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Pérégrinations 4.

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Message par Tatonga Jeu 1 Déc - 1:31

Brahim a écrit:
Tatonga a écrit:
c’est un monde de fous, fait pour des fous, des fous qui, tels des insectes pris dans une cloche de verre, se cognent contre les parois de leur cellule, avant de tomber foudroyés, raides morts sur le plancher. »
En termes religieux, on dirait que ce monde est un enfer ...
C'est la raison pour laquelle je disais précédemment "nous avons la planète que nous méritons".

Oui, enfer est le mot qu’il faut. C’est un enfer, et comme tout enfer, il doit être discontinu, une succession de souffrances ponctuées de temps de répit pour mieux exacerber la souffrance qui suit. C’est un peu le procédé des tortionnaires et des auteurs de romans à suspense qui font se succéder tensions et soulagements, soulagements qui, finalement, procurent un certain plaisir au lecteur, sauf que l’enfer terrestre se termine toujours très mal pour nous ☺

Oui, c’est une bonne idée d’exhorter les hommes à la bonne conduite. Il est indéniable que l’intensité de l’enfer dépend de la conduite des hommes, mais à mon avis c’est une erreur rhétorique d’imputer la responsabilité de l’enfer aux hommes. Dieu étant nécessairement éternelle, hors temps, sans début et sans fin, son œuvre ne peut que lui être simultanée. Elle s’est, pour ainsi dire, manifestée au même moment que lui. L’œuvre de Dieu ne peut pas être progressive, s’échelonner dans le temps, ce serait contraire au principe de son éternité. Je crois qu’il serait plus cohérent de dire que l’enfer fut décidé « dès le début », comme le serait l’incendie de la rencontre de l’étincelle et de l’essence. Il serait plus cohérent de dire que le monde, manifestation de Dieu, est structurellement un enfer. Je trouve incohérent de voir en Dieu un être interventionniste avec dans une main des foudres et dans l’autre des plans Marshall.

On ne peut pas, par ailleurs, dire que Dieu fait ce qu’il veut, car, s’il ne fait aucun doute qu’il y a un Dieu, le seul Dieu dont parle l’homme est un discours de l’homme, et ce discours humain doit être cohérent de bout en bout, sinon ça ne marche pas.
N’oublions pas qu’en parlant de Dieu, nous parlons toujours de Dieu dans le discours humain, et toute réflexion sur Dieu n’est qu’une réflexion sur ce discours des hommes. Qu’est Dieu hors du discours humain ? Nul ne peut le savoir, car il est hors temps, tandis que nous, nous sommes dans le temps et nous ne pouvons comprendre que ce qui est dans le temps comme nous. Autrement dit, débattre de Dieu, c’est débattre des idées que ce font les hommes de Dieu, et non de Dieu lui-même, qui restera toujours l’éternel inconnaissable tant qu’on n’aura pas franchi la barrière pour le rejoindre… en supposant qu’il soit effectivement rejoignable ☺
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Message par Tatonga Sam 3 Déc - 0:43

La Pensée féconde.

« Tatonga, après tant de recherches, vas-tu enfin m’expliquer Dieu ?
-Oui, mais quand je te parle, il faut m’écouter, Tictoc.
-T’écouter, ça, c’est nouveau. D’habitude, tu me demandes d’être critique.
-Être critique, oui, mais cela suppose que tu écoutes, Tictoc, faute de quoi, tu t’enfermes dans ton dogmatisme et le fanatisme. Être critique, c’est être critique de toi-même aussi et tu ne peux l’être qu’en t’ouvrant aux autres, en ouvrant tes oreilles. Tu dois ouvrir tes oreilles pour laisser entrer l’air t’aérer la cervelle.

-Bon, d’accord, j’écoute.
-Pour commencer, Tictoc, Dieu, il ne faut pas le définir, pas le décrire ; en un mot, il ne faut pas l’imaginer. Dès l’instant où tu essaies de l’imaginer, ce n’est plus Dieu que tu vois, mais une créature de ton imagination.

-Facile à dire, Tatonga. Si je n’ai même pas le droit de l’imaginer, comment veux-tu que j’en ai une idée ?
-La seule chose que tu puisses dire de Dieu est qu’il est l’Eternel, car en disant qu’il est éternel, c’est-à-dire hors temps, sans début et sans fin, tu ne définis et n’imagines rien du tout, tu n’ajoutes et ne retranches rien à Dieu, ce n’est qu’une lapalissade, un truisme.

-Et pourquoi serait-il l’Eternel ?
-L’Eternel et Dieu sont de parfaits synonymes, car Dieu doit être hors temps, sinon il ne serait qu’un objet naturel comme tous les objets naturels qui t’entourent et qu’il a créés, les arbres, les pierres, les bêtes, etc. Il doit s’en distinguer fondamentalement. Bien qu’il se distingue par son essence de sa création, cette dernière est aussi éternelle que Lui, car la création est manifestation de Dieu. Dieu et sa manifestation sont inséparables et simultanés. Dieu est et se manifeste instantanément par sa manifestation. Il est Cause immédiate, instantanée de sa manifestation, ce n’est pas un bonhomme qui se réveille d’une longue sieste pour se mettre au travail pendant six jours. Tout ce qui a été créé a existé et existera toujours. Même si toi, tu vois les choses se dérouler et se transformer dans le temps, le monde ne disparaitra jamais, existera toujours sous une forme ou une autre.

-Et à part qu’il est l’Eternel, je ne peux rien en dire ?
-Rien, Tictoc, absolument rien, car les seules choses que tu aies jamais connues, que tu aies jamais expérimentées et comprises sont inscrites dans le temps, comme tu y es inscrit toi-même. Tu es un être du temps. Tu ne peux savoir ou concevoir ou décrire ce qui est hors temps, et tu ne connais même pas les mots pour en parler.

-Tout cela, c’est bien beau, Tatonga, mais comment vas-tu faire alors pour m’expliquer Dieu ?
-Dieu, Tictoc, se voit et c’est ainsi que, d’une certaine façon, on peut le comprendre. Dieu se voit dans sa manifestation, dans sa création.

-Il faut être plus clair et plus précis, Tatonga. Qui te dit qu’il a créé et qu’a-t-il créé ?
-Bonne question, Tictoc, et c’est maintenant qu’il faut être attentif. Il a créé la joie, le rire, le bonheur, le plaisir, la lumière, la pensée. Il a tout créé, il est le Premier créateur, c’est évident car tout ce que l’homme a pu faire et créer par la suite n’est qu’une reproduction avec les matériels et les éléments que Dieu avait initialement inventés et mis à sa disposition. Les hommes ne font que combiner et recomposer les moyens offerts par Dieu. Jamais, au grand jamais, l’homme n’a pu et ne pourra créer quoi que ce soit de tout à fait nouveau. C’est pour cette raison que tu vois la science fouiller partout, dans l’infiniment grand et dans l’infiniment petit, sans jamais arriver jusqu’au bout, car à la base de toute chose, de l’atome, de la cellule et de l’univers, il y a la Pensée de Dieu, une Pensée première insaisissable pour l’intelligence des culs-terreux que nous sommes. Voilà, tu as compris maintenant qu’il y a nécessairement un Premier inventeur qui a créé des composants qui ne pouvaient pas se créer tous seuls et que l’homme est incapable de créer. Pour que tu comprennes mieux, je vais foncer et forcer le trait, je vais oser un paradoxe, une contradiction : en supposant même que le monde se soit créé tout seul, sans Dieu, cela ne pouvait se créer… sans Dieu, car il y a nécessairement à la base une Grande Pensée. Dieu est incontournable, c’est l’univers même, par le fait même d’apparaitre, qui en témoigne.

-Bien d’accord, Tatonga, mais ce Dieu a aussi créé les souffrances, les larmes, le malheur…
-Oui, il a créé ce que tu appelles le contraire, et tu y vois un problème. C’est là que tu te trompes, tu ne fais que mieux confirmer sa Toute-puissance, car tous ces contraires que tu appelles le mal, sont aussi difficiles à inventer que ce que tu appelles le bien. L’homme peut expliquer, par exemple, la peur, mais il n’aurait jamais pu avoir l’idée de la peur si Dieu n’avait pas été le premier à y penser et à la créer.

-Mais ça ne marche pas, Tatonga, Dieu est censé être bon, être amour.
-Et voilà que tu recommences à le décrire et à le définir. Tu vois des choses et leurs contraires, or il n’y a pas de contraires, les contraires ce n’est que ta façon humaine de voir les choses. C’est ta pensée qui est en cause. Dieu est au-dessus de ces contraires, c’est l’évidence même, il transcende les contraires du manichéisme et du dualisme humains, sinon il ne serait pas Dieu. Tu dis « amour », amour est un mot temporel, propre aux hommes, un mot maladroit, inapproprié à Dieu. Je t’ai déjà dit que tu ne possèdes pas le langage qu’il faut pour parler de Dieu. Ce que tu appelles amour de Dieu est peut-être dans Sa transcendance même, dans le fait d’avoir tout créé, d’avoir créé le bonheur et le malheur, la lumière et les ténèbres, d’avoir triomphé du Néant.

-Tout ça, c’est très joli, Tatonga, mais les hommes se soucient de leur devenir…
-Ils ne sauront jamais ce que sont la bonté et l’amour de Dieu. Ce sont des choses hors temps, qui échappent à la pensée et aux sentiments terrestres et temporels de l’homme. L’homme ne peut qu’espérer et il a toutes les raisons d’espérer, car tout ce que fit Dieu, tout ce qui fut, ne pouvait pas se faire en vain, ne fut pas pour rien.

