L'énigme du monde.

[Tatonga]

Ce qui fait l'énigme du monde vient du fait que ce qui a fait le monde y est à la fois trop présent par tout le bonheur qu'il y met, et trop absent par tous les malheurs qui y sont. Il ne peut y avoir tant de joie sans Dieu et il ne peut y avoir de Dieu avec tant de peines dans le monde.
C'est l'énigme éternelle du monde... ou de Dieu.

[Ase]

Par un bel après-midi de printemps, un maître zen rentre de promenade. Le temps est délicieux, ni chaud, ni froid, un temps d'équilibre et de grâce auquel l'âme spontanément s'accorde. Une légère brise souffle et en arrivant face au portail du monastère, le maître constate que la bannière à l’effigie du Bouddha faseye doucement au vent. Deux jeunes novices sont plantés devant.
« C'est la bannière qui bouge !
- Non, c'est le vent !
- Selon la bonne doctrine, ce qui importe, c'est ce que nous voyons devant nous maintenant. Et c'est la bannière, et elle bouge !
Pas du tout, ta vision est erronée, car l'agitation de la bannière n'est que la conséquence du vent, c'est lui la cause première, la réalité au-delà de l'apparence.
- Mais l'existence du vent est une hypothèse !
- La bannière ne bouge pas sans motif, sa réalité est constitutive du vent !
- Pure spéculation !
- Évidence !
- Non, pas du tout !
- Mais si ! »
Les deux moines s'échauffent, ce qui n'était qu'une conversation aimable devient une dispute, une bataille. Peu s'en faut qu'ils n'en viennent aux mains. C'est alors qu'ils aperçoivent le maître du temple, qui les regarde impassible. Un peu confus, ils se tournent vers lui :
« Maître, est-ce la bannière qui bouge, est-ce le vent ?
- Ce n’est pas la bannière, ce n'est pas le vent, c'est votre esprit qui bouge. »

Cordialement,
Ase

[Tatonga]

Vraiment, Ase ?
Oui, on peut dire que c'est moi qui vois et éprouve les joies et les peines; que dans le monde, il n'y a ni les unes ni les autres.
Et Dieu alors ?
Ne dit-on pas que le monde est l'oeuvre du Dieu des hommes, c'est à dire d'un Dieu qui a fait le monde pour moi, un monde qui tienne compte de moi ?
Tu vois, c'est en omettant cet aspect que pèche cette sagesse orientale.

[Ase]

Dans ton raisonnement, l'erreur c'est de croire en un Dieu qui a fait le monde pour toi.
Pour le reste comme on le dit dans la pratique du Zen, c'est l'esprit qui bouge.

Bien à toi,
Ase

[Tatonga]

Dans ton raisonnement, l'erreur c'est de croire en un Dieu qui a fait le monde pour toi.
Pour le reste comme on le dit dans la pratique du Zen, c'est l'esprit qui bouge.
Bien à toi,
Ase

Exactement !
Si Dieu n'a pas fait le monde pour moi, c'est comme s'il n'y avait pas de Dieu du tout. Car Dieu, c'est mon Dieu, qui s'occupe de moi, sinon ça ne sert à rien. C'est d'une logique implacable.
Un Dieu des hommes, pour les hommes, sinon à quoi bon et pourquoi en parler ?
Et s'il n'y a ce Dieu là, s'il n'y a pas de Dieu, alors, oui, cela signifierait que tout est à l'abandon et dans ce cas la question même des joies et des peines ne se pose plus. Dans un monde à l'abandon, aucune question ne se pose, aucune question n'a de sens, aucune question métaphysique ou existentielle n'a lieu d'être posée.
J'aime la rigueur, la cohérence et la clarté.

[Ase]

Si Dieu n'a pas fait le monde pour moi, c'est comme s'il n'y avait pas de Dieu du tout. Car Dieu, c'est mon Dieu, qui s'occupe de moi, sinon ça ne sert à rien. C'est d'une logique implacable.

C'est juste que cette description de Dieu est erronée.
Cela n'a aucun intérêt un Dieu qui satisfasse nos caprices et enfantillages.
Dieu s'occupe de chacun, comme il s'en occupe. Pas besoin de faire de Dieu un moyen.
Dire "Mon Dieu" n'a aussi aucun sens, si cela ne provient d'une révélation du coeur

Un Dieu des hommes, pour les hommes, sinon à quoi bon et pourquoi en parler ?

Et pourquoi pas plutôt un Dieu pour la Vie, tout simplement.
Il n'y a pas que les hommes et leurs petits caprices.

Et s'il n'y a ce Dieu là, s'il n'y a pas de Dieu, alors, oui, cela signifierait que tout est à l'abandon et dans ce cas la question même des joies et des peines ne se pose plus. Dans un monde à l'abandon, aucune question ne se pose, aucune question n'a de sens, aucune question métaphysique ou existentielle n'a lieu d'être posée.
J'aime la rigueur, la cohérence et la clarté.

Si tu aimes réellement la rigueur, la cohérence et la clarté, cherches à comprendre qui est Dieu et en quoi Dieu n'a pas laissé le monde à l'abandon. Que peut bien signifier la constatation des authentiques mystiques lorsqu'ils prétendent "Dieu est partout" ou des sages lorsqu'ils affirment "Tout est Un".
Quel mystère réside dans ce constat, car il s'agit bien d'un constat : Voir ce qui Est ce qui diffère de penser ce qui Est.

Cordialement et en communion dans ta voie,
Ase

[Tatonga]

Il ne faut pas jouer sur les mots.
Il n'y a aucun Dieu dans ton propos, à part le mot Dieu que tu places un peu par-ci, par-là.
Ce que tu appelles Dieu, c'est le Dieu des athées, mais c'est vrai que tu affectionnes les paradoxes, mais moi, je ne gobe pas les paradoxes, j'aime ce qui est clair et cohérent.

[Ase]

Il ne faut pas jouer sur les mots.
Il n'y a aucun Dieu dans ton propos, à part le mot Dieu que tu places un peu par-ci, par-là.
Ce que tu appelles Dieu, c'est le Dieu des athées, mais c'est vrai que tu affectionnes les paradoxes, mais moi, je ne gobe pas les paradoxes, j'aime ce qui est clair et cohérent

On me l'avais jamais faite celle-là : le "Dieu des athées" et avec un grand D lol
Non, tu sais mes questions n'ont pas autant de prétention, je me cantonne au Dieu des Evangiles (je suis chrétien pour mémoire), un Dieu des Vivants. Quand à ta recherche, elle peut vraiment être claire et cohérente que si tu fais preuve d'ouverture (et non pas de fermeture). Ce Dieu tant recherché peut-être qu'il se découvre lorsqu'on sort des dites contradictions, des dits paradoxes, des impressions duelles qui rongent nos existences.

Bien à toi,
Ase

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