L'homme.

[Tatonga]

L’homme.

Né le 23 juin 1919, il fut assassiné le 29 juin 1992.
Dès 1945, il s’engage dans les mouvements nationalistes et milite jusqu’à l’indépendance, en 1962.
Il prend position contre la toute première Constitution et le régime en place. Emprisonné et condamné à mort en 1964, il finit par s’exiler au Maroc.
En 1992, le peuple révolté et désabusé tombe dans les bras du F.I.S. islamiste, qui mettra le pays à feu et à sang. Toutes les institutions s’effondrent, le pouvoir est en déroute, le chef de l’Etat démissionne.

Il ne restait plus qu’une issue : faire appel à l’autorité morale de l’un des pères de la Révolution  encore en vie pour rallier et redonner l’espoir. Une délégation se rend au Maroc où Mohamed Boudiaf s’était retiré pour gérer une petite briqueterie familiale, et le convainc de rentrer au pays.

En janvier 1992, l’homme que la plupart des Algériens n’avaient encore jamais vu, atterrit à Alger. Son visage d’ascète, son assurance, sa voix, suffisaient pour rassurer et redonner confiance. Par son parler populaire simple, puisé dans le terroir, et sa détermination à éradiquer la corruption qui gangrenait l’Etat, il subjugua les foules.

Le 29 juin 1992, alors qu’il s’adressait à son auditoire à la maison de la Culture d’Annaba, il y eut une explosion à la droite de la tribune où il se tenait, puis un jeune sous-lieutenant surgit de derrière les rideaux et lui tira une rafale dans le dos, assassinant en direct le père et l’espoir. Rien encore n’a été élucidé à ce jour.

[Brahim]

Merci Tatonga de nous rappeler ce triste assassinat en direct devant les caméras ... un assassinat parmi beaucoup d'autres.
Quand j'ai revu ces images çà m'a donné la chair de poule.
Pauvre Algérie

[Tatonga]

Des balles dans le dos. Malheur aux grands patriotes, aux grands héros qui survivent aux combats. Ils seraient assassinés ou diffamés, persécutés et exilés par ceux-là même qui avaient pris les armes à leurs côtés. Des frères d’armes traitres assoiffés de pouvoir, des brutes qui s’emparent du pouvoir par la force brute. Trahisons et assassinats avant même la fin des combats, falsification de l’histoire et confiscation du pouvoir par la force pour trahir les hommes, les femmes, le pays, les peuples. Les héros sont effacés, des anonymes comme les membres de l’Association des Ulémas sont proclamés héros. La grande trahison a été d’arrimer le pays à l’arabisme de l’Egypte nassérienne et à sa confrérie islamiste. Un alignement mortel, un reniement fatal.

Et, comble de sacrilège, c’est Al-kardhaoui et Al-Ghazali avec… leurs bains de siège qui deviennent des idoles pour les enfants de Boudiaf, de BenM’hidi, de Hassiba BenBouali, de Maurice Audin, de Louisette Ighilahriz, de Djamila Boupacha, de Djamila Bouhired… !

Les trahisons et les vilenies des hommes sont infinies. Mais pour combien de temps cachera-t-on encore la vérité ?
Les hommes qui se sont succédé au pouvoir ont une vision patrimoniale de la nation, de sa terre et de ses hommes. Chaque homme qui arrive se dit propriétaire de la terre, de son histoire et de ses hommes, s’arroge le droit d’orienter la nation et ses enfants là où ça lui plait, de tout détruire pour tout reconstruire selon son humeur, se croit le droit de s’affranchir du droit, de dire quelle langue il faut parler, quelle histoire il faut croire, quels mots il faut prononcer, quel dieu adorer, quelle femme vous devez tenir pour votre mère, quel homme est votre père, quel couscous vous devez manger.
Mon Dieu, est-il une planète, y a-t-il une autre planète ?

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