-Tu arranges bien les choses, Tatonga, pourquoi le monde ne peut-il donc pas être là tout simplement… pour rien ?
-Parce que « pour rien » est une non-pensée, une pensée stérile, alors que Dieu est Pensée, et une pensée n’est une pensée que si elle est féconde. Il est La Pensée féconde par excellence, sinon le monde et toi, tout aussi imparfaits que vous êtes, ne seriez même pas là. »
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Message par Brahim Sam 3 Déc - 15:09

Tatonga a écrit: l’enfer terrestre se termine toujours très mal pour nous
Le monde terrestre peut être perçu par les humains comme étant un enfer, mais il n’est pas certain qu’il en soit un. Je ne suis pas sûr que les animaux, les végétaux et les minéraux (nos colocataires dans ce monde) perçoivent la planète Terre comme un enfer.
Par ailleurs, « l’enfer terrestre » tel que nous le percevons, ne se termine pas toujours très mal. La mort est une porte de sortie de cet enfer et une fin de la souffrance pour nous les humains.
Cela dit, qu’est-ce qu’on devient après ? C’est une autre histoire.


Tatonga a écrit: Il est indéniable que l’intensité de l’enfer dépend de la conduite des hommes, mais à mon avis c’est une erreur rhétorique d’imputer la responsabilité de l’enfer aux hommes.  
Les humains ont leur part de responsabilité dans l’état actuel de ce monde (guerres, violences, famines, etc). S’ils changeaient drastiquement de comportement, la Terre ressemblerait plus à un paradis.
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Message par Tatonga Dim 4 Déc - 6:54

Le minéral, le végétal et l’animal… Oui, je crois qu'ils ne sont pas conscients de l'enfer et du paradis, mais ils les subissent.
Je crois pouvoir ajouter l’enfant.
Je crois que jusqu’à un certain âge, l’homme ne fait que subir les effets bons et mauvais de la nature, tout comme le végétal et l’animal. La seule différence, c’est qu’on le voit et l’entend mieux s’en réjouir et s’en plaindre.
Ce n’est qu’un peu plus tard, que se poseront à lui deux questions, que je qualifierais à la fois de terribles et de fantastiques, qui resteront toujours sans réponses. Un jour, l’homme finit par se dire, "tiens, tiens, mais il y a un monde et comme c’est étrange !"  
Puis il s’aperçoit qu’il est lui-même dans ce monde. "Et j’y suis, même moi, je m’y trouve, comme c’est bizarre !"
Grand étonnement, perplexité. Je crois que c’est à ce moment-là que tout bascule, car il y a dans ces deux questions largement de quoi devenir fou, de quoi perdre la raison et que l’homme devient philosophe. La philosophie est-elle une forme de folie ?
Je crois que ces deux questions sont à la base de toute la philosophie, de toute métaphysique : pourquoi y a-t-il un monde et comment se fait-il que je m’y trouve ?
Je crois que toute la pensée philosophique revient à se poser uniquement ces deux questions, et qu’il n’y a que la façon et les mots utilisés qui changent.
De quoi devenir fou ! Fous, je me demande si on ne l’est pas déjà sans le savoir, à cause justement de ces deux questions… ou, peut-être sommes-nous fous parce qu’on se les pose, parce qu’on est incapables de les éviter.
Quant à la violence, je crois que le monde est fait pour être violent, inévitablement. C’est un enfer, c’est la vallée des larmes, dit-on. L’homme aussi est naturellement violent, pour des raisons objectives et subjectives. C’est une fatalité et c’est une erreur d’espérer une humanité sage comme une image. Espérer changer l’homme en le moralisant est la plus grande des utopies, c’est même contre-nature. Je suis même certain que dans un monde totalement pacifié, l’homme serait très malheureux et la vie intenable. Les prophètes qui prêchent la paix se foutent le doigt dans l’œil, ils n’ont rien, mais alors rien compris. C’est contraint par la nature et par sa nature que l’homme est ainsi ; il ne faut pas lui demander d’être et de ne pas être ce qu’il est. Mais c’est peut-être cela qu’on appelle Dieu et le diable et que signifie ni ange, ni bête.
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Message par Tatonga Mar 6 Déc - 1:15


La pensée humaine.

« Tatonga, il me semble que tu n’accordes qu’une valeur très relative à la pensée humaine ; pour toi, ce n’est même pas une vraie pensée…
-La pensée humaine, ou l’intelligence humaine, est le produit du cerveau, voire du corps tout entier de l’homme. Elle dépend de la physiologie même de ton cerveau et se développe au contact du milieu où tu évolues. Elle a pris ses leçons dans la nature, c’est la nature qui lui a appris comment elle doit penser pour accéder à ses secrets. En un mot, la Terre, et plus généralement l’univers, t’apprend comment tu dois ramper pour pouvoir ramper sur Terre et dans l’univers, comment te déplacer, manger, te soigner, boire dans le milieu naturel où tu vis. Dans un autre milieu, imaginaire, totalement différent, tu aurais eu un autre corps, un autre cerveau, une autre intelligence, une autre pensée. Tu fais partie de la nature, produit et fils de la nature, formaté, éduqué et instruit par la nature.

-Je n’ai pas bien compris…
-Je veux dire qu’il n’y a pas en toi une portion de la Pensée de Dieu. Voilà ! Ta pensée est une pensée différente, elle fonctionne comme les objets de la nature. Les objets de la nature étant temporels, avec des extrémités, des débuts et des fins, ta pensée fait de même.

-Comment ça, fait de même ?
-Pour se déployer, ta pensée a besoin de points de départ, de finalités, de causes, d’effets, d’origines, etc. Ce sont des béquilles pour avancer dans la nature. Elle est donc liée à la nature, ce n’est qu’une pensée relative et non absolue. Si on te plaçait hors de toute nature, tu n’aurais plus aucune pensée. Ta pensée est donc une pensée utilitaire et circonstancielle, et ses vérités ne sont pas valables hors de ton contexte. Ta pensée ne dépasse pas ce cercle circonscrit, elle ne peut pas en sortir, elle y est enfermée, elle est limitée et donc imparfaite, incomplète, artificielle, d’où ses multiples handicaps et ses lacunes.

-Ma pensée est handicapée ?
-Oui, pour penser, tu as besoin de repères dans l’espace et dans le temps. Il te faut partir d’une origine, d’une cause, d’une vérité que tu auto-proclames pour déterminer une finalité, ou partir d’une finalité pour chercher une cause, parfois d’une simple croyance solidement ancrée dans l’esprit de tes contemporains, etc. Or, tous ces repères sont conjoncturels, circonstanciels, relatifs et faux ; ce sont des choix arbitraires que tu fais, et tes conclusions ne valent guère mieux.

-Et c’est grave ?
-Pas beaucoup tant que tu ne te prends pas pour Dieu. Tes conclusions découlent de tes choix, et c’est parce que les hommes ne font pas les mêmes des choix que tu vois des thèses s’opposer. Toi-même, il t’arrive d’être convaincu d’une thèse, de t’apercevoir le lendemain qu’elle reposait sur un critère incertain, douteux, et de basculer dans la thèse opposée. Tu peux passer ta vie à changer ainsi d’avis sans jamais pouvoir te fixer définitivement. La vérité nous échappe.

-Mais, Tatonga, cela nous le savons bien, et nous faisons des synthèses ou cherchons le juste milieu pour concilier nos thèses.
-Tu plaisantes ? C’est quoi la synthèse de deux thèses opposées, ça donne quoi, d’après toi ? Et le juste milieu, c’est quoi ? Tu crois qu’il suffit de mélanger sucre et vinaigre ou de couper la poire en deux pour découvrir la vérité ? Tout cela n’est que bricolage et rapiéçage, un accommodement qui éloigne encore davantage de la vérité.

-Comment faire alors ?
-Tu ne peux rien faire, tu ne peux pas changer ta nature d’homme. Et puis, il n’y a pas que ça, je ne fais que citer quelques exemples des lacunes de la pensée humaine. Tu vois aussi des ressemblances et des contraires. Or chaque chose est différente, aucune ne ressemble à une autre, et aucune n’est le contraire d’une autre, le bien et l’amour ne sont pas le contraire du mal et de la haine. C’est ta pensée qui, ne sachant faire autrement, rapproche et oppose. Tu bâtis tes raisonnements sur du faux. Elle ne vole pas bien haut ta pensée. Tu as juste une faculté particulière, propre à toi, comme les animaux en ont aussi une propre à eux, comme la possibilité de voler ou d’empoisonner, et qui ne vaut guère mieux.

-Nous n’empoisonnons personne et nous volons bien plus haut, Tatonga. Ne sommes-nous pas avant tout philosophes et d’où viennent toutes nos sciences si ce n’est du ventre de la philosophie ?
-Ça ne change rien, Tictoc. En philosophie, comme dans tout ce qui en est sorti, tu utilises les mêmes béquilles et les mêmes artifices, un peu moins visibles parfois, mais c’est la même chose. Tu dis n’empoisonner personne. Mais si, tu n’as qu’à voir comment les intellectuels faussaires, les mercenaires de la plume et du verbe et autres penseurs fabulateurs se disant de haute voltige, se mettent au service des tyrans et des dictateurs…
-Ça suffit, Tatonga, tu commences à dérailler ; si tu abordes ce sujet, je sais qu’on ne pourra plus t’arrêter. »
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Message par Tatonga Jeu 8 Déc - 0:44

L’inconnu.

