Re: Les athées et le paradis.

[Brahim]

Je lis ton texte, je me retrouve tout à fait dans ton raisonnement, mais il ne fait que souligner les contradictions que tu essayes de résoudre
- si le Coran a été écrit dans l'esprit de l'époque pour les gens de l'époque, alors il n'est pas valable "pour tous les temps".  L'adapter à l'évolution de la société est considéré comme (oup, j'ai oublié le terme: "novateur" ou ?) ce qui est interdit par ailleurs
- décider que tel passage est symbolique rentre dans la même catégorie: il s'agit alors d'interpréter le Coran à sa guise, ce qui n'est pas non plus admis: le Coran est très clair là dessus.

Je suis convaincu que les versets coraniques peuvent être classés en deux catégories :
- Les versets contextuels qui s’adressent essentiellement aux musulmans vivants à l’époque du prophète et dont la portée est limitée dans l’espace et dans le temps. Ce sont essentiellement les versets médinois (mais pas tous). Ces versets ont surtout pour objectif de structurer la vie du nouvel état islamique.
- Les versets à portée universelle qui s’adressent à tous les humains. Ce sont essentiellement les versets mecquois, plus spirituels.

Cette façon de voir était prônée par un Maitre soufi : Mahmoud Mohammad Taha, surnommé le « Gandhi soudanais ». Il a d’ailleurs été condamné à mort et exécuté en 1985.

La grosse difficulté serait de faire la différence entre les versets à portée universelle et ceux qui ont une portée contextuelle.

Tu proposes que l'enfer est sur Terre, ce qui rejoint en effet le bouddhisme (ou plutôt l'hindouisme puisque la réincarnation est rejetée par le bouddhisme).
Bien joué !   Mais... si tu relis le Coran avec cette perspective, est-ce que ça colle toujours ?  Est-ce que cet enfer promis ne concerne pas clairement la vie après la mort terrestre, tout comme le paradis ?

Non, l’islam ne reconnait pas la réincarnation, à part un ou deux versets coraniques qui pourraient être interprétés en sa faveur.
C’est dommage …

Je pense que seule la spiritualité peut résoudre tout cela: c'est à dire un chemin intérieur qui ne dépend pas des religions, qui les considère comme des béquilles dont on a besoin pour démarrer, mais qui deviennent inutiles par la suite,  à mesure que notre discernement croît.

Oui, moi aussi j’accorde plus d’importance à la spiritualité qu’aux religions.
La spiritualité unit les humains, les religions les divisent.
Krishnamurti disait : « il est bon de naitre dans une religion, mais pas d’y mourir ».

[Brahim]

moi aussi je dis : Dieu seul le sait , faisons lui confiance , et ne nous scandalisons pas de versets extrêmes que en effet il vaut mieux ignorer après les avoir lus , Dieu est juste et bon , il  faut seulement retenir l'esprit général de la bible et du coran

Oui, Loli, c'est exactement ça

[Invité]

brahim merci beaucoup pour ta contribution. Je continue à lire ton bog, et je suis impressionnée par ton parcours et ta recherche, je pense que si j'étais née musulmane j'aurais grosso-modo suivi le même chemin. Je ne peux donc que comprendre et apprécier, j'espère que de plus en plus de musulmans aboutiront à ces conclusions.

J'avais aussi beaucoup apprécié l'islam "africain" révélé par Hamadou Hampaté Bah dans son autobiographie et les écrits concernant son guide spirituel Tierno Bokar. Quel dommage que l'intégrisme se répande à la place de cette vision tolérante !
Espérons le retour du balancier...

[Invité]

Hamadou avait appris le Coran par coeur sans en comprendre un mot et avait été initié par des imams professant un islam très "doux", ouvert et tolérant.

En cherchant des infos sur la compréhension de l'arabe (seule langue acceptée pour étudier le Coran, à l'époque) et en interrogeant mes amis musulmans, j'ai compris que beaucoup ne l'avaient pas lu, même ceux qui parlaient arabe. Du coup, j'ai essayé de comprendre comment un musulman croyant pourrait réagir en le lisant dans une langue qu'il comprend et en découvrant les versets qu'il ne connaissait pas. Normalement, il faut le lire en regard avec les explications des "savants" qui en donnent une interprétation plus circonstanciée et souple mais là, à part les imams, qui l'a fait ?

J'en ai déduit ce dilemme auquel un croyant musulman est d'office confronté: d'une part sa croyance qu'il s'agit de la Parole de Dieu parfaite complète et achevée, d'autre part des versets violents qui le surprennent, voire le choquent. Certains verseront dans l'intégrisme et l'intolérance parce qu'ils ne voient pas d'autres solutions, et ceux qui ont intérêt pour une raison quelconque risquent de verser dans le mépris de l'incroyant et la violence. Seuls des courageux iront jusqu'à risquer leur vie pour en donner une version assouplie, comme les soufis ou des électrons libres comme toi. Le plus petit risque est l'exclusion sociale, et c'est déjà très dur !
Il y en a beaucoup comme toi, j'espère: suffisamment pour entamer cette réforme mais ils seront longtemps confrontés à ce problème de l'écrit immuable... Ils seront traités de "réformateurs" (est-ce cela le terme que je cherchais pour lequel j'ai employé "novateurs" ?)
En Arabie saoudite, j'entends de plus en plus d'actions menées par des femmes remarquables: je leur fait confiance. L'islam se réformera, mais de l'intérieur, et les autres n'ont pas de leçon à leur donner.

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