sont conscients. Et c’est ce quelque chose qui ne change pas, cette trame éternelle sans laquelle rien n’aurait pu être, qui est dieu, Tictoc.
-C’est ça dieu ?
-Eh oui, c’est ça dieu, Tictoc. C’est lui, car sans lui, rien de ces choses qui changent au fil du temps n’aurait pu être. Pas de tapis, pas de tulipe. C’est lui, Tictoc, et il est là à regarder changer le monde, sans bouger, sans dire mot, comme un grand œil ouvert qui ne se ferme jamais, ne cille jamais. Ne t’inquiète pas, Tictoc, il ne fera jamais un geste, ne dira jamais un mot. Un grand œil ouvert, le seul, l’unique, le même, qui te fixe sans jamais te quitter, comme l’œil qui regardait Caïn. "
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
L’Ogre.
"Tatonga, tu ne dis plus rien à propos de l’Ukraine, que se passe-t-il ?
-Tout a été dit, il n’y a plus rien à ajouter, Tictoc. Poutine n’a jamais eu l’intention de raser l’Ukraine, mais il ne pouvait pas se douter que l’Occident et ce Zélensky écoeurant resteraient insensibles au sort de ce peuple, fût-il menacé d’extermination. Ce Zélensky, parfaite incarnation de la duplicité, tout en réclamant des cessez-le-feu et des couloirs humanitaires, empêche les populations de quitter les lieux de combat, il n’a aucun scrupule à utiliser les civils, femmes et enfants compris, comme bouclier. Tu comprends dès lors que Poutine soit vraiment embarrassé, il n’y a finalement que lui à être humain. Que veux-tu que je dise de plus, Tictoc ? On connait maintenant toutes les vilénies auxquelles est capable de s’abaisser l’Occident, y compris s’attaquer à la famille personnelle de Poutine. Vilénies connues d’ailleurs depuis longtemps, cela fait des années que je répète sur tous les forums que cet Occident était le diable incarné, un monstre à la gueule dégoulinante de sang.
-Poutine va abdiquer, Tatonga ?
-Ça, jamais, Tictoc. Il ne faut pas y compter.
-Il va utiliser l’arme nucléaire ?
-Je ne sais pas, Tictoc, je ne crois pas. Il faut être fou pour utiliser le nucléaire, cela équivaudrait à un suicide collectif. Le nucléaire est présenté comme arme dissuasive, donc défensive. Mais c’est plutôt une arme pour opprimer les plus faibles, car le seul cas où il pourrait être utilisé à peu près sans beaucoup de risques, c’est contre un pays qui en est dépourvu. Tu as sûrement remarqué que tous les pays envahis et détruits n’avaient pas le nucléaire. Alors comment expliques-tu qu’on interdise à certains pays de disposer de ce moyen de dissuasion pour se protéger ? La voracité de l’Occident est insatiable, Tictoc, sais-tu qu’ils ont même conçu le projet fou de détruire la lune pour récupérer des métaux légers ? Tu imagines le monde sans la lune ?
-On ferait mieux de se débarrasser de ces armes, Tatonga…
-Quand même tout le monde le voudrait, personne ne le ferait, Tictoc. Les relations entre nations sont faites de traitrises, de coups bas, de ruses, de tromperie, personne ne fait confiance à personne. Personne n’irait se désarmer pour s’apercevoir par la suite qu’il s’est fait avoir. Il en est de même de la dépollution, pas de confiance ! Personne n’est dupe pour se lancer naïvement dans un cycle de décroissance et s’affaiblir économiquement. Tout le monde connait la fable du loup que le renard a envoyé au fond du puits en lui faisant croire que la lune qui s’y reflétait était un fromage. La Terre se dégrade, Tictoc et le mur n’est plus très loin, les catastrophes s’accélèrent et s’aggravent de jour en jour, se constatent à vue d’œil. La fin, le mur, c’est dans cinq, dix ans, tout au plus.
-Et l’ONU ne fait rien dans ce conflit Russie-Ukraine ?
-C’est une utopie, Tictoc, de croire qu’il suffit de créer une institution, de remplacer SDN par ONU ou de promulguer une loi pour enchainer le diable. Cela fait belle lurette qu’on sait que l’ONU, le Conseil de sécurité, les institutions financières, FMI, BIRD, etc., les juridictions et les lois internationales, les ONG, la liberté d’expression, le fumeux droit d’ingérence humanitaire …, les médias, le mensonge et l’histoire, sont des leviers, des instruments de domination de l’Occident.
-L’histoire aussi ?
-Oui, l’histoire, et depuis longtemps, Tictoc. Ces civilisations merveilleuses, ces groupes ethniques que l’Occident a qualifiés de sauvages pour les effacer de la surface de la terre dès le 15° et le 16° siècle, si ce n’est avant, ces amérindiens fanatisés qui scalpaient les Blancs en dansant autour d’un poteau au 19° siècle, et ces tribus africaines anthropophages qui faisaient bouillir des humains, toujours des Blancs, dans des chaudrons avant de les manger ou les mangeaient crus… tout cela n’est que mensonges, Tictoc, déshumanisation et diabolisation de l’Autre pour justifier sa propre sauvagerie. C’est toujours le même mensonge qui a cours, Tictoc, du même Occident, du diable sur terre. Rappelle-toi ce que disait de Bush l’inoubliable Chavez* à l’Assemblée générale des Nations unies et ce qu’écrivait, entre autres, le grand Noam Chomsky.
-C’est donc ainsi !?
-Eh oui, Tictoc. A part les deux ou trois belles choses que Dieu a créées, tout est moche dans ce monde. Voilà, tu sais tout maintenant, tu n’as plus rien à apprendre et tu n’as plus rien à faire ici, tu peux aller rejoindre ton créateur et tout lui rapporter."
*Hier, le diable est venu ici. Ici, le diable est entré. Juste ici. [Il fait le signe de croix] Et ça sent encore le soufre aujourd'hui. Hier, Mesdames et Messieurs, de cette tribune, le président des États-Unis, le monsieur que j'appelle le Diable, est venu ici parler comme s'il possédait le monde entier. Vraiment. Comme s'il était le propriétaire du monde.
"Tatonga, tu ne dis plus rien à propos de l’Ukraine, que se passe-t-il ?
-Tout a été dit, il n’y a plus rien à ajouter, Tictoc. Poutine n’a jamais eu l’intention de raser l’Ukraine, mais il ne pouvait pas se douter que l’Occident et ce Zélensky écoeurant resteraient insensibles au sort de ce peuple, fût-il menacé d’extermination. Ce Zélensky, parfaite incarnation de la duplicité, tout en réclamant des cessez-le-feu et des couloirs humanitaires, empêche les populations de quitter les lieux de combat, il n’a aucun scrupule à utiliser les civils, femmes et enfants compris, comme bouclier. Tu comprends dès lors que Poutine soit vraiment embarrassé, il n’y a finalement que lui à être humain. Que veux-tu que je dise de plus, Tictoc ? On connait maintenant toutes les vilénies auxquelles est capable de s’abaisser l’Occident, y compris s’attaquer à la famille personnelle de Poutine. Vilénies connues d’ailleurs depuis longtemps, cela fait des années que je répète sur tous les forums que cet Occident était le diable incarné, un monstre à la gueule dégoulinante de sang.
-Poutine va abdiquer, Tatonga ?
-Ça, jamais, Tictoc. Il ne faut pas y compter.
-Il va utiliser l’arme nucléaire ?
-Je ne sais pas, Tictoc, je ne crois pas. Il faut être fou pour utiliser le nucléaire, cela équivaudrait à un suicide collectif. Le nucléaire est présenté comme arme dissuasive, donc défensive. Mais c’est plutôt une arme pour opprimer les plus faibles, car le seul cas où il pourrait être utilisé à peu près sans beaucoup de risques, c’est contre un pays qui en est dépourvu. Tu as sûrement remarqué que tous les pays envahis et détruits n’avaient pas le nucléaire. Alors comment expliques-tu qu’on interdise à certains pays de disposer de ce moyen de dissuasion pour se protéger ? La voracité de l’Occident est insatiable, Tictoc, sais-tu qu’ils ont même conçu le projet fou de détruire la lune pour récupérer des métaux légers ? Tu imagines le monde sans la lune ?
-On ferait mieux de se débarrasser de ces armes, Tatonga…
-Quand même tout le monde le voudrait, personne ne le ferait, Tictoc. Les relations entre nations sont faites de traitrises, de coups bas, de ruses, de tromperie, personne ne fait confiance à personne. Personne n’irait se désarmer pour s’apercevoir par la suite qu’il s’est fait avoir. Il en est de même de la dépollution, pas de confiance ! Personne n’est dupe pour se lancer naïvement dans un cycle de décroissance et s’affaiblir économiquement. Tout le monde connait la fable du loup que le renard a envoyé au fond du puits en lui faisant croire que la lune qui s’y reflétait était un fromage. La Terre se dégrade, Tictoc et le mur n’est plus très loin, les catastrophes s’accélèrent et s’aggravent de jour en jour, se constatent à vue d’œil. La fin, le mur, c’est dans cinq, dix ans, tout au plus.
-Et l’ONU ne fait rien dans ce conflit Russie-Ukraine ?
-C’est une utopie, Tictoc, de croire qu’il suffit de créer une institution, de remplacer SDN par ONU ou de promulguer une loi pour enchainer le diable. Cela fait belle lurette qu’on sait que l’ONU, le Conseil de sécurité, les institutions financières, FMI, BIRD, etc., les juridictions et les lois internationales, les ONG, la liberté d’expression, le fumeux droit d’ingérence humanitaire …, les médias, le mensonge et l’histoire, sont des leviers, des instruments de domination de l’Occident.
-L’histoire aussi ?
-Oui, l’histoire, et depuis longtemps, Tictoc. Ces civilisations merveilleuses, ces groupes ethniques que l’Occident a qualifiés de sauvages pour les effacer de la surface de la terre dès le 15° et le 16° siècle, si ce n’est avant, ces amérindiens fanatisés qui scalpaient les Blancs en dansant autour d’un poteau au 19° siècle, et ces tribus africaines anthropophages qui faisaient bouillir des humains, toujours des Blancs, dans des chaudrons avant de les manger ou les mangeaient crus… tout cela n’est que mensonges, Tictoc, déshumanisation et diabolisation de l’Autre pour justifier sa propre sauvagerie. C’est toujours le même mensonge qui a cours, Tictoc, du même Occident, du diable sur terre. Rappelle-toi ce que disait de Bush l’inoubliable Chavez* à l’Assemblée générale des Nations unies et ce qu’écrivait, entre autres, le grand Noam Chomsky.
-C’est donc ainsi !?
-Eh oui, Tictoc. A part les deux ou trois belles choses que Dieu a créées, tout est moche dans ce monde. Voilà, tu sais tout maintenant, tu n’as plus rien à apprendre et tu n’as plus rien à faire ici, tu peux aller rejoindre ton créateur et tout lui rapporter."
*Hier, le diable est venu ici. Ici, le diable est entré. Juste ici. [Il fait le signe de croix] Et ça sent encore le soufre aujourd'hui. Hier, Mesdames et Messieurs, de cette tribune, le président des États-Unis, le monsieur que j'appelle le Diable, est venu ici parler comme s'il possédait le monde entier. Vraiment. Comme s'il était le propriétaire du monde.
Tatonga- Admin
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Age : 48
Re: Pérégrinations 3.
Rien.
"Tatonga, tu ne parles plus du monde, aurais-tu renoncé à l’expliquer ?
-Je ne sais pas si tu m’écoutes quand je te parle, Tictoc, mais je ne fais que te parler du monde. Quant à l’expliquer, c’est une autre affaire. C’est simple, il ne s’explique pas.
-Ah bon, c’est ça ?
-Oui, Tictoc. Il faut que tu comprennes que ce n’est pas un arbre ou une maison. Pour un arbre, tu peux poser des questions et trouver des réponses. Te demander pourquoi ou comment il a poussé et répondre parce qu’une graine, une bouture, un noyau a été mis en terre. Pour une maison, tu peux te demander pourquoi, comment et par qui elle a été construite et trouver des réponses. Mais ce n’est pas valable pour le monde.
-Pourquoi ce n’est pas valable ? On ne peut pas trouver les réponses ?
-Non, ce n’est pas ça, Tictoc. Ce sont les questions même qui sont invalides, elles ne se posent pas. Le monde est là, il n’y a ni pourquoi, ni comment, il est là, c’est tout. Il est ce qui est, tout simplement. Quelle que soit la question que tu te poserais, pourquoi ou comment, elle entrainerait d’autres questions, à l’infini, preuve que toute question est invalide, stérile. Il n’y a pas de bout à trouver, Tictoc. Il n’y a ni comment, ni pourquoi. En un mot, Tictoc, tu ne peux rien expliquer parce que le Tout vient de rien. Comprends-tu ?
-Oui, je comprends, mais j’ai beau chasser ces questions, elles reviennent à chaque fois me harceler, impossible de m’en débarrasser. Et puis, Tatonga, même les savants se posent ce genre de questions, seraient-ils idiots ?
-Non, pas idiots, il faut rester poli, Tictoc, mais je t’avoue qu’ils me font bien rire. Ils creusent, creusent, creusent, dans l’atome, mais qu’espèrent-ils trouver tout au fond ? Une petite pépite qui scintille de mille feux ?
-Ils ne trouveront rien ?
-Evidemment qu’ils ne trouveront rien, Tictoc. C’est comme quand tu regardes dans un tuyau, tu ne vois rien à l’autre bout… justement parce qu’il n’y a rien. Tout vient de rien, Tictoc, et le tout est pourtant là, bien là.
-Ça alors ! Pourtant, ces savants disent qu’une petite fraction de seconde après le mur de Plack, ou avant, c’est selon, ils trouveront le point de départ du monde.
-Ah oui, ils trouveront. Un écureuil occupé à croquer des noisettes, peut-être. Pourquoi pas ? Assez plaisanté, Tictoc, il n’y a rien et ils ne trouveront rien. C’est comme le tuyau, il n’y a rien au bout. Ou comme la série des nombres entiers relatifs, aucun nombre n’est le dernier et aucun n’est le premier. Il n’y a rien, rien, Tictoc, rien au-delà de l’infiniment grand et rien en-deçà de l’infiniment petit. Il n’y a même pas d’au-delà et d’en-deçà et en même temps pas de bouts. Tu peux donc remiser ta logique avec les vieilles chaussures de ta grand-mère.
-Ah maman, et c’est dans ce truc-là que je me trouve, Tatonga ?
-Oui, c’est dans cette cellule, Tictoc. Tu peux t’échapper d’une cellule, mais pas de cette cellule-là, car elle n’a ni murs, ni porte, ni extérieur où t’évader, une cellule à ciel ouvert, mais cellule quand même.
-Il n’y a donc rien, rien, et donc pas de Dieu non plus ?
-Je n’ai pas dit ça, Tictoc. Comme je viens de te le dire, il n’y a rien et on ne sait rien, et encore moins pourquoi et comment. Le monde est comme une île dans un océan de rien. Parler comme les philosophes de matière, d’esprit ou de substance unique pour expliquer, ne mènerait à rien non plus, c’est comme baratter de l’eau. Dans ces conditions où nous ignorons tout, où il n’est possible de rien savoir, il serait infiniment imprudent, Tictoc, d’affirmer ou d’infirmer quoi que ce soit. Il existe peut-être quelque chose, comme une lumière ou comme une ombre ou je ne sais quoi, qui évoque peu ou prou l’idée très vague que nous nous faisons de Dieu, mais dont il est impossible de dire quoi que ce soit. Si ce Dieu existe, Tictoc, il est nécessairement synonyme de vie après la mort, car c’est le sens même du mot Dieu, c’est à ça que sert un Dieu, pas à autre chose. C’est ça Dieu, sinon il ne serait pas Dieu. Ils sont nombreux à ne l’avoir pas encore compris et qui emploient le mot Dieu à toutes les sauces. Mais s’il n’existe pas, Tictoc, tu peux faire une croix sur ton désir d’éternité.
-Mais toi, Tatonga, crois-tu qu’il existe ?
-Ecoute, Tictoc, si tout ce que je te dis te rentre par les oreilles et te sort par les narines, tu ferais bien aller consulter un O.R.L. Je t’ai dit qu’on ne peut rien savoir. Ce que je sais cependant, c’est que l’homme a besoin de sens. C’est tout, mais il ne faut rien en inférer."
"Tatonga, tu ne parles plus du monde, aurais-tu renoncé à l’expliquer ?
-Je ne sais pas si tu m’écoutes quand je te parle, Tictoc, mais je ne fais que te parler du monde. Quant à l’expliquer, c’est une autre affaire. C’est simple, il ne s’explique pas.
-Ah bon, c’est ça ?
-Oui, Tictoc. Il faut que tu comprennes que ce n’est pas un arbre ou une maison. Pour un arbre, tu peux poser des questions et trouver des réponses. Te demander pourquoi ou comment il a poussé et répondre parce qu’une graine, une bouture, un noyau a été mis en terre. Pour une maison, tu peux te demander pourquoi, comment et par qui elle a été construite et trouver des réponses. Mais ce n’est pas valable pour le monde.
-Pourquoi ce n’est pas valable ? On ne peut pas trouver les réponses ?
-Non, ce n’est pas ça, Tictoc. Ce sont les questions même qui sont invalides, elles ne se posent pas. Le monde est là, il n’y a ni pourquoi, ni comment, il est là, c’est tout. Il est ce qui est, tout simplement. Quelle que soit la question que tu te poserais, pourquoi ou comment, elle entrainerait d’autres questions, à l’infini, preuve que toute question est invalide, stérile. Il n’y a pas de bout à trouver, Tictoc. Il n’y a ni comment, ni pourquoi. En un mot, Tictoc, tu ne peux rien expliquer parce que le Tout vient de rien. Comprends-tu ?
-Oui, je comprends, mais j’ai beau chasser ces questions, elles reviennent à chaque fois me harceler, impossible de m’en débarrasser. Et puis, Tatonga, même les savants se posent ce genre de questions, seraient-ils idiots ?
-Non, pas idiots, il faut rester poli, Tictoc, mais je t’avoue qu’ils me font bien rire. Ils creusent, creusent, creusent, dans l’atome, mais qu’espèrent-ils trouver tout au fond ? Une petite pépite qui scintille de mille feux ?
-Ils ne trouveront rien ?
-Evidemment qu’ils ne trouveront rien, Tictoc. C’est comme quand tu regardes dans un tuyau, tu ne vois rien à l’autre bout… justement parce qu’il n’y a rien. Tout vient de rien, Tictoc, et le tout est pourtant là, bien là.
-Ça alors ! Pourtant, ces savants disent qu’une petite fraction de seconde après le mur de Plack, ou avant, c’est selon, ils trouveront le point de départ du monde.
-Ah oui, ils trouveront. Un écureuil occupé à croquer des noisettes, peut-être. Pourquoi pas ? Assez plaisanté, Tictoc, il n’y a rien et ils ne trouveront rien. C’est comme le tuyau, il n’y a rien au bout. Ou comme la série des nombres entiers relatifs, aucun nombre n’est le dernier et aucun n’est le premier. Il n’y a rien, rien, Tictoc, rien au-delà de l’infiniment grand et rien en-deçà de l’infiniment petit. Il n’y a même pas d’au-delà et d’en-deçà et en même temps pas de bouts. Tu peux donc remiser ta logique avec les vieilles chaussures de ta grand-mère.
-Ah maman, et c’est dans ce truc-là que je me trouve, Tatonga ?