« C’est quoi l’inconnu, Tatonga ?
-L’inconnu c’est l’inconnu, Tictoc.
-Oui, je sais, mais c’est quoi, c’est un espace et espace de quoi, espace de temps, espace d’espace ?
-Non, Tictoc, l’inconnu c’est l’inconnu, c’est tout.

-Qu’y a-t-il dans l’inconnu ?
-L’inconnu est inconnu, Tictoc.

-D’où vient l’inconnu ?
-L’inconnu ne vient et ne va, tout vient de l’inconnu et va à l’inconnu.

-Tout ?
-Oui, même les infinis se perdent dans l’inconnu.

-Est-il sombre, Tatonga ?
-Je comprends que tu le voies sombre, mais il n’est pas sombre, Tictoc, car rien n’y est caché, et il n’est pas éclairé car rien n’y est montré.

-Peut-on interroger l’inconnu ?
-Tu peux interroger l’inconnu, mais comment interroger l’inconnu, il est l’inconnu inconnu.

-Dis-moi alors où se trouve l’inconnu.
-Il ne se trouve pas, Tictoc. Quelque part et partout ne le concernent pas. Il est l’inconnu inconnu.

-Il n’existe donc pas…
-Oh si, Tictoc, il existe, il est l’inconnu.

-Mais c’est quoi, c’est Dieu, c’est l’esprit, c’est le néant… ?
-Non, Tictoc. Tu ne peux pas nommer l’inconnu, tu ne peux rien dire de l’inconnu. Il est l’inconnu, n’est-il pas l’inconnu inconnu ? »
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Message par Brahim Jeu 8 Déc - 18:30

Tatonga a écrit: Un jour, l’homme finit par se dire, "tiens, tiens, mais il y a un monde et comme c’est étrange !"  
Puis il s’aperçoit qu’il est lui-même dans ce monde. "Et j’y suis, même moi, je m’y trouve, comme c’est bizarre !"
A ces deux constats, je pense qu’on peut ajouter un troisième, aussi important que les deux autres. L’Homme s’est également aperçu que tous les êtres vivant sur Terre, y compris lui-même, sont appelés à mourir ou disparaitre un jour ou l’autre. Ainsi, nous ne sommes là sur Terre qu’à titre provisoire ! Bizarre, bizarre !
Ces trois constats sont capitaux et sont une marque d’éveil (et non pas de folie) des humains, contrairement aux autres êtres vivant sur Terre (en particulier les animaux et les végétaux) qui, eux, n’en sont pas conscients. Je crois que les animaux et les végétaux ne savent pas qu’ils vont mourir un jour, malgré le fait qu’ils aient en eux un instinct de survie et de préservation de l’espèce.

Tatonga a écrit: Quant à la violence, je crois que le monde est fait pour être violent, inévitablement. C’est un enfer, c’est la vallée des larmes, dit-on. L’homme aussi est naturellement violent, pour des raisons objectives et subjectives. C’est une fatalité et c’est une erreur d’espérer une humanité sage comme une image. Espérer changer l’homme en le moralisant est la plus grande des utopies, c’est même contre-nature. Je suis même certain que dans un monde totalement pacifié, l’homme serait très malheureux et la vie intenable. Les prophètes qui prêchent la paix se foutent le doigt dans l’œil, ils n’ont rien, mais alors rien compris. C’est contraint par la nature et par sa nature que l’homme est ainsi ; il ne faut pas lui demander d’être et de ne pas être ce qu’il est. Mais c’est peut-être cela qu’on appelle Dieu et le diable et que signifie ni ange, ni bête.
Oui, la vie sur notre planète est violente : les tremblements de terre, les volcans, les raz de marée, les cyclones, les incendies, les inondations, les animaux qui s’entre déchirent, etc. Les  humains peuvent être aussi très violents, individuellement ou collectivement, ce qui me fait dire que nous sommes à l’image de notre planète qui nous héberge, ou encore nous nous valons l’un l’autre.
Cela dit, je persiste à croire fermement en l’évolution de l’être humain. Il suffit de comparer le mode de vie des hommes préhistoriques à celui de maintenant pour s’en convaincre. Personnellement, je ne pense pas devenir malheureux dans un monde pacifié, bien au contraire, c’est là que je m’épanouirai le plus … et je suis loin d’être une exception. L’évolution des êtres humains peut très bien commencer sur Terre et se prolonger sur une autre planète plus clémente, ou encore dans une autre dimension.
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Message par Tatonga Sam 10 Déc - 1:05

Ô temps, suspends ton vol !

« Tatonga, pourquoi le temps passe ?
-Le temps passe, Tictoc, il est le temps.

-Oui, mais pourquoi il ne s’arrête pas ?
-Le temps passe, Tictoc, il ne peut pas s’arrêter. Rien ne peut arrêter le temps, même le temps ne peut arrêter le temps, il vient de l’inconnu et doit retourner à l’inconnu.

-Et si les choses s’arrêtaient, arrêtaient de suivre le temps ?
-Elles ne peuvent pas, Tictoc. Les choses sont le temps et le temps c’est les choses. Eh oui, le temps c’est les choses et les choses sont le temps.

-Les choses sont soumises au temps ?
-C’est très mal dit, Tictoc. Elles ne sont pas soumises, il n’y a pas le temps et les choses, ça n’existe pas. Les choses sont le temps.

-La science dit que les choses sont le temps ?
-Je ne sais pas si elle le dit, Tictoc. La science ne sait pas tout et ne voit pas tout. Malgré des yeux perçants, elle a le regard flou.

-Si les choses sont le temps, pourquoi le poète dit-il alors au temps de suspendre son vol ?
-Le poète est homme, Tictoc, il rêve de choses sans le temps. »
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Message par Tatonga Lun 12 Déc - 0:47

Contractions et convulsions.

« Tatonga, comment était le monde il y a longtemps ?
-Explosions, chocs, entrechocs, embrasements, bouillonnements, l’apocalypse, Tictoc.
-Tu as raison, Tatonga, des étincelles jaillissaient de partout, courses-poursuites, spasmes, éclairs, rotations, tonnerres, tempête, des éléments en furie.

-Oui, Tictoc, et quoi encore ?
-Contorsions, convulsions, contractions, la nature dans tous ses états.

-Bien. Maintenant sais-tu pourquoi, Tictoc ?
-La physique a tout expliqué, Tatonga.

-Elle a expliqué quoi, Tictoc ?
-Elle a expliqué pourquoi ça explose, pourquoi ça bout, pourquoi ça s’agite.

-Ça explose donc à cause de la physique ?
-Non, mais la physique explique pourquoi ça explose.

-Et tu trouves normal que ça explose et s’entrechoque, que la nature se contorsionne ?
-Puisque, c’est expliqué !
-Non, Tictoc, ce n’est pas du tout normal, un état instable n’est pas normal, ce n’est pas normal du tout.  C’est au contraire très étrange, ces soubresauts et ces turbulences. Quand il y a perturbation et bouleversement, ce n’est jamais pour rien, c’est toujours pour une raison. Réfléchis bien, Tictoc, il y a quelque chose de très important qui t’a échappé et qui explique ces tourmentes.

-Cette agitation, c’est justement pour trouver la stabilité, Tatonga.
-Ce que tu peux être mignon, Tictoc, mais tu viens quand même de reconnaitre que la nature est instable et que l’état normal est la stabilité.

-Je ne sais pas ce que tu veux me faire dire, Tatonga, moi, je ne vois rien d’autre.
-Je vais te dire, Tictoc. Dès le début, la nature voulait enfanter la vie, elle se tordait dans la douleur et la joie de l’enfantement qu’elle appelait de tous ses vœux, de toutes ses forces, et qu’elle voyait venir, ça crève les yeux, Tictoc, ça crève les yeux pour qui a des yeux. Un enfantement très difficile, Tictoc, et elle continue toujours d’enfanter. »
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Message par Tatonga Mer 14 Déc - 0:23


Le but.

« Tatonga, tu disais que la nature enfantait la vie, mais à aucun moment tu ne fais intervenir Dieu.
-Ce n’est pas un problème, Tictoc. Dans ou derrière tout cela, dans ou derrière ce miracle, tu as tout le loisir de trouver qui ou quoi appeler Dieu. Tu as toute latitude de choisir ce qui te convient et de l’appeler Dieu, dans ou derrière l’harmonie universelle, dans ou derrière…

-Mais pourquoi ne dis-tu pas alors que c’est Dieu qui… ?
-Dire que c’est dieu qui, c’est redire qu’un miracle est un miracle et l’harmonie une harmonie, Tictoc. Mais dire que c’est Dieu, c’est beaucoup plus compliqué, problématique. Dieu avec une majuscule est un dieu déjà identifié ; il est chargé de bagages, de beaucoup de bagages.

-Quels bagages ?
-Un but, par exemple, Tictoc. Dieu est identifié comme ayant un but, un objectif, un terminus…

-Et en quoi est-ce un problème, Tatonga, on sait bien que le but de Dieu est de nous mener au paradis, au nirvana, enfin, bref, à la dolce vita éternelle.
-Je sais, Tictoc, combien est précieuse pour toi la vie, je sais que c’est ce qui compte le plus, que rien ne vaut la vie, mais je trouve que c’est plutôt futile pour ce Dieu qui s’est donné la peine de tout créer, que ce n’est pas un but digne de Dieu. Ce Dieu doit avoir un but beaucoup plus élevé, beaucoup plus noble, dirais-je, que de te gâter, mais je ne vois pas, Tictoc, je ne vois pas ce qui pourrait être un terminus digne de Dieu, il n’y en a pas, Tictoc, il n’y en a pas.

