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Les nephilim

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Message par Ase Mar 7 Juin - 22:00

Je vous communique quelques recherches linguistiques que j'avais effectué en 2010 sur les « nephilim ».

Voici un complément provenant de Michael S. Heiser (PhD, Hebrew Bible and Ancient Semitic Languages, University of Wisconsin-Madison) dont je vous fais un petit résumé (que j'ai traduit de l'anglais) :

L'idée du mot « nephilim » est considérée simplement comme le participe pluriel masculin de l'hébreu « naphal ». Mais ce n'est pas la seule possibilité.
Pourquoi proviendrait-il de l’hébreu « naphal » alors que celui-ci ne correspond pas au modèle morphologique hébreu (la façon dont l'écrit ne ressemble pas à un participe) qui puisse être pour un participe pluriel masculin ?

Dans l’AT il y a deux « nephilim » : l’un en genèse 6:4, le second en nombres 13:33. La façon dont ils s’écrivent en hébreu est différente.
On y dénote une lettre supplémentaire dans la morphologie du second.
Cette lettre hébraïque supplémentaire qui est un « yod » aide à comprendre d'où vient le mot « nephilim » et nous informe de la façon dont il devrait être traduit.

Ce « yod » possède deux fonctions :
- Relater le son « y »
- De marquer un « i long » (il se prononce comme un « i long ») : un « ee ».

Dans le deuxième cas, le « yod » est utilisé pour donner le son « i » et doit donc se prononcer « nepheeleem ».
Le son « y » agit comme une voyelle car dans l'ancien hébreu il n'y a pas de voyelles.

Ce n'est que qu'au 6ème siècle B.C. que l'hébreu a commencé à utiliser des consonnes pour des sons de voyelles, il s’agissait de lettres à « double utilisation » : « y » peut être utilisé à la fois en tant que « consonnes » et « voyelles ».

Concernant la forme du mot « nephilim » où il manque le « yod » (celui de la genèse) : les points sous les lettres sont des voyelles appelées « points voyelles » (ajouté durant le Moyen-âge dans le système de voyelles). Le mot « nephilim » sans le « yod » est écrit de manière abrégé avec simplement les « voyelles points ».

Le « im » est un pluriel de terminaison ce qui signifie que le reste des lettres constitue la racine du mot. La base des consonnes du mot épelée en abrégé sans le yod donne « n-ph-l ».
Ce qui fait penser que ça provient du terme « naphal ».

Mais « nephilim » n’apparaît qu'une fois sous sa forme complète avec le yod au milieu (en nombres) ce qui nous montre que les scribes de l'époque connaissaient la prononciation correcte avec le yod en plus qui se prononce en un « i long » et qui se trouve entre le « ph » et le « l ». Ce qui suppose qu'ils avaient préservé la bonne prononciation de la racine du mot « n-ph-i-l ».
Ce qui signifie que lorsqu’on doit déterminer la racine du mot et la morphologie du pluriel nous devons prendre en compte le « i long » qui se trouve au milieu du mot.

De la façon dont la forme plurielle est épelée, le mot ne peut avoir que deux significations (en termes de morphologie hébraïque) :
- soit un pluriel du nom masculin
- soit une forme active du participe pluriel masculin

De la forme active du participe pluriel masculin : si on considère que les participes sont des adjectifs verbaux (comme en anglais), le mot aurait du signifier « ceux qui tombent » ou « ceux qui tombent dessus ». Il s’agirait d’une expression hébraïque qui signifie « faire la guerre » ou « combattre dans une bataille ».

Mais il y a alors un problème car si la racine provient de l'hébreu « n-ph-l » (tomber) alors le participe pluriel masculin devrait être épelé dans le verset « nophelim » (avec un « o long »). Le point au dessus entre la première et la seconde consonne (en lisant de droite à gauche) serait un « o » et non un « i ». Le mot « nephilim » n'est donc pas un participe actif de l'hébreu « naphal ». « Nephilim » ne signifie donc pas « ceux qui tombent » ou « ceux qui tombent dessus » car l’explication ne correspond pas à la morphologie hébraïque.

Certains proposent que « nephilim » signifie « ceux qui sont tombés » (dans le sens où les personnes tombées sont méchantes), ou encore signifie « ceux qui ont chuté » (lors d’une bataille terrestre où céleste), ce qui décrit de fait une action passive et dont la force qui a causé la chute est extérieure. Mais dans ces cas la forme « nophelim » n'est pas la forme correcte du participe passé pluriel. La forme passive masculine plurielle du participe de « naphal » est épelée d’une autre manière « nephulim » (avec un « u long »).

