Egoïsme et Altruisme

[Ase]

"Des études ont étés réalisés et ont montré que le simple fait d'avoir vu quelqu'un aider un inconnu augmente la probabilité pour qu'on fasse de même. Cette tendance est cumulative : plus je vois les autres agir généreusement et prendre soin des autres et plus j'ai tendance à me comporter comme eux. A l'inverse, plus je vois des comportements égoïstes, et plus j'aurai tendance à me comporter de manière égoïste."

Voilà ce qu'on peut lire à la page 658 de Plaidoyer pour l'altruisme de Mathieu Ricard.

Mais certaines personnes soutiennent que nos actions apparemment altruistes ne sont que le reflet que d'une attitude égoïsme : l'action désintéressée n'existerait pas. La générosité du bon Samaritain est-elle désintéressée ? Que répondre à cela ? Peut-il y avoir des actions désintéressées sans en tirer un quelconque avantage ?

Le magazine cerveau&psycho s'en fait l'écho en citant les travaux de quelques chercheurs. Voici l'introduction :
"La réalité de l'altruisme est souvent niée, sous prétexte qu'il dissimulerait l'égoïsme. Ainsi, le sociologue américain Peter Blau (1918-2002), qui définissait la théorie de l'échange social comme un échange où l'un des deux partenaires peut s'engager sans connaître exactement la contrepartie qui lui sera proposée, affirmait : « Un apparent altruisme imprègne la vie sociale ; les gens sont désireux de faire du bien et de rendre la pareille. Mais sous ce désintéressement apparent, on peut découvrir un égoïsme sous-jacent ; la tendance à aider les autres est souvent motivée par l'attente qu'agir ainsi procurera des bénéfices sociaux. »

D'autres, et notamment divers psychanalystes, donnent également à ce comportement une connotation négative. Ainsi, selon Anna Freud (1895-1982), la dernière des six enfants de Sigmund et Martha Freud, les personnes qui se dévouent aux autres le font par masochisme. Ce fut également le cas des sciences humaines qui, jusqu'à la fin du XXe siècle, sont restées imprégnées de cette théorie, qualifiée d'« égoïsme psychologique », selon laquelle toutes les actions humaines, même les plus altruistes, sont en dernier ressort motivées par des désirs égoïstes. Ceux qui croient agir pour le bien d'autrui cherchent à se tromper eux-mêmes, pour se donner bonne conscience. Pour certains, l'altruisme pur, vrai, sans arrière-pensées n'existe donc pas. Ce ne serait que de l'égoïsme déguisé.

Qu'en penser ? Depuis quelques années, des chercheurs tentent de savoir, via l'expérimentation, si oui ou non l'altruisme pur existe. Le débat s'est surtout centré sur les travaux de Daniel Batson, de l'Université du Tennessee, et de Robert Cialdini, de l'Université d'État de l'Arizona, et leurs collègues. L'un et l'autre admettent que l'empathie ressentie pour une personne en difficulté conduit généralement à l'aider. Mais cela ne dit rien sur la cause de la motivation. Et c'est ici que les deux psychologues divergent. Selon D. Batson, il existe de nombreux cas où des personnes en aident d'autres sous l'effet d'une motivation réellement altruiste. Selon sa théorie « empathie-altruisme », l'empathie ressentie par quelqu'un face à une personne en détresse peut le motiver de façon à ce qu'il œuvre dans l'intérêt de cette personne."

Fin de la partie accessible sur http://www.cerveauetpsycho.fr/ewb_pages/a/article-l-altruisme-est-il-de-l-egoisme-cache-32919.php

Le débat est en cours, aujourd'hui.

Bonne lecture,
Ase

[Tatonga]

Que pourrais-je dire et que vaudrait mon opinion quand les scientifiques eux-mêmes, s'appuyant sur des expériences, ont des avis partagés sur la question ?
Mais on peut toujours donner un avis. Personnellement, je pense que l'homme ne fait jamais rien par altruisme.
Et effectivement, il serait incompréhensible, anormal, je dirais contre-nature même, qu'un être se mobilise pour un autre.
Dieu n'a pas fait les créature altruiste: je n'ai jamais été tenaillé par la faim quand l'autre était privé de nourriture.
Je ne dis pas qu'il ne faut pas être altruiste, mais je crois que nous agissons toujours par égoïsme, que c'est notre satisfaction personnelle que nous recherchons.

[Boemboy]

Le geste altruiste est efficace si celui qui en bénéficie est effectivement secouru. Alors l'altruiste constate la réussite de son geste et en retire une satisfaction. Etait-ce là la motivation de son geste ? une réussite de plus ? Etait-ce plutôt la satisfaction altruiste d'avoir réduit le malheur d'un autre ? ou bien la motivation égoïste du plaisir d'aider quelqu'un en difficulté ? Ou encore l'égoïsme qui espère qu'ainsi "quand je serai dans cette situation, quelqu'un me renverra l'ascenseur".
Existe-t-il une réponse unique pour la diversité des gens ? Selon le caractère de chacun, son histoire personnelle, son milieu de vie, son intelligence, la réaction profonde doit être bien différente. Affirmer que l'altruisme pur existe ou n'existe pas me semble incompatible avec la réalité de la société.

[Ase]

Je pense pour ma part que des actions véritablement altruistes existent. Ce même si l'interprétation égoïste des comportements humains est le paradigme dominant de nos sociétés modernes.

Une bonne analyse à été réalisée (en français) par Michel Terestchenko, citant les travaux cités ci-dessus et d'autres également : https://www.cairn.info/revue-du-mauss-2004-1-page-312.htm

Bonne lecture,
Ase

[d6p7]

Je ne dis pas qu'il ne faut pas être altruiste, mais je crois que nous agissons toujours par égoïsme, que c'est notre satisfaction personnelle que nous recherchons.

D'ailleurs il est égoïste de faire les choses pour les autres, car si je m'occupe pas de moi, comment je vais m'occuper des autres ?

Enfin, trêve de plaisanterie, ça fait toujours bien de s'occuper des autres, mais on s'en occupe selon ce qui nous fait plaisir à nous, l'égoïsme bat son plein.

Combien je me sens bien quand je me suis occupé de l'autre, j'ai le sentiment du devoir accompli. Je peux dormir sur mes deux oreilles et faire de bons rêves me disant que je suis une bonne personne.

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