-La vie éternelle, le bonheur suprême, ça ne suffit pas ?
-Bah, non, Tictoc, c’est trop futile pour être un but de Dieu. Tu sais, même menant une vie idyllique, les gens en ont souvent marre avant même d’être adolescents, et beaucoup fuiraient tout cela s’il était facile d’en sortir. Tu crois tenir à la vie, mais c’est elle qui te tient.

-Je vais te dire, Tatonga. Le but de Dieu est Dieu lui-même, est d’être Dieu, il n’y a pas de but à chercher ailleurs ou plus haut.

-Jolie phrase, Tictoc, encore faut-il savoir ce qu’elle veut dire et oublier que tu es là à te débattre dans un monde dont tu ignores tout, avant de crever comme un rat. Après, tu peux toujours dire que ce calvaire est la voie choisie par Dieu, mais regarde derrière toi, il n’y a plus personne, pas même un chat, Dieu les a tous avalés. Si le but de Dieu est d’être Dieu, pourquoi est-ce toi qui souffres ? Quelque chose ne tourne pas comme il faut, Tictoc. »
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Message par Tatonga Ven 16 Déc - 0:43

Les poissons.

« Tatonga, est-ce que les poissons voient dans l’eau ?
-Oui, Tictoc, ils voient dans l’eau.

-Et hors de l’eau ?
-Je ne pense pas, Tictoc ; hors de l’eau ils sont morts.

-Ils voient donc dans l’eau, mais pas hors de l’eau ?
-Oui, Tictoc, et ils ne voient pas l’eau, tout comme toi, tu ne vois pas l’air.

-Ils ne voient pas, mais savent-ils ce qu’il y a hors de l’eau ?
-S’ils savent qu’il y a des vélos, des bagnoles, des avions qui volent, des bombardiers qui bombardent, des danseuses qui dansent et chantent, des menteurs qui mentent, des routes, des villes, des ports, des aéroports, de l’eau dans les robinets, des écoles ? Non, Tictoc, ils ne savent pas, ils ne peuvent pas savoir.

-Peuvent-ils l’imaginer, le supposer ?
-Non, Tictoc, ils ne peuvent pas imaginer que nous portons des vêtements, qu’il y a des avocats, des juges, des médecins, des philosophes et des fous. Cela n’existe pas dans leur monde.

-Pensent-ils qu’il y a un dieu hors de l’eau ?
-Peut-être, Tictoc, mais ce qu’ils imagineraient ne ressemblerait en rien à ce qu’il y a réellement hors de l’eau. Tout au plus verraient-ils un gros poisson moustachu, tantôt fronçant les sourcils de colère, tantôt arborant un air paterne.

-Ils sont bien ignorants à ce que je vois.
- Hors de l’eau, c’est leur inconnu, Tictoc, autant inconnu et inconnaissable que ton au-delà. »
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Message par Tatonga Dim 18 Déc - 0:38


La mutation génétique.

« Tatonga, si je suis là, c’est parce qu’il y a eu mutation génétique, une cellule du primate a muté.
-Je ne sais pas si elle a bien fait de muter, mais bon, tu es là.
-Sans cet accident, survenu par hasard ou sous l’effet d’on ne sait quelles causes, je ne serais donc pas là.
-Si c’est bien cela que dit la science, Tictoc, à mon avis c’est très mal dit, et donc pas tout à fait exact, pour ne pas dire faux.

-Et pourquoi ce serait faux ?
-Ne vois-tu pas, Tictoc, que c’est un vrai conte de fées. Tu serais là par hasard ou peut-être parce que le pauvre animal aurait reçu un coup sur la tête ou aurait eu un torticolis ou je ne sais quoi ! C’est faux parce que les choses sont dites de telle façon que tu comprends que cette cellule n’y était pour rien, qu’elle subissait, qu’elle était passive.

-Et c’est quoi ta thèse, alors ?
-Je préfère t’expliquer les choses à ma manière, Tictoc. Cette cellule, c’était toi. Il y avait dans cette cellule tout ce qu’il y a en toi, tout ce qui est toi, ton bon et ton mauvais caractère, ton intelligence et ta bêtise, ta conscience, tes défauts, tes qualités. Elle n’était pas passive, mais active. C’était une cellule intelligente et rusée qui avait décidé vo-lon-tai-re-ment de fausser compagnie à ses copines, de dire baye, adieu et merci au primate. Elle s’était évadée, Tictoc, pas d’un seul coup, il lui avait fallu emprunter des tunnels et des labyrinthes, et beaucoup de temps, de ruses et d’efforts avant de se trouver enfin libre.

-Ah bon ?
-Mais bien sûr, Tictoc, n’oublie pas que c’était une cellule vi-van-te, vivante veut dire active, et si elle avait déguerpi pour devenir toi, c’est parce qu’elle était plus futée et plus audacieuse que ses camarades cellules.

-Tatonga, je préfère ta façon de présenter les choses et je suis d’accord. Mais dis-moi, Tatonga, cette cellule qui avait muté, qui est-elle ?
-Je te l’ai dit, elle est toi. Tu peux dire aussi qu’elle est ta mère et ton père, en y mettant une majuscule, si tu veux.

-Je serais donc mon propre père et ma propre mère ?
-Mais bien sûr, Tictoc, puisque tu n’es pas apparu tout seul. Mais tu comprendras peut-être mieux si je te dis qu’ils sont toi. Ils sont toi et tu es eux, comme la cellule mutante était toi et tu es elle.

-Maintenant que tu le dis, je me rends compte que c’est bien vrai, Tatonga.
-Oui, Tictoc, et le primate lui-même avait des ascendants. Dieu a fait de ses créatures des chaines qui partent les unes des autres et toutes de lui. Voilà, tu comprends maintenant que s’il y a procréation, ce n’est pas sans raison, c’est pour reproduire en enchainant. Et tu sais désormais qui est dieu ; il est le Soleil, origine de tous les rayons. »
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Message par Tatonga Mar 20 Déc - 0:52

Ce qu’est le monde.

« Tatonga, comment est le monde ?
-Je suppose que tu veux parler de l’univers. Il est tout, Tictoc.
-Ça veut dire quoi tout ?
-Cela veut dire qu’en dehors du monde, il n’y a rien.

-Et que signifie rien ?
-Cela veut dire qu’il n’y a ni vide ni plein.
-Et que veut dire ni vide ni plein ?
-Cela veut dire que le monde est tout, qu’hors du monde il n’y a rien et qu’il n’y a pas un hors du monde.

-Est-ce que le monde se déplace, Tatonga ?
-Non, Tictoc, il ne bouge pas, où veux-tu qu’il bouge ?
-J’ai compris, Tatonga, le monde n’a pas d’extérieur, il n’y a que l’intérieur.
-Peut-on parler d’intérieur, Tictoc, quand il n’y a pas d’extérieur ?

-Mon Dieu, ce n’est pas facile à comprendre tout ça !
-Non, ce n’est pas facile, et il n’a pas de haut ni de bas, de droite ni de gauche, ni de sens ni de contre-sens, puisqu’il n’y a rien qui puisse lui servir de repère.
-Le tête commence à me tourner, Tatonga.
-Et il n’a pas d’avant ni d’après ; pour le monde, aucun temps ne s’écoule, et il ignore le beau et le laid, le bien et le mal, car, étant tout cela à la fois, il ne privilégie rien.

-Ça alors, est-ce qu’il est conscient, au moins ?
-Non, Tictoc, il n’est conscient de rien, il n’est au courant de rien, pas même de lui-même. Conscient et inconscient, c’est toi qui peux l’être, pas le monde ; le monde n’est pas un humain.
-Comment se fait-il alors qu’il soit bien organisé ?
-Non, Tictoc, ça, c’est ton jugement. Le monde n’est ni bien ni mal organisé, il ne sait même pas ce que veut dire organiser.

-Il est donc sourd, aveugle et muet.
-Et inconscient, Tictoc. Il n’a aucun de tes sens et aucune de tes facultés ; depuis le temps, tu aurais dû quand même t’en rendre compte.

-Mais comment se fait-il que toi, Tatonga, qui n’es même pas une poussière sois conscient…
-Stoppe, Tictoc, stoppe ! C’est quand tu t’émerveilles d’être conscient que tu te mets à croire que tu es un être exceptionnel. Ça te fait divaguer, délirer, tu sombres dans le surnaturel, ton imagination s’emballe pour voir un gros poisson barbu qui se soucie de toi. Détrompe-toi, Tictoc, tu existes comme n’importe quoi d’autre, c’est tout, tu n’es pas un être favori, le fait que tu prennes conscience du monde ne fait pas de toi une exception. »
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Message par Tatonga Jeu 22 Déc - 7:11


Ukraine-Russie.

« Tatonga, ce conflit Ukraine-Russie est bien un bras de fer entre l’Occident et la Russie, n’est-ce pas ?
-Oui, Tictoc.
-La majorité des pays, pour ne pas dire presque tous, se sont rangés du côté de la Russie. Sais-tu pourquoi.
-Je répondrai plus tard à cette question, Tictoc.

