Le doute et le pari de Pascal
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Le doute et le pari de Pascal
J’ai dit dans un autre fil que ma mère était au départ catholique intégriste, ce qui était dans l’air du temps, mais qu’elle avait magnifiquement évolué. Elle a été la seule de la famille qui s’est vraiment intéressée à mon choix de la Voie bouddhiste et a lu les livres que je lui avais offerts en réponse à ses questions. Elle en a conclu « en fait, le christianisme nous enseigne qu’il faut s’aimer les uns les autres et le bouddhisme nous explique comment il faut le faire », ce qui est un parfait résumé.
Mais ce dont je propose de parler ici, c’est de la cause de son évolution. La cause est le doute. Ayant des amies athées, elle a « pris de l’altitude » et reconsidéré sa foi. Elle s’est rendue compte que des athées pouvaient aussi être altruistes. Jusqu’à son lit de mort, elle expliquait que sa foi était basée plus sur une envie, un besoin qu’une réelle croyance. Du coup, elle pouvait comprendre les autres et elle est devenue tolérante, ce qui ne l’a pas empêchée d’être catholique pratiquante : messe tous les jours, suivre les préceptes de l’Église, et cela avec conviction.
Ça nous ramène au pari de Pascal qui reflète bien l'attitude que ma maman a adopté après sa remise en question, et qui lui a permis de garder un humour et un détachement incroyable malgré sa foi profonde:
« — Examinons donc ce point, et disons : « Dieu est, ou il n'est pas. » Mais de quel côté pencherons-nous ? La raison n'y peut rien déterminer : il y a un chaos infini qui nous sépare. Il se joue un jeu, à l'extrémité de cette distance infinie, où il arrivera croix ou pile. Que gagerez-vous ? Par raison, vous ne pouvez faire ni l'un ni l'autre; par raison, vous ne pouvez défaire nul des deux. Ne blâmez donc pas de fausseté ceux qui ont pris un choix ; car vous n'en savez rien. — Non ; mais je les blâmerai d'avoir fait, non ce choix, mais un choix; car, encore que celui qui prend croix et l'autre soient en pareille faute, ils sont tous deux en faute : le juste est de ne point parier. — Oui, mais il faut parier ; cela n'est pas volontaire, vous êtes embarqué. Lequel prendrez-vous donc ? Voyons. Puisqu'il faut choisir, voyons ce qui vous intéresse le moins. (...). Votre raison n'est pas plus blessée, en choisissant l'un que l'autre, puisqu'il faut nécessairement choisir. Voilà un point vidé. Mais votre béatitude ? Pesons le gain et la perte, en prenant croix que Dieu est. Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc qu'il est, sans hésiter. »
— Blaise Pascal, Pensées
En résumé, ma question: est-ce que le doute mène à la tolérance ?
Mais ce dont je propose de parler ici, c’est de la cause de son évolution. La cause est le doute. Ayant des amies athées, elle a « pris de l’altitude » et reconsidéré sa foi. Elle s’est rendue compte que des athées pouvaient aussi être altruistes. Jusqu’à son lit de mort, elle expliquait que sa foi était basée plus sur une envie, un besoin qu’une réelle croyance. Du coup, elle pouvait comprendre les autres et elle est devenue tolérante, ce qui ne l’a pas empêchée d’être catholique pratiquante : messe tous les jours, suivre les préceptes de l’Église, et cela avec conviction.
Ça nous ramène au pari de Pascal qui reflète bien l'attitude que ma maman a adopté après sa remise en question, et qui lui a permis de garder un humour et un détachement incroyable malgré sa foi profonde:
« — Examinons donc ce point, et disons : « Dieu est, ou il n'est pas. » Mais de quel côté pencherons-nous ? La raison n'y peut rien déterminer : il y a un chaos infini qui nous sépare. Il se joue un jeu, à l'extrémité de cette distance infinie, où il arrivera croix ou pile. Que gagerez-vous ? Par raison, vous ne pouvez faire ni l'un ni l'autre; par raison, vous ne pouvez défaire nul des deux. Ne blâmez donc pas de fausseté ceux qui ont pris un choix ; car vous n'en savez rien. — Non ; mais je les blâmerai d'avoir fait, non ce choix, mais un choix; car, encore que celui qui prend croix et l'autre soient en pareille faute, ils sont tous deux en faute : le juste est de ne point parier. — Oui, mais il faut parier ; cela n'est pas volontaire, vous êtes embarqué. Lequel prendrez-vous donc ? Voyons. Puisqu'il faut choisir, voyons ce qui vous intéresse le moins. (...). Votre raison n'est pas plus blessée, en choisissant l'un que l'autre, puisqu'il faut nécessairement choisir. Voilà un point vidé. Mais votre béatitude ? Pesons le gain et la perte, en prenant croix que Dieu est. Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc qu'il est, sans hésiter. »
— Blaise Pascal, Pensées
En résumé, ma question: est-ce que le doute mène à la tolérance ?
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