Ce qui nous indique que la forme du mot « nephilim » ne dérive pas de la forme du participe passé de l’hébreu « naphal ». Le mot « nephilim » ne signifie donc pas « ceux qui sont tombés » si la racine est « naphal ».
L'auteur propose une autre interprétation plus probable : le mot « nephilim » proviendrait de la racine araméenne « naphil » dont le pluriel est « nephilin ». Duquel par la suite on aurait normalisé le mot avec un « m » plutôt qu'avec un « n ».

La transcription morphologique peut se lire dans le document de l’article de Morris Jastrow. Il précise que la racine « naphil » n’existe pas dans l’hébreu bilique. « Naphil » signifierait « géant » en araméen. Cette racine araméenne permettrait d’expliquer pourquoi la Septante traduit « nephilim » par « gigantes ».

Si cette interprétation est la bonne cela signifierait probablement que « nephilim » est à l’origine un terme araméen « nephilin » importé en hébreu au cours de la dernière édition de la bible hébraïque à Babylone, et qui serait à rapprocher du grec « gigantes » selon l’auteur Michael S. Heiser.


Je continue par les notes d'un ami avec qui j'avais effectué des recherches sur le livre d'Enoch :

Selon le Livre d'Enoch, les fils des anges déchus et des mortelles étaient appelés Néphilims, Naphêlims ou Nâphils (correspondant à "Naplous" en assyrien, qui désigne des êtres "remarquables").

Certains voudraient faire venir ce nom de la racine "Naphal" = tomber". Les Néphilims seraient donc "ceux qui tombent" c'est à dire les vaincus, ou alors "ceux qui vous tombent dessus" c'est à dire les attaquants. Mais dans ce cas le mot au pluriel serait nOphElim et non pas nEphIlim.
Ou alors ce nom signifierait "ceux qui sont tombés" c'est à dire les déchus ou les tués. Mais dans ce cas le pluriel serait nephUlim et non pas nephIlim.

A moins que ce mot ne provienne pas de l'hébreu mais de l'araméen.
Dans ce cas la racine serait "naphil" et le pluriel serait "nephiliN", qui aurait été transformé en "nephiliM" en passant à l'hébreu.
En araméen "nephilin" peut provenir de "Nephila" qui désigne un dieu ou un héros identifié à la constellation d'Orion.
Pour les araméens, les Nephilins étaient les descendants de ce Nephila. D'ailleurs pour les Hébreux, Samyaza, le père des Nephilims, correspondait aussi à la constellation d'Orion.

Par la suite ce nom sera interprété comme "Naphîdîms" (= les géants). Et leurs descendants seront les Eliouds / Elyôs (= "Glorieux de Dieu"), noyés par le déluge.

Un passage du Livre des jubilés (Jub.7,22) parle aussi des guerres entre les différentes générations de géants :

"Ils (les anges déchus) engendrèrent pour fils les Nâphîdîms, qui différaient les uns des autres, et qui se dévorèrent l'un l'autre : les Géants tuèrent les Nâphîls, et les Nâphîls tuèrent les Elyôs, et les Elyôs tuèrent la gent humaine, et chaque homme un autre."

On peut probablement identifier ces trois sortes de Naphîdîms avec les trois sortes de géants qui sont cités dans la Bible :
- les Gibborims (en araméen "Gibbar" = Géant ou héro),
- les Néphilims,
- les Anshey Hashem (= "Hommes de renoms").

Un autre passage du Livre des jubilés (Jub.8,3) dit aussi que Kâïnâm, fils d'Arpakhshad, découvrit une inscription ancienne et la recopia. Celle-ci "...contenait l'enseignement des Irins (Egrégores, anges déchus), conformément auquel ils avaient coutume d'enseigner les présages du soleil, et de la terre, et des étoiles dans tous les signes du ciel."

Un autre apocryphe, le Livre des géants, écrit en syriaque, racontait également cette histoire d’une manière très détaillée. Mais il a été perdu jusqu'au vingtième siècle.
Cependant des courtes références ont survécu en latin, grec, et en arabe, confirmant qu'il parlait des batailles des géants antiques. Puis il y a un siècle il fut retrouvé parmi les fragments de livres ayant appartenus aux Manichéens de Turfan, en Chine : les spécialistes Henning, Sundermann, et Skjaervø ont traduit ces derniers et essayé de remettre les fragments dans l'ordre.