-Toi, tu es viscéralement contre l’Occident, on le sait bien, Tatonga, pas vrai ?
-Comme le dit si bien Poutine, l’Occident est une machine, un système d’exploitation planétaire, Tictoc. Tout est bon pour lui pour écraser et asservir : l’intimidation, le chantage, la corruption, l’agression armée contre les peuples, la destruction planifiée des valeurs et des cultures traditionnelles des indigènes. Certains sages au sein même de cet Occident ont beau crier que les fameuses Lumières sont une faillite et la modernité occidentale une orgie de consommation où la vacuité des divertissements le dispute à la malbouffe, que pour la première fois de son existence l’humanité s’est détournée de son esprit et de son âme pour ne plus s’intéresser qu’au corps et à son bien-être, rien à faire, rien n’a pu arrêter la voracité insatiable de l’ogre occidental.

-Mon Dieu !
-Oui, fort de sa révolution industrielle et scientifique, il s’est engagé dans la conquête du monde en y fondant des empires, écrasant tout sur son passage. A la fin du 19° siècle, il dominait les ¾ du globe après avoir détruit tout ce qui est cultures locales, les religions, les langages, les légendes, les coutumes, l’histoire, les arts, l’organisation de la vie sociale et familiale des autochtones.

-Tant que ça !
-Et pour ne citer que quelques-uns de ses crimes les plus récents, les Balkans, la guerre du Golfe, l’Afghanistan, l’Angola, le Rwanda, la Libye, la Syrie, c’est lui.

-C’est donc pour ça que tout le monde s’est rangé aux côtés de La Russie.
-Non, ce n’est pas pour ça, c’est parce que Poutine et son ami Xi Jinping le Chinois ont dit que les Etats sont souverains et qu’il ne fallait plus s’ingérer dans leurs affaires.

-Et ça a suffi, ça a plu et ça a rallié tout le monde à la cause russe ?
-Oui, Tictoc, ça a plu a beaucoup de monde, parce que la plupart des Etats sont des dictatures, et ça convient bien aux dictateurs qu’on ne se mêle pas de leurs affaires. J’en ai même entendu, parmi ces dictateurs, qui ont sauté sur l’occasion pour dire qu’ils allaient redéfinir les droits de l’homme. De quoi donner froid dans dos, Tictoc.

-Ça te fait peur ?
-Mais bien sûr, Tictoc. Tu sais bien comment ils vont les redéfinir, ces droits de l’homme. Ils vont les vider de toute signification, et tu n’auras plus que le droit de fermer ta gueule et de te prosterner aux pieds de l’autocrate. Ce que Poutine et son allié chinois font miroiter implicitement n’est ni plus ni moins que de légitimer les dictatures sous couvert de souveraineté des nations.

-Mon Dieu !
-Oui, tu peux dire mon Dieu. Il a fallu beaucoup de violences, de souffrances, de luttes et de sang versé, Tictoc, pour faire progresser la pensée humaine et faire triompher les libertés, mais si jamais cet ordre sino-poutinien venait à régner sur le monde, c’est toute la pensée humaine qui rebrousserait chemin pour retourner mille ans en arrière, et tout serait à refaire. »
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Message par Tatonga Sam 24 Déc - 0:53


Prier.

« Tatonga, pourquoi Dieu attend-il des prières ?
-Qui t’a dit ça, Tictoc ?
-Mais tout le monde le sait et tout le monde prie Dieu.
-Il y a des fois où tu me déçois, Tictoc. Est-il vraiment difficile de comprendre qu’il n’y a pas quelqu’un ou quelque chose qui attend que tu le pries ?

-Mais alors pourquoi prie-t-on ?
-Pourquoi prie-t-on ? Qui prie-t-on ? Mais qui veux-tu prier, Tictoc ? Tu n’as donc pas encore compris que tu te pries toi-même ?
-Je me prie moi-même, je m’adresse des prières ?
-Mais bien sûr, Tictoc, à part toi qui veux-tu prier.

-Je prie quoi, mon corps ?
-Mais non, tu te pries toi-même.
-Moi-même, mais quoi, ma conscience, mon intelligence, mon esprit, les pulsions et les pulsations de mon cœur, les…
-C’est un peu ça, Tictoc, mais tout cela n’en dit pas assez et ce n’est pas bien clair.

-Alors dis-moi comment s’appelle ce que je prie, Tatonga.
-Ce n’est pas facile, Tictoc, pas facile de mettre un nom dessus. C’est quelque chose que tu sens être en toi et que tu sais qu’il est toi. Attends, je vais te dire ça autrement. Ne t’arrive-t-il pas de te sentir être dans ton être, être au fond de ton être ? Eh bien, c’est ça, c’est ça que tu pries, c’est ce quelque chose qui est comme un étranger en toi et que tu sais qu’il est toi. Voilà ce que tu pries.

-Je prie donc un étranger enfoui en moi et qui est moi ?
-Voilà, voilà, Tictoc, c’est ce Dieu que tu pries et c’est ce Dieu-là qui a fait que tu es devenu toi après avoir été animal, c’est lui qui t’a fait passer de la condition animale à la condition d’homme. C’est lui qui est Dieu, Tictoc, il n’y en a aucun dehors, et c’est de lui et de lui seul que tu peux attendre quelque chose, c’est lui et lui seul qui peut faire des prodiges et des miracles comme il en a fait déjà quand il t’a extirpé de l’animal.

-Et ce Dieu n’était pas en l’animal ?
-Si, il était en l’animal comme il est aujourd’hui en toi, mais il n’était pas encore bien éveillé, il n’était pas encore assez conscient, il était incapable de se penser, de s’auto-penser, incapable de pensée philosophique, de pensée morale et de pensée métaphysique. C’est en devenant toi qu’il est devenu pleinement Dieu, faisant de toi un Dieu.

Mais il y a un problème, Tatonga, ce n’est quand même pas moi qui ai créé les montagnes, la lune…
-Tu n’as toujours rien compris, Tictoc, personne n’a créé les montagnes et la lune. Le monde n’a pas été créé, il est ce qu’il y a, tu ne veux quand même pas qu’il y ait rien ? Le monde et ses galaxies sont là, et on s’en fout, Tictoc. Phénomène unique et inédit, tu es apparu dans ce monde, comme un Dieu, tu es Dieu. Qui a créé les montagnes et la lune, mais regardez-moi cette question !!!

-Dieu est donc en moi, il est moi et je suis lui, je comprends maintenant pourquoi je n’arrive pas à le voir de mes yeux.
-Oui, c’est bien ça, Tictoc, mais tes amis te diraient qu’il leur envoie des messages à partir du ciel. Ils croient qu’il leur parle de loin, ha ha ha ! Ils ne savent pas qu’il n’est pas plus éloigné d’eux qu’ils ne sont éloignés d’eux-mêmes.

-Etant Dieu, je renaitrai donc ?
-Comment crois-tu que tu es né ? Ce quelque chose dont je viens de te parler s’est glissé furtivement hors du corps du primate pour s’introduire et s’épanouir en toi, devenir ton intime toi. Ce quelque chose invisible et sans nom était Dieu émergent, déjà puissant, et il prospère en toi. Les hommes le prient pour l’adjurer de ne pas abdiquer, de poursuivre son épopée, de ne pas les abandonner. »
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Message par Tatonga Lun 26 Déc - 7:12


Les inconnus.

« Tatonga, sais-tu qui est mon père ?
-Ton père, ta mère, tes voisins, tes frères, tes amours, tes sœurs, tes amis, ton chien, des inconnus, Tictoc.

-Et moi ?
-Un inconnu, inconnu de tous et inconnu de toi-même.

-Des inconnus… mais je les connais tous !
-Non, Tictoc, ce sont des inconnus. Tu les as rencontrés, croisés, mais ce sont des inconnus venus de l’inconnu, qui retourneront à l’inconnu.

-Je les retrouverai dans l’inconnu ?
-Je ne sais pas, Tictoc, personne ne sait, l’inconnu est inconnu.

-Mais tu as un avis…
-Les retrouver, je ne sais pas, Tictoc. Là où nous sommes, le temps, les choses, tout passe, jamais rien ne repasse. De l’inconnu, on ne sait rien, il nous est interdit.

-Pourtant, il y a des prophètes qui disent savoir, est-ce qu’ils fabulent ?
-Je ne pense pas qu’ils mentent, Tictoc. Sans vouloir les comparer, il y a dans ce monde des prophètes, des mages, des devins, des visionnaires, des augures, des mystiques, des oracles, des médiums…, je ne pense pas qu’ils soient si nombreux à mentir. Voient-ils quelque chose dans l’inconnu, comment voient-ils, je ne sais pas, tout est étrange dans ce monde, Tictoc. Toi-même, sans être aucun de ceux-là, tu vis le réel, tu rêves aussi et tu as des intuitions, et tout cela est bien étrange. Que veux-tu comprendre, Tictoc, quand le monde est étrange et l’inconnu inconnu ! »
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Message par Tatonga Mer 28 Déc - 0:36


Le cosmos et la vie.

« Tatonga, que dis-tu de la vie ?
-La vie et les créatures vivantes est un phénomène anodin, insignifiant, infinitésimal, advenu dans l’étendue cosmique.

-Voilà qui demande des explications…
-Il n’y a rien à expliquer, Tictoc. Il y a un cosmos éternel et infini. Dans ce cosmos surviennent toutes sortes de choses, y compris des êtres vivants, et aucune n’a plus d’importance qu’une autre.

