la monnaie de mots

[geveil]

Il y a la monnaie de singe, la monnaie du pape, la fausse monnaie, la petite monnaie et j'ai inventé un nouveau concept: la monnaie de mots.
J'en ai eu l'idée au cours des nombreuses conversations que j'ai suivies auprès de mes frères humains: les gens se paient de mots.


Exemples:
1- «  Je vais très mal, je crois que je vais mourir  »
Mééééé non, vous vous portez comme un charme.

2- “  Connaissez-vous le restaurant «  Au pot au feu  » ? Non? Ah, qu'est-ce qu'il est bieuuuuuun !!!!“ En vérité, ce restaurant n'est pas mal, certes, mais tout à fait ordinaire.

3- «  Vous connaissez le village de Troulala ? Non ? Ah, qu'est-ce qu'il est bôôôôô !!!
Bof !

4- lisez une critique d'œuvre d'art contemporaine.


5- «  Oh! Comme il est mignooooon !!!  »
C'est pas vrai, il est affreux !!!

7- «Nous devons aller de l'avant, ce n'est pas en faisant du sur place que nous avancerons !  » ( Un homme politique lambda )

8- Faute de mieux, je joue de la clarinette avec un voisin qui n'a ni la mémoire de la mélodie ni le sens du rythme. Alors, quand il fait une faute il dit «  Je ne sais pas ce que j'ai aujourd'hui  » . Tu parles, c'est comme cela à chaque séance. Ou encore, après moultes répétitions d'une partition  : «  On a progressé  ». Tu parles, le lendemain il refait les mêmes fautes. Ou encore, après avoir joué deux portées à peu près en cadence  : «  Ah  ! Ça, c'est du Bach  !  » Tu parles, il doit se retourner dans sa tombe.


Contre-exemples

1- «  Je vais très mal, je crois que je vais mourir  »
….......
On lui met la main sur le front ou on lui prend la main.

2- On ne parle pas de ce restaurant.

3- On ne parle pas de ce village.

4- Bon, il arrive que le critique soit vraiment touché par l'œuvre et exprime fort bien son émotion. Mais le mieux est de regarder l'œuvre, encore et encore ( Si on en a envie ) et de se taire.

5- On se contente de lui faire guiliguili, si on en a envie !!


7- «  Voici les mesures que nous essayerons de prendre:.........  »( Suit un liste de mesures concrètes et réalistes )

8- Se taire et travailler, travailler, travailler.


Bon, des exemples et des contre-exemples, il y en des milliards, sans doute de bien plus parlants ( Sans se payer de mots ) que ceux que je viens de donner. J'espère tout de même que le concept de monnaie de mots vous est clair.

[gaston21]

Le problème actuel, c'est d'avoir un porte-monnaie de mots...bien garni! Or, il faut constater que le système actuel d'éducation néglige depuis longtemps vocabulaire, grammaire et littérature! Je pense que ces matières sont enseignées de façon trop lâche dans nos écoles et que nous sommes trop accommodants avec nos jeunes. Bah, on obtient le bac même si on est un âne bâté! Vieux Lion, quel était le taux de réussite au bac quand nous l'avons passé? Il y a si longtemps!...

[Invité]

Bonjour messieurs,
Deux sujets différents ici

Geveil, les mots servent à tenter la connexion. Ton voisin, il a besoin d'avoir une connexion avec toi il sent surement ton agacement et maladroitement, il essaie de forcer le lien. Tout comme celui qui vient te parler des ses vacances à Trouloula. Il est assez désagréable de voir forcer la connexion, je te comprends, pour ma part, j'évite carrément les personnes avec qui c'est laborieux.

[geveil]

Tu as presque tout compris, Amandine, mais il reste encore pas mal de choses à comprendre, par exemple,d'où vient ce besoin de connexion?

[Invité]

Simplement parce qu'on a besoin les uns des autres. Dans la petite enfance pour assurer sa survie, et par la suite pour tout un tas de choses. Après qu'est ce qui fait que certaines personnes en viennent à la forcer cette connexion, c'est compliquée et propre à chacun.
Par contre, toi que je commence à connaitre, je constate que tu as un seuil de tolérance à la connexion assez bas, tu te sens vite dérangé

Et quel est ton avis sur la question?

[Invité]

Et monsieur Gaston, je n'ai pas eu le temps de finir mon message ce matin.
C'est vrai que le manque de mot nuit à la possibilité de "commercer" verbalement avec les autres. Et je trouve aussi qu'on glisse doucement vers la facilité et le minimum d'effort. En fait on fait beaucoup de choses mais on ne prend pas le temps de bien faire. Et l'école est un peu à l'image de la société, elle forme les enfants à aller vite, parler 3 langues mais aucune sans faute (je m'inclue) C'est la révolution des "têtes bien faites plutôt que des tête bien pleines"
Le bon côté, ce sont des écoles ou il fait bon vivre, où les enfants ne se rendent plus la boule au ventre avec le cancre au fond de la classe à qui on ne donne que des coups de règle. Ce qui est primordiale. Il reste les excellentes élèves qui traceront toujours leur route. Mais la grande majorité traverse les années d'école sans grands efforts et sort sans un grand savoir non plus...

[geveil]

Par contre, toi que je commence à te connaitre, je constate que tu as un seuil de tolérance à la connexion assez bas, tu te sens vite dérangé

Et quel est ton avis sur la question?

Mais noooon,  pas du tout, où es-tu allé chercher cela?
La conversation pour créer du lien, bien évidemment, nous sommes des animaux sociaux et avons besoin les uns des autres.  J'échange bien volontiers des banalités sur le temps qu'il fait. Mais ce n'est pas le fond de ma pensée, ce que je déplore, c'est que les humains se racontent des histoires, se paient de mots pour échapper au réel, ils refusent de voir que ce n'est pas le paradis. J'ai donné quelques exemples, veux-tu les relire et mieux même, en trouver d'autres, il suffit d'écouter.

[Invité]

Ce que je crois c'est surtout que le monde n'est jamais que ce que l'on en perçoit. Soit on a en face de nous quelqu'un qui aime vraiment le village de trululu, même s'il est moche, soit on a une personne qui est trop dans le faux, qui ne sait plus se connecter avec elle-même. Si c'est la seconde option, ben c'est dommage pour cette personne mais il n'y a pas que des personnes ainsi, il ne faut pas se miner le moral pour ça.

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