Un monde triste.

[Tatonga]

Le monde est devenu vraiment triste.
Le monde était beaucoup plus gai à l'époque de Omeyades, des Almohades, des Almoravides, à Cordoue, Séville, Grenade, Baghdad...
On buvait, dansait, chantait dans de beaux palais pleins de Shéhérazade, le vin coulait à flots, les nuits étaient enchanteresses, les savants étaient vraiment savants et pas ennuyeux, et on faisait de belles choses
La vie était belle, magique.

Plus tôt, dans l'ancienne Egypte, à Rome, à Babylone, dans la Grèce antique..., il y avait beaucoup de dieux et de déesses qui géraient vraiment leurs affaires, se disputaient, couchaient ensemble, faisaient beaucoup de miracles. On s'attendait chaque jour à une nouvelle surprise de leur part.
Et il y avait des héros, des magiciens...
La nature était resplendissante, la neige plus blanche, l'herbe plus vertes, les papillons au printems, les amours très fortes.
Je m'en souviens très bien, c'était vraiment passionnant.
Il y avait l'aède Homère, parmi bien d'autres, dont les histoires et la poésie n'ont jamais été égalées à ce jour.

Aujoud'hui, avec un seul Dieu totalement absent, plongé dans un profond sommeil, des poètes ridicules et des romanciers insipides, des savants tristes, on n'a plus rien.
Même les grimaces de Trump ont cessé de nous amuser...
On s'ennuie, vraiment.

[Tatonga]

Il ne faut pas que j’oublie les Ottomans, leurs pachas, leurs deys, leurs sultans, leurs sultanes, leurs palais, leur halwa, leurs danseuses aux mille voiles. Un monde féérique, ils savaient vivre. Et leurs grands hommes ! Le grand Attaturk, remplacé aujourd’hui par cheikh Erdogan. Le déclin, vaut mieux ne pas commenter !

Toutes les nations, tous les peuples étaient grands et avaient leurs grands hommes, leurs philosophes, leurs savants, leurs poètes…
Du côté arabo-islamique, une fourmilière d’hommes illustres, qu'il est inutile de citer, tout le monde les  connait,  en majorité des Persans chiites (mais ça, bizarrement, personne ne l’a encore dit avant moi), qui avaient illuminé le monde de leur savoir.

Il y avait le grand poète préislamique Antar et, plus tard, les deux plus grands poètes, Abou-Nouwas et Al-Maari. C’était autre chose, l’ancien monde.
Et il y avait le plus grand d’entre tous, Mohamed. Très fort ! D’un Arabe, d’un Berbère, d’un Persan, d’un Afghan, d’un Africain, d’un Indien, d’un Kazakh, d’un Turc… ayant chacun son origine, sa culture et parlant une langue différente, il avait su sortir un seul prototype portant la même gandoura et la même barbe et la même non-pensée.
Les femmes aussi, surtout, il s’en était bien occupé, aidé en cela, il est vrai, beaucoup plus tard par un autre Mohamed, un certain Mohammed Ben Abdel Wahhab.
Deux Mohamed pour s'occuper des femmes !
Hier, une jeune femme me disait qu’elle n’arrivait pas à trouver mari. Vous êtes belle, lui dis-je. Et même bonne, bonne à donner des cauchemars la nuit avec votre linceul noir sur la tête. Mais qui voudrait d’un fantôme dans sa voiture ou dans sa maison, qui lui rappelle à tout instant sa mort ?

Bon, je commence à m’égarer, voyons plutôt du côté des autres peuples, les Français, par exemple, bien que, de mon point de vue, ils aient toujours fait pâle figure comparativement aux autres. On verra.

[gaston21]

Tatonga, je sens chez toi une certaine nostalgie...des françaises! Sans linceul, sans voile noir ou blanc! Quitte ta mechta perdue dans les Aurès! Viens admirer ces silhouettes qui frissonnent sous la bise et qui demandent un peu de chaleur! Tu as l'âge idéal pour les séduire! Dépêche-toi! La beauté chez les femmes se fane vite si j'en crois Houellebecq dans "Soumission"! "Le potentiel érotique chez la femme s'effondre avec une brutalité stupéfiante, en quelques années, parfois en quelques mois..." Et le tien?  Quand le
goujon ne frétille plus, le monde se couvre d'un voile de tristesse définitif...Les Mohammed auront eu beau chanter l'amour, ne restent bientôt plus que des fantômes dans leurs suaires! Adieu l'amour...