-Je ne comprends toujours pas.
-La vie est apparue il y a quelque temps et va disparaitre bientôt, comme tant d’autres choses, comme l’averse tombée sur ta ville un certain jour, dont personne ne se souvient. La vie, comme l’averse, n’a pas plus de sens, d’importance et de signification pour le cosmos que n’en ont pour toi les bulles qui se forment et éclatent à la surface de l’eau.

-Je n’en crois rien, Tatonga, la vie, les hommes, c’est quand même quelque chose de fantastique !
-Méfie-toi de ce qui te parait fantastique, Tictoc. Rien n’est fantastique dans le cosmos, tout est égal, il n’y a que toi qui fantasmes, apprécies, valorises et déprécies. Tu n’es ni plus ni moins fantastique que tout ce qui se trouve dans l’univers. Et méfie-toi des légendes et des mythes, ce ne sont que tes légendes et tes mythes, ils n’ont rien à voir avec la réalité du cosmos.

-Et mon intelligence, ma raison, ma conscience, mes sentiments, mes émotions… ça ne vaut rien ?
-Cela ne fait pas de toi une exception, Tictoc, il n’y a que toi qui le croies. Tu es ce qu’est l’homme, c’est tout. A l’instar de la lune qui est lune et ronde, du putois qui est putois et pue, toi, tu es homme avec les caractéristiques de l’homme.

-Quand même pas, Tatonga, grâce à mon intelligence, je comprends le cosmos.
-Avec ton intelligence, tu creuses ton trou, ton terrier, comme fait la gerboise, tout au plus. Tu n’es pas plus intelligent que la planète tournant autour de son soleil et tu ne comprendras jamais le cosmos. Même les questions pourquoi et comment que tu te poses à propos du cosmos sont inappropriées, complètement à côté du sujet. Ces questions ne s’appliquent même pas au cosmos, car il est sans comment et sans pourquoi et aucune autre question ne lui est applicable, il ne répond à aucune question. Alors tu vois, ton intelligence n’est pas du tout une intelligence, quand même tu la multiplierais à l’infini. »
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Message par Tatonga Ven 30 Déc - 0:34

La lumière.

« Tatonga, est-ce que le paradis existe ?
-Mais bien sûr qu’il existe, Tictoc.

-Alors pourquoi certains en doutent-ils ?
-Parce qu’ils ne voient pas et n’ont pas compris la magie de la Création. Ils regardent mais ne voient pas la lumière, ils ne voient pas le miracle, ils ne voient pas les merveilles de la vie, la plénitude de la Création leur échappe, ils ne discernent pas tout le mystère de la pensée et de la conscience.

-Mais pourquoi ne voient-ils pas, Tatonga ?
-Parce qu’ils regardent le monde comme ils ont l’habitude de le regarder depuis si longtemps. Ils regardent le monde sans s’étonner, sans s’interroger ; forcément, la magie de la Création leur échappe, ils finissent par croire que tout va de soi, que tout est banal, qu’il n’y a nul prodige.

-D’accord, Tatonga, mais quel rapport avec le paradis ?
-Le paradis, Tictoc, c’est de l’autre côté, l’autre côté de toi, un autre côté de la Création, voilà ce qu’est le paradis. Cet autre côté, tu ne le vois pas, mais il est lumière car la Création est lumière, Tictoc, et la lumière est Création. La création est partout inondée de lumière, de tous les côtés, de ton côté, de l’autre côté, de tous les côtés. Le paradis est lumière, car toute création est lumière, partout. »
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Message par Tatonga Dim 1 Jan - 0:38


Le manteau.

« Tatonga, hier, tu as parlé de Création, veux-tu dire que c’est créé par Dieu ?
-J’ai dit Création, comme j’aurais pu dire cosmos, univers ou monde, mais pour répondre à ta question, oui, tout a été créé par Dieu.

-Comment le sais-tu ?
-Ce n’est pas bien compliqué, Tictoc. De par ses miracles, car tout est miracle dans la création, les lois qui la régissent, la vie, la pensée, la conscience, de par sa complétude, sa plénitude, sa sublimité, la Création ne peut être que divine, œuvre de Dieu.

-Pas pour tout le monde, Tatonga. Pour certains, le monde pourrait être tel qu’il est, avec tous ses miracles, sa magie, ses merveilles, mais sans Dieu ; la matière à elle seule serait capable de réaliser ce qui te semble ne pouvoir être que l’œuvre de Dieu.
-Si j’ai bien compris, Tictoc, ils ne nient pas la magnificence de l’œuvre. S’ils ne la nient pas, eh bien, c’est ça Dieu, Tictoc. Comme dit l’adage, il n’y a pas de fumée sans feu. Quand tu as sous les yeux toute la magnificence de l’œuvre, tu as Dieu, et je ne comprends pas ce qu’il y a d’autre à chercher. Si c’est le manteau de Dieu, il n’en a pas !

-Effectivement, ils ne nient rien, Tatonga, mais ils attribuent tout cela à la matière, une matière dénuée de conscience. Et s’il n’y a pas de conscience, on ne peut dire qu’il y a Dieu.
-Supposons que la Création soit l’œuvre de la matière, Tictoc, une matière très puissante, mais dépourvue de conscience, comment se fait-il alors que toi, tu en sois pourvu ? Tu serais donc plus fort que cette matière supposée être l’artisan de la Création, tu transcenderais donc cette matière dont tu es toi-même issu. D’où tiendrais-tu un tel pouvoir ? Tu vois que ça ne marche pas, Tictoc.

-Ça ne tient pas ?
-Non, ça ne tient pas, Tictoc. Tu ne peux pas dire que le monde est le produit de la matière inconsciente et en même temps te déclarer conscient. Ça ne marche pas, Tictoc ; l’auteur de la Création est forcément conscient, la preuve par Tictoc, et c’est donc Dieu.

-Tu n’as pas bien compris, Tatonga, je ne surpasse pas la matière, car c’est la matière qui produirait l’esprit, la conscience.
-Il ne faut pas faire dire aux mots une chose et son contraire, Tictoc. Ou la matière est matière inconsciente, et dans ce cas, elle ne peut produire la conscience ; ou elle est consciente, et dans ce cas, elle n’est pas matière.

-D’accord, Tatonga, mais comment expliques-tu que la Création divine soit imparfaite ?
-C’est ce que tu crois, Tictoc, mais je suis sûr d’une chose : si jamais on réformait la Création sous tes directives pour la parfaire selon tes souhaits, je suis sûr qu’on n’aurait plus de Création du tout. »
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Message par Tatonga Jeu 5 Jan - 0:30

La mère.

« Tatonga, est-ce que le blé a été créé à dessein pour nous nourrir ?
-Non, Tictoc.
-Et la pomme ?
-Non plus, Tictoc ?
-Et le sel et la vache ?
-Pas plus, Tictoc.

-Mais alors pourquoi sont-ils là avec nous et en mangeons-nous ?
-Parce que nous sommes tous frères, Tictoc, nés de la même mère : la terre. Nous sommes tous frères, complémentaires et compatibles, plus ou moins semblables, plus ou moins différents, mais nous sommes tous frères conçus dans l’utérus de la terre, nous nous nourrissons les uns des autres, et c’est notre mère la terre qui nous nourrit tous.

-C’est bien ce que je disais, Tatonga, ils ont été créés pour que nous en mangions.
-Non, Tictoc, nous en mangeons parce que nous sommes tous pétris de la même pâte, ils sont nous et nous sommes eux. Que pourrais-tu manger, Tictoc, si tu n’étais pas anthropophage ?

-C’est donc ça !
-Et c’est parce que nous sommes tous frères que nous comprenons nos frères, Tictoc. Si on ne se ressemblait pas, aucune de nos sciences n’aurait été possible. Comment comprendrais-tu ce qui est totalement différent de toi, c’est impossible.

-Donc même notre pensée…
-Eh oui, Tictoc, même ta pensée est issue de ton monde environnant, c’est ce monde qui t’entoure qui constitue ta réalité, et c’est de cette réalité, de ce microcosme que vient ta pensée ainsi que ton corps. La mère terre t’a inculqué les principes de sa propre logique, c’est d’elle que tu as tout hérité.

-Pourtant nous comprenons les autres planètes et les corps célestes.
-C’est parce qu’ils sont sœurs et frères de ta mère et lui ressemblent plus ou moins, mais ta pensée ne peut pas voler plus haut. Plus loin et plus haut, c’est une autre pensée, il faut une autre pensée, indépendante de ta réalité, et c’est pourquoi tu ne peux comprendre l’univers dans sa globalité, ni son pourquoi ni son comment. En toute vérité, Tictoc, à l'échelle de l'univers, il n'y a pas du tout de pensée, il n'y a aucune pensée qui expliquerait l'univers : il n'y a de pensée qu'intra-muros chez les êtres comme toi qui ont une mère.

-Tatonga, y a-t-il la vie sur d’autres planètes ?
-J’en suis certain, Tictoc, mais les créatures auraient alors la forme que leur donnerait leur mère et pourraient n’être que des corps sans esprit ou peut-être des esprits sans corps ; tout dépend de la mère, Tictoc. »
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Message par Tatonga Sam 7 Jan - 0:38


La métaphysique.

« Tatonga, comment faire de la métaphysique sans se tromper ?
-C’est simple, Tictoc, il ne faut pas en faire.
-Mais tout le monde en fait !
-Il y a une autre façon d’en faire sans se tromper, Tictoc, faire de la métaphysique sans faire de métaphysique.