-Oui, c’est dans cette cellule, Tictoc. Tu peux t’échapper d’une cellule, mais pas de cette cellule-là, car elle n’a ni murs, ni porte, ni extérieur où t’évader, une cellule à ciel ouvert, mais cellule quand même.
-Il n’y a donc rien, rien, et donc pas de Dieu non plus ?
-Je n’ai pas dit ça, Tictoc. Comme je viens de te le dire, il n’y a rien et on ne sait rien, et encore moins pourquoi et comment. Le monde est comme une île dans un océan de rien. Parler comme les philosophes de matière, d’esprit ou de substance unique pour expliquer, ne mènerait à rien non plus, c’est comme baratter de l’eau. Dans ces conditions où nous ignorons tout, où il n’est possible de rien savoir, il serait infiniment imprudent, Tictoc, d’affirmer ou d’infirmer quoi que ce soit. Il existe peut-être quelque chose, comme une lumière ou comme une ombre ou je ne sais quoi, qui évoque peu ou prou l’idée très vague que nous nous faisons de Dieu, mais dont il est impossible de dire quoi que ce soit. Si ce Dieu existe, Tictoc, il est nécessairement synonyme de vie après la mort, car c’est le sens même du mot Dieu, c’est à ça que sert un Dieu, pas à autre chose. C’est ça Dieu, sinon il ne serait pas Dieu. Ils sont nombreux à ne l’avoir pas encore compris et qui emploient le mot Dieu à toutes les sauces. Mais s’il n’existe pas, Tictoc, tu peux faire une croix sur ton désir d’éternité.
-Mais toi, Tatonga, crois-tu qu’il existe ?
-Ecoute, Tictoc, si tout ce que je te dis te rentre par les oreilles et te sort par les narines, tu ferais bien aller consulter un O.R.L. Je t’ai dit qu’on ne peut rien savoir. Ce que je sais cependant, c’est que l’homme a besoin de sens. C’est tout, mais il ne faut rien en inférer."
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
Sous l’ange était caché le diable.
"Tatonga, que va-t-il se passer maintenant entre l’Ukraine et la Russie ?
-Plutôt entre la Russie et l’Otan, Tictoc. Pour l’Ukraine, c’est fini.
-Pourquoi c’est fini, Tatonga, on parle de reconstruire.
-Ne me fais pas rire, Tictoc, reconstruire quoi ? Des milliers d’Ukrainiens ont perdu la vie, des millions ont vu leur vie détruite, et le sort des réfugiés n’est guère plus enviable. Une association a révélé qu’ils étaient exploités en Pologne même où ils ont fui, des femmes obligées à travailler sans rémunération ou à se prostituer, une jeune fille de 19 ans a été violée par celui-là même qui l’a accueillie, et ce n’est pas de la propagande russe, Tictoc. Ne crois pas que j’exagère quand je te dis que l’homme est capable de toutes les saloperies, dépouiller un mort, détrousser un blessé de la circulation qui attend des secours au bord de la route. Plus bestial qu’une bête féroce, il est capable de tout. Reconstruire, reconstruire quoi, Tictoc, les murs ?
-Mais que fallait-il faire, Tatonga ?
-Je te l’avais dit, Tictoc. Il était très facile de désamorcer cette bombe avant même que commencent les hostilités. Tiens, tu peux lire ce que vient de déclarer Gérard Arnaud, ancien ambassadeur de France aux Etats-Unis, à l’antenne d’un média : … il est important d'offrir une sortie honorable à la Russie, alors que l'administration de Joe Biden pousse pour une victoire ukrainienne. Le problème pour la Russie, c'est qu'elle ne peut pas perdre. Qu'est-ce que ça veut dire gagner pour l'Ukraine ? Si c'est repousser sur les lignes du 24 février, c'est raisonnable, mais si c'est regagner le Donbass c'est inacceptable pour la Russie et on peut craindre une escalade … il est important de ne pas acculer la Russie à une escalade où nous ne savons pas jusqu'où elle ira. Tu vois, Tictoc, ce n’est vraiment pas compliqué et c’était encore plus facile avant.
-Ce Gérard serait donc plus intelligent que tout le monde ?
-Non, Tictoc. Ce qu’il dit est vraiment à la portée d’un enfant. Mais tous les dirigeants de l’Europe occidentale poussent au pourrissement : insultes, provocations, mensonges, stigmatisations, menaces, sanctions. Une fois tout l’arsenal des sanctions épuisé, ils le rééditent. Même le SG de l’Onu y va avec son cinéma. Si ce Gérard a pu parler ainsi, c’est parce qu’il n’est plus dans le système. Mais tous les dirigeants sont tétanisés par les Etats-Unis. Des marionnettes. Aucun n’ose protester, n’ose dire arrêtons de déconner, de crainte d’être traité en brebis galeuse, alors que la Russie dispose d’un arsenal nucléaire terrifiant. Le danger est réel, Tictoc, et les populations européennes seraient les premières, si ce n’est les seules, à encaisser. Tu me diras après qu’en démocratie, ce sont les peuples qui décident de leur sort.
-Les Etats-Unis ?
-Eh oui, Tictoc, les Etas-Unis, comme depuis longtemps. Tiens, je te cite encore un extrait du discours toujours d’actualité de Chavez, qui s’inspirait de Noam Chomsky : les prétentions hégémoniques de l'Empire Américain mettent en danger la survie même de l'espèce humaine. Nous continuons de vous alerter sur ce danger et nous en appelons au peuple des États-Unis et au monde à faire cesser cette menace, qui est une épée de Damoclès. Noam Chomsky, toujours actif malgré son âge, vient de déclarer, tout en condamnant l’invasion de l’Ukraine, qu’il est urgent de privilégier la diplomatie pour éviter la probabilité élevée d’une guerre totale, ce qui équivaudrait à un arrêt de mort pour l’espèce, sans le moindre vainqueur.
-Et les Etats-Unis, ils ne sont pas conscients ?
-Seul Dieu connait son diable, Tictoc, sans pour autant arriver à le maitriser, un diable d’autant plus dangereux qu’il fut d’abord ange avant de devenir diable. De l’Onu, supposée travailler à la paix, il a fait un instrument de guerre et de domination. Le diable connait ta pensée, Tictoc, et tes pulsions, mais il n’a pas les mêmes pulsions que toi et ne pense pas comme tout le monde. Du nucléaire, censée être dissuasif, il veut faire une arme de destruction, sans trop se salir les mains. Cela fait longtemps qu’il sait se faire battre les autres pour lui. En vérité, Tictoc, Dieu n’a pas créé le diable, mais le diable était déjà caché sous l’ange, et l’Eternel ne l’avait pas vu."
"Tatonga, que va-t-il se passer maintenant entre l’Ukraine et la Russie ?
-Plutôt entre la Russie et l’Otan, Tictoc. Pour l’Ukraine, c’est fini.
-Pourquoi c’est fini, Tatonga, on parle de reconstruire.
-Ne me fais pas rire, Tictoc, reconstruire quoi ? Des milliers d’Ukrainiens ont perdu la vie, des millions ont vu leur vie détruite, et le sort des réfugiés n’est guère plus enviable. Une association a révélé qu’ils étaient exploités en Pologne même où ils ont fui, des femmes obligées à travailler sans rémunération ou à se prostituer, une jeune fille de 19 ans a été violée par celui-là même qui l’a accueillie, et ce n’est pas de la propagande russe, Tictoc. Ne crois pas que j’exagère quand je te dis que l’homme est capable de toutes les saloperies, dépouiller un mort, détrousser un blessé de la circulation qui attend des secours au bord de la route. Plus bestial qu’une bête féroce, il est capable de tout. Reconstruire, reconstruire quoi, Tictoc, les murs ?
-Mais que fallait-il faire, Tatonga ?
-Je te l’avais dit, Tictoc. Il était très facile de désamorcer cette bombe avant même que commencent les hostilités. Tiens, tu peux lire ce que vient de déclarer Gérard Arnaud, ancien ambassadeur de France aux Etats-Unis, à l’antenne d’un média : … il est important d'offrir une sortie honorable à la Russie, alors que l'administration de Joe Biden pousse pour une victoire ukrainienne. Le problème pour la Russie, c'est qu'elle ne peut pas perdre. Qu'est-ce que ça veut dire gagner pour l'Ukraine ? Si c'est repousser sur les lignes du 24 février, c'est raisonnable, mais si c'est regagner le Donbass c'est inacceptable pour la Russie et on peut craindre une escalade … il est important de ne pas acculer la Russie à une escalade où nous ne savons pas jusqu'où elle ira. Tu vois, Tictoc, ce n’est vraiment pas compliqué et c’était encore plus facile avant.
-Ce Gérard serait donc plus intelligent que tout le monde ?
-Non, Tictoc. Ce qu’il dit est vraiment à la portée d’un enfant. Mais tous les dirigeants de l’Europe occidentale poussent au pourrissement : insultes, provocations, mensonges, stigmatisations, menaces, sanctions. Une fois tout l’arsenal des sanctions épuisé, ils le rééditent. Même le SG de l’Onu y va avec son cinéma. Si ce Gérard a pu parler ainsi, c’est parce qu’il n’est plus dans le système. Mais tous les dirigeants sont tétanisés par les Etats-Unis. Des marionnettes. Aucun n’ose protester, n’ose dire arrêtons de déconner, de crainte d’être traité en brebis galeuse, alors que la Russie dispose d’un arsenal nucléaire terrifiant. Le danger est réel, Tictoc, et les populations européennes seraient les premières, si ce n’est les seules, à encaisser. Tu me diras après qu’en démocratie, ce sont les peuples qui décident de leur sort.
-Les Etats-Unis ?
-Eh oui, Tictoc, les Etas-Unis, comme depuis longtemps. Tiens, je te cite encore un extrait du discours toujours d’actualité de Chavez, qui s’inspirait de Noam Chomsky : les prétentions hégémoniques de l'Empire Américain mettent en danger la survie même de l'espèce humaine. Nous continuons de vous alerter sur ce danger et nous en appelons au peuple des États-Unis et au monde à faire cesser cette menace, qui est une épée de Damoclès. Noam Chomsky, toujours actif malgré son âge, vient de déclarer, tout en condamnant l’invasion de l’Ukraine, qu’il est urgent de privilégier la diplomatie pour éviter la probabilité élevée d’une guerre totale, ce qui équivaudrait à un arrêt de mort pour l’espèce, sans le moindre vainqueur.
-Et les Etats-Unis, ils ne sont pas conscients ?
-Seul Dieu connait son diable, Tictoc, sans pour autant arriver à le maitriser, un diable d’autant plus dangereux qu’il fut d’abord ange avant de devenir diable. De l’Onu, supposée travailler à la paix, il a fait un instrument de guerre et de domination. Le diable connait ta pensée, Tictoc, et tes pulsions, mais il n’a pas les mêmes pulsions que toi et ne pense pas comme tout le monde. Du nucléaire, censée être dissuasif, il veut faire une arme de destruction, sans trop se salir les mains. Cela fait longtemps qu’il sait se faire battre les autres pour lui. En vérité, Tictoc, Dieu n’a pas créé le diable, mais le diable était déjà caché sous l’ange, et l’Eternel ne l’avait pas vu."
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
Tatonga a écrit:
En vérité, Tictoc, Dieu n’a pas créé le diable, mais le diable était déjà caché sous l’ange, et l’Éternel ne l’avait pas vu."
Selon le Coran, Dieu a tout créé, y compris le Diable.
En plus de l'avoir créé, Dieu lui a donné volontairement les pleins pouvoirs sur Terre jusqu'à la fin du monde ; pourquoi ? Seul Dieu le sait.
Dieu est le seul à être capable de neutraliser le Diable.
Ainsi, l'Homme n'a qu'une seule solution pour échapper à l'emprise du Diable ... Prêter allégeance à Dieu et Lui demander Sa protection.
Brahim- Messages : 650
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Re: Pérégrinations 3.
Salut Brahim, cela dépend de quel dieu l’on parle.
S’il s’agit du vrai dieu, ce principe universel indéfinissable qui est à la base de toutes choses, ce qu’on appelle le diable en émane évidemment comme tout le reste. S’il s’agit des dieux empêtrés dans leurs contradictions, créés par les hommes, on peut essayer de les rapiécer un peu pour les faire tenir d’aplomb et les innocenter d’avoir créé un être aussi diabolique, en disant par exemple qu’ils n’ont pas vu le diable caché sous l’ange.
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
L’âme.
"Tatonga, c’est quoi l’âme ?
-L’âme, Tictoc, c’est l’âme, tout le monde en parler, mais personne ne peut te dire ce que c’est.
-Mais enfin, Tatonga, est-ce bien ce qu’on appelle esprit ou conscience ou …
-Non, Tictoc, elle n’est pas ce qu’on appelle l’esprit, la conscience, la vie, etc., tout en étant chacune de ces choses et toutes ces choses à la fois. Tu déconnes, Tictoc, vraiment, tu déconnes, d’ailleurs je ne vois pas du tout en quoi ça t’avancerait que je te dise qu’elle est ceci ou cela, qu’elle est vie ou esprit. Ça ne t’avancerait en rien, tu ne saurais pas mieux ce que c’est. L’âme, Tictoc, ne se dit pas, ou tu sais ou tu ne sais pas.
-On ne va pas en sortir, Tatonga ; pour éluder une question, il n’y a pas plus fort que toi. Mais enfin, est-ce que les scientifiques en parlent.
-Tictoc, être un scientifique, même un grand scientifique, n’a jamais empêché personne d’être un con. Beaucoup de scientifiques, de toutes les disciplines, même de la physique, en parlent, soit pour prouver son existence, soit pour la nier. Tous, d’une manière ou d’une autre, implicitement, insidieusement, la matérialise, c’est-à-dire en font une matière, et souvent, tu n’y vois que du feu. Il n’y a pas plus fort qu’eux pour te jouer un tour de passe-passe, auquel il se laisse prendre eux-mêmes parfois sans s’en rendre compte. En général, ils partent tous du postulat qu’elle est matérielle, sans te l’avouer, bien sûr, pour te prouver à la fin, après avoir fait un grand tour sur eux-mêmes, qu’elle existe parce qu’elle est matérielle ou qu’elle n’existe pas parce qu’ils ne l’ont pas vu... se matérialiser. Des raisonnements qui se mordent la queue, et c’est à mourir de rire, Tictoc. Si tu étais un peu plus malin, tu aurais compris tout seul que les scientifiques, y compris des disciplines psy, ne pouvaient en parler qu’en la matérialisant… ou en la traduisant par d’autres mots, ce qui ne t’avancerait à rien du tout.
-Je n’ai rien compris à ton baratin, Tatonga, dis-moi plutôt concrètement ce que ces scientifiques en disent.
-A supposer que je le sache, on n’en aura jamais fini, Tictoc. Certains font tout simplement de l’homme une sorte de machine bourrée de gadgets électroniques, confectionnée par un hasard très malin et très savant, et ils expliquent tout électroniquement. Je ne sais pas si tu as remarqué, Tictoc, mais les savants et les grands savants convoquent toujours le hasard pour expliquer ce qu’ils ne comprennent pas, tout en reprochant aux autres de faire appel à Dieu pour résoudre un problème. Un autre, un certain Duncan MacDougall, n’y est pas allé par quatre chemins. Il a tout simplement pesé des vivants pour constater qu’ils pesaient… 21 grammes de moins une fois morts et il en a conclu que c’est le poids de l’âme qui ne se trouve plus dans le corps. Très fort le mec, pas vrai ? Et je te fais grâce des fameuses et fumeuses EMI, expériences de mort imminente, auxquelles s’étaient associés quelques savants-charlatans et qui avaient subjugué beaucoup de gogos, ce serait trop long à décortiquer.
-Mais enfin, est-ce qu’elle existe ?
-Oui, Tictoc, et je peux te dire qu’elle est d’abord l’évidence, qu’elle est vie, pensée, esprit, conscience, amour, poésie, chants, souvenirs, nostalgie, rêves et tourments, remords et regrets, douleurs, larmes et espoir… C’est par tout cela qu’elle se manifeste, mais elle n’est aucun de ces mots et tous à la fois, et bien plus. Elle est l’être dans toute sa splendeur et sa profondeur, insondable, plus vaste et plus profonde que les cieux et les océans."
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
L'âme est "ce qui reste vivant" lorsque notre corps physique est mort et désagrégé.
Brahim- Messages : 650
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Re: Pérégrinations 3.
Il y a tout lieu de le croire, cela me parait même évident pour la raison qu’il n’y a qu’elle qui vive, finalement. C’est le seul élément vivant par opposition à tout ce qui existe dans l’univers. Ni les astres, ni les corps ne sont vivants.Brahim a écrit:L'âme est "ce qui reste vivant" lorsque notre corps physique est mort et désagrégé.
Les expériences en tout genre qui se font sur l’âme sont ridicules, personne n’a jamais vu l’âme installée dans les corps, bien qu’elle s’y manifeste, alors pourquoi veut-on la voir une fois le corps dégradé, et pourquoi veut-on la voir se manifester hors du corps, alors que nous ne pouvons en percevoir la présence que dans un corps ?
Rien, strictement rien, n’autorise à dire qu’elle disparait définitivement avec, bien qu'il soit impossible, qu'il nous soit impossible à nous, humains, de constater qu’elle perdure.
Il me semble tout à fait évident que le monde est fait d’une nature matérielle et d’âmes qui y vivent comme des oiseaux, tout simplement, et les tentatives que font certains pour voir, pour attraper ou pour photographier ou je ne sais quoi cette âme ne font que compliquer ce qui est aussi simple. N’est-il pas normal, naturel, que le monde soit fait d’une partie matérielle périssable et d’une partie immatérielle impérissable ?
Le monde serait d’une pauvreté, d’une indigence affligeante, ne serait même pas le monde, mais rien qu’une épave inutile, si tout ce qui y est était lamentablement périssable.
Un monde donc qui sert de gîte et où évolueraient éternellement des âmes, ces uniques êtres doués de vie, qui sont la vie même, et ce serait là alors le sens tant recherché. Si les Camus, les Sartre et compagnie trouvent le monde absurde n’est-ce pas parce qu’ils limitent leur vision du monde à la petite planète terre et à la vie qui s’y déroule ?
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
ON EST AU BORD DE LA GUERRE NUCLEAIRE ET TOUT LE MONDE S'EN FICHE …
26 avril 2022. Les États Unis convoquent , sur leur base militaire de Ramstein en Allemagne, 40 États, 40 pays occidentaux. C'est tout l'Occident qui est là pour armer de plus en plus l'Ukraine. L'Histoire retiendra peut être cette date, si la guerre a lieu et si l'humanité y survit, comme le début de la troisième guerre mondiale.
N.B : l’article étant trop long, seule une partie en est reproduite.
……………………
……………………….
Un engrenage mortel
L'Histoire nous apprend aussi que lorsqu'une puissance domine le monde longtemps, ce qui est le cas des États Unis, mais aussi, depuis plus longtemps encore, de l'Occident en tant que puissance globale, elle vit sa remise en cause , la contestation de sa domination, l'éventualité de son déclin , comme une agression insupportable. Elle la ressent de façon douloureuse, angoissante, avec aussi le sentiment de l'ingratitude des puissances montantes , dans un monde qu'elles ont la conviction d'avoir bâti, façonné, de lui avoir tout donné: sa technologie, sa culture et même ses valeurs.