Un rouleau de la Mer Morte récemment découvert et traduit, contenait également des extraits de ce Livre des Géants, il ont été traduits par J.T. Milik.
Dans ce livre plusieurs géants ainsi que leurs pères sont nommés, mais la version manichéenne leurs a donné des noms iraniens.
Ainsi les fils géants de Shemîhazah, Ôhyâh et Hahyâh dans la version araméenne, deviennent Sâhm et Nariman (nom de héros iraniens) dans la version manichéenne.
Le père du géant Mahawaï est Baraq'el, dans la version araméenne, et il est Virogdad dans la version manichéenne.

Ces géants, nés des amours des anges et des mortelles, sont évoqués :

Chapitre 1Q23 Frag 9,14,15 :
1-[...] ils connaissaient les secrets de [...]
2-...le péché était grand sur la terre [...]
3-[...] et ils tuèrent de nombreux [...]
4-... ils engendrèrent des géants [...]

Chapitre 4Q531 Frag.s?2 :
1- […] ils se sont souillés […]
2- ils ont enfanté les géants et les Néphîlims et […]
3- ils ont procréé, et voici, toute la terre a été corrompue…
4- dans le sang et par la main de […]
5- géants ce qui ne leur a pas suffi et […]
6- ils ont cherché à dévorer plusieurs […]
7- […]
8- […] les Néphîlims l'ont attaqué.

Chapitre 4Q532 Col. 2 Frags. 1-6 2 :
2- […] chair […]
3 - tous… les Néphilims […] seront […]
4- ils se lèveraient […] manquant de réelle connaissance […] parce que […]
5- la terre s’est corrompue… puissants […]
6- ils considéraient […]
7- venant des anges sur […]
8- à la fin, cela périra et mourra […]
9- ils ont causé une grande corruption sur la terre […] ceci n’a pas suffi à […] ils seront […]

Le chapitre 4Q530 Col. 2 1 parle du géants Gilgamesh (nom emprunté à un héro de la tradition sumérienne) qui se lamente sur sa mort imminente et sa damnation.

Un autre chapitre parle d'Hôbabesh (le géant sumérien Humbaba) qui déclanche une guerre en enlevant la femme de Adk.

Enoch fait ensuite parvenir une tablette qui prononce la sentence du déluge aux géants qui dominaient sur les hommes.

Chapitre 4Q530 Frag. 2 :
1-Le scribe Enoch…
2- […]
3- une copie de la seconde tablette envoyée par Enoch […] écrite de la main d’Enoch, le scribe, au nom de Dieu le grand
5- et le saint à Shemyaza et tous ses compagnons…
6- sachez que vous qui n’avez pas […]
7- et ce que vous avez fait et ce que vos femmes […]
8- eux et leurs fils et les épouses de [leurs fils…],
9- par votre dérèglement moral sur la terre, et il y a sur vous …et la terre crie
10- et elle se plaint de vous et des agissements de vos enfants […]
11- le mal que vous lui avez fait. […]
12- jusqu’à ce que Raphaël arrive, voici, la destruction s’en vient, un grand déluge, et il détruira tout ce qus?i est vivant
13- et tout ce qui se trouve dans les déserts et dans les mers. Et la signification de ceci […]
14- sur vous pour le mal. Mais maintenant, brisez les liens qui vous lient au mal…
15- et priez.

Le livre d'Hénoch prétend que les démons sont issus des esprits des Néphilim tués.

Selon le "Livre des jubilés", ils auraient alors été mis sous les ordres de Satan ou Mastéma ("Hostilité"), avec la permission de Dieu, pour tenter et tourmenter les hommes :
"... Et le chef des esprits, Mastêmâ, est venu et a dit : 'Seigneur, créateur, laissez-en quelques-uns rester avec moi, et laissez-les écouter ma voix, et faire tout que je leurs dirai ; car si quelques-uns ne me sont pas laissés, je ne pourrai pas exécuter la puissance de ma volonté sur les fils des hommes ; pour les corrompre et les dérouter avant le jugement, car grande est la méchanceté des fils des hommes'." (Jub. X.Cool

Une tradition plus tardive dit cependant que Dieu, dans son infinie miséricorde, a envoyé sur Terre un Séraphin (parfois appelé le Brûlant), pour les ramener près de Lui. Lorsque le Brûlant se présentait devant un démon Nephil, il lui apparaissait dans toute sa gloire et sa beauté, et la pauvre créature était pétrifiée sur place. Son âme était alors délivrée de son enveloppe charnelle tourmentée et montait au ciel.
Bien sur, les Veilleurs furent punis pour leurs actes.


Voilà,
Bien à vous,
Ase
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