La matière ou Dieu expliqué.

[Tatonga]

Supposons qu’il n’y a aucune divinité, pas d’Esprit, rien que la nature dans ses différentes formes et états, se déclinant du plus concret au moins palpable.
Une matière pourrissable et périssable, comme il se dit.

Voyons la matière.
D’abord, nous ne savons pas encore ce qu’est la matière, et notre conception de la matière a beaucoup changé. De chose plus ou moins matérielle et compacte, nous découvrons chaque fois que nous avançons dans sa connaissance qu’elle est plus subtile, vide, insaisissable, nous glisse entre les doigts, comme si dans le fond elle n’avait aucune consistance. La difficulté qu’éprouve la science à percer le secret de la matière, difficulté d’évidence insurmontable, devrait nous mettre la puce à l’oreille. Sans attendre ce que nous révèlera encore la science demain, on est déjà loin de l’idée de matière vulgaire que nous révèlent nos expériences empiriques, et la question de savoir si elle est   dans son essence réellement pourrissable et périssable mérite largement d’être posée. Pourrit-elle et périt-elle ou se transforme-t-elle, telle est la question. La réponse me parait facile.

Voyons Dieu.
L’idée de Dieu, Esprit doué de pensée, de sentiments et d’émotions est bien une projection de nous-mêmes, une image en grand format de l’homme. Or d’où nous viennent pensées, conscience et sentiments que nous attribuons par analogie à Dieu ? Ils sont en nous et ils sont en nous par transformations chimiques de la matière dont nous sommes faits. C’est bien ce que dit la neurophysiologie.
Force est donc d’admettre que la matière crée vie, sentiments, émotions et esprit, plus exactement se transforme en esprit.  L’homme est le meilleur exemple de cette transformation. L’esprit, un état ultime,  le plus subtil se situant plausiblement  bien après les états d’énergie, d’ondes et autres vibrations.

La conclusion qui me parait découler de ce qui précède (que j’ai abrégé, mais qui suffit) est que la matière est une forme de l’esprit, que l’esprit se condense en matière, que la matière est un état de l’esprit, qu’elle se transforme en esprit. Enfin, qu’il n’y a pas deux choses, mais une seule, une non-substance : l’Esprit, un esprit qui prend différentes formes et aspects, dont les formes substantielles  grossières sensibles à nos sens, à moins que ce ne soient nos sens imparfaits qui  traduisent l’esprit  en formes perceptibles. Je penche pour cette dernière hypothèse, car dès que l’homme améliore l’acuité des ses sens en utilisant des instruments, il plonge dans une autre réalité de plus en plus impalpable.

Une seule réalité non-substantielle : l’Esprit.
Loin de moi l’idée de deux, disait le mystique Al-Hallaj
Il n’y a  qu’un Dieu et lui seul, le seul Vivant éternel occupant tout l’espace.

[Brahim]

Tatonga, je suis, dans l'ensemble, tout à fait d'accord avec cette vision que tu viens de nous décrire.
Je vais juste l'exprimer à ma manière.

Prenons comme exemple le symbole suivant :

Le blanc est le symbole de l'Esprit (Dieu)
Le noir est le symbole de la Matière (l'Univers)
Comme on le voit sur ce symbole :
Le blanc contient du noir et le noir contient du blanc, ou encore :
Toute  matière contient un germe d'esprit,
Tout esprit contient un germe de matière,
Mais les deux réunis ne forment en réalité qu’une seule et même entité.
Il en est de même pour Dieu (Esprit) et pour l’Univers (Matière)

L’Esprit et la Matière ne sont pas figés
Il y a entre eux un mouvement permanent, continu et concomitant de :
- matérialisation de l'Esprit (L’esprit qui se transforme en matière), d’une part et de
- spiritualisation de la Matière (la matière qui se transforme en esprit), d’autre part.
Ainsi :
La poule qui pond un œuf est une matérialisation de l’esprit
L’œuf qui donne naissance à un poulet est une spiritualisation de la matière.
Un bébé qui nait est une matérialisation de l’esprit
Un être vivant qui meurt est une spiritualisation de la matière

En réalité, il n’y a qu’UN seul Être qui comprend à la fois : l’Esprit, la Matière et tous les États intermédiaires, un peu comme l’eau qui peut prendre :
- Une forme solide : la glace (Matière)
- Une forme liquide : l’eau (État intermédiaire)
- Une forme gazeuse : la vapeur d’eau (Esprit)
Bien qu’elles semblent différentes, la glace, l’eau liquide et la vapeur d’eau ne sont rien d’autre que des molécules de H2O

Oui, comme dirait Al Hallaj : Il n'y a qu'un seul Etre ; loin de moi l'idée de deux.

[Tatonga]

Tu as très bien développé, Brahim, et l'exemple des états de la matière que tu as donné illustre très bien ce que je disais.
Etat solide, état liquide, état gazeux, etc, etc, et tout au bout de la chaine.....ce qu'on appelle Pensée ou Esprit, insaisissable.
Comment dès lors ne pas penser que toute forme, tout état, est une forme de l'esprit, sachant que nos pensées, nos sentiments, nos émotions, sont eux-mêmes transformation de la matière de notre cerveau, de notre corps.
En tout état de cause, la matière stricto sensu que nous scrutons, qui fait l'objet d'investigations scientifiques ne peut se trouver toute seule. Il y a nécessairement un insaisissable qui échappe à l'observation et à la raison humaine. Et cet insaisissable pourrait très bien se concentrer en matière et prendre une forme parceptible par nos sens. Mais le percevoir par les sens ne signifie pas percer son essence. Son essence, l'Esprit, nous échappera toujours car nous ne pouvons appréhender que sa forme extérieure.

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