Cela ferme leur perception des réalités nouvelles, pire il leur devient pratiquement impossible d' accepter ces réalités. Le changement, le bouleversement de l'ordre établi est vécu comme une menace existentielle. Leur domination est perçue comme une condition de leur survie même. D'où le caractère extrême, aussi bien verbal que matériel, que peut avoir leur affrontement avec les puissances montantes, celles qui les contestent, l'impossibilité totale de prendre en compte le point de vue de l'autre, car tout ce que dit l'autre, tout ce qu'il fait lui parait une menace. La volonté de compromis n'existe pas. On veut vaincre. Là est le mécanisme intime d'une l'escalade continuelle, et celui de l'escalade actuelle entre les États Unis et la Russie: tout recul de l'autre est interprété comme une faiblesse et donc un encouragement à l'escalade, en même temps que tout succès de l'autre est perçu comme un danger et donc comme une raison d'aller encore plus loin dans l'escalade. Un engrenage mortel.
Du côté de la Russie, un même mécanisme se met en place, même si c'est pour des raisons différentes. L'obsession hégémonique des USA depuis la fin de la guerre froide, celle de l'OTAN à l'encercler, puis à s'installer directement en Ukraine à ses frontières , ont amené la Russie , à avoir, elle aussi, mais par un autre processus, le sentiment que son existence même était menacée. Elle vit, elle aussi, le conflit actuel comme une question de survie. C'est ce qu'a répété sans arrêt Vladimir Poutine.
Tous les ingrédients alors sont réunis pour une déflagration qui ne peut être que majeure, et toucher à l'existence même de l'autre. Les États Unis n'ont pas besoin, du moins actuellement, de recourir à l'arme nucléaire puisqu'ils disposent d'autres armes de destruction massive, notamment économiques et que, surtout, ils peuvent faire mener par les ukrainiens, une guerre par procuration, qu'ils sont décidés à entretenir, à alimenter financièrement et militairement pour qu'elle soit longue. C'est là leur calcul.
Mais on ne joue jamais tout seul. La Russie ne peut accepter cette différence toute théorique, de plus en plus formelle entre belligérance et non belligérance, d'autant plus que le but de la guerre et l'ennemi sont clairement définis par les États Unis : la Russie. Les États Unis disent qu'ils ne font pas la guerre contre la Russie en Ukraine. Mais c'est une pétition de principe. Ce qui est certain, c'est que la Russie, elle, ne fait pas la guerre en Ukraine contre les États Unis, mais que les États Unis eux la font, presque directement, en Ukraine contre la Russie. Ils le proclament d'ailleurs.
Les situations de la Russie et des États Unis, sont totalement différentes: si les États Unis peuvent faire la guerre contre la Russie par procuration, la Russie elle ne le peut pas. Elle n'a pas d'autre solution que de la faire directement aux États Unis si l'action des États Unis s'avère constituer pour elle une menace directe, stratégique, existentielle. C'est cela qui fait que la situation est lourde de terribles dangers pour le monde.
"Nous les utiliserons si cela s’avère nécessaire"
En désignant à la réunion de Ramstein, aux 40 pays occidentaux, la Russie comme l'ennemi, comme l'objectif de cette guerre en Ukraine, les États Unis en ont changé la signification, y compris aux yeux de certains pays européens. Ils ont imposé au conflit leur vision, leur direction, et le risque désormais probable, d'un affrontement direct.
La réaction du président Vladimir Poutine, le lendemain 27 avril, devant la Douma , à St Petersburg, a voulu prendre en compte désormais clairement ce risque . Il déclare que s'il y a l'ingérence d'un "élément externe", et que la Russie se sent menacée de façon vitale, sa réponse sera "rapide et foudroyante". Il signale une nouvelle fois que la Russie a des armes stratégiques que ne possèdent pas les États-Unis:. “Nous avons pour cela tous les instruments. De ceux que personne ne peut se vanter de posséder." Et surtout, il précise sur ces armes nouvelles: "Nous ne nous contenterons pas de nous en vanter, nous les utiliserons si cela s’avère nécessaire” et il ajoute " «Toutes les décisions là-dessus ont été déjà prises».
Toute la gravité de la situation est dans ces mots "nous les utiliserons". Jusqu'à présent la règle implicite pour tous, résidait dans la dissuasion nucléaire, c’est-à-dire dans le principe stratégique que les armes nucléaires ne peuvent être utilisées, d'où le terme "dissuasif", parce que leur utilisation signifierait l'anéantissement réciproque. Or on passe désormais à autre chose, à quelque chose de différent de ce qu' a vécu le monde jusqu'à présent, le risque, non plus théorique, mais réel d'une guerre nucléaire.
De théorique, le risque de guerre nucléaire est devenu réel. C'est ce qu'a résumé dans une déclaration, le 25 avril, le ministre russe des affaires étrangères, Serguei Lavrov.
A la gravité de la situation, les étatsuniens répondent par la désinvolture, l'ironie, voire la dérision. Pour Le président Joe Biden, dans des déclarations du 28 avril "c'est une réaction de désespoir de la Russie face à son échec en Ukraine". Pour les médias des États Unis, ce risque de guerre nucléaire n'est depuis le début que de "la propagande", "du bluff", des tentatives de faire peur à l'Occident, de l'intimider. Le ton est donné ainsi à tous les médias occidentaux qui vont dans le même sens dans un unanimisme quasi total.
Par contre, sur les médias russes le ton est diffèrent, grave. Le 30 avril, sur la chaine
"Russia 1", la gravité de la situation n'est pas niée ou sous-estimée. On considère l'éventualité d'une guerre nucléaire comme réelle. Les gens en parlent avec sérieux , et même avec une sorte de fatalisme, comme si on voulait préparer l'opinion à cette situation.
Le 28 avril sur le plateau de Rossiya 1, Margarita Simonyan, la directrice de la chaîne d'information russe Russia today, affirme :" L'idée que tout se termine par une attaque nucléaire me semble plus probable que tout autre scénario." On va jusque dans les détails, le discours est concret: On explique l'avantage dont dispose actuellement la Russie sur le plan de la technologie militaire et des armements nucléaires, avec ses missiles hypersoniques qui arrivent invisibles sur l'ennemi, et avec l'énorme missile balistique Sarmat , invisible lui aussi, et qui peut détruire, à lui seul, un pays tout entier. On donne même des chiffres sur leur rapidité "foudroyante": 106 secondes pour arriver à Berlin, 200 à Paris, 206 secondes à Londres, ce qui ne permet pas à l'adversaire de réagir. "Personne n'y survivrait" dit un animateur de l'émission, "Personne sur cette planète" rectifie le présentateur du Programme. Le dialogue est hallucinant.
Les images de ce dialogue sur un plateau de la télé russe sont transmises, fait rare, sur des chaines françaises. Les animateurs français en rient. Ils rivalisent de moqueries envers les russes. L'atmosphère est surréaliste. Sur un plateau français, une jeune femme ukrainienne, qui fait la guerre à Paris, accuserait presque les français d'être des lâches, et" d'avoir peur de Poutine" et de la guerre nucléaire. Un vieux général en retraite lui dit que la vitesse des missiles russes ne devrait pas impressionner, et qu'un missile de plus ou de moins ne change rien à l'affaire, puisque chaque camp a les moyens d'anéantir l'autre. Ils voient tous dans ce dialogue à la TV russe la preuve de la folie russe.
…………
…………
Où sont les pacifistes ?
…………..
On est au bord de la guerre nucléaire, et on a l'impression que tout le monde s'en fiche!
…………………….
La raison, les raisons ? En Occident, les gens semblent être soumis à une propagande de guerre sidérante, paralysante. Ailleurs dans le monde, on pense que c'est une guerre limitée à l'Europe et aux États Unis. "Est-ce que les missiles peuvent arriver jusqu'à nous" m'a demandé innocemment quelqu'un. On ne comprend pas les conséquences globales d'une guerre nucléaire, même limitée à une partie du monde. Peu savent que l'hiver nucléaire s'étendra partout, que la guerre nucléaire est par définition totale, qu'elle peut signifier la fin du monde, la fin de l'humanité. Aucun journal, aucune chaine, aucun site n'en parle, ne dit, ne décrit les horreurs de la guerre nucléaire.
Qui donc va pouvoir réveiller l'opinion publique mondiale ? Que faire ? Qui va donner l'alerte ? Qui peut arrêter cet engrenage mortel? Quelles personnalités, quels hommes de bonne volonté, quels partis, quels gouvernements, quels États ? Il faut arrêter ça ! Il faut que "les gens", que les peuples "bougent". (Par D. Labidi)
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
Le chef et la baguette du chef.
"Tatonga, c’est quoi Dieu ?
-Ce qui est bien avec toi, Tictoc, c’est que tu ne poses jamais de questions difficiles. C’est quoi Dieu, comment veux-tu que je le sache, Tictoc ? Dieu n’est pas un objet à connaitre, n’est pas un savoir, c’est une croyance.
-Pourtant, pour beaucoup, c’est une vérité indéniable dont il serait sacrilège de douter et certains ont même apporté des preuves de Dieu.
-Des preuves bidon, Tictoc. Ce qui est prouvé n’est pas Dieu. Ce qui fait la force de Dieu, c’est le doute, tu dois toujours en douter. Croire, c’est douter, Tictoc. Sans le doute, tous les temples s’écrouleraient.
-Tu trouves toujours une échappatoire pour fuir les questions, Tatonga. Est-ce lui qui a créé le monde et les êtres ?
-C’est une croyance, Tictoc.
-Mais toi, c’est quoi ton avis ?
-Je te l’ai dit, c’est une croyance, Tictoc, ce qui ne m’empêche pas de trouver cette idée d’un monde qui serait la propriété d’un propriétaire bien étrange. C’est une idée bien réductrice pour le monde, elle réduit vraiment le monde à peu de chose, à un vulgaire objet.
-Ce propriétaire, c’est peut-être ce qu’on appelle un principe, à défaut d’autre mot, à l’origine du monde, Tatonga.
- Un principe, dis-tu, et pourquoi pas un principe du principe, etc. ? C’est maladif chez toi et tes congénères, vous voulez à chaque fois nous lancer dans une succession de chainons sans fin et nous égarer dans l’infini. Il y a un monde avec son contenu, et basta !
-Donc d’après toi, il y aurait un monde avec des êtres dedans, et c’est tout.
-Et cela suffit, Tictoc, cela nous suffit. C’est la première et unique réalité. Un monde comme lieu de villégiature et des êtres qui y vivent. Cela suffit pour faire le monde et le peupler, Tictoc. Nul besoin d’aller chercher autre chose ailleurs et de se mettre martel en tête. Que veux-tu qu’un Dieu apporte de plus, tout est parfait ainsi. Ainsi vu, le monde aurait alors tout son sens et rien ne paraitrait absurde. Un Dieu est une source de complications, Tictoc, il ne fait d’ailleurs que compliquer inutilement ce qui est tout simple. Et je te déconseille d’aller proposer à un producteur de films un scénario de ce genre. C’est tellement puéril qu’il te rosserait à coups de bâton. Ces gens-là n’aiment pas beaucoup qu’on se foute de leur gueule.
-Un lieu de villégiature et des âmes pour y vivre, il y a donc intention, Tatonga !
-Nous avons eu le temps de comprendre, Tictoc, que tout se passe comme s’il y avait une intelligence et une intention, mais qu’en réalité ce n’est qu’une illusion. Et c’est cette illusion, ce préjugé, Tictoc, qui a fait naitre le Dieu des religions. Il n’y a en réalité ni intelligence, ni intention de quelque nature ou de quelque sorte que ce soit, il y a un monde tel qu’il est, première et unique réalité, point barre. Pourquoi aller fouiller dans une supposée arrière-boutique ?
-Tatonga, tu ne fais que débiter des âneries. Tu as été endoctriné, empoisonné, par l’approche des sciences mécréantes, je devrais dire par l’approche mécréante des sciences. Un monde suppose autre chose, Tatonga, autre chose derrière ce que voit le savant, sinon il n’y aurait jamais eu de monde. Tes scientifiques à la noix disent par exemple qu’une cause produit un effet et expliquent comment l’effet se produit. Ils expliquent comment les choses se reproduisent et ils s’arrêtent là, oui, ils s’arrêtent là pour conclure que tout est naturel et qu’il n’est pas besoin d’aller chercher autre chose. Anatole France avait bien compris la vanité des sciences, qui écrivait : "C’est une grande erreur de croire que les vérités scientifiques diffèrent essentiellement des vérités vulgaires. Elles n’en diffèrent que par l’étendue et la précision. Au point de vue pratique, c’est une différence considérable. Mais il ne faut pas oublier que l’observation du savant s’arrête à l’apparence et au phénomène, sans jamais pouvoir pénétrer la substance ni rien savoir de la véritable nature des choses."
Expliquer comment, Tatonga, c’est comme s’intéresser à la baguette du chef d’orchestre et ignorer le chef d’orchestre. Il faut être un âne, Tatonga, pour ne pas voir que tes savants font ainsi l’impasse sur la question la plus importante de toutes : pourquoi y a-t-il un monde, pourquoi une cause produit-elle un effet, pourquoi les êtres se reproduisent-ils, pourquoi, par quel miracle, les êtres ont-ils l’instinct de survie ?
-Mais ce sont de fausses questions, Tictoc, de celles que se posent justement les fanatiques et les obscurantistes, qui créent des mythes.
-Voilà, il ne manquait plus qu’à taxer de fanatisme et à discréditer ceux qui posent les bonnes questions. Non, Tatonga, la question pourquoi est la vraie question qui se pose, et c’est cette question qui révèle Dieu. Je ne dirais pas que ce Dieu est un homme, ou qu’il est celui des religions, qu’il est esprit, qu’il est ceci ou cela. Je ne saurais pas dire ce qu’il est, mais il est certain que sans lui, il n’y aurait jamais eu la vie, de sentiments, d’émotions, d’instinct de survie, de pensée et de conscience, de causes produisant des effets, ni de reproduction, etc. Tout cela ne peut pas venir du néant, Tatonga, tout cela vient de quelque chose, et quel que soit ce quelque chose, il est infiniment profond et riche en tout qu’il remplit toutes les conditions pour être Dieu, il est exactement ce qu’il faut pour être Dieu. Dieu, tu ne peux pas le nier, Tatonga."
"Tatonga, c’est quoi Dieu ?
-Ce qui est bien avec toi, Tictoc, c’est que tu ne poses jamais de questions difficiles. C’est quoi Dieu, comment veux-tu que je le sache, Tictoc ? Dieu n’est pas un objet à connaitre, n’est pas un savoir, c’est une croyance.
-Pourtant, pour beaucoup, c’est une vérité indéniable dont il serait sacrilège de douter et certains ont même apporté des preuves de Dieu.
-Des preuves bidon, Tictoc. Ce qui est prouvé n’est pas Dieu. Ce qui fait la force de Dieu, c’est le doute, tu dois toujours en douter. Croire, c’est douter, Tictoc. Sans le doute, tous les temples s’écrouleraient.
-Tu trouves toujours une échappatoire pour fuir les questions, Tatonga. Est-ce lui qui a créé le monde et les êtres ?
-C’est une croyance, Tictoc.
-Mais toi, c’est quoi ton avis ?
-Je te l’ai dit, c’est une croyance, Tictoc, ce qui ne m’empêche pas de trouver cette idée d’un monde qui serait la propriété d’un propriétaire bien étrange. C’est une idée bien réductrice pour le monde, elle réduit vraiment le monde à peu de chose, à un vulgaire objet.
-Ce propriétaire, c’est peut-être ce qu’on appelle un principe, à défaut d’autre mot, à l’origine du monde, Tatonga.
- Un principe, dis-tu, et pourquoi pas un principe du principe, etc. ? C’est maladif chez toi et tes congénères, vous voulez à chaque fois nous lancer dans une succession de chainons sans fin et nous égarer dans l’infini. Il y a un monde avec son contenu, et basta !
-Donc d’après toi, il y aurait un monde avec des êtres dedans, et c’est tout.
-Et cela suffit, Tictoc, cela nous suffit. C’est la première et unique réalité. Un monde comme lieu de villégiature et des êtres qui y vivent. Cela suffit pour faire le monde et le peupler, Tictoc. Nul besoin d’aller chercher autre chose ailleurs et de se mettre martel en tête. Que veux-tu qu’un Dieu apporte de plus, tout est parfait ainsi. Ainsi vu, le monde aurait alors tout son sens et rien ne paraitrait absurde. Un Dieu est une source de complications, Tictoc, il ne fait d’ailleurs que compliquer inutilement ce qui est tout simple. Et je te déconseille d’aller proposer à un producteur de films un scénario de ce genre. C’est tellement puéril qu’il te rosserait à coups de bâton. Ces gens-là n’aiment pas beaucoup qu’on se foute de leur gueule.
-Un lieu de villégiature et des âmes pour y vivre, il y a donc intention, Tatonga !
-Nous avons eu le temps de comprendre, Tictoc, que tout se passe comme s’il y avait une intelligence et une intention, mais qu’en réalité ce n’est qu’une illusion. Et c’est cette illusion, ce préjugé, Tictoc, qui a fait naitre le Dieu des religions. Il n’y a en réalité ni intelligence, ni intention de quelque nature ou de quelque sorte que ce soit, il y a un monde tel qu’il est, première et unique réalité, point barre. Pourquoi aller fouiller dans une supposée arrière-boutique ?
-Tatonga, tu ne fais que débiter des âneries. Tu as été endoctriné, empoisonné, par l’approche des sciences mécréantes, je devrais dire par l’approche mécréante des sciences. Un monde suppose autre chose, Tatonga, autre chose derrière ce que voit le savant, sinon il n’y aurait jamais eu de monde. Tes scientifiques à la noix disent par exemple qu’une cause produit un effet et expliquent comment l’effet se produit. Ils expliquent comment les choses se reproduisent et ils s’arrêtent là, oui, ils s’arrêtent là pour conclure que tout est naturel et qu’il n’est pas besoin d’aller chercher autre chose. Anatole France avait bien compris la vanité des sciences, qui écrivait : "C’est une grande erreur de croire que les vérités scientifiques diffèrent essentiellement des vérités vulgaires. Elles n’en diffèrent que par l’étendue et la précision. Au point de vue pratique, c’est une différence considérable. Mais il ne faut pas oublier que l’observation du savant s’arrête à l’apparence et au phénomène, sans jamais pouvoir pénétrer la substance ni rien savoir de la véritable nature des choses."
Expliquer comment, Tatonga, c’est comme s’intéresser à la baguette du chef d’orchestre et ignorer le chef d’orchestre. Il faut être un âne, Tatonga, pour ne pas voir que tes savants font ainsi l’impasse sur la question la plus importante de toutes : pourquoi y a-t-il un monde, pourquoi une cause produit-elle un effet, pourquoi les êtres se reproduisent-ils, pourquoi, par quel miracle, les êtres ont-ils l’instinct de survie ?
-Mais ce sont de fausses questions, Tictoc, de celles que se posent justement les fanatiques et les obscurantistes, qui créent des mythes.
-Voilà, il ne manquait plus qu’à taxer de fanatisme et à discréditer ceux qui posent les bonnes questions. Non, Tatonga, la question pourquoi est la vraie question qui se pose, et c’est cette question qui révèle Dieu. Je ne dirais pas que ce Dieu est un homme, ou qu’il est celui des religions, qu’il est esprit, qu’il est ceci ou cela. Je ne saurais pas dire ce qu’il est, mais il est certain que sans lui, il n’y aurait jamais eu la vie, de sentiments, d’émotions, d’instinct de survie, de pensée et de conscience, de causes produisant des effets, ni de reproduction, etc. Tout cela ne peut pas venir du néant, Tatonga, tout cela vient de quelque chose, et quel que soit ce quelque chose, il est infiniment profond et riche en tout qu’il remplit toutes les conditions pour être Dieu, il est exactement ce qu’il faut pour être Dieu. Dieu, tu ne peux pas le nier, Tatonga."