[Tatonga]

Il n'y en a plus, Gaston.
Ni au nord ni au sud, ni parmi les voilées ni parmi les non-voilées.
A force de bricoler les gènes, l'Occident a tout dénaturé, desséché, affadi, décoloré, les fruits et les fleurs et les choses de l'esprit.
Un obscur destin a sans doute voulu que ça devienne ainsi et l'Occident n'est peut-être que l'agent retenu par le sort pour provoquer cette évolution.
Mohamed les cultivait dans des pots ; vous les avez trop exposées au soleil, elles se sont délavées.

[Invité]

Le monde est beau. C'est vrai le monde est magnifique d'une beauté infinie. Et avec le monde : l'homme et Dieu. Oui tout est beau. Il n'y a que nos yeux qui puissent nous tromper. Mais Gaston, Tagonga, c'est quoi ça? Même les enfants sous les bombes ils vivent et se battent, la vie est plus forte que tout. Il n'y a que les vieux riches qui ne savent plus qu'ils ont aimé que le soleil se lève chaque matin. Il ne faut pas en appeler à la fin du monde, je regarde jouer à ma fille, elle a bien mérité le monde, les autres aussi. Ils rient, crient, pleurent, enragent, jouent, courent. Ils vivent. Ne vous retirez pas du monde.

L'Egypte ancienne, c'est rien que des chimères tout ça. En quoi ils étaient plus drôles ou plus vivant et plus vivants que qui d'abord? Ni en France ni en Aglérie les hommes sont tous les mêmes. Ils y a des intelligents, d'autres sont drôle ou aiment vivre. Il y a tout ceux qui forcent notre admiration rien qu'en les regardant vivre. Alors si ça vous chante de lire les textes de l'Egypte ancienne, pourquoi pas. Mais il y a encre de quoi vivre sur cette planète.

[gaston21]

Amandine, que ta jolie petite fille profite de la vie qui s'ouvre devant elle! Pour ma part, je vais bientôt tirer le rideau et je vais le faire sans regret! Quel monde va-t-on offrir à nos enfants? L'avenir des opossums en Australie? On sait fort bien que le réchauffement climatique est inexorable, que nous sommes trop nombreux sur Terre, que la crise de l'eau est imminente, que la famine menace dans pas mal de pays, que l'immigration est inévitable, et que la guerre sera inévitable! L'homme a en lui le germe de sa propre destruction. Triste? Non, froidement désenchanté! Mais, là-haut, la chasse aux houris, et sans permis ni période d'interdiction! Le pied!

[Tatonga]

Dès la fin du 18° siècle, l’économiste Malthus avait tiré la sonnette d’alarme, mais personne n’a voulu l’écouter. On avait confiance en la science qu’on croyait capable de trouver des solutions à tout problème. Depuis le temps, elle a dégagé effectivement de nouvelles possibilités mais pour une exploitation encore plus effrénée de ressources.
Maintenant le problème, déjà assez compliqué au départ, s’est aggravé : il ne s’agit pas seulement d’opérer des réglages pour établir un équilibre entre besoins et ressources, c’est toute la bagnole qui est complètement détraquée, avec des centaines de chauffeurs à son bord, mais sans le moindre petit volant pour la diriger.
C’est la joie !  

L’économie mondiale est lancée à une telle allure que si jamais tu t’amuses à seulement ralentir, tu te retrouves dans le fossé.
Pour stopper cette course folle, il faut attendre ce qu’on appelle un obstacle répressif : famine, épidémie, guerres…

Le Bon Dieu pourrait bien diviser la fécondité des humains par dix, mais je sais que généralement il n’aime pas se mêler des problèmes qui ne le regardent pas, surtout ceux des humains, et de toute façon ça créerait d’autres problèmes.

Quant à la bagnole, en supposant qu’elle soit récupérable, il faut attendre des siècles.
Mais pas d’affolement, s’il n’y a plus d’eau, on boira du wiski, d’autres ont bien mangé des brioches à défaut de pain, d’autres, surtout des Algériens, de la talghouda (châtaigne de terre) à défaut de farine de blé. C'est peut-être l'occasion pour l'Occident d'en goûter un peu, c'est super bon  

[Invité]

Et ben, bonjour la dépression par ici.
Vous avez oublié à qui vous parler. L'humain est un trésor d'inventivité, de solidarité (si, j'insiste ! ) Il va trouver des solution. Nous on devient soucieux, morose (enfin, vous un peu plus que moi) mais la relève arrive. Ils courent partout, ils se bastonent pour taper dans un ballon, ils veulent inventer de nouvelles machine, les sont beaux, drôles, ils auront une vie encore plus belle que la notre.
Gaston, je t'en prie. Il est normal de prendre du recul avec le monde à un certain âge et je trouve même plutôt sain d'aborder le départ avec humour comme tu le fais. Mais n'ait pas peur pour le monde, on s'en occupe et après nous d'autres le feront.
Et tant que t'es là, moi je profite de ta présence. En fait je suis revenue pour toi mais ne le dis pas à Tatonga

[gaston21]

Amandine, je te souhaite tous les bonheurs du monde, pour toi et ta famille; mais je reconnais que je suis pessimiste car la Terre a atteint les limites de ses capacités et nous sommes en train de dévorer ses réserves. Nous prenons trop à la légère le réchauffement climatique et nous ne pourrons pas le limiter. Il y a quatre jours, devant ma cuisine orientée Est, un pissenlit en fleurs! Mieux qu'un miracle de Lourdes!