-Je ne comprends rien à ce que tu dis, Tatonga.
-Comme son préfixe l’indique clairement, faire de la métaphysique, c’est verser dans le surnaturel. Or le surnaturel est un pur produit de ton imagination, il n’a aucune réalité, sous aucune forme, il n’existe que dans ta tête. Bref, faire de la métaphysique, c’est pire que se tromper, c’est sombrer dans le délire.

-Le surnaturel, comme quoi par exemple ?
-Des êtres et des lieux irréels, purement imaginaires, un dieu, un diable, des anges, des fantômes, un enfer, des ogresses, un paradis, un autre monde…, c’est ça le surnaturel.

-J’ai compris.
-Mais il n’est pas facile d’échapper au surnaturel, Tictoc. Quand tu crois avoir pris toutes les précautions pour l’éviter, il trouve le moyen de se glisser à ton insu dans ta pensée, discrètement, implicitement ; c’est qu’il n’y a pas plus grand farceur que ton imagination, Tictoc, elle a plus de tours dans son sac que le diable.

-L’imagination est donc très forte ?
-Oui, Tictoc, surtout avec l’assentiment complice de ton cœur. Ils se liguent et se concertent pour te faire entendre des murmures, des voix, et même te faire voir le nom de Dieu écrit dans le ciel par une trainée de nuages ou tracé par une limace sur un navet de ton potager. De grands farceurs, Tictoc.

-Le surnaturel, ça n’existe donc pas, mais qu’y a-t-il alors, Tatonga ?
-Il y a la nature, Tictoc, rien que la nature, partout la nature, unique est première réalité. Il n’y a rien à part elle, rien hors d’elle, rien avant et rien après.

-Et c’est quoi la nature ?
-Elle est calcaire, végétal, métal, solide, liquide, gaz, chair… Il n’y a qu’elle, Tictoc.

-Et je viens d’elle ?
-Il n’y a qu’elle, Tictoc. Elle se modèle comme la pâte à modeler des écoliers pour prendre toutes sortes de formes qu’elle abandonne aussitôt pour prendre d’autres formes. Elle joue, s’amuse, grimace, se duplique, se tord, se trémousse.

-Mais comment se fait-il qu’elle soit capable de créer des formes ?
-C’est ainsi qu’elle est faite, Tictoc. Elle ne crée rien, elle se transforme, et c’est pourquoi il y a un monde et il y a toi. S’il n’y avait pas cette nature spéciale, vivante, dynamique, très active, il n’y aurait ni monde, ni rien. Il n’y a que la nature, première et unique réalité, voilà comment tu peux faire de la métaphysique sans métaphysique.

-Elle est très forte, dis donc !
-Oui, Tictoc, mais ne va pas croire qu’elle est infaillible. Ses échecs sont infiniment plus nombreux que ses réussites, mais tu les vois rarement. Mais pour elle, les échecs ne sont pas des échecs et les réussites ne sont pas des réussites, elle forme des formes, elle grimace, c’est tout. Que ces formes soient viables ou non, elle ne le sait même pas, elle ne fait même pas de différence. Sans faire exprès, elle crée aussi des formes qui te choqueraient, des agneaux à six pattes, des bébés à deux têtes ou handicapés, mais pour elle tout cela est normal.

-Non, Tatonga, c’est un être suprême qui est créateur de toute chose.
-Et voilà le surnaturel qui revient au galop, malgré l’évidence. Et bien sûr, ton imagination, qui n’est jamais à court de ruses, va te dire que les échecs, les ratages, sont faits exprès par cet être suprême pour des raisons qu’il est seul à connaitre. Des raisons que tu ne serais pas capable de comprendre de ton vivant et qui te seront révélées plus tard quand tu ne seras plus là.

-Et comment expliques-tu alors que des hommes beaucoup plus calés que toi ne nient pas cet être suprême.
-C’est parce qu’ils savent, Tictoc, que les hommes tiennent à cet être suprême, qu’ils en ont besoin. Tes savants ont compris qu’entre la vérité et l’utile, il faut choisir l’utile, entre la réalité de la nature et le mythe surnaturel, il faut nourrir le mythe pour apaiser le cœur des hommes. La vérité, qu’est-ce que tu veux qu’ils en fassent ? Elle ne sert à rien ! »
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Message par Tatonga Lun 9 Jan - 1:05


Le fou.

« Tatonga, j’ai vu un homme inconsistant et silencieux, l’air de flotter, presque irréel, hirsute et tout en haillons.
-Un vagabond ou un fou, il y en a tant de par le monde, Tictoc.
-Il a sûrement passé la nuit allongé sur un carton.
-Peut-être, oui, ou sur autre chose.

-Il doit être bien malheureux, Tatonga.
-Je ne sais pas, Tictoc, cet homme n’attend sans doute plus rien, n’espère rien, ne veut rien, et il n’est plus déçu, ni par les hommes ni par le monde, il vit en paix. Il n’est jamais pressé et plus rien ne le tourmente. Il sait qu’il ne peut rien changer, il suit son chemin subissant le bon et le mauvais sans se lamenter. Il sait que tout peut arriver, à tout moment, et ne s’en soucie guère. C’est peut-être ça la liberté. Est-il malheureux, je ne pense pas, Tictoc. Mais où l’as-tu vu ?

-Il se tenait debout contre la murette d’un cimetière et, de temps en temps, il se hissait sur la pointe des pieds pour regarder à l’intérieur, je me demande ce qu’il doit bien penser en regardant toutes ces tombes alignées.
-Tu ne peux pas le savoir, Tictoc. Tu ne pourras jamais deviner. Ce qu’il pense va sûrement beaucoup plus loin que ce que tu peux imaginer, mais peut-être qu’il ne pense rien et ne se pose même pas de questions, Tictoc. Il sait ce qu’il est lui-même et ce qu’est le monde, il s’accepte et accepte le monde tel qu’il est, il sait que c’est ainsi. Quelles questions veux-tu qu’il se pose, Tictoc, et pour quoi faire ? Dis-moi, Tictoc, est-ce qu’il t’a regardé ?

-Oui, Tatonga, il m’a regardé, mais je ne sais pas s’il m’a vu, il avait les yeux comme vides et je n’arrivais pas à croiser son regard.
-Si, il t’a vu, à peine, mais il t’a vu comme on voit une silhouette. Tu ne l’intéressais pas, Tictoc, en quoi peux-tu l’intéresser ? Il regardait ailleurs.

-Il imaginait et regardait des choses qu’il est seul à voir ?
-Oui, Tictoc, et tu pourrais même le voir parler à un arbre. Mais tu sais, ce que toi tu vois, c’est aussi ton cerveau qui te le montre et il n’est pas plus vrai que ce que l’autre voit. Pour toi, il est déconnecté de la réalité, de ta réalité, mais où se trouve la réalité, Tictoc, je crois qu’il y en a une pour chaque regard.

-Une réalité pour chaque regard ?
-Oui, Tictoc, je crois que le monde ne se montre pas, c’est ton regard qui te révèle ton monde. »
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Message par Tatonga Mer 11 Jan - 0:57

Le non-causé.

« Tatonga, je suis bien Tictoc, n’est-ce pas ?
-Aucun doute, tu es bien Tictoc et tu resteras toujours Tictoc, tu ne changeras pas, car tu as une âme, toujours la même.

-C’est donc ça avoir une âme ?
-Pour moi, c’est ça une âme. Si tu n’avais pas une âme, tu ne serais pas là, ou tu serais un jour Tictoc, un jour Tictac, un jour, Tuctuc. Tu n’aurais pas la même pensée, les mêmes idées, les mêmes sentiments, le même corps.

-Mais tout ça change avec le temps…
-Oui, tu changes beaucoup avec l’âge, mais tu sais que tu es le même, car au fond, il y a quelque chose qui ne change pas, et c’est ça ton âme.

-Je suis donc mon âme ?
-Oui, Tictoc, mais tu n’en es pas une copie. Tu n’es pas son prolongement et pas sa progéniture. Malgré ce que j’ai dit, bien que tu dépendes de ton âme, le lien qui vous unit n’est pas un simple et vulgaire lien de cause à effet, ni une filiation ; tes défauts, par exemple, tu ne les tiens pas d’elle. Ton âme est pure, Tictoc, elle est étincelante de pureté, elle n’est pas cause de ta pensée indigente, de tes sentiments douteux, de ton corps difforme, de tes défauts. Elle n’est pas cause au sens commun du terme et n’est pas causée non plus, car ce qui est parfait est parfait par soi-même, se suffit et n’est l’effet d’aucune cause.

-S’il n’y a pas ces liens entre nous, c’est qu’elle n’existe pas, Tatonga, sinon c’est quoi ce lien qui nous unit ?
-Si, tu as bien une âme, Tictoc, pour les raisons que je t’ai déjà expliquées. Quel lien vous unit, je ne sais pas, Tictoc. Je crois que c’est un lien d’un genre particulier, tout à fait différent des liens que nous connaissons. Tout ce qui est en toi n’est pas en ton âme, tu n’en es ni le fils héritier, ni l’effet. Elle n’est pas une graine et toi sa plante, et pourtant sans elle, tu ne serais pas.

-Voilà encore un mystère, Tatonga.
-Je crois qu’on peut en dire autant de Dieu. Il est créateur, mais il n’y a rien de lui dans sa création, il ne s’y est pas imprimé. Les imperfections du monde et ce que tu appelles le mal ne sont pas en lui. Le même lien mystérieux qui unit Dieu à sa création t’unit à ton âme. Je le dis au cas où Dieu et ton âme seraient distincts l’un de l’autre. Tu n’as rien de ton âme et elle n’a rien de toi, et pourtant, tu es elle et elle est toi.

-Mon âme est-elle mortelle, Tatonga ?
-J’espère que tu comprendras si je te dis que n’étant pas à proprement parler une cause, mais plutôt —comment dire ? — source, étant source, elle ne peut pas avoir été causée. Ce qui est source n’est pas causé, Tictoc, et ce qui n’est pas causé ne peut pas disparaitre. Ce qui n’a pas de début n’a pas de fin. »
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Message par Tatonga Ven 13 Jan - 6:36


La conjonction.
« Tatonga, que penses-tu de la science ?
-La science c’est l’homme qui cherche, c’est tout ; il n’y a rien à en penser.
-Tu n’en penses rien ?
-Rien ! Tu peux admirer, t’extasier, t’esclaffer, t’émerveiller, te réjouir. Tu peux te prosterner devant l’intelligence de l’homme, t’étonner qu’il soit capable de dialoguer—oui, il s’agit bien d’un échange— avec la nature, mais à part ça, je ne vois pas ce qu’il y a à penser.
-La science sait tout ?
-Non, Tictoc, ce qu’elle sait ne fait même pas 1% de ce qu’il y a à savoir, mais elle est capable de tout savoir dans les limites de son domaine. Elle sait des millions de choses, peut-être des milliards, si nombreuses qu’il serait impossible de les énumérer. Pour ne pas aller chercher loin, je peux te citer l’exemple simple de l’œil.
-Elle sait tout de l’œil ?
-Tout, je ne sais pas. Mais elle sait comment il est apparu, comment il s’est développé, comment il est constitué, comment le réparer, comment le soigner… Et elle sait aussi beaucoup de choses sur la lumière.
-Sur la lumière aussi ?
-Oui, Tictoc, elle sait comment elle est faite, comment elle se comporte, elle sait calculer sa vitesse, elle sait l’utiliser pour aller explorer le passé lointain des corps célestes et de l’univers.
-Elle est très forte, dis-donc !
-Oui, Tictoc, mais il y a des questions qu’elle ne pourra jamais résoudre. Des questions angoissantes. Elle ne pourra jamais dire, à moins de se retrancher derrière le hasard, pourquoi il y a dans cet espace universel, d’un côté la lumière et en face un œil pour la percevoir ? C’est la vraie question qui se pose, Tictoc, question qui se pose à un autre niveau, au niveau supérieur que la science est incapable d’explorer.
-C’est peut-être tout simplement un hasard, Tatonga.
-Non, Tictoc, c’est impossible. Le hasard peut beaucoup de choses, mais il ne peut réaliser une rencontre aussi époustouflante, et tu sais bien que ce n’est pas l’unique conjonction, il y en a des milliards.
-Cette question ne se pose peut-être même pas, c’est peut-être une fausse question Tatonga, et ce niveau supérieur n’est peut-être qu’un fantasme de ton imagination. Tout s’arrête et se limite peut-être au champ qu’explore la science, et il n’y a rien d’autre à chercher.
-Oh si, c’est bien la question qui se pose, c’est la question essentielle, la vraie question. Il y a tant de choses qui coïncident et vont ensemble, comme si les choses étaient sensément disposées, comme s’il y avait un sens dans le monde, comme si le monde avait un sens.
-Un sens ?
-Oui, Tictoc, un sens qui organise des rencontres heureuses, qui rapproche et adapte ce qu’aucun hasard ne peut lier. Et si tu cherches Dieu, Tictoc, il est là dans ce sens ; mieux, il est ce sens même. A part être ce sens, il ne peut rien être d’autre. »
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Message par Tatonga Dim 15 Jan - 5:37

Toute vie est instinct
Et l’instinct poussait à la roue du chariot.

« Ainsi donc, Tatonga, le fait qu’il y ait la lumière et l’œil pour la capter est preuve qu’il y un sens ?
-Oui, Tictoc, une preuve aveuglante.

-Et sens signifierait dieu ?
-Oui, Tictoc. On ne peut mieux définir dieu que par ce qui donne sens au monde. Sens et dieu sont synonymes, mais ce dieu dont je te parle n’est pas le dieu que s’imaginent les hommes. Les hommes veulent un dieu tel qu’ils le conçoivent eux-mêmes, donc un dieu mythique, parfois folklorique. Or un mythe est par définition ce qui n’existe pas.

-Peux-tu mieux expliquer, Tatonga ?
-Tu sais, Tictoc, que l’œil — et ce que je dis de l’œil est valable pour tous les sens — n’est pas apparu d’un seul coup tel que tu le vois aujourd’hui. Il a fallu des millénaires et des millénaires d’évolution à ce qui n’était au début qu’une ébauche.

-C’était une ébauche ?
-Eh oui, Tictoc, et avant l’ébauche, sais-tu ce qu’il y avait ?

-Avant l’ébauche ? Je ne sais pas.
-Je vais te faire une genèse. Il y avait la vie, c’est-à-dire un monde où tout vit, où tout est animé, y compris les atomes du fer et du plomb. Le monde est fait de matières animées, vivantes, et parmi ces matières, il en est une biologique ; toi-même, tu es fait c’est cette matière caoutchouteuse.

-Et alors ?
-Cette matière spongieuse est différente des autres, qui sont elles-mêmes différentes les unes des autres ; elle est plus vivante, beaucoup plus vivante.

-Je ne vois pas à quoi tu veux en venir.
-Au tout début, il y avait un bout de matière biologique qui n’avait ni yeux, ni oreilles, ni cerveau mais qui « savait », qui sentait ce qu’il y avait à l’extérieur, autour d’elle. Cette matière savait, Tictoc, elle savait parce qu’elle était vivante. Elle avait alors entrepris de se doter, entres autres, d’organes sensoriels pour pouvoir évoluer dans le monde matériel qui l’environnait. Ce n’était pas facile, Tictoc, il lui fallait s’armer, s’adapter, lutter et se battre longtemps pour surmonter d’innombrables obstacles. Il fallait qu’elle s’équipe en conséquence.

-Mais ce n’est pas ce que disent les évolutionnistes !
-Les évolutionnistes n’y ont vu que du feu, Tictoc. Ils ont vu dans l’évolution des échecs succéder aux succès, des retours en arrière suivis d’avancées dans une autre direction, ils ont vu des régressions et des progressions, et ils ont conclu que l’évolution était brouillonne, insensée. Ils n’ont pas compris que le biologique cherchait à se frayer un chemin pour progresser, pour se faire une place et qu’il était souvent obligé de rebrousser chemin pour emprunter une autre voie plus facile. Ils n’ont pas compris que c’était une lutte pour la survie et qu’il fallait parfois reculer pour pouvoir avancer.

-Les organes sensoriels étaient donc dès le début en latence dans un bout de matière biologique, c’était un potentiel prêt à se manifester ?
-Oui, Tictoc, car ce petit bout de chair était doué de vie. La vie, c’est justement ce potentiel, un potentiel dynamique. Et il n’y avait pas seulement les organes sensoriels en latence, il y avait aussi le cerveau et beaucoup d’autres choses nécessaires à la survie. Enfin bref, Tictoc, tout y était à l’état de « pensée ».

-Et ce cheminement est maintenant terminé ?
-Non, Tictoc, ça continue à travers l’homme. Tous les changements que tu as observés dans le comportement des hommes au cours des siècles se sont produits sous l’impulsion discrète de cette « pensée », à commencer par le passage du primate à l’homme, passage que les évolutionnistes ont naïvement attribué à une mutation génétique fortuite et accidentelle, sans se douter qu’il y avait derrière une pensée qui poussait à la roue pour faire avancer le chariot.

-Et c’est cette pensée qui… ?
-C’est cette « pensée » qui explique toutes ces choses qui t’étonnent, et c’est cette pensée intrinsèque à la matière, plus particulièrement à la matière biologique, qui fait croire aux hommes qu’il existe une vraie et grande pensée hors et au-dessus de la matière, vraie et grande pensée supposée transcendante que les hommes appellent Dieu, un Dieu mythique, Tictoc.

-Point de dieu donc, mais une matière biologique qui cherche à s’aménager une place pour vivre, et sa pensée n’est pas une vraie pensée ?
-Voilà, c’est ça, Tictoc, sa « pensée » ressemble à s’y tromper à une vraie pensée, mais n’en est pas une. C’est plus un instinct qu’une pensée. Cette matière est vivante, et toute vie suppose une forme de pensée instinctive qui l’anime. Vie et pensée vont ensemble, Tictoc, il n’existe pas de vie sans pensée. Et cette matière biologique vivante prend à chaque fois les formes qui lui conviennent le mieux pour réaliser son dessein. Avant toi, elle a pris tant de formes, mais je crois que c’est l’homme qui représente le mieux le biologique, qu’il est suffisamment abouti et armé pour prendre désormais le relais, que c’est lui qui va dorénavant impulser sa propre évolution jusqu’à accéder à la pure et vraie pensée et se libérer ainsi définitivement du carcan de la matière. Il va évoluer, changer, se perfectionner, tout en restant lui-même ; une autre créature n’est plus nécessaire. »
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