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Re: Pérégrinations 3.
L’interface.
"Tatonga, est-ce que j’ai une âme ?
-Oui, Tictoc, tu en as bien une.
-Comment le sais-tu, Tatonga ?
-C’est toi qui le sais. C’est parce que tu as une âme que tu sais que toi c’est toi et pas un autre. Tu n’as même pas besoin de te regarder dans une glace ou de toucher ton corps pour savoir que toi c’est toi. On peut te changer de corps, Tictoc, ou te rendre invisible, tu sauras quand même que toi c’est toi et pas un autre. Ton âme, Tictoc, c’est ton identité, elle ne te quitte jamais. C’est simple, toi c’est elle et elle c’est toi. Elle est toute toi et tu es tout elle.
-Espérons qu’aucun étudiant en psychologie ne lit tes élucubrations, Tatonga. Mais, dis-toi, est-ce que le fœtus dans le ventre de sa mère sait qu’il est une âme ?
-Je ne pense pas, Tictoc. L’âme, pour savoir qu’elle est une âme, pour se connaitre, pour prendre conscience d’elle-même, doit se trouver face à ce qui n’est pas elle. C’est pour cela que tu as un corps, Tictoc. Ton corps est une interface hérissée de capteurs, de nerfs pour capter le monde extérieur, capter même ton corps. Tu captes par tous tes nerfs, ton nerf optique, ton nerf auditif, etc., par tes sens, Tictoc, et pas seulement, tu captes aussi par ta peau, par tes pores…
-Espérons qu’aucun prof ne te lit, Tatonga. Et quand je serai mort que se passera-t-il, Tatonga ?
-Ce mot mort est très embarrassant, Tictoc, je ne sais même pas ce qu’il signifie. En principe, on ne devrait parler de mort que pour ce qui existe en soi, ce qui a une identité, si tu veux. Or, personne n’a jamais vu quelque chose de ce genre mourir. Ce qu’on a vu dépérir, c’est les corps, mais un corps, Tictoc, comme tu viens de le comprendre, n’est qu’un accessoire, un habit. Ce qui existe vraiment, c’est-à-dire qui a une identité, ne peut pas disparaitre, Tictoc, justement parce que c’est ce qui existe. Il faut que ce qui existe, existe, il doit exister, Tictoc, sinon on ne pourrait même pas dire qu’il existe. Je ne sais pas si tu saisis l’évidence de ce raisonnement.
-Bon, bon, et que devient mon âme quand je serai mort ?
-Ton âme perdurera, Tictoc, mais, privée de ton corps, elle perdra tout contact avec ce qui n’est pas elle. Je crois que tout s’effacera pour elle, elle perdra la perception du temps, elle oubliera tout. Privée de repères extérieurs, elle ne saura même plus qu’elle est âme, elle se trouvera dans un état léthargique, une sorte de coma, mais elle ne disparaitra pas, ne mourra pas et pourra revenir à la vie, comme précédemment, d’une manière ou d’une autre, dans le ventre d’une mère, par exemple, en se dotant d’une interface pour interagir avec un milieu extérieur.
-Mais c’est quoi une âme, finalement ?
-On dit qu’elle est immatérielle, mais le terme est inapproprié, Tictoc. Elle n’est pas matérielle, pas immatérielle non plus, pas même spirituelle, même pas un être spirituel, elle est quelque chose que tu ne connais pas, plus subtile. Elle est comme une pensée vide, vierge immaculée, une pensée non pensée et devient pensée au contact d’un monde."
"Tatonga, est-ce que j’ai une âme ?
-Oui, Tictoc, tu en as bien une.
-Comment le sais-tu, Tatonga ?
-C’est toi qui le sais. C’est parce que tu as une âme que tu sais que toi c’est toi et pas un autre. Tu n’as même pas besoin de te regarder dans une glace ou de toucher ton corps pour savoir que toi c’est toi. On peut te changer de corps, Tictoc, ou te rendre invisible, tu sauras quand même que toi c’est toi et pas un autre. Ton âme, Tictoc, c’est ton identité, elle ne te quitte jamais. C’est simple, toi c’est elle et elle c’est toi. Elle est toute toi et tu es tout elle.
-Espérons qu’aucun étudiant en psychologie ne lit tes élucubrations, Tatonga. Mais, dis-toi, est-ce que le fœtus dans le ventre de sa mère sait qu’il est une âme ?
-Je ne pense pas, Tictoc. L’âme, pour savoir qu’elle est une âme, pour se connaitre, pour prendre conscience d’elle-même, doit se trouver face à ce qui n’est pas elle. C’est pour cela que tu as un corps, Tictoc. Ton corps est une interface hérissée de capteurs, de nerfs pour capter le monde extérieur, capter même ton corps. Tu captes par tous tes nerfs, ton nerf optique, ton nerf auditif, etc., par tes sens, Tictoc, et pas seulement, tu captes aussi par ta peau, par tes pores…
-Espérons qu’aucun prof ne te lit, Tatonga. Et quand je serai mort que se passera-t-il, Tatonga ?
-Ce mot mort est très embarrassant, Tictoc, je ne sais même pas ce qu’il signifie. En principe, on ne devrait parler de mort que pour ce qui existe en soi, ce qui a une identité, si tu veux. Or, personne n’a jamais vu quelque chose de ce genre mourir. Ce qu’on a vu dépérir, c’est les corps, mais un corps, Tictoc, comme tu viens de le comprendre, n’est qu’un accessoire, un habit. Ce qui existe vraiment, c’est-à-dire qui a une identité, ne peut pas disparaitre, Tictoc, justement parce que c’est ce qui existe. Il faut que ce qui existe, existe, il doit exister, Tictoc, sinon on ne pourrait même pas dire qu’il existe. Je ne sais pas si tu saisis l’évidence de ce raisonnement.
-Bon, bon, et que devient mon âme quand je serai mort ?
-Ton âme perdurera, Tictoc, mais, privée de ton corps, elle perdra tout contact avec ce qui n’est pas elle. Je crois que tout s’effacera pour elle, elle perdra la perception du temps, elle oubliera tout. Privée de repères extérieurs, elle ne saura même plus qu’elle est âme, elle se trouvera dans un état léthargique, une sorte de coma, mais elle ne disparaitra pas, ne mourra pas et pourra revenir à la vie, comme précédemment, d’une manière ou d’une autre, dans le ventre d’une mère, par exemple, en se dotant d’une interface pour interagir avec un milieu extérieur.
-Mais c’est quoi une âme, finalement ?
-On dit qu’elle est immatérielle, mais le terme est inapproprié, Tictoc. Elle n’est pas matérielle, pas immatérielle non plus, pas même spirituelle, même pas un être spirituel, elle est quelque chose que tu ne connais pas, plus subtile. Elle est comme une pensée vide, vierge immaculée, une pensée non pensée et devient pensée au contact d’un monde."
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Re: Pérégrinations 3.
Une farce.
"Tatonga, sais-tu pourquoi…
-Il n’y a ni pourquoi, ni quoi, ni comment, Tictoc, il n’y a rien à comprendre. Le monde est la plus grande farce qui puisse s’imaginer, et quand c’est une farce, il n’y a rien à comprendre et rien à expliquer, sauf à dire que c’est une farce, la plus grosse plaisanterie qui puisse s’imaginer.
-Une farce ?
-Oui, Tictoc. Les Anciens l’avaient bien compris, qui disaient dans toutes les langues, chacun dans sa langue et à sa manière, qu’il n’y avait rien de sérieux dans le monde.
-Mais qui a fait cette farce ?
-Personne, Tictoc, le monde est une farce, c’est tout, une farce sans farceur. Cela fait presque quatorze milliards d’années qu’il tourne sous la forme que nous lui connaissons, faisant apparaitre n’importe quoi, même des êtres vivants, sans se soucier de rien, indifférent à tout. Des colonies et des colonies d’abeilles, de mouches, de moustiques, d’hommes, de femmes, de simples quidams, des empereurs, de grands penseurs, des philosophes, des scientifiques se sont succédé. Tous ont disparu à jamais dans l’indifférence et le silence cosmiques, sans comprendre pourquoi ils sont venus et pourquoi ils partent. Des siècles et des siècles, des millénaires et des millénaires ont défilé sans rien changer. Et ça continue, Tictoc, ça continue et ne s’arrêtera jamais. Une farce, Tictoc, une grande farce à laquelle prennent part les hommes.
-Les hommes y participent ?
-Oui, Tictoc, une farce en haut et une farce en bas, une farce dans une farce, tout est farce. Regarde le monde, Tictoc. Des Biden qui font les fiers à bras après tant d’autres, des chefs d’Etat clownesques, imbéciles, renégats et scélérats qui se jouent des peuples. Partout des fous et des prisons, des chaines et des boulets. Des Talibans complètement cinglés. Des imams crétins, s’imaginant je ne sais quoi, ont éteint les sourires et les couleurs en jetant des voiles noirs sur les femmes et un linceul de deuil et de tristesse sur le quart de l’humanité. Ah, cette farce-là, cette farce imamale, il fallait la trouver, Tictoc, il fallait la trouver ! Un monde de délires, Tictoc, un monde fou, la folie est partout, en haut et en bas.
-Et c’est une farce ?
-Mais que te faut-il donc de plus pour le comprendre, Tictoc ? Que te faut-il de plus ? Tu vois bien qu’il n’y a rien de sérieux. Une prodigieuse plaisanterie, sans sens, sans queue ni tête, sans début et sans fin, sans cause et sans but, sans origine et sans destination, infinie, infinie. Réfléchis un peu, Tictoc, et tu comprendras que de toute façon, le monde ne pouvait pas être autre chose qu’une monumentale plaisanterie. A part être une plaisanterie, que veux-tu que ce soit, mais que veux-tu donc que ce soit ? C’est tellement évident, Tictoc, que les hommes se disent souvent que c’est un mauvais rêve, un cauchemar, une illusion, un mirage. Ah, que de blagues, que de blagues, ont inventé les hommes, Tictoc. Des dieux, des mondes parallèles, des mondes supérieurs, des Corans, des Evangiles, des Torahs, tant et tant qu’ils ne savent plus quoi inventer."
"Tatonga, sais-tu pourquoi…
-Il n’y a ni pourquoi, ni quoi, ni comment, Tictoc, il n’y a rien à comprendre. Le monde est la plus grande farce qui puisse s’imaginer, et quand c’est une farce, il n’y a rien à comprendre et rien à expliquer, sauf à dire que c’est une farce, la plus grosse plaisanterie qui puisse s’imaginer.
-Une farce ?
-Oui, Tictoc. Les Anciens l’avaient bien compris, qui disaient dans toutes les langues, chacun dans sa langue et à sa manière, qu’il n’y avait rien de sérieux dans le monde.
-Mais qui a fait cette farce ?
-Personne, Tictoc, le monde est une farce, c’est tout, une farce sans farceur. Cela fait presque quatorze milliards d’années qu’il tourne sous la forme que nous lui connaissons, faisant apparaitre n’importe quoi, même des êtres vivants, sans se soucier de rien, indifférent à tout. Des colonies et des colonies d’abeilles, de mouches, de moustiques, d’hommes, de femmes, de simples quidams, des empereurs, de grands penseurs, des philosophes, des scientifiques se sont succédé. Tous ont disparu à jamais dans l’indifférence et le silence cosmiques, sans comprendre pourquoi ils sont venus et pourquoi ils partent. Des siècles et des siècles, des millénaires et des millénaires ont défilé sans rien changer. Et ça continue, Tictoc, ça continue et ne s’arrêtera jamais. Une farce, Tictoc, une grande farce à laquelle prennent part les hommes.
-Les hommes y participent ?
-Oui, Tictoc, une farce en haut et une farce en bas, une farce dans une farce, tout est farce. Regarde le monde, Tictoc. Des Biden qui font les fiers à bras après tant d’autres, des chefs d’Etat clownesques, imbéciles, renégats et scélérats qui se jouent des peuples. Partout des fous et des prisons, des chaines et des boulets. Des Talibans complètement cinglés. Des imams crétins, s’imaginant je ne sais quoi, ont éteint les sourires et les couleurs en jetant des voiles noirs sur les femmes et un linceul de deuil et de tristesse sur le quart de l’humanité. Ah, cette farce-là, cette farce imamale, il fallait la trouver, Tictoc, il fallait la trouver ! Un monde de délires, Tictoc, un monde fou, la folie est partout, en haut et en bas.
-Et c’est une farce ?
-Mais que te faut-il donc de plus pour le comprendre, Tictoc ? Que te faut-il de plus ? Tu vois bien qu’il n’y a rien de sérieux. Une prodigieuse plaisanterie, sans sens, sans queue ni tête, sans début et sans fin, sans cause et sans but, sans origine et sans destination, infinie, infinie. Réfléchis un peu, Tictoc, et tu comprendras que de toute façon, le monde ne pouvait pas être autre chose qu’une monumentale plaisanterie. A part être une plaisanterie, que veux-tu que ce soit, mais que veux-tu donc que ce soit ? C’est tellement évident, Tictoc, que les hommes se disent souvent que c’est un mauvais rêve, un cauchemar, une illusion, un mirage. Ah, que de blagues, que de blagues, ont inventé les hommes, Tictoc. Des dieux, des mondes parallèles, des mondes supérieurs, des Corans, des Evangiles, des Torahs, tant et tant qu’ils ne savent plus quoi inventer."
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Re: Pérégrinations 3.
Autant en emporte le vent…
"...et le vent les emporta sans qu'aucune trace n'en fut trouvée." (Ancien Testament).
"Tatonga sais-tu où sont partis mes père et mère ?
-il n’y a que toi qui dis qu’ils sont tes père et mère, Tictoc. Ils sont partis, ils n’existent plus. Vos chemins s’étaient croisés un moment, mais il n’y a rien de bien particulier qui vous unit. Si tu as des liens, Tictoc, c’est plutôt avec les singes en général, les arbres, les métaux, le zinc, le cuivre, le fer, les roches, l’eau… Et tout disparaitra avec toi quand sonnera la fin du monde.
-Il va y avoir la fin du monde, Tatonga ?
-Elle ne va pas tarder, Tictoc. Ce monde est apparu avec le Big Bang et disparaitra par un autre Big Bang qui fera apparaitre un autre monde. Ce monde a trop vieilli, Tictoc, il n’a plus de sève, il s’est desséché. Ce monde n’est plus qu’une épave déglinguée qui ne peut plus rien donner. Il ne faut pas croire qu’il va continuer à déambuler là toute l’éternité ? Il a fait son temps et va disparaitre, comme disparaissent les êtres et les civilisations.
-Un autre monde va donc succéder à ce monde ?
-Oui, Tictoc, et ensuite un autre monde. C’est pour cela que le monde n’a pas de sens, Tictoc. Son seul sens est d’être un monde. Il ne peut d’ailleurs avoir un autre sens, car tout autre sens n’aurait aucun sens. Le temps, Tictoc, est tout et change tout. Tu croyais qu’il était là par hasard, eh bien, non, il n’est pas là par hasard. Tout repose sur le temps, et c’est terrible, Tictoc.
-Le temps, c’est terrible ?
-Il n’y a que le temps, Tictoc, que le temps qui dure. Il est tout, il porte tout et emporte tout comme le vent. Si on accélérait le temps, tu verrais ce que sont vraiment les choses et ce qu’est le monde, tu verrais des nourrissons, des fillettes, des garçonnets devenir des vieillards en quelques secondes, tu verrais qu’il n’y a que le temps, que le temps qui dure, que le temps qui file portant et emportant tout. Tu verrais que le temps est tout et rien et que tout le reste n’est rien. Tu verrais des fleuves, des légions d’humains courir se jeter dans le néant et tu comprendras que rien n’existe en fait. C’est terrible, Tictoc, c’est terrible.
-Donc, des mondes et des mondes. Et le paradis, l’enfer, dont tout le monde parle, que deviennent-ils, Tatonga ?
-Ne plaisante pas, Tictoc. Ça rimerait à quoi de te prélasser éternellement dans un paradis ou de griller dans un enfer ? Tout cela est délires et prétentions d’hommes qui rêvent d’éternité. L’éternité n’est pas figée, Tictoc, elle n’est pas hors temps, c’est un rouleau qui se déroule sans fin. Je te le dis et te le redis, Tictoc, rien n’existe vraiment, ni le temps, ni ce qu’il te montre. Te montre-t-il d’ailleurs quoi que ce soit ? Si tu y réfléchis un peu, tu comprendras facilement que toute réalité est impossible, qu’une chose réellement réelle est impossible à obtenir. Ça n’existe pas, ça ne peut pas exister.
-Un nouveau monde donc et il sera fait comment, Tatonga ?
-Un autre monde, tout neuf, tout jeune. Je ne peux pas te dire comment il sera fait, Tictoc, mais je peux te dire comment il ne sera pas fait. Il n’y aura ni hommes, ni femmes, ni colombes, ni fleurs, ni losanges, ni carrés, ni hirondelles. Il y aura autre chose, Tictoc, autre chose que tu ne peux te représenter, car ton imagination ne peut se représenter que ce qu’elle a déjà vu.
-Mais comment sais-tu tout cela, serais-tu visionnaire ?
-Je ne sais pas, Tictoc, mais je le vois clairement."
"...et le vent les emporta sans qu'aucune trace n'en fut trouvée." (Ancien Testament).
"Tatonga sais-tu où sont partis mes père et mère ?
-il n’y a que toi qui dis qu’ils sont tes père et mère, Tictoc. Ils sont partis, ils n’existent plus. Vos chemins s’étaient croisés un moment, mais il n’y a rien de bien particulier qui vous unit. Si tu as des liens, Tictoc, c’est plutôt avec les singes en général, les arbres, les métaux, le zinc, le cuivre, le fer, les roches, l’eau… Et tout disparaitra avec toi quand sonnera la fin du monde.
-Il va y avoir la fin du monde, Tatonga ?
-Elle ne va pas tarder, Tictoc. Ce monde est apparu avec le Big Bang et disparaitra par un autre Big Bang qui fera apparaitre un autre monde. Ce monde a trop vieilli, Tictoc, il n’a plus de sève, il s’est desséché. Ce monde n’est plus qu’une épave déglinguée qui ne peut plus rien donner. Il ne faut pas croire qu’il va continuer à déambuler là toute l’éternité ? Il a fait son temps et va disparaitre, comme disparaissent les êtres et les civilisations.
-Un autre monde va donc succéder à ce monde ?
-Oui, Tictoc, et ensuite un autre monde. C’est pour cela que le monde n’a pas de sens, Tictoc. Son seul sens est d’être un monde. Il ne peut d’ailleurs avoir un autre sens, car tout autre sens n’aurait aucun sens. Le temps, Tictoc, est tout et change tout. Tu croyais qu’il était là par hasard, eh bien, non, il n’est pas là par hasard. Tout repose sur le temps, et c’est terrible, Tictoc.
-Le temps, c’est terrible ?
-Il n’y a que le temps, Tictoc, que le temps qui dure. Il est tout, il porte tout et emporte tout comme le vent. Si on accélérait le temps, tu verrais ce que sont vraiment les choses et ce qu’est le monde, tu verrais des nourrissons, des fillettes, des garçonnets devenir des vieillards en quelques secondes, tu verrais qu’il n’y a que le temps, que le temps qui dure, que le temps qui file portant et emportant tout. Tu verrais que le temps est tout et rien et que tout le reste n’est rien. Tu verrais des fleuves, des légions d’humains courir se jeter dans le néant et tu comprendras que rien n’existe en fait. C’est terrible, Tictoc, c’est terrible.