[Invité]

Oui, le monde change. Le climat change et les catastrophes climatique sont effrayantes. Bien que Gauloise, je n'ai pas peur que le ciel me tombe sur la tête. J'ai le sentiment qu'il tombera ailleurs et que de toute façon ici, on sera toujours assez riche pour trouver ou s'abriter. (Désolée pour tes châtaignes Tatonga, je ne pense pas manquer de farine dans cette vie). Le seul enjeu, la seul chose qui m'inquiète, c'est de se couper du monde. Et un monde divisé on l'a déjà. Ce n'est pas de la science fiction.

[Tatonga]

De toute façon ce n'est que la petite planète Terre qui se transforme, il ne faut pas avoir peur, notre vie ne se termine pas ici, on a encore beaucoup de choses à dire et on est loin d'avoir tout dit
Dieu a travaillé 14 mille millions d'années pourquoi ? Pour nous donner la parole, c'est plus évident que la clarté solaire. Il ne va pas nous faire taire en si peu de temps ou prendre le risque de nous perdre.
Dieu, le vrai, sans Tatonga = zéro.

[Invité]

C'est drôle de s'imaginer être un aboutissement. Alors que rien n'indique que l'on soit au bout. Platon disait que l'écriture allait tué la pensé qui ne pouvait exister et se transmettre que par le discours oral. 2400 Ans après on est toujours là.
Mais c'est vrai Dieu sans Tatonga, ce sera beaucoup plus vide pour Tatonga.

[gaston21]

L'homme n'est qu'un accident dans l'Univers. La vie foisonne sans doute ailleurs; si elle s'éteint un jour sur notre planète et c'est certain, elle fleurit déjà ailleurs; elle ne s'éteindra jamais. Un monde triste? Sur Terre, pas toujours marrant! Mais sur Sirius ou dans la galaxie d'Andromède, c'est l'éternel gag!

[Tatonga]

L'homme n'est qu'un accident dans l'Univers. La vie foisonne sans doute ailleurs; si elle s'éteint un jour sur notre planète et c'est certain, elle fleurit déjà ailleurs; elle ne s'éteindra jamais. Un monde triste? Sur Terre, pas toujours marrant! Mais sur Sirius ou dans la galaxie d'Andromède, c'est l'éternel gag!

Je vais finir par perdre le peu de raison qui me reste.
Il y a une contradiction fondamentale dans un monde de vie sans Dieu.
La vie elle-même est esprit. Qu'est-ce qu'une créature vivante si ce n'est un esprit animé ?
Oui, c'est un esprit animé et rien d'autre, qui se meut, sent, pense et brille de mille feux dont on voit même les flammèches danser, briller dans les yeux du vivant.
Comment un tel esprit peut-il se borner à animer des créatures avant de les abandonner, un jeu somme toute puéril et absurde, sans avoir d'horizon plus large, une plus grande ambition digne d'un Dieu ?
Il y a là quelque chose qui ne colle pas, une contradiction fondamentale, une incohérence, une inadéquation entre ce puissant pouvoir de cet esprit qu'est la vie et l'absence d'un projet à sa mesure.

[Invité]

Bon d'accord, vous vous êtes donnée le mot pour spéculer d'un futur apocalyptique. Je ne vais pas lutter encore.
Le passé. Vous voulez bien? L'homme a fait des inventions prodigieuses. Il est passé des caverne à regarder tomber la foudre, à internet et le chauffage central. L'enfantement dans la douleur tous les 10 mois et la mortalité infantile vertigineuse, à la péridural (Dieu bénisse l'homme , ou la femme qui le trouva) et la planification des naissances.
Notre monde est plus anxiogène direz vous, mais sérieusement, le monsieur qui est mort en 1944, voyant sombrer l’Europe dans le nazisme, il était pas angoissé en partant? Celui qui en entendu proclamer la révocation de l’Édit de Nantes il n'a pas tremblé?
On est pas au bout, il reste tant à faire. D'accord. Mais on avance.

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