-Donc, des mondes et des mondes. Et le paradis, l’enfer, dont tout le monde parle, que deviennent-ils, Tatonga ?
-Ne plaisante pas, Tictoc. Ça rimerait à quoi de te prélasser éternellement dans un paradis ou de griller dans un enfer ? Tout cela est délires et prétentions d’hommes qui rêvent d’éternité. L’éternité n’est pas figée, Tictoc, elle n’est pas hors temps, c’est un rouleau qui se déroule sans fin. Je te le dis et te le redis, Tictoc, rien n’existe vraiment, ni le temps, ni ce qu’il te montre. Te montre-t-il d’ailleurs quoi que ce soit ? Si tu y réfléchis un peu, tu comprendras facilement que toute réalité est impossible, qu’une chose réellement réelle est impossible à obtenir. Ça n’existe pas, ça ne peut pas exister.
-Un nouveau monde donc et il sera fait comment, Tatonga ?
-Un autre monde, tout neuf, tout jeune. Je ne peux pas te dire comment il sera fait, Tictoc, mais je peux te dire comment il ne sera pas fait. Il n’y aura ni hommes, ni femmes, ni colombes, ni fleurs, ni losanges, ni carrés, ni hirondelles. Il y aura autre chose, Tictoc, autre chose que tu ne peux te représenter, car ton imagination ne peut se représenter que ce qu’elle a déjà vu.
-Mais comment sais-tu tout cela, serais-tu visionnaire ?
-Je ne sais pas, Tictoc, mais je le vois clairement."
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Re: Pérégrinations 3.
Taliban.
"Tatonga, sais-tu ce qui se passe dans la tête d’un Taliban ?
-C’est simple, Tictoc, il ne se passe rien, tout s’y est calcifié, ossifié. Les Talibans étaient des paysans retirés dans leurs campagnes et leurs montagnes, où des services, pakistanais, US etc., ont été les chercher pour les opposer aux Russes après leur avoir appris le maniement des armes.
-Et alors, qu’est-ce que ça change qu’ils soient paysans ?
-Ces gens ont toujours vécu à l’écart du monde, Tictoc. Le monde s’arrêtait à leurs montagnes, ils n’avaient jamais connu d’autres mondes, d’autres gens, d’autres mœurs, d’autres idées que celles acquises dès la prime enfance à la medersa. Ils ne pouvaient même pas imaginer qu’il pût y avoir une autre pensée, d’autres vérités. Ces vérités, leurs vérités, Tictoc, ils les tenaient enfermées dans leur crane, une boite blindée, hermétiquement soudée, où rien ne pouvait s’infiltrer, ni hacker, ni rayon laser.
-Veux-tu dire que le Coran fabrique des Talibans ?
-Tu sais, Tictoc, toute religion est interprétation. Tout dépend de la manière dont on l’interprète, et la manière d’interpréter dépend elle-même de beaucoup d’autres choses, de l’ouverture d’esprit, de l’esprit critique, de la découverte d’autres horizons, d’autres cultures, d’autres façons de vivre et de penser, toutes choses auxquelles ces gens frustes enfermés dans leur bulle n’avaient pas accès. Leurs idées gravées dans l’os primaient sur tout, sur tout autre principe, sur toute autre valeur, sur leur santé, sur leur confort, sur leurs biens, sur leur vie. Ils considéraient comme un devoir sacré de tout leur sacrifier et de défendre la cause de Dieu sans transiger, au prix même de leur vie.
-Oui, Tatonga, je comprends, mais ces Talibans ont fini par connaitre d’autres gens, d’autres mondes, ont créé des institutions, un Etat…
-Trop tard, Tictoc, trop tard. Être Talibans, c’est leur vie, leur identité, leur authenticité, c’est le liant, le ciment de leur communauté, ils s’y sont identifiés leur vie durant. S’ils cessaient d’être Talibans, comment se feraient-ils appeler, que et qui seraient-ils ? Rien ! Ils ne seraient plus eux-mêmes, ils perdraient leurs repères, leur raison de vivre, leur passion, le but de leur vie, ils n’auraient plus à quoi se dévouer, de quoi être fiers, ils se videraient de leur âme.
-On ne peut pas les changer ?
-Impossible, Tictoc, ces gens vivent en vase clos, ils ont une sainte horreur de la différence et sont hostiles à toute intrusion. Tout changement est une trahison, un reniement. Qu’est-ce qui les changerait ? Ils sont Talibans de père en fils, l’école qu’ils créeraient ne peut-être que talibane, où des profs talibans enseigneraient un programme taliban. Il faudrait du temps, Tictoc, beaucoup de temps et de grands bouleversements. Essaie seulement de changer un fan de football. C’est impossible, Tictoc, son équipe est toujours la meilleure. Quelle perde toujours et soit toujours classée dernière, elle n’est jamais mauvaise. Ses échecs, c’est soit à cause de l’arbitre, soit à cause du terrain, soit parce qu’il a fait trop chaud, soit parce qu’il a plu, soit parce que les autres ont plus d’argent, soit par manque de chance… Que ferait-il, que deviendrait-il, de quoi rêverait-il sans son équipe ? Essaie de changer Biden, essaie de changer Poutine, essaie de changer Macron, essaie de me changer…
-Mais ces Talibans commettent des crimes horribles, Tatonga !
-Nul doute que ce sont des monstres, Tictoc. Le problème, c’est que c’est ta tête qui définit le crime en se référant à une divinité qu’elle a elle-même instituée. Combien de crimes et de crimes de sang au nom de Jésus, au nom d’Allah, au nom de Jéhovah, au nom de Krichna, au nom de la Démocratie, de la Liberté, de la Justice, du Roi, de la Patrie, du Bien ? Combien de crimes et de crimes de sang, combien d’agneaux suppliciés au nom du dieu Ventre, combien de femmes martyrisées au nom du dieu Homme ? Le problème, Tictoc, c’est qu’il n’y a pas de Dieu des dieux.
-Pas de Dieu des dieux ?
-Pas de valeurs absolues supra-humaines."
"Tatonga, sais-tu ce qui se passe dans la tête d’un Taliban ?
-C’est simple, Tictoc, il ne se passe rien, tout s’y est calcifié, ossifié. Les Talibans étaient des paysans retirés dans leurs campagnes et leurs montagnes, où des services, pakistanais, US etc., ont été les chercher pour les opposer aux Russes après leur avoir appris le maniement des armes.
-Et alors, qu’est-ce que ça change qu’ils soient paysans ?
-Ces gens ont toujours vécu à l’écart du monde, Tictoc. Le monde s’arrêtait à leurs montagnes, ils n’avaient jamais connu d’autres mondes, d’autres gens, d’autres mœurs, d’autres idées que celles acquises dès la prime enfance à la medersa. Ils ne pouvaient même pas imaginer qu’il pût y avoir une autre pensée, d’autres vérités. Ces vérités, leurs vérités, Tictoc, ils les tenaient enfermées dans leur crane, une boite blindée, hermétiquement soudée, où rien ne pouvait s’infiltrer, ni hacker, ni rayon laser.
-Veux-tu dire que le Coran fabrique des Talibans ?
-Tu sais, Tictoc, toute religion est interprétation. Tout dépend de la manière dont on l’interprète, et la manière d’interpréter dépend elle-même de beaucoup d’autres choses, de l’ouverture d’esprit, de l’esprit critique, de la découverte d’autres horizons, d’autres cultures, d’autres façons de vivre et de penser, toutes choses auxquelles ces gens frustes enfermés dans leur bulle n’avaient pas accès. Leurs idées gravées dans l’os primaient sur tout, sur tout autre principe, sur toute autre valeur, sur leur santé, sur leur confort, sur leurs biens, sur leur vie. Ils considéraient comme un devoir sacré de tout leur sacrifier et de défendre la cause de Dieu sans transiger, au prix même de leur vie.
-Oui, Tatonga, je comprends, mais ces Talibans ont fini par connaitre d’autres gens, d’autres mondes, ont créé des institutions, un Etat…
-Trop tard, Tictoc, trop tard. Être Talibans, c’est leur vie, leur identité, leur authenticité, c’est le liant, le ciment de leur communauté, ils s’y sont identifiés leur vie durant. S’ils cessaient d’être Talibans, comment se feraient-ils appeler, que et qui seraient-ils ? Rien ! Ils ne seraient plus eux-mêmes, ils perdraient leurs repères, leur raison de vivre, leur passion, le but de leur vie, ils n’auraient plus à quoi se dévouer, de quoi être fiers, ils se videraient de leur âme.
-On ne peut pas les changer ?
-Impossible, Tictoc, ces gens vivent en vase clos, ils ont une sainte horreur de la différence et sont hostiles à toute intrusion. Tout changement est une trahison, un reniement. Qu’est-ce qui les changerait ? Ils sont Talibans de père en fils, l’école qu’ils créeraient ne peut-être que talibane, où des profs talibans enseigneraient un programme taliban. Il faudrait du temps, Tictoc, beaucoup de temps et de grands bouleversements. Essaie seulement de changer un fan de football. C’est impossible, Tictoc, son équipe est toujours la meilleure. Quelle perde toujours et soit toujours classée dernière, elle n’est jamais mauvaise. Ses échecs, c’est soit à cause de l’arbitre, soit à cause du terrain, soit parce qu’il a fait trop chaud, soit parce qu’il a plu, soit parce que les autres ont plus d’argent, soit par manque de chance… Que ferait-il, que deviendrait-il, de quoi rêverait-il sans son équipe ? Essaie de changer Biden, essaie de changer Poutine, essaie de changer Macron, essaie de me changer…
-Mais ces Talibans commettent des crimes horribles, Tatonga !
-Nul doute que ce sont des monstres, Tictoc. Le problème, c’est que c’est ta tête qui définit le crime en se référant à une divinité qu’elle a elle-même instituée. Combien de crimes et de crimes de sang au nom de Jésus, au nom d’Allah, au nom de Jéhovah, au nom de Krichna, au nom de la Démocratie, de la Liberté, de la Justice, du Roi, de la Patrie, du Bien ? Combien de crimes et de crimes de sang, combien d’agneaux suppliciés au nom du dieu Ventre, combien de femmes martyrisées au nom du dieu Homme ? Le problème, Tictoc, c’est qu’il n’y a pas de Dieu des dieux.
-Pas de Dieu des dieux ?
-Pas de valeurs absolues supra-humaines."
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
L’Homme-Dieu.
"Tatonga, je regrette de t’avoir écouté tout ce temps. Tu m’as ballotté d’un extrême à l’autre. Un jour, tu dis blanc, un jour, tu dis noir. Je ne sais plus quoi penser, je ne sais plus qui je suis, je ne sais plus ce qu’est le monde. Je perds tous mes repères, Tatonga, je n’ose plus faire un pas. Faut-il avancer le pied gauche, faut-il avancer le pied droit ? Je ne sais plus, je ne sais plus rien.
-C’est parce que nous cherchons toujours une direction, une origine, une fin ou une valeur absolue ou un sens pour comprendre, et c’est une erreur, Tictoc. Il n’y en a pas. Il fallait chercher autre chose, la vérité est ailleurs, Tictoc.
-La vérité est ailleurs ? Alors pourquoi, tu ne la dis pas ?
-Parce que tu ne peux pas y arriver, Tictoc, si tu n’arpentes pas d’abord tous ces faux chemins.
-Et maintenant, tu peux me la dire.
-Oui, Tictoc. Mieux, je vais te la faire voir, sans mythes et sans triches, et tu verras que c’est ce qu’il y avait de plus simple, de plus clair, de plus évident.
-Tu as donc découvert la vérité…
-Elle est facile à voir, Tictoc. Je ne t’appendrai rien si je te dis que tu es une poussière de l’univers, un infime fragment de l’univers, un univers dont tu ne vois ni les contours, ni les profondeurs. Enfermé dans cette immensité aux infinis infinis, tu es pourtant le seul être à pouvoir t’en évader, le seul être à embrasser ses infinis par ta pensée, le seul à t’en libérer, à en sortir, pour le transcender, le regarder d’en-haut et plonger au plus profond de ses profondeurs. C’est un pouvoir suprême, indépassable. Il est impossible, de faire mieux, de concevoir pouvoir plus grand.
-Et alors ?
-Tu n’es pas seulement enfermé dans l’univers, tu es aussi enfermé dans ton corps. Malgré ce double confinement, tu arrives à voir le monde et aussi à te voir et à te juger toi-même. Tu es un œil, Tictoc, qui non seulement voit et juge, mais se voit, s’ausculte et se juge, et c’est toi-même qui établis les normes, les étalons, les critères. Tu es tout cela à la fois. Connais-tu pouvoir plus grand, Tictoc ?
-Il n’en reste pas moins, Tatonga, que je ne suis qu’une poussière enfermée, exposé aux agressions de la nature.
-Et c’est ce qui révèle justement ta toute puissance, Tictoc. Si tu étais à l’extérieur et indépendant de la nature, tout serait plus facile pour toi, tu n’aurais pas besoin de tant de pouvoir.
-Veux-tu dire que je suis Dieu, Tatonga ?
-Je ne te dis rien, Tictoc, je te décris, je te dépeins.
-Dieu, oh là là, c’est donc ça ta vérité, je serais Dieu ! Ce n’est pourtant pas moi qui ai créé les planètes, les galaxies.
-Tu me rappelles un dicton de chez moi qui fait allusion à ce que ferait un âne d’un bouquet de fleurs qu’on lui offrirait. Je te parle de ce qu’il y a de plus important et tu me parle de vulgaires planètes. Les créer ? pourquoi pas ? Ces objets n’ont aucune importance, Tictoc, et tu sais bien qu’ils n’ont que l’apparence de la réalité concrète et palpable que tu leur prêtes et qu’ils sont plutôt vides.
-Mais comment se fait-il que je sois enfermé et mortel ?
-Où pouvais-tu te trouver, Tictoc, où, sinon dans un corps et dans le monde, confronté au monde ? Il faut se demander si ce n’est pas cela que pensaient les chrétiens quand ils disaient que Dieu s’était fait homme. Et n’est-ce pas à ton puissant pouvoir de transcender le monde que pensent les monothéistes quand ils disent que Dieu est immatériel et transcendant, trônant au-dessus du monde ?
-Arrête, Tatonga, je me connais bien et je sais que je n’ai rien d’exceptionnel.
-Rien d’exceptionnel ! J’ai donc parlé pour rien, tu es du genre à manger un bouquet de roses, Tictoc. Il ne s’agit pas de toi, Tictoc, chaque individu n’est qu’une façon de voir et de se voir sous un angle différent. Il s’agit de l’Homme, qui est beaucoup plus que ce qu’est chaque homme et peut-être même plus que la somme de tous les hommes. L’univers, Tictoc, se devait d’avoir un foyer, un noyau, unique et immuable, où tout se focaliserait ou d’où tout irradierait - ce qui revient au même - et ce noyau, c’est l’Homme, et tu es immortel, Tictoc.
-Je suis donc Dieu ?
-Mais qui veux-tu que ce soit d’autre, qui ? T’es-tu demandé pourquoi c’est l’Homme qui a pensé Dieu ? Il faut comprendre, Tictoc – ah ça, c’est important à comprendre ! – il faut comprendre qu’il ne peut y avoir de Dieu sans l’Homme et que l’Homme ne peut être sans Dieu. Al-Hallaj avait tout compris et tout déclamé dans des vers fascinants. Ce grand mystique, décapité pour avoir écrit "je suis la Vérité, je suis Dieu", disait aussi "sache que l’homme qui proclame l’unicité de Dieu s’affirme lui-même" et "je suis Lui en vérité".
-Ne crois-tu pas, Tatonga, que Al-Hallaj proclamait plutôt sa fusion avec Dieu ?
-Peut-être, peut-être, Tictoc, mais qui est ce Dieu, est-ce un être à part et qui donc peut fusionner avec ce Dieu, si ce n’est l’Homme ? "Loin de moi, loin de moi, l’affirmation de deux", disait Al-Hallaj."
"Tatonga, je regrette de t’avoir écouté tout ce temps. Tu m’as ballotté d’un extrême à l’autre. Un jour, tu dis blanc, un jour, tu dis noir. Je ne sais plus quoi penser, je ne sais plus qui je suis, je ne sais plus ce qu’est le monde. Je perds tous mes repères, Tatonga, je n’ose plus faire un pas. Faut-il avancer le pied gauche, faut-il avancer le pied droit ? Je ne sais plus, je ne sais plus rien.
-C’est parce que nous cherchons toujours une direction, une origine, une fin ou une valeur absolue ou un sens pour comprendre, et c’est une erreur, Tictoc. Il n’y en a pas. Il fallait chercher autre chose, la vérité est ailleurs, Tictoc.
-La vérité est ailleurs ? Alors pourquoi, tu ne la dis pas ?
-Parce que tu ne peux pas y arriver, Tictoc, si tu n’arpentes pas d’abord tous ces faux chemins.
-Et maintenant, tu peux me la dire.
-Oui, Tictoc. Mieux, je vais te la faire voir, sans mythes et sans triches, et tu verras que c’est ce qu’il y avait de plus simple, de plus clair, de plus évident.
-Tu as donc découvert la vérité…
-Elle est facile à voir, Tictoc. Je ne t’appendrai rien si je te dis que tu es une poussière de l’univers, un infime fragment de l’univers, un univers dont tu ne vois ni les contours, ni les profondeurs. Enfermé dans cette immensité aux infinis infinis, tu es pourtant le seul être à pouvoir t’en évader, le seul être à embrasser ses infinis par ta pensée, le seul à t’en libérer, à en sortir, pour le transcender, le regarder d’en-haut et plonger au plus profond de ses profondeurs. C’est un pouvoir suprême, indépassable. Il est impossible, de faire mieux, de concevoir pouvoir plus grand.
-Et alors ?
-Tu n’es pas seulement enfermé dans l’univers, tu es aussi enfermé dans ton corps. Malgré ce double confinement, tu arrives à voir le monde et aussi à te voir et à te juger toi-même. Tu es un œil, Tictoc, qui non seulement voit et juge, mais se voit, s’ausculte et se juge, et c’est toi-même qui établis les normes, les étalons, les critères. Tu es tout cela à la fois. Connais-tu pouvoir plus grand, Tictoc ?
-Il n’en reste pas moins, Tatonga, que je ne suis qu’une poussière enfermée, exposé aux agressions de la nature.
-Et c’est ce qui révèle justement ta toute puissance, Tictoc. Si tu étais à l’extérieur et indépendant de la nature, tout serait plus facile pour toi, tu n’aurais pas besoin de tant de pouvoir.
-Veux-tu dire que je suis Dieu, Tatonga ?
-Je ne te dis rien, Tictoc, je te décris, je te dépeins.
-Dieu, oh là là, c’est donc ça ta vérité, je serais Dieu ! Ce n’est pourtant pas moi qui ai créé les planètes, les galaxies.
-Tu me rappelles un dicton de chez moi qui fait allusion à ce que ferait un âne d’un bouquet de fleurs qu’on lui offrirait. Je te parle de ce qu’il y a de plus important et tu me parle de vulgaires planètes. Les créer ? pourquoi pas ? Ces objets n’ont aucune importance, Tictoc, et tu sais bien qu’ils n’ont que l’apparence de la réalité concrète et palpable que tu leur prêtes et qu’ils sont plutôt vides.
-Mais comment se fait-il que je sois enfermé et mortel ?
-Où pouvais-tu te trouver, Tictoc, où, sinon dans un corps et dans le monde, confronté au monde ? Il faut se demander si ce n’est pas cela que pensaient les chrétiens quand ils disaient que Dieu s’était fait homme. Et n’est-ce pas à ton puissant pouvoir de transcender le monde que pensent les monothéistes quand ils disent que Dieu est immatériel et transcendant, trônant au-dessus du monde ?
-Arrête, Tatonga, je me connais bien et je sais que je n’ai rien d’exceptionnel.
-Rien d’exceptionnel ! J’ai donc parlé pour rien, tu es du genre à manger un bouquet de roses, Tictoc. Il ne s’agit pas de toi, Tictoc, chaque individu n’est qu’une façon de voir et de se voir sous un angle différent. Il s’agit de l’Homme, qui est beaucoup plus que ce qu’est chaque homme et peut-être même plus que la somme de tous les hommes. L’univers, Tictoc, se devait d’avoir un foyer, un noyau, unique et immuable, où tout se focaliserait ou d’où tout irradierait - ce qui revient au même - et ce noyau, c’est l’Homme, et tu es immortel, Tictoc.
-Je suis donc Dieu ?
-Mais qui veux-tu que ce soit d’autre, qui ? T’es-tu demandé pourquoi c’est l’Homme qui a pensé Dieu ? Il faut comprendre, Tictoc – ah ça, c’est important à comprendre ! – il faut comprendre qu’il ne peut y avoir de Dieu sans l’Homme et que l’Homme ne peut être sans Dieu. Al-Hallaj avait tout compris et tout déclamé dans des vers fascinants. Ce grand mystique, décapité pour avoir écrit "je suis la Vérité, je suis Dieu", disait aussi "sache que l’homme qui proclame l’unicité de Dieu s’affirme lui-même" et "je suis Lui en vérité".
-Ne crois-tu pas, Tatonga, que Al-Hallaj proclamait plutôt sa fusion avec Dieu ?
-Peut-être, peut-être, Tictoc, mais qui est ce Dieu, est-ce un être à part et qui donc peut fusionner avec ce Dieu, si ce n’est l’Homme ? "Loin de moi, loin de moi, l’affirmation de deux", disait Al-Hallaj."
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
Administrer à coups d’esbroufes.
"Tatonga, tu ne trouves pas qu’ils sont tout bizarres ces jeunes aujourd’hui ?
-Je ne sais pas pourquoi tu dis ça, Tictoc ; je ne peux pas te répondre.
-Je me suis arrêté à l’entrée d’un établissement et il y avait là trois jeunes adossés au mur d’enceinte.
-Oui et alors ?
-Façon de causer un peu, je leur ai demandé ce qu’ils comptaient faire plus tard.
-Et alors ?
-Il faut voir comment ils me regardaient, Tatonga ! Poliment, d’un air innocent, mais il y avait quelque chose d’imperceptible dans l’air, d’indéchiffrable sur leurs visages. Impossible de savoir s’ils réfléchissaient, s’ils souriaient intérieurement, si ça les amusait.
-Oui, ils sont très forts aujourd’hui pour prendre cet air innocent pas très innocent, mais ce n’est pas grave et c’est déjà bien que tu t’en sois aperçu. Et ensuite ?
-Ensuite, l’un d’eux a fait un pas en avant pour se rapprocher et, très poliment, m’a demandé la permission de me poser à son tour une question.
-Ha ha ha ! et qu’as-tu répondu ?
-J’ai dit oui, bien sûr, et tu sais ce qu’il m’a dit ? Pourquoi nous posez-vous cette question ? Et là, Tatonga, je n’ai rien compris.
-Pas grave, pas grave, Tictoc, c’est parce qu’ils ne trouvent pas quoi répondre, mais ça peut être aussi : tu nous emmerdes, dégage, circule, disparais, on t’a trop vu, tu nous caches le soleil, marre des cons. Je ne sais pas, Tictoc, ça peut vouloir tout dire, mais ce n’est pas… innocent.
-Mais pourquoi ? Je voulais juste causer un peu, ils avaient l’air tellement gentils.
-Et ils sont gentils, Tictoc, mais ils ne pensent pas comme toi. Ils vont à l’école parce qu’il faut bien s’instruire, mais programmer leurs carrières n’est pas une obsession pour eux. Ils savent que tout change trop vite, qu’ils ne peuvent rien prévoir et que l’horizon est plutôt bouché. Enfin bref, ils ne voient pas les choses comme toi et n’ont pas les mêmes centres d’intérêt, mais ils sont très doués, et fais bien attention à ne pas tomber dans le panneau s’il vient à l’un d’eux l’idée de faire semblant de jouer ton jeu pour s’amuser, car ils savent très bien comment tu fonctionnes.
-Ils avaient l’air tellement sages…
-Si tu avais attendu un peu plus l’heure de la sortie, tu aurais vu des jeunes filles en âge d’être mariées moulées dans des pantalons à damner le saint homme qui leur a mis des voiles sur la tête. Tu les aurais vues, cigarette aux lèvres ou suçant je ne sais quoi, riant au nez de leurs matrones de profs rembourrées et ficelées comme de vieux matelas, tu les aurais vues se colleter âprement avec les jeunes hommes de leur classe pour rigoler. Tout cela est normal et ce n’est pas grave, Tictoc, mais j’aurais bien aimé voir la tête que ferait le Cheikh qui leur parle de voile.
-Mais pourquoi répètes-tu à chaque fois ce n’est pas grave, ce n’est pas grave ?
-Parce que ce qui est grave, Tictoc, c’est que l’avenir de tous ces jeunes est entre les mains d’octogénaires et de nonagénaires gâteux, gâteux pour rester poli. Des hommes de l’ancien temps qui arrivent en criant que c’est aux jeunes de prendre en main leur destin, tout en s’installant eux-mêmes dans la place pour l’occuper le restant de leur vie. Tu peux leur crier « oui, d’accord, mais alors que fais-tu là, dégage, va-t’en, vide la place ! », mais ils s’incrustent là, Tictoc, et se mettent à discourir sur la bravoure et l’héroïsme de leur génération d’il y a un siècle. Ils singent par la parlote le grand Nkrumah, Nasser, Mao, Guevara, Gandhi, Mandela pour faire croire qu’ils ont leur stature.
-Et ces hommes de l’ancien temps, pour rester toujours poli, ils ne se rendent pas compte qu’ils roulent à contresens ?
-Impossible, Tictoc. Ils sont tout braqués sur le passé et sur eux-mêmes, et ils ne trouveraient rien d’autre à dire ou à faire. Pour eux, administrer, c’est radoter, c’est scander des slogans creux et refaire les guerres d’antan, et surtout user d’esbroufes. C’est une folie dont j’ignore le nom. Ce qui est grave, Tictoc, c’est qu’il y a toujours des courtisans pour leur cirer les pompes, toujours là à l’affût d’un poste de ministre ou de Premier ministre. Qui croient que ministre, ça leur donnerait du prestige, ne se rendant pas compte, eux non plus, qu’ils n’inspireraient alors que le dégoût à force de transpirer par tous leurs pores la vilénie et la servilité. Mais qu’est-ce que ça peut faire aux putois de puer ?"
"Tatonga, tu ne trouves pas qu’ils sont tout bizarres ces jeunes aujourd’hui ?
-Je ne sais pas pourquoi tu dis ça, Tictoc ; je ne peux pas te répondre.
-Je me suis arrêté à l’entrée d’un établissement et il y avait là trois jeunes adossés au mur d’enceinte.
-Oui et alors ?
-Façon de causer un peu, je leur ai demandé ce qu’ils comptaient faire plus tard.
-Et alors ?
-Il faut voir comment ils me regardaient, Tatonga ! Poliment, d’un air innocent, mais il y avait quelque chose d’imperceptible dans l’air, d’indéchiffrable sur leurs visages. Impossible de savoir s’ils réfléchissaient, s’ils souriaient intérieurement, si ça les amusait.
-Oui, ils sont très forts aujourd’hui pour prendre cet air innocent pas très innocent, mais ce n’est pas grave et c’est déjà bien que tu t’en sois aperçu. Et ensuite ?
-Ensuite, l’un d’eux a fait un pas en avant pour se rapprocher et, très poliment, m’a demandé la permission de me poser à son tour une question.
-Ha ha ha ! et qu’as-tu répondu ?
-J’ai dit oui, bien sûr, et tu sais ce qu’il m’a dit ? Pourquoi nous posez-vous cette question ? Et là, Tatonga, je n’ai rien compris.
-Pas grave, pas grave, Tictoc, c’est parce qu’ils ne trouvent pas quoi répondre, mais ça peut être aussi : tu nous emmerdes, dégage, circule, disparais, on t’a trop vu, tu nous caches le soleil, marre des cons. Je ne sais pas, Tictoc, ça peut vouloir tout dire, mais ce n’est pas… innocent.
-Mais pourquoi ? Je voulais juste causer un peu, ils avaient l’air tellement gentils.
-Et ils sont gentils, Tictoc, mais ils ne pensent pas comme toi. Ils vont à l’école parce qu’il faut bien s’instruire, mais programmer leurs carrières n’est pas une obsession pour eux. Ils savent que tout change trop vite, qu’ils ne peuvent rien prévoir et que l’horizon est plutôt bouché. Enfin bref, ils ne voient pas les choses comme toi et n’ont pas les mêmes centres d’intérêt, mais ils sont très doués, et fais bien attention à ne pas tomber dans le panneau s’il vient à l’un d’eux l’idée de faire semblant de jouer ton jeu pour s’amuser, car ils savent très bien comment tu fonctionnes.
-Ils avaient l’air tellement sages…
-Si tu avais attendu un peu plus l’heure de la sortie, tu aurais vu des jeunes filles en âge d’être mariées moulées dans des pantalons à damner le saint homme qui leur a mis des voiles sur la tête. Tu les aurais vues, cigarette aux lèvres ou suçant je ne sais quoi, riant au nez de leurs matrones de profs rembourrées et ficelées comme de vieux matelas, tu les aurais vues se colleter âprement avec les jeunes hommes de leur classe pour rigoler. Tout cela est normal et ce n’est pas grave, Tictoc, mais j’aurais bien aimé voir la tête que ferait le Cheikh qui leur parle de voile.
-Mais pourquoi répètes-tu à chaque fois ce n’est pas grave, ce n’est pas grave ?
-Parce que ce qui est grave, Tictoc, c’est que l’avenir de tous ces jeunes est entre les mains d’octogénaires et de nonagénaires gâteux, gâteux pour rester poli. Des hommes de l’ancien temps qui arrivent en criant que c’est aux jeunes de prendre en main leur destin, tout en s’installant eux-mêmes dans la place pour l’occuper le restant de leur vie. Tu peux leur crier « oui, d’accord, mais alors que fais-tu là, dégage, va-t’en, vide la place ! », mais ils s’incrustent là, Tictoc, et se mettent à discourir sur la bravoure et l’héroïsme de leur génération d’il y a un siècle. Ils singent par la parlote le grand Nkrumah, Nasser, Mao, Guevara, Gandhi, Mandela pour faire croire qu’ils ont leur stature.
-Et ces hommes de l’ancien temps, pour rester toujours poli, ils ne se rendent pas compte qu’ils roulent à contresens ?
-Impossible, Tictoc. Ils sont tout braqués sur le passé et sur eux-mêmes, et ils ne trouveraient rien d’autre à dire ou à faire. Pour eux, administrer, c’est radoter, c’est scander des slogans creux et refaire les guerres d’antan, et surtout user d’esbroufes. C’est une folie dont j’ignore le nom. Ce qui est grave, Tictoc, c’est qu’il y a toujours des courtisans pour leur cirer les pompes, toujours là à l’affût d’un poste de ministre ou de Premier ministre. Qui croient que ministre, ça leur donnerait du prestige, ne se rendant pas compte, eux non plus, qu’ils n’inspireraient alors que le dégoût à force de transpirer par tous leurs pores la vilénie et la servilité. Mais qu’est-ce que ça peut faire aux putois de puer ?"
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
La bouilloire.
"Tatonga, c’est quoi ces sujets sur les jeunes, les Talibans… Dieu ne t’intéresse plus ?
-Dieu c’est comme une coquille vide, Tictoc, prête à recevoir tout ce que tu veux y mettre. C’est pour cela que tout le monde en parle en savant… sans rien savoir. Pour faire illusion, certains portent une longue barbe, puis laissent bouillir les asticots qui leur servent de neurones dans les bouilloires qui leur tiennent de crane. Tout se passe là, Tictoc, juste là, rien que là, à l’intérieur de la bouilloire.
-Tu veux dire que Dieu n’existe pas ?
-Personne ne sait ce qu’il y a, Tictoc, personne ne sait.
- Personne ne sait ce qu’il y a. Donc, il y a et on ne sait pas ce que c’est.
-Non, Tictoc. Ça ne veut pas dire qu’il y a et ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas. Tu vois, c’est beaucoup plus compliqué. Ça ne veut pas dire qu’il y a zéro et ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas zéro, et ça ne veut pas dire qu’il y a 1 et ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas 1. Il n’y a ni 1, ni non-un, Tictoc, ni zéro ni non-zéro. C’est plus vide que le vide. C’est vide sans être vide ni plein. Ce n’est ni néant, ni non-néant. C’est un état qui échappe à la logique.
-Vide sans être vide ni plein ! Ah, ma tête ! Je sens que ça bout et ça chauffe, Tatonga !
-Et avec ça, tout le monde a décidé qu’il est unique et qu’il ne faut rien lui associer, ce qui n’a pas empêché chacun d’avoir le sien et de l’habiller à son goût pour le distinguer de celui des autres. En vérité, il n’y rien de plus pluriel, et jamais rien n’a fait autant parler les hommes que ce rien. La plupart savent même ce qu’il a fait, ce qu’il fera, ce qu’il aime et ce qu’il n’aime pas.
-Mais comment se fait-il que l’on s’interroge sur l’existence de ce rien, sans même que l’on sache si ce rien est un rien ou un non-rien ?
-C’est la magie des mots, Tictoc. A force de répéter un mot comme rien, ça finit par donner de la consistance à rien. Il prend corps. C’est pour cela qu’on te demande de méditer et de prier, Tictoc, de faire bouillir les asticots.
-Les mots sont magiques ?
-Oui, Tictoc, c’est la plus grande invention de l’homme. Pour te montrer un mouton, on n’a pas besoin de te trainer par le cou jusqu’aux champs, il suffit de prononcer un mot et, abracadabra, un mouton apparait devant tes yeux. Un mot pour faire apparaitre un mouton, ou quelque chose de plus abstrait comme courage, ou, plus magique encore, quelque chose qui n’existe nulle part, mais qu’on fait naitre par miracle dans ta bouilloire comme fantôme. Après le mot, l’homme a inventé les religions, qui sont un très grand bouillonnement, le plus grand bouillonnement jamais inventé, Tictoc.
-Donc, il n’y a pas Dieu.
-En vérité, Tictoc, il y a Dieu, c’est même la chose la plus évidente qui soit, la seule évidente, un Dieu vrai, de sentiments, d’émotions, etc., pas une mécanique. Mais il y a quelque chose qui t’a échappé, Tictoc. Je t’en parlerai la prochaine fois."
"Tatonga, c’est quoi ces sujets sur les jeunes, les Talibans… Dieu ne t’intéresse plus ?
-Dieu c’est comme une coquille vide, Tictoc, prête à recevoir tout ce que tu veux y mettre. C’est pour cela que tout le monde en parle en savant… sans rien savoir. Pour faire illusion, certains portent une longue barbe, puis laissent bouillir les asticots qui leur servent de neurones dans les bouilloires qui leur tiennent de crane. Tout se passe là, Tictoc, juste là, rien que là, à l’intérieur de la bouilloire.
-Tu veux dire que Dieu n’existe pas ?
-Personne ne sait ce qu’il y a, Tictoc, personne ne sait.
- Personne ne sait ce qu’il y a. Donc, il y a et on ne sait pas ce que c’est.
-Non, Tictoc. Ça ne veut pas dire qu’il y a et ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas. Tu vois, c’est beaucoup plus compliqué. Ça ne veut pas dire qu’il y a zéro et ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas zéro, et ça ne veut pas dire qu’il y a 1 et ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas 1. Il n’y a ni 1, ni non-un, Tictoc, ni zéro ni non-zéro. C’est plus vide que le vide. C’est vide sans être vide ni plein. Ce n’est ni néant, ni non-néant. C’est un état qui échappe à la logique.
-Vide sans être vide ni plein ! Ah, ma tête ! Je sens que ça bout et ça chauffe, Tatonga !
-Et avec ça, tout le monde a décidé qu’il est unique et qu’il ne faut rien lui associer, ce qui n’a pas empêché chacun d’avoir le sien et de l’habiller à son goût pour le distinguer de celui des autres. En vérité, il n’y rien de plus pluriel, et jamais rien n’a fait autant parler les hommes que ce rien. La plupart savent même ce qu’il a fait, ce qu’il fera, ce qu’il aime et ce qu’il n’aime pas.
-Mais comment se fait-il que l’on s’interroge sur l’existence de ce rien, sans même que l’on sache si ce rien est un rien ou un non-rien ?
-C’est la magie des mots, Tictoc. A force de répéter un mot comme rien, ça finit par donner de la consistance à rien. Il prend corps. C’est pour cela qu’on te demande de méditer et de prier, Tictoc, de faire bouillir les asticots.
-Les mots sont magiques ?
-Oui, Tictoc, c’est la plus grande invention de l’homme. Pour te montrer un mouton, on n’a pas besoin de te trainer par le cou jusqu’aux champs, il suffit de prononcer un mot et, abracadabra, un mouton apparait devant tes yeux. Un mot pour faire apparaitre un mouton, ou quelque chose de plus abstrait comme courage, ou, plus magique encore, quelque chose qui n’existe nulle part, mais qu’on fait naitre par miracle dans ta bouilloire comme fantôme. Après le mot, l’homme a inventé les religions, qui sont un très grand bouillonnement, le plus grand bouillonnement jamais inventé, Tictoc.
-Donc, il n’y a pas Dieu.
-En vérité, Tictoc, il y a Dieu, c’est même la chose la plus évidente qui soit, la seule évidente, un Dieu vrai, de sentiments, d’émotions, etc., pas une mécanique. Mais il y a quelque chose qui t’a échappé, Tictoc. Je t’en parlerai la prochaine fois."
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
Le merveilleux.
"Tatonga, est-ce que le monde est fantastique ?
-Fantastique, étonnant, incroyable, merveilleux, fascinant, mystérieux, magique. Oui, Tictoc, et c’est bien parce qu’il l’est que le monde t’inspire tous ces mots. Ton vocabulaire te vient du monde, Tictoc. C’est bien de tout cela qu’est fait le monde, beaucoup plus que de glaise et d’argile.
-Magique ! Est-ce le fait du hasard ?
-Nier l’intention devant toutes ces merveilles que recèle le monde pour les imputer au hasard, c’est nier l’évidence, Tictoc. Je ne te dirai qu’une chose : si un autre que moi t’entendait invoquer le hasard, il te tournerait tout simplement le dos pour mettre fin à l’entretien. Le hasard ! Chaque fois que tu es tenté par cette idée, je te conseille d’aller vite prendre une douche froide, ça te remettra la tête sur les épaules et les pieds sur terre. Il n’y a que quelques hurluberlus aveugles, se disant, pour la plupart, savants ou philosophes, pour raconter de tels inepties. Ils ne voient que l’argile et la glaise, ils dévitalisent la vie, dépouillent le monde de ce qu’il a de fascinant, l’appauvrissent et l’aseptisent.
-Certains disent qu’il n’y a de magique que dans l’œil de l’homme, que c’est seulement l’homme qui voit dans le monde le magique, le merveilleux, le beau, etc., qui n’y sont pas en réalité.
-La bêtise de certains est infinie, Tictoc. La réalité ? Mais que savent-ils de la réalité ? N’est-ce pas en le percevant que nous pouvons savoir que le merveilleux est dans le monde ? Et si nous le percevons sans qu’il y soit, comment sauraient-ils qu’il n’y est pas ? La bêtise de certains est infinie, Tictoc.
-S’il y a magie, c’est qu’il y a un magicien, Tatonga, non ?
-Nécessairement, Tictoc. Il y a un mystérieux mystère, un magicien, si tu veux, ou une magie magicienne. Peu importe, Tictoc : il y a magie.
-Ce mystérieux mystère ou magie magicienne, peut-on l’appeler Dieu, Tatonga ?
-Oui, Tictoc, mais il ne faut pas y voir un animal ou un homme avec des mains et des pieds. Ce Dieu a tout créé, Tictoc, il a tous les attributs que tu attaches à Dieu, y compris l’émotion et le sentiment qui se retrouvent en toi, il a tout créé, du pire au meilleur. Et tout est étonnant, surprenant, fascinant, même le cobra qui t’horrifie. C’est bien Dieu, Tictoc, mais il y a une chose que tu ne sais pas et je ne sais pas si je dois te la dire.
-Une chose que je ne sais pas ? Dis vite, Tatonga, je veux savoir.
-Ce Dieu a réalisé son œuvre d’un seul jet, Tictoc, il a tout achevé d’un trait et il n’y a jamais rien eu de nouveau. Même si tu vois de nouvelles planètes et de nouvelles créatures, ce ne seront que des formes différentes d’un même monde. Il a créé le monde où tu peux évoluer, vivre ton aventure, c’est ça la finalité et c’est une vraie finalité qui se suffit à elle-même, qui n’a besoin d’aucune autre finalité. Ce que tu dois savoir, Tictoc, c’est qu’une fois ton aventure terminée, c’est terminé pour toujours. Garde-toi de mélanger l’imaginaire au réel et de croire que le bon Dieu va jouer à te prendre dans ses bras pour t’emmener brouter dans un autre champ, comme ferait un éleveur de moutons. Ça n’aurait aucun sens, Tictoc, on ne comprendrait plus la finalité. Tu as eu ta vie, c’est à toi de savoir quoi en faire. Ce que tu rates est raté et ce que tu réussis est réussi, ça ne rimerait à rien de recommencer comme s’il s’agissait d’un jeu ou d’un élevage. Si Dieu ne joue pas aux dés, il ne joue pas non plus à la poupée. Eh oui, Tictoc, il n’y a que toi qui imagines des suites et des successions dont on aurait alors du mal à saisir le sens et la finalité. Le but, Tictoc, est là, immédiat et plus simple que ton aspiration à une absurde et inutile éternité. Si les Anciens t’avaient dit que Dieu aimait le bien et détestait le mal, c’est parce qu’ils savaient que c’est de cela et de cela seulement que seront faits tes ratages et tes réussites, que c’est cela le but ultime. Ne va pas imaginer des suites, des récompenses et des punitions, et des séjours édéniques."
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
La vie.
"Tatonga, c’est quoi la vie ?
-Ça dépend, Tictoc, ça dépend de quel côté on la regarde. Pour toi qui es bien vivant, elle n’est pas ce qu’elle est pour moi qui te regarde de l’extérieur.
-Comment ça, une chose est une chose, elle devrait être la même pour tout le monde, non ?
-Non, pas la vie, Tictoc. La vie, c’est quelque chose de particulier.
-Et elle est quoi pour moi ?
-Pour toi, Tictoc, elle est tout, vraiment tout. C’est simple, sans la vie, tu n’es rien, tu es néant, tu n’es personne. Tu n’existes pas, tu ne marches pas, tu ne ris pas, tu ne respires pas, tu n’attends rien, tu n’as rien, tu ne penses rien… tu n’es rien, tu n’es personne.
-Et pour toi ?
-Pour moi qui te regarde de loin, je ne comprends même pas ce que tu fais là, à quoi rime ce que tu fais, je ne comprends pas ce que tu cherches et à quoi tu veux en venir. Pour moi, tu n’es qu’un mariole, un pitre qui s’est mis dans une situation sans queue ni tête, un crétin qui n’a rien trouvé d’autre à faire qu’à rire bêtement, qui pleure, se démène, se cogne contre les murs, lutte, tombe, se relève, sans même savoir lui-même pourquoi tout ce manège et dans quel but. Un pitre ou un fou désœuvré qui boxe, brasse et embrasse du vent. Tu vois bien, Tictoc, que la vie et toi êtes rien, que même mis ensemble, l’un dans l’autre, ça ne vous mène à rien, ne va donc pas dire que je ne fais qu’affirmer.
-Et c’est toi qui as raison ?
-Moi, bien sûr. Objectivement, c’est moi. Mais toi, on te comprend, Tictoc. Tu t’es retrouvé à ton corps défendant, malgré toi, embarqué dans ce rafiot fantôme, et tu es bien obligé, contraint et forcé, de faire avec. Tu peux l’appeler cauchemar ou rêve, comme tu veux, mais qui prendra fin et tu retourneras d’où tu es venu.
-Et je suis venu d’où ?
-Tu es un rien venu de rien, Tictoc, et c’est à ce rien que tu retourneras comme le moins que rien que tu es.
-La vie a pourtant du bon, Tatonga…
-Tu as cette impression parce que tu as les pieds pris dans son marécage, Tictoc, qui tantôt te tient les pieds au chaud, tantôt te gèle les orteils. Tu peux trouver qu’elle a du bon, mais elle est rien, rien que du vent, comme toi. Un vent qui souffle puis s’éteint. Voilà, Tictoc, ce n’est que ça, et tout est dit."
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
L’horloge.
"Tatonga, je ne sais pas si tu as fait attention à la petite aiguille des horloges, celle des secondes.
-Pourquoi veux-tu que je regarde les horloges, Tictoc, c’est les maboules qui font ça.
-Tu as tort, Tatonga, tu aurais été étonné de la voir tourner si vite, la petite aiguille. C’est incroyable comme elle peut être pressée, on dirait qu’elle a peur d’être en retard.
-Elle a fort à faire, Tictoc, elle a beaucoup à faire, elle égrène ton temps, le temps de chaque arbre, le temps des oiseaux, des papillons, des poissons, des planètes, des pierres, de toute chose.
-Ça fait beaucoup pour une petite aiguille.
-Elle est toujours là, Tictoc, elle s’occupe de tout, elle veille à tout, elle égrène le temps, elle égrène les secondes, trotte, court. Tout le monde doit être à l’heure, personne ne doit être en retard, ceux qui arrivent et ceux qui partent, les libellules, les chenilles, les chrysalides, les roses, les jacinthes, les violettes, les étoiles, les troupeaux de moutons, les mouflons, les caravanes de dromadaires, les narcisses, les jasmins, les mimosas, les hordes de loups, les meutes de chiens, les champignons, les aigles conquérants, les colombes amoureuses, les mouettes, les essaims d’abeilles, les marguerites, les pâquerettes, les coquelicots, les escargots, chaque homme, chaque femme. Ceux qui doivent arriver doivent arriver à l’heure, ceux qui doivent partir doivent partir à l’heure. Il ne doit jamais y avoir une seconde de retard, Tictoc, et la petite aiguille y veille depuis toujours, nuit et jour, sous le soleil et sous la lune. Les vents rageurs peuvent hurler sous les toits, les vagues en furie monter jusqu’au ciel, les poètes l’implorer, les oies cacarder et les pies jaser pour protester, rien ne l’arrête. C’est pour cela que tu la vois courir si vite, très affairée.
-elle court ainsi depuis le big bang ?
-Oh bien avant, Tictoc, bien avant. Le big bang n’est que le début de notre petit univers, de notre monde si tu veux. Mais il y a le grand univers éternel qui n’a jamais commencé et qui ne finira jamais. Avant notre petit univers, il y avait d’autres petits univers avec d’autres objets et il y aura après encore d’autres petits univers avec d’autres objets, différents de ceux que tu connais. A vrai dire, il n’y a qu’une seule substance, une énergie peut-être ou je ne sais quoi, qui se décline et se modèle à chaque fois en objets différents.
-A chaque univers succède un autre univers, chacun avec ses objets, et tous ces petits univers forment le grand univers éternel, c’est ça ?
-Oui, je suis sûr que c’est ça, Tictoc. Nous disons univers pour désigner l’ensemble des objets ou l’ensemble des univers qui le composent, comme on dit ustensiles de cuisine, pour ne pas avoir à citer chaque objet par son nom, mais il n’y a pas d’univers organisé, ni petit ni grand. Je veux dire, Tictoc, que l’univers n’est pas un corps organisé, une machinerie, on appelle univers juste l’ensemble des objets qu’il contient.
-Je sais que tu ne fais que supposer, mais tu supposes mal, Tatonga. L’univers est bien une machine puisque ses objets obéissent à ses lois.
-Oh non, Tictoc, je ne pense pas. Quand les objets d’un univers apparaissent, à la suite d’un big bang ou autre cataclysme, il s’établit entre eux des rapports selon leur nature, comme la gravitation par exemple, qui changent d’un endroit à l’autre, et c’est cela que nous appelons lois, mais c’est une erreur de croire que c’est l’univers qui est donneur d’ordres. Aucun commandeur n’édicte quoi que ce soit, il n’y a que des objets en errance qui se contraignent à cause de leur voisinage.
-C’est l’anarchie, la pagaille, quoi…
-Exactement, c’est l’anarchie et c’est aussi un bazar où tout entre et sort comme dans un moulin, mais tu sais, Tictoc, même en anarchisme, il s’établit spontanément un ordre, un ordre précaire, qui cèdera la place à un autre ordre, il y a toujours un semblant d’ordre.
-Et moi ?
-Toute chose qui apparait, c’est pour disparaitre, le même train qui t’amène t’emporte. C’est la loi du Temps, le temps et les choses sont inséparables."
Tatonga- Admin
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Re: Pérégrinations 3.
Le mythe.
"Tatonga, qu’est-ce qu’un mythe ?
-Je dois d’abord t’expliquer le monde, Tictoc. Sache d’abord que le monde tout entier est constitué d’une seule substance, unique, mais complexe. Certains disent qu’il est constitué de matière, mais ce mot a été tellement galvaudé que je préfère substance. Cette substance est la réalité unique et première, c’est ce qui est, c’est ce qui existe, depuis… depuis toujours. Sans cette substance, il n’y aurait tout simplement pas eu de monde.
-Elle est complexe ?
-Oui, Tictoc, substance une, une, mais composée de divers constituants. Parmi ses constituants, il y a quelque chose qui ressemble à ce que tu appelles esprit ou pensée. Oh, il n’y a là rien de bien extraordinaire, Tictoc, l’air est bien fait d’azote et d’oxygène, alors pourquoi pas de l’esprit dans la substance ? Cette substance est imprégnée, imbibée d’esprit, de pensée, elle est naturellement ainsi faite, il n’y a pas de quoi s’étonner.
-Tu as vu cet esprit, Tatonga ?
-Tu sais, Tictoc, quand tu frottes une allumette, une flamme jaillit. Combien diraient que c’est un djinn qui fait ça, donc un esprit, et c’est effectivement cet esprit de la substance qui opère. Il opère aussi quand ta blessure se cicatrise ou quand un aimant attire ou repousse un autre objet, s’en approche ou s’en éloigne, comme s’il l’aimait ou le détestait. Si tu mets de l’essence dans ta voiture, Tictoc, elle roulera si vite que César prendrait la fuite dans son char en criant au djinn. Et c’est encore cet esprit qui opère en physique quantique quand deux particules dites enchevêtrées ou intriquées se comportent de la même manière et se retrouvent dans le même état quelle que soit la distance qui les sépare, comme si un djinn les reliait.
-C’est un esprit qui fait surgir la flamme de l’allumette ?
-Mais oui, Tictoc. Bien sûr, tu peux parler de phosphore, de chaleur due au frottement, etc., mais au fond, tu n’expliques rien de cette manière, c’est juste du blabla très superficiel de scientifiques.
-Et où est le mythe dans tout ça, Tatonga ?
-Il y a mythe quand tu isoles ce djinn, qui n’est qu’un simple et banal constituant de la substance, pour en faire un être autonome, doué d’esprit et de pensée propres. Dès que tu l’isoles, tu es tenté de lui attribuer une volonté propre, des intentions, des sentiments, etc., pour lui faire accomplir par la suite toutes tes fantaisies, et il s’ensuit alors des légendes et des légendes. Dès que tu isoles cet esprit, tu n’es pas loin de croire par exemple que ton allumette pourrait provoquer un incendie ou une inondation en fonction de la volonté du djinn.
-Et pourquoi ne lui prêterais-je pas une volonté, des intentions, etc., puisque c’est un esprit ?
-Non, Tictoc. Je l’ai appelé esprit, pensée, mais ce n’est pas un esprit comme le tien. Il agit certes, mais pas par un acte volontaire et c’est toujours pour un résultat immédiat. Il ne calcule pas, il ne fait pas de programme à court ou long terme. Quand il tisse, construit, crée, aidé par les autres constituants de la substance, il vise la fonctionnalité immédiate, et il ne se soucie de rien d’autre, ni de ce qui arrivera plus tard, ni de toi, ni de ton devenir, ni d’arrêter une guerre. La grande différence avec ton esprit, c’est que ton esprit fait des projections, calcule et élabore des projets, obéissant ainsi à tes motivations égoïstes, ce qui n’est jamais le cas de ce djinn.
-Pour un résultat immédiat ? Il a pourtant mis beaucoup de temps à finaliser l’œil.
-Ce n’est pas un projet à long terme, Tictoc, l’opération demande du temps, c’est tout, comme la pâte met du temps à lever quand tu y mets de la levure.
-Est-ce qu’on pourrait un jour tout savoir de cette substance universelle ?
-Personne ne s’y opposerait, Tictoc. Tu pourrais même créer tout ce qu’elle crée, les hommes le font déjà, plus ou moins. Il suffit que tu saches comment procède cette substance, et tu peux créer un autre monde, la vie, des milliards d’hommes et de femmes. La substance n’y verrait aucun inconvénient, ne ferait aucune objection. En vérité, tu ne créerais rien toi-même, tu ferais juste intervenir la même substance en la manipulant, et c’est donc toujours elle qui crée.
-Je pourrais tout créer ?
-Théoriquement, oui, Tictoc, tout ce qu’elle crée, ce qui prouverait que tu n’as pas besoin de la volonté personnelle de ce djinn. Le rôle de ce djinn se limite à opérer à la manière d’un esprit au sein de la substance dont il fait partie, dont il n’est qu’un élément parmi d’autres.
-Je pourrais créer des hommes et des femmes ?
-Autant que tu veux. Ce djinn, Tictoc, qui est l’esprit de la substance, crée sous l’interaction, l’influence des multiples constituants de la substance, substance qui se trouve partout dans l’univers, c’est une sorte de réaction physico-chimique, si tu veux. En te servant de la substance, tu peux faire la même chose que ce djinn. Et c’est le moment, Tictoc, de te révéler, à moins que tu ne l’aies déjà compris tout seul, la très grande différence entre ce djinn et ton esprit. Ni ce djinn, ni la substance dont il est l’esprit, ne t’ont créé pour toi-même, puisque toi-même, tu pourrais créer des hommes en pagaille. Ni ce djinn, ni cette substance, personne n’est donc au courant de ton existence, personne ne sait qu’il y a création, qu’il y a un monde, qu’il y a des hommes. Personne n’est au courant."
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Re: Pérégrinations 3.
Les abricots.
"Tatonga, d’où viennent les abricots ?
-Ils viennent de l’abricotier, Tictoc.
-Et l’abricotier vient d’où ?
-D’un noyau, Tictoc, un noyau venu du Big Bang, d’avant le Big Bang, d’un tout petit point, plus petit qu’une tête d’épingle, invisible. Le petit point a explosé dans un grand boum Big Bang projetant dans l’espace le noyau de l’abricotier.
-Ha ha ha ! Un noyau d’abricotier dans une tête d’épingle ! Tatonga, es-tu sûr d’aller bien ?
-Pas seulement ce noyau, Tictoc. Dans ce point invisible, il y avait tout, il y avait le Tout. Il y avait les abricotiers, les amandiers, les éléphants, les planètes, les singes, les hirondelles, les requins, les baleines, les fleurs, il y avait aussi des Tictoc, tous les Tictoc, il y avait également le mal et le bien, l’amour et la lumière. Tout y était, le Tout y était.
-Mais tout le monde n’est pas d’accord que ce Bigbang a eu lieu.
-Peu m’importe, Tictoc. Qu’il se soit produit ou non, il s’est quand même produit. Je suis homme, Tictoc, et je te parle en homme avec ma raison, le seul instrument dont je dispose pour comprendre, expliquer et te parler. Je n’ai pas d’autre outil que ma raison et ma raison exige qu’il y ait ce point, un tout petit point dont tout proviendrait. Ma raison exige qu’il y ait une cause, une origine aux choses, une origine qui ne soit pas elle-même une chose, et ce point minuscule ante-Big Bang tombe bien, Tictoc, pour satisfaire ma raison.
-Ce point minuscule est-il Dieu, Tatonga ?
-Tu es libre de l’appeler comme tu veux, X, Y, Z ou Dieu. Mais tu ne peux pas dire qu’il est Dieu. Un point peut être Dieu, mais Dieu n’est pas forcément un point. Alors dire que ce point est Dieu, c’est former une hypothèse, car cela peut être vrai ou faux. Evite les affirmations hypothétiques, Tictoc, pour ne pas créer de mythes.
-Un point peut... mais Dieu n’est pas… Ah, ma tête ! Mais dis-moi, Tatonga, ne peut-on pas plutôt parler de hasard au lieu de ce point qui me donne le vertige ?
-Tictoc, je vais t’expliquer une bonne fois pour toute ce qu’est le hasard, comme personne ne te l’a jamais expliqué, et il ne faudra plus jamais me parler de hasard, plus jamais. Le hasard, Tictoc, n’est pas un être, n’est pas un agent, pas un acteur. C’est une fiction et il n’y a rien de plus fictif que le hasard. Les hommes parlent de hasard quand la cause, l’origine, est lointaine, cachée, impossible à connaitre, impossible à voir… comme justement ce point invisible dont je te parlais il y a un instant. Ils écrivent des fonctions du hasard, tracent des graphes, dessinent des cloches de Gauss et de je ne sais qui encore. Tout cela a fini par ancrer dans ton esprit l’idée fausse que ce fantôme est bien réel. Tu vois, c’est simple, très facile à comprendre, alors ne me parle plus jamais de hasard qui réaliserait je ne sais quoi."
"Tatonga, d’où viennent les abricots ?
-Ils viennent de l’abricotier, Tictoc.
-Et l’abricotier vient d’où ?
-D’un noyau, Tictoc, un noyau venu du Big Bang, d’avant le Big Bang, d’un tout petit point, plus petit qu’une tête d’épingle, invisible. Le petit point a explosé dans un grand boum Big Bang projetant dans l’espace le noyau de l’abricotier.
-Ha ha ha ! Un noyau d’abricotier dans une tête d’épingle ! Tatonga, es-tu sûr d’aller bien ?
-Pas seulement ce noyau, Tictoc. Dans ce point invisible, il y avait tout, il y avait le Tout. Il y avait les abricotiers, les amandiers, les éléphants, les planètes, les singes, les hirondelles, les requins, les baleines, les fleurs, il y avait aussi des Tictoc, tous les Tictoc, il y avait également le mal et le bien, l’amour et la lumière. Tout y était, le Tout y était.
-Mais tout le monde n’est pas d’accord que ce Bigbang a eu lieu.
-Peu m’importe, Tictoc. Qu’il se soit produit ou non, il s’est quand même produit. Je suis homme, Tictoc, et je te parle en homme avec ma raison, le seul instrument dont je dispose pour comprendre, expliquer et te parler. Je n’ai pas d’autre outil que ma raison et ma raison exige qu’il y ait ce point, un tout petit point dont tout proviendrait. Ma raison exige qu’il y ait une cause, une origine aux choses, une origine qui ne soit pas elle-même une chose, et ce point minuscule ante-Big Bang tombe bien, Tictoc, pour satisfaire ma raison.
-Ce point minuscule est-il Dieu, Tatonga ?
-Tu es libre de l’appeler comme tu veux, X, Y, Z ou Dieu. Mais tu ne peux pas dire qu’il est Dieu. Un point peut être Dieu, mais Dieu n’est pas forcément un point. Alors dire que ce point est Dieu, c’est former une hypothèse, car cela peut être vrai ou faux. Evite les affirmations hypothétiques, Tictoc, pour ne pas créer de mythes.
-Un point peut... mais Dieu n’est pas… Ah, ma tête ! Mais dis-moi, Tatonga, ne peut-on pas plutôt parler de hasard au lieu de ce point qui me donne le vertige ?
-Tictoc, je vais t’expliquer une bonne fois pour toute ce qu’est le hasard, comme personne ne te l’a jamais expliqué, et il ne faudra plus jamais me parler de hasard, plus jamais. Le hasard, Tictoc, n’est pas un être, n’est pas un agent, pas un acteur. C’est une fiction et il n’y a rien de plus fictif que le hasard. Les hommes parlent de hasard quand la cause, l’origine, est lointaine, cachée, impossible à connaitre, impossible à voir… comme justement ce point invisible dont je te parlais il y a un instant. Ils écrivent des fonctions du hasard, tracent des graphes, dessinent des cloches de Gauss et de je ne sais qui encore. Tout cela a fini par ancrer dans ton esprit l’idée fausse que ce fantôme est bien réel. Tu vois, c’est simple, très facile à comprendre, alors ne me parle plus jamais de hasard qui réaliserait je ne sais quoi."
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Re: Pérégrinations 3.
Un vieux vagabond.
"Tatonga, il parait que le monde est plus vaporeux qu’un nuage, et moi, je ne serais donc qu’une vapeur.
-Oui, Tictoc, c’est ce qu’avait compris l’homme depuis longtemps, et quand je dis depuis longtemps, il faut compter en millénaires. Il avait compris, Tictoc, comme il avait compris qu’il y avait très loin des planètes avant même de les voir. L’homme est très malin, Tictoc, il ne tient pas du singe pour rien.
-Il ne croyait donc pas que le monde se limitait à la Terre, au soleil et à la lune ?
-Oh non, Tictoc, ça c’est des racontars. Quelques naïfs, peut-être, comme moi, qui, à 14 ans, croyais encore que le ciel était une vraie voûte. Il a fallu qu’un jour je feuillette par hasard une vieille encyclopédie pour comprendre. Il m’a fallu attendre 14 ans, mais l’idée de Dieu ne m’est jamais rentrée dans la tête, ni à 7, ni à 14.
-Je ne t’ai pas demandé de me raconter ta vie ou de te vanter de ton athéisme, Tatonga. Dis-moi plutôt ce que disent les philosophes et les scientifiques à propos de ce semblant de nuage.
-Les uns et les autres disent la même chose, Tictoc. Les scientifiques, armés de leurs puissants gadgets de grossissement, ne voient que fumée. Mais je peux te faire deux grandes révélations, Tictoc.
-Deux grandes révélations ?
-Oui, Tictoc, deux ! La première est que les philosophes et les scientifiques, c’est des cons.
-Ça, je m’y attendais un peu.
-La seconde est que la réalité, la vraie réalité, est bien celle que tu vois. Tu sais d’ailleurs très bien que ce que tu vois est bien réel et n’a rien de fumeux ou de fumant. C’est simple, Tictoc : tu as justement les yeux qu’il faut pour voir la vraie réalité au-delà de la fumée, bien que ces yeux te trompent parfois sur des broutilles. La vraie réalité, c’est toi qui la vois au-delà de la fumée ou toi qui la crées à partir de la fumée.
-C’est moi qui la crée ?
-Oui, c’est ça, c’est toi qui la crées. La nature ne t’a pas installé comme une poupée dans un appartement tout meublé et décoré. C’est toi qui meubles et décores, et il n’y a de réalité que la réalité que tu crées, c’est la vraie réalité. Il n’y a aucune autre réalité à chercher ou à découvrir ailleurs. La fumée n’est pas réalité, c’est elle qui est fausse réalité, et c’est pour ne l’avoir pas compris que les philosophes et les scientifiques sont des cons.
-Je suis tout à fait d’accord, Tatonga, la nature ne va pas s’amuser à me donner des yeux pour voir partout des mirages, pour voir une fausse réalité, me faire évoluer dans un faux monde, ça n’a pas de sens. Ce que tu dis est bien une grande vérité, Tatonga, mais comment sais-tu tout cela ?
-C’est un vieux vagabond en haillons, sans doute analphabète, qui me l’a dit, Tictoc. Il était assis sur un vieux banc, il était comme fou et m’a fait signe en me voyant passer. Je ne pouvais voir que sa barbe hirsute, ses moustaches brûlées par le tabac et ses petits yeux qui brillaient comme des braises. Aussi, je ne saurais te dire qui il était et s’il souriait.
-Mes yeux me viennent donc de la nature, Tatonga, ce n’est pas de Dieu ? Ce qui m’étonne, Tatonga, c’est que tu es à chaque fois à deux doigts de toucher Dieu, mais tu dis rarement Dieu.
-Oui, Tictoc, je ne suis pas loin de trouver Dieu. Ce que je peux te dire, c’est qu’il n’est pas dans les Ecritures, Tictoc, il faut lever la tête. Je le vois en l’homme, je le vois dans la nature, mais je n’arrive pas à le voir ailleurs. Quelque chose m’en empêche, je suis comme la fusée qui n’arrive pas à échapper à l’attraction terrestre. Chaque fois que j’essaie de m’envoler, je retombe sur Terre, ha ha ha, mais je sais pourquoi : ce Dieu qui se trouverait ailleurs n’a jamais montré qu’il portait en lui les qualités de cœur que les hommes lui attribuent et jamais manifesté les qualités de compassion et d’amour qu’il attend lui-même des hommes, car il n’a jamais bougé le moindre petit doigt pour les secourir, malgré tout ce qu’ils endurent. Je ne dis pas qu’il n’y a rien, qu’il n’y a pas de dieu, mais de qui, de quoi parle-t-on ?"
"Tatonga, il parait que le monde est plus vaporeux qu’un nuage, et moi, je ne serais donc qu’une vapeur.
-Oui, Tictoc, c’est ce qu’avait compris l’homme depuis longtemps, et quand je dis depuis longtemps, il faut compter en millénaires. Il avait compris, Tictoc, comme il avait compris qu’il y avait très loin des planètes avant même de les voir. L’homme est très malin, Tictoc, il ne tient pas du singe pour rien.
-Il ne croyait donc pas que le monde se limitait à la Terre, au soleil et à la lune ?
-Oh non, Tictoc, ça c’est des racontars. Quelques naïfs, peut-être, comme moi, qui, à 14 ans, croyais encore que le ciel était une vraie voûte. Il a fallu qu’un jour je feuillette par hasard une vieille encyclopédie pour comprendre. Il m’a fallu attendre 14 ans, mais l’idée de Dieu ne m’est jamais rentrée dans la tête, ni à 7, ni à 14.
-Je ne t’ai pas demandé de me raconter ta vie ou de te vanter de ton athéisme, Tatonga. Dis-moi plutôt ce que disent les philosophes et les scientifiques à propos de ce semblant de nuage.
-Les uns et les autres disent la même chose, Tictoc. Les scientifiques, armés de leurs puissants gadgets de grossissement, ne voient que fumée. Mais je peux te faire deux grandes révélations, Tictoc.
-Deux grandes révélations ?
-Oui, Tictoc, deux ! La première est que les philosophes et les scientifiques, c’est des cons.
-Ça, je m’y attendais un peu.
-La seconde est que la réalité, la vraie réalité, est bien celle que tu vois. Tu sais d’ailleurs très bien que ce que tu vois est bien réel et n’a rien de fumeux ou de fumant. C’est simple, Tictoc : tu as justement les yeux qu’il faut pour voir la vraie réalité au-delà de la fumée, bien que ces yeux te trompent parfois sur des broutilles. La vraie réalité, c’est toi qui la vois au-delà de la fumée ou toi qui la crées à partir de la fumée.
-C’est moi qui la crée ?
-Oui, c’est ça, c’est toi qui la crées. La nature ne t’a pas installé comme une poupée dans un appartement tout meublé et décoré. C’est toi qui meubles et décores, et il n’y a de réalité que la réalité que tu crées, c’est la vraie réalité. Il n’y a aucune autre réalité à chercher ou à découvrir ailleurs. La fumée n’est pas réalité, c’est elle qui est fausse réalité, et c’est pour ne l’avoir pas compris que les philosophes et les scientifiques sont des cons.
-Je suis tout à fait d’accord, Tatonga, la nature ne va pas s’amuser à me donner des yeux pour voir partout des mirages, pour voir une fausse réalité, me faire évoluer dans un faux monde, ça n’a pas de sens. Ce que tu dis est bien une grande vérité, Tatonga, mais comment sais-tu tout cela ?
-C’est un vieux vagabond en haillons, sans doute analphabète, qui me l’a dit, Tictoc. Il était assis sur un vieux banc, il était comme fou et m’a fait signe en me voyant passer. Je ne pouvais voir que sa barbe hirsute, ses moustaches brûlées par le tabac et ses petits yeux qui brillaient comme des braises. Aussi, je ne saurais te dire qui il était et s’il souriait.
-Mes yeux me viennent donc de la nature, Tatonga, ce n’est pas de Dieu ? Ce qui m’étonne, Tatonga, c’est que tu es à chaque fois à deux doigts de toucher Dieu, mais tu dis rarement Dieu.
-Oui, Tictoc, je ne suis pas loin de trouver Dieu. Ce que je peux te dire, c’est qu’il n’est pas dans les Ecritures, Tictoc, il faut lever la tête. Je le vois en l’homme, je le vois dans la nature, mais je n’arrive pas à le voir ailleurs. Quelque chose m’en empêche, je suis comme la fusée qui n’arrive pas à échapper à l’attraction terrestre. Chaque fois que j’essaie de m’envoler, je retombe sur Terre, ha ha ha, mais je sais pourquoi : ce Dieu qui se trouverait ailleurs n’a jamais montré qu’il portait en lui les qualités de cœur que les hommes lui attribuent et jamais manifesté les qualités de compassion et d’amour qu’il attend lui-même des hommes, car il n’a jamais bougé le moindre petit doigt pour les secourir, malgré tout ce qu’ils endurent. Je ne dis pas qu’il n’y a rien, qu’il n’y a pas de dieu, mais de qui, de quoi parle-t-on ?"
Tatonga- Admin
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Date d'inscription : 11/11/2015
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Re: Pérégrinations 3.
Faux.
"Tatonga, qu’est-ce qui est faux ?
-Tout est faux, Tictoc.
-Tout est faux ?
-Oui, Tictoc, tout est faux, ce qui veut dire que son contraire aussi est faux. Tout ce que tu diras est faux et son contraire faux.
-Comment ça, faux et son contraire faux ?
-Tout est faux et son contraire faux ou n’est pas faux sans être juste ou vrai.
-Voilà que tu recommences à parler le russe. Et ce que dit la science est faux aussi ?
-Ce que dit et fait la science est très utile, Tictoc, il peut être faux ou non, mais il ne nous intéresse pas, la science ne s’intéresse pas aux grandes questions, n’interroge pas l’énigme du Tout.
-Et tout ce qui se dit du Tout est donc faux et son contraire faux ou n’est pas faux sans être juste ?
-Depuis que l’homme pense, Tictoc, depuis des millénaires avant l’ère chrétienne, il s’interroge sur le Tout. Des écoles et des courants de pensée se sont succédé, affrontés, contredits, prouvant chacun l’erreur ou l’inanité de l’autre, sans pour autant s’imposer durablement et encore moins résoudre l’énigme. Et ça dure jusqu’à présent, Tictoc, et il faut bien admettre que tout ce qui se dit est faux.
-Et comment on va faire alors, Tatonga, on ne dit plus rien ?
-Il y a très longtemps, Tictoc, certains avaient dit qu’il n’y a que le changement, que dans le monde tout change, même les pierres, disparait et reparait sous une autre forme, que des contraires, des inconciliables, des incompatibles s’affrontent, s’entrechoquent, évoluent, changent. Il n’y a que des changements perpétuels. Les empires, les planètes, les Tictoc, les châteaux, les oiseaux, disparaissent, d’autres apparaissent. Ce qui persiste à travers le changement, c’est le changement lui-même, disent-ils.
-Ça, c’est pas faux !
-Tais-toi ! A la même époque d’autres, sans nier ce changement perpétuel, soutiennent que ce qui est permanent, c’est plutôt l’être.
-L’être, c’est quoi l’être ?
-Il y a des mots, Tictoc, qu’il vaut mieux ne pas expliquer. Tu devrais comprendre tout seul, mais avec toi, un jour génial, un jour complètement plombé, il faut bien expliquer au risque de pervertir. L’être signifie il y a. L’être signifie il n’y a pas le non-être, il n’y a pas rien. S’il y a un monde, c’est qu’il y a l’être. On dit de l’être qu’il est immuable, unique, incréé, absolument calme, parfait. L’être est. Il est, c’est tout, il n’existe pas, c’est-à dire qu’il ne vient pas à l’existence, car s’il existait, il ne serait pas ce qu’on vient de dire de lui, immuable, parfait, etc. Pour ces derniers, c’est donc l’être qui persisterait pendant que tout le reste, tout ce qui existe change.
-Ça aussi, c’est pas faux !
-Figure-toi que ces deux thèses ennemies, nées une demi-douzaine de siècles avant l’ère chrétienne, ont traversé tout ce temps pour continuer encore aujourd’hui à diviser le monde.
-Dis-moi, Tatonga, cet être, ce ne serait pas tout simplement Dieu par hasard ?
-Justement, Tictoc, les hommes n’ont pas manqué de l’appeler Dieu. Après quoi, chacun se l’est approprié pour le décrire à sa manière, le portraitiser, le harnacher, le décorer, lui attacher des attributs et des qualités et enfin l’adorer, adorer l’être de paille qu’ils se sont créé.
-Bon, Tatonga, si tout mène à l’impasse, si tout est faux sans être faux ni juste, on ferait mieux de se taire.
-Un grand philosophe, Tictoc, qui se faisait appeler Socrate, savait qu’il ne savait rien, qu’il ne saurait rien, qu’il n’atteindrait jamais la vérité, mais qu’en cheminant d’erreur en erreur, il s’élevait.
-Ça aussi, c’est pas faux !"
"Tatonga, qu’est-ce qui est faux ?
-Tout est faux, Tictoc.
-Tout est faux ?
-Oui, Tictoc, tout est faux, ce qui veut dire que son contraire aussi est faux. Tout ce que tu diras est faux et son contraire faux.
-Comment ça, faux et son contraire faux ?
-Tout est faux et son contraire faux ou n’est pas faux sans être juste ou vrai.
-Voilà que tu recommences à parler le russe. Et ce que dit la science est faux aussi ?
-Ce que dit et fait la science est très utile, Tictoc, il peut être faux ou non, mais il ne nous intéresse pas, la science ne s’intéresse pas aux grandes questions, n’interroge pas l’énigme du Tout.
-Et tout ce qui se dit du Tout est donc faux et son contraire faux ou n’est pas faux sans être juste ?
-Depuis que l’homme pense, Tictoc, depuis des millénaires avant l’ère chrétienne, il s’interroge sur le Tout. Des écoles et des courants de pensée se sont succédé, affrontés, contredits, prouvant chacun l’erreur ou l’inanité de l’autre, sans pour autant s’imposer durablement et encore moins résoudre l’énigme. Et ça dure jusqu’à présent, Tictoc, et il faut bien admettre que tout ce qui se dit est faux.
-Et comment on va faire alors, Tatonga, on ne dit plus rien ?
-Il y a très longtemps, Tictoc, certains avaient dit qu’il n’y a que le changement, que dans le monde tout change, même les pierres, disparait et reparait sous une autre forme, que des contraires, des inconciliables, des incompatibles s’affrontent, s’entrechoquent, évoluent, changent. Il n’y a que des changements perpétuels. Les empires, les planètes, les Tictoc, les châteaux, les oiseaux, disparaissent, d’autres apparaissent. Ce qui persiste à travers le changement, c’est le changement lui-même, disent-ils.
-Ça, c’est pas faux !
-Tais-toi ! A la même époque d’autres, sans nier ce changement perpétuel, soutiennent que ce qui est permanent, c’est plutôt l’être.
-L’être, c’est quoi l’être ?
-Il y a des mots, Tictoc, qu’il vaut mieux ne pas expliquer. Tu devrais comprendre tout seul, mais avec toi, un jour génial, un jour complètement plombé, il faut bien expliquer au risque de pervertir. L’être signifie il y a. L’être signifie il n’y a pas le non-être, il n’y a pas rien. S’il y a un monde, c’est qu’il y a l’être. On dit de l’être qu’il est immuable, unique, incréé, absolument calme, parfait. L’être est. Il est, c’est tout, il n’existe pas, c’est-à dire qu’il ne vient pas à l’existence, car s’il existait, il ne serait pas ce qu’on vient de dire de lui, immuable, parfait, etc. Pour ces derniers, c’est donc l’être qui persisterait pendant que tout le reste, tout ce qui existe change.
-Ça aussi, c’est pas faux !
-Figure-toi que ces deux thèses ennemies, nées une demi-douzaine de siècles avant l’ère chrétienne, ont traversé tout ce temps pour continuer encore aujourd’hui à diviser le monde.
-Dis-moi, Tatonga, cet être, ce ne serait pas tout simplement Dieu par hasard ?
-Justement, Tictoc, les hommes n’ont pas manqué de l’appeler Dieu. Après quoi, chacun se l’est approprié pour le décrire à sa manière, le portraitiser, le harnacher, le décorer, lui attacher des attributs et des qualités et enfin l’adorer, adorer l’être de paille qu’ils se sont créé.
-Bon, Tatonga, si tout mène à l’impasse, si tout est faux sans être faux ni juste, on ferait mieux de se taire.
-Un grand philosophe, Tictoc, qui se faisait appeler Socrate, savait qu’il ne savait rien, qu’il ne saurait rien, qu’il n’atteindrait jamais la vérité, mais qu’en cheminant d’erreur en erreur, il s’élevait.
-Ça aussi, c’est pas faux !"
Tatonga